La réprimande de Yossef envers ses frères, moteur de Téchouva. Réouven Carceles
Réprimande Yossef ses frères
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Ce cours est pour l’élévation de l’âme, léilouy Nichmat, de Hanna bat Rivka
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La réprimande de Yossef envers ses frères, moteur de Téchouva
Dans les précédentes Parachiot nous avons pu aborder l’étonnante histoire de la vente de Yossef en Egypte par ses frères, qui l’avaient jugé coupable de se rebeller contre l’autorité de Yéhouda et même de vouloir attenter à leur vie.
En Egypte Yossef devint Vice-Roi et ses frères durent s’adresser à lui pour s’approvisionner pendant la grande famine qui sévissait. Bien sûr ils ne savaient pas qu’ils avaient à faire à leur propre frère.
Dans notre Paracha, Yossef n’arrive plus à contenir son émotion et révèle enfin son identité à ses frères : Il éleva sa voix, en pleurs,… et dit: Je suis Yossef ! Mon père est-il encore en vie ?
Ses frères ne purent lui répondre tant ils étaient terrifiés devant lui.
Yossef dit à ses frères : Approchez donc de moi !.. Maintenant, ne vous attristez pas, ne vous fâchez pas parce que vous m’avez vendu ici. Car c’est pour la subsistance que D.ieu m’a envoyé avant vous. (Genèse Ch. 45 v. 5)
Abba Cohen Bardéla disait : malheur au jour du jugement, malheur au jour de la réprimande, Yossef était le plus jeune des frères et pourtant, ils ne purent supporter sa réprimande. Le Yefé Toar, (p 507), rapporte qu’à ce moment-là, leurs Néchamot (âmes) a quitté leurs corps, et Hachem les ressuscita ensuite miraculeusement. De plus, les sages ont dit, dans le Midrash Tan’houma Vayigash 5, que lorsqu’ils l’ont reconnu, ils ont voulu le tuer, un ange est alors venu et les a dispersés aux quatre coins de la maison. A ce moment-là, Yéhouda a hurlé d’une voix forte, tous les murs de l’Egypte sont tombés, toutes les femmes qui étaient en train d’accoucher ont fait une fausse couche, Yossef est tombé de son trône, Pharaon est descendu de son trône, tous deux sont tombés, et le visage de tous les hommes forts qui se tenaient devant Yossef s’est tourné vers l’arrière et n’est pas revenu à sa place jusqu’à leur mort.
C’est surprenant, car lorsque Yossef a vu ses frères qui allaient de rue en rue et qu’il leur a demandé pourquoi ils parcouraient ainsi tout le pays, ils lui ont répondu : « Nous avions un frère et nous l’avons vendu comme esclave, depuis que nous l’avons vendu, notre père est en deuil sur lui, donc nous sommes venus avec de l’argent pour le racheter où que ce soit que nous le trouvions. C’est pour cela que nous sommes venus, et nous avons en main deux fois de quoi le racheter et même si nous devons être brûlés à cause de lui, nous ne partirons pas avant de l’avoir racheté.
En fait, ce midrash utilise notre Paracha comme exemple type d’une réprimande qu’il faut redouter et pourtant, il ne semble pas que Yossef ait parlé durement à ses frères, ou qu’il ait émis le moindre reproche sur le fait qu’ils l’aient vendu par le passé, au contraire, et la question qu’on se pose ici est « quel lien y a-t-il entre le jour du jugement et le jour de la réprimande évoqué dans ce midrash ? »
J’ai lu une belle explication apportée par le Rav Miller au nom du Beth Halevi, que lorsque nous paraîtrons devant le tribunal céleste, nous devrons rendre des comptes sur deux catégories d’actes : ceux qui sont clairement répréhensibles, auxquels s’appliquent la rigueur, et d’autres agissements qui ne nous semblent pas franchement mauvais, mais que nous justifions souvent par notre ignorance, notre incapacité ou des circonstances atténuantes. C’est au jour de la réprimande, qu’on nous montrera la vérité en face de nous !
Dans notre Paracha, ici, Yossef a mis ses frères dans une situation similaire. Comment ? En faisant descendre Binyamin du pays de kenaan. En faisant cela, il les força de se séparer de leur vieux père. D’ailleurs au début de la Paracha, Yéhouda et ses frères se sont servis de cette argument pour convaincre Yossef de laisser repartir Binyamin et ils lui reprochaient la souffrance qu’il causait à leur père en le gardant. Et là Yossef ne put se contenir, et il les réprimanda en dévoilant son identités : « Je suis Yossef », mon père vit-il encore ? (Genèse Ch. 45 v. 3).
Les commentaires expliquent, que Yossef savait déjà que Ya’akov vivait, puisqu’il le leur avait déjà demandé. En réalité ici il leur fait une réprimande : « je suis Yossef« , c’est à dire, vous êtes-vous souciés pendant ces 22 ans de la peine qu’a éprouvée mon père et du danger vital pour lui de me quitter ? Comment osez-vous me reprocher de la sorte en ce qui concerne Binyanin ?
Cette situation, illustre exactement ce qui attend l’homme le jour du jugement, qu’allons-nous ressentir, lorsqu’on va entendre : je suis Hachem ? On sera seul face à nos incohérences et nos contradictions, on ne pourra pas trouver de portes de sortie, car la vérité sera devant nous. On ne pourra pas se justifier, on nous prouvera le contraire, face à la réalité et pourtant Yossef leur dit : « et maintenant ne vous attristez pas, ne vous fâchez pas… ».
Le Rav Mordehai Baroukh de Kaydnov, rapporte au nom du midrash Rabba, que l’expression : « et maintenant » est un langage qui appelle à la Téchouva (repentir/retour vers Hachem). Il voulut les rassurer, et que cette situation de vérité dans laquelle il les a mis, bien que difficile, était propice à la Téchouva. Réaliser que l’on est dans l’erreur depuis 22 ans, entraîne, certes une brisure, ce n’est pas facile, mais c’est le meilleur moment pour se reconstruire. En général, on dit : « les chemins de l’homme sont droit à ses yeux » c’est à dire qu’un homme, ne voit pas naturellement ses propres problèmes ou incohérences pour les corriger.
Le Rav Dessler explique, qu’à travers une réprimande par exemple, qui peut venir d’un Rav, d’un ami, ou d’une situation, alors ça peut nous aider à nous améliorer, le problème c’est d’accepter la réprimande, c’est à dire soit elle met l’homme face à ses vérités et ne voulant pas les assumer, il fuit, ou alors l’homme Tsadik, à l’instar des frères de Yossef, acceptera la honte et la brisure, et cela lui permettra de se reconstruire. C’est le but et c’est ce que Hachem désire, saisir l’opportunité de s’améliorer, remettre en question 22 années de sa vie, ainsi nos sages disent : « si tu as un ami qui te complimente et un qui te réprimande » choisit celui qui te réprimande, car lui te fera grandir et te fera une bonté dans les deux mondes, alors que l’autre, uniquement dans ce monde ici.
Le Michna Béroura (239-2-8) nous dit, qu’avant de dormir il est recommandé qu’un homme analyse les actions de sa journée. S’il trouve des Averot (fautes, erreurs) qu’il les avoue à Hachem et qu’il s’engage à ne plus les refaire. Qu’il fasse particulièrement attention aux fautes courantes : flatteries, mensonges, moquerie, Lachon Hara (médisance). De même, il est souhaitable qu’il excuse dans son cœur de toute faute qu’un ben Israël aurait pu commettre envers lui, Le Talmud dans le traité Meguila, nous dit que ce mérite lui rallongera la vie.
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Le texte complet de la Paracha Vaygach, en français, peut se trouver sur le site sefarim.fr