La qualité du repentir
La qualité du repentir
D’après le Or Yéh’esqu-el « Yom kippour » Traduit et adapté par le Rav Michael Smadja
Les jours de fête ont été donnés à Israël. Cependant Yom Kippour est au-dessus de ces jours de fête car sa nature est différente, c’est le jour de Hachem.
Explication: tous les jours de l’année nous avons un lien avec ceux-ci, Torah et sagesse nous aident à avoir une appréhension de ces jours spécifiques. (Le temps étant créé en même temps que la matière). Par contre, Yom kippour c’est Hachem lui-même, c’est le jour du repentir et du pardon des fautes. En ce jour, se déverse une mer de miséricorde. Il est vrai que tout le temps, la clémence se diffuse dans le monde mais Yom Kippour est une mer de miséricorde, car c’est le jour du repentir. Le repentir dans sa nature n’est pas qu’un moyen pour arriver au pardon des fautes mais cela est aussi une Mitsva. Un commandement divin de retour vers Hachem. Et cette mitsva, par la puissance qu’elle développe, dépasse toutes les autres mitsvot. Chaque mitsva a un potentiel énergétique spécifique mais le potentiel énergétique et spirituel de la téchouva est incomparable, d’un autre niveau dimensionnel parce que c’est la mitsva d’Hachem. Le principe de la Téchouva a été créé avant la création du monde, c’est-à-dire avant les Séphirot avant la contraction de la lumière divine. Il se trouve donc qu’elle est une mitsva spécifique à Hachem car les mondes n’étaient pas encore créés. Donc il n’y a pas de lien entre la Téchouva et les hommes de la même manière qu’il n’y a aucun lien entre Hachem et Ses créatures. Elle n’est pas un acte de ce monde de la dualité. Elle est un retour à l’unité absolue, et donc elle est sans fin et sans but pour cela Yom kippour est une mer de miséricorde sans limite comme la mer. Le jour lui-même transpire la Téchouva. Ce n’est pas une qualité enfouie dans la nature de l’homme comme le regret ou la honte mais elle est extérieure et il doit de lui-même se sortir de son état de conscience pour se fondre dedans comme on se plonge dans la mer.
Le Rambam écrit ainsi: » elle est grande la Téchouva car elle rapproche l’homme de la présence divine comme il est dit: « retourne Israël jusque vers Hachem ton D-ieu ». C’est-à-dire si tu reviens alors tu te colleras à moi. Ainsi est le pouvoir de la Téchouva, arriver réellement à se fondre en Hachem. Et seule la mitsva de Téchouva a cette puissance (la racine du mot « mitsva » est « tenaille », un moyen de saisir et de percevoir un goût d’éternité venant du divin). Les autres mitsvot ont en elles une énergie extraordinaire qui nous aide à nous rapprocher d’Hachem, d’atteindre un niveau de conscience qui nous élève. Par contre la mitsva de Téchouva nous expulse de notre conscience pour nous fondre dans le divin. Comme ce que nous enseigne Rabbénou Yona: « en une fraction de seconde, l’homme peut sortir de l’obscurité la plus profonde à la lumière la plus intense », car à ce niveau de perception de la réalité, le temps n’existe pas de même que la matière, la téchuva dématérialise la personne pour la transformer en une entité complètement spirituelle. La Téchouva rapproche ceux qui sont éloignés: hier il était « haï » devant Hachem « écœurant » « éloigné » « dégoûtant » et aujourd’hui il est « aimé » « agréable » « proche » et « chéri ». C’est la force de la Téchouva qui n’existe pas dans les autres mitsvot car la Téchouva transforme jusqu’à inverser la situation de l’homme. Et non seulement, il s’est écarté d’un état de repoussé mais il est aussi entré dans un autre état de conscience: de rapproché, d’aimé de désiré, des états de conscience élevés et supérieurs qui s’appellent l’amour. Et ainsi écrit Rabbénou Yona: « grâce à la Téchouva, il mérite l’amour d’Hachem comme il est dit: « et Hachem enlèvera le prépuce de sur ton coeur afin que tu puisses aimer Hachem ton D-ieu » car de la même manière que cet homme qui fait Téchouva devient aimé il rentre automatiquement dans cet état de conscience pur qui est l’amour universel. L’amour que développe Hachem envers lui le transporte dans un état spirituel extraordinaire. Cet amour va se propager en lui jusqu’à transpirer et s’extérioriser pour arriver à la plus haute des élévations spirituelles qui est l’amour que l’on ressent envers son créateur.
La grandeur du repentir (2)
Le Rambam écrit ainsi: » hier, cet homme était séparé d’Hachem le D-ieu d’Israël, il crie et il n’est pas répondu comme il est dit: » car il multiplie les prières et je ne l’écoute pas, il fait des mitsvot et on lui jette à la figure » c’est ce que Rabbénou Yona explique: une faute éteint une mitsva et même elle peut éteindre sa Torah. Car au moment ou l’homme faute, Hachem se retire de sur lui, pour cela, il n’écoute pas sa prière et son cri. Et maintenant, il est uni à la présence divine, il crie et est de suite répondu, il accompli les mitsvot et elles sont reçues agréablement et avec joie et même sont désirées.
Si nous réfléchissions sur cette vérité et que nous la comprenions, combien il serait évident d’essayer de toutes nos forces de tisser le moindre petit lien qui nous rattacherait à la Téchouva. Jusqu’au dernier moment de Yom kippour, nous avons l’obligation de rechercher des conseils pour arriver à une véritable Téchouva. Car cette mitsva a une portée sans limite. Il faut du plus profond de notre être essayer d’atteindre cet état de conscience qui nous fait retourner vers Hachem. Mais non seulement par le fait que cela nous stimule et nous élève mais il est évident que nous sommes contraint et forcé de faire Téchouva car en restant dans cet état de faute, comment pourrait-on mériter le monde futur sans faire Téchouva?
Le Rambam rajoute: » le bien qui est réservé pour les justes est la vie dans le monde futur qui est une vie qui n’est pas liée à la mort et un bien qui n’est pas accompagné de mal. La vie dans le monde futur est une vie où la mort n’est pas programmée, une vie éternelle. Définition de la vie éternelle: chaque moment de la vie dans le monde futur est chargé de bonheur éternel. Ce bonheur qui est d’une autre nature que le bonheur de ce monde. Dans ce monde chaque moment de bonheur est confiné dans une limite qui s’appelle l’espace-temps, le temps est écoulé le bonheur disparaît. L’instant d’après est un autre moment de bonheur sans aucun rapport avec le premier. Au contraire du monde futur ou la notion de temps n’existe pas et donc chaque moment de bonheur est chargé d’une extrême intensité qui inclus tous les moments de bonheur jusqu’à l’éternité puisque le temps ne décompose pas ces moments. Chaque moment est éternel sans fin chargé de bonté et de vérité à l’infini comme il est dit: » un monde qui est tout entier bon, un monde qui est tout entier étiré » tout le bien et sa longévité sont concentrés dans chaque moment de bonheur. Et le salaire des mécréants sera qu’ils ne recevront pas cette vie mais seront retranchés et mourront et tout celui qui n’aura pas le mérite de recevoir cette vie, est un mort qui ne vit pas éternellement mais qui est retranché dans sa méchanceté et est abandonné comme un animal. Combien il est bon de voir et de comprendre dans cet observation, le gain et la perte qui se tiennent devant l’homme, la différence entre la vie éternelle dont nous ne pouvons percevoir la nature et le retranchement de cette vie dans le monde futur, conséquence de sa méchanceté. Et tout ceci il peut l’appréhender en un seul moment de réveil au retour véritable vers Hachem.
Il est aussi écrit dans le Rambam: » et de la même manière que sont évalués les mérites et les fautes de l’homme au moment de sa séparation d’avec ce monde, ainsi chaque année, cette même évaluation est faite à Rosh Hachana, celui qui est jugé juste, il est signé pour la vie et celui qui est jugé mécréant est signé pour la mort et les « moyens » sont en suspend jusqu’à Yom Kippour, s’il fait Téchouva, il est signé pour la vie et si non, il est signé pour la mort ». Il est impératif pour tout homme de ressentir qu’il n’est qu’un homme moyen bien qu’à notre époque il est très difficile d’atteintre même cet état de « moyen ».
Il est rapporté dans le traité « brak’ot »: » Rabba a dit: moi, je suis « moyen ». Abbayé lui répond: tu ne laisses aucune chance de vivre aux créatures. Rabba dit: que les gens sachent quelle est leur situation spirituel dans ce monde car un homme a le pouvoir de ressentir en lui s’il est juste ou mécréant ». Il faut s’enlever de son esprit la compréhension simpliste qu’est « majorité de mérites » ou « majorité de fautes » comme un compte de mitsvot et de fautes que l’on calcul ( addition- soustraction). Ce n’est pas un travail de comptabilité ( un bilan annuel). Mais plutôt selon la qualité des mitsvot et des fautes. Il y a certaines mitsvot qui annulent un certain nombre de fautes et il y a certaines fautes qui anéantissent combien de mitsvot. Et donc, il semble que le principal du service de l’homme dans ce monde est de se rapprocher d’Hachem comme le Ramh’al l’explique dans son sépher » méssilat yécharim »:
» L’homme n’est créé que pour tirer plaisir de la proximité divine ». E c’est ce que le ramban écrit: » le but de toutes les mitsvot est d’avoir la foi en notre D-ieu et de reconnaître qu’il est notre créateur ». L’intention et le but de toutes les mitsvot n’est que de créer en l’homme un lien avec Hachem grâce au fait qu’il met sa confiance en lui et qu’il le remercie sur cela. Et ainsi nous pouvons expliquer cette idée de « majorité de mitsvot et de fautes »: c’est-à-dire ressentir plus de mérites en lui du fait que la majorité de ses pensées de ses paroles et de ses actes sont dirigés dans le but de se rapprocher vers Hachem. Et donc selon la majorité de ses pensées, l’homme se rapproche plus d’Hachem que de la vie futile et v aine de ce monde. Et « majorité de fautes » est dans le cas où son penchant prend une place plus important dans son esprit au détriment de ses obligations envers son créateur. Et donc ses pensées ses paroles ses actions et ses ambitions seront tournées vers la superficialité de ce monde. Et le « moyen » est celui dont ses envies et ses ambitions sont partagées, parfois elles se renforcent vers le rapprochement divin, parfois vers l’illusion de ce monde. Et celui-ci doit se tenir aux aguets dans cette guerre sans répit afin de ne pas donner de force au mal pour submerger le bien. C’est une lutte continuelle en son fort intérieur, libérer sa conscience pure (être conscient de chacun de ses gestes) ou se laisser submerger par son conscient-inconscient dans un labyrinthe de pensées qui crée une illusoire personnalité qui va être aux aguets de tous les messages perçus par son corps. C’est ce qui est enseigné:
» L’homme voit les apparences et Hachem voit les coeurs ». Ce qu’Hachem exige de l’homme ne sont pas les apparences des choses c’est-à-dire ses actions et ses réalisations extérieures, mais ce qui déclenche ses actions, le travail du coeur c’est-à-dire, combien l’homme est proche de lui et quelles sont ses volontés et ses fondements, est-ce qu’il veut et aspire à s’unir et à se rapprocher d’Hachem au moment de l’accomplissement de ses actions et même les plus basiques de ce monde ou la finalité de sa vie est d’assouvir ses besoins et ses envies matériels.
Et ainsi maintenant que nous avons défini que toute la guerre entre le bien et le mal se situe à ce niveau de volonté et d’aspiration, il est facile pour l’homme de vérifier sa situation spirituelle: si son ambition se situe dans son rapprochement vers Hachem ou dans une course effrénée vers les illusions de ce monde. La recherche de la spiritualité ou de la matérialité. Quand son plaisir est-il plus grand? Lorsque ses occupations sont dirigées vers Hachem ou au contraire le service divin est pour lui une charge difficile à supporter et tout son plaisir ne provient que de l’assouvissement de ses désirs matériels. Et sur ceci, Rabba répond à Abbayé qui lui a dit que de par son attitude, il ne laissait aucune chance à tout un chacun, que malgré cela, chacun peut évaluer sa situation spirituelle s’il est un juste ou un mécréant et que lui se considérait comme « moyen ». Il savait au plus profond de lui quelles étaient ses ambitions. Lui le grand Rabba, par moment il était attiré par le divin et par moment par la matérialité. En lui se disputaient ces deux forces: le bien et le mal qui se traduisent pas des pulsions qui le tiraient vers la spiritualité ou vers la matérialité.
La grandeur du repentir (3)
Le véritable travail se fait sur l’envie et l’ambition d’une vie spirituelle. Rabbénou Yona cite parmi les qualités supérieures qui sont enfouies dans les mitsvot positives, la qualité du choix. A priori cela est étonnant après qu’il ai cité la qualité de la crainte de la sainteté et de la proximité. Qu’y a-t-il de particulier dans cette qualité de « choisir »? En fait cette qualité est l’envie et l’ambition de vouloir s’élever et d’acquérir plus de spiritualité et de proximité d’Hachem. Et c’est une qualité différente des autres qualités déjà citées dans l’accomplissement des mitsvot positives. Et nous voyons que Rabba s’est considéré comme « moyen » c’est-à-dire qu’au niveau de ses envies, elles étaient au même niveau, tantôt vers le divin tantôt vers la matérialité. Alors que dire de nous dont la majorité de nos envies et de nos ambitions se situent au niveau matériel dans les plaisirs de ce monde? Ne sommes nous pas si éloignés du niveau du « moyen »? Cependant nous avons l’obligation en ces jours redoutables de nous considérer malgré tout comme des « moyens » ( au contraire d’avant ou nous nous croyions tsadikim et que par notre grande humilité nous nous abaissions à croire que nous étions des « moyens »)
Le Rambam explique que les « moyens » se tiennent en doute, moitié-moitié, s’ils font téchouva, ils méritent la vie, si non, la mort. Si ce sont des moyens, moitié mitsvot- moitié fautes, pourquoi uniquement la téchouva fait pencher la balance? N’importe quelle autre mitsva suffirait pour mériter la vie? En vérité le fait de ne pas faire Téchouva pendant ces jours est en soi une faute tellement grave qu’elle annule bon nombre de mitsvot. Et même les autres jours de l’année , le fait de ne pas faire Téchouva est en soi une faute, à plus forte raison, pendant les 10 jours de pénitence où Hachem se tient et attend que l’on revienne vers lui. En fait la Téchouva est un moyen extraordinaire qu’Hachem nous octroie pour revenir vers lui, pour se fondre en lui, revenir au niveau d’avant la création, d’avant la faute et nous ne portons pas d’intérêt à cela?! Et malgré que l’homme rajoute des mitsvot pendant cette période, tant qu’il ne fait pas Téchouva, il annule tout ce qu’il peut rajouter comme mitsvot.
Cependant il est encore plus obligatoire de faire Téchouva par la force des 13 qualités de foi qui sont les principes du judaïsme que nous sommes loin de vivre. Le Ramban écrit qu’un homme n’a pas de part dans la Torah de Moshé tant qu’il ne croit pas d’une foi indestructible que tout ce qui nous arrive n’est que miracle sans aucun lien avec une quelconque direction naturelle et astrologique. Seule les actions de l’homme dirigent l’homme: les bonnes actions amènent la réussite, les mauvaises actions la punition. L’aumône que je dispense au pauvre va me faire réussir dans mon travail mais en aucun cas l’action même du travail directement. La pensée de croire que ma force et la puissance de mes mains ( et de mon esprit) sont réelles est pure idôlatrie et nous, nous vivons et nous baignons dans cette atmosphère de « self made man » et au moment où nous avons la possibilité de nous raccrocher à une raison matérielle et naturelle, nous en sommes plus rassurer. (Avoir notre salaire qui tombe automatiquement en fin de mois, quoi de plus rassurant!) Et toute notre vie est construite de cette manière avec cette pensée unique » je suis le déclencheur par mon action direct ». Lorsque nous sommes jeunes, notre ambition est de réussir afin d’être reconnu ( nous sommes remplis de projet d’avenir) et plus on vieilli plus on change d’ambition. Tout ceci ne sont que vaines pensées car en vérité, tout dépend des actes positifs ou négatifs, seulement cela n’est pas visible à l’oeil nu. Tout n’est que calcul divin. Tout le reproche de la Torah est: » et ce sera si vous vous comportez avec moi d’une manière aléatoire, je me comporterai moi aussi avec vous d’une manière aléatoire ». Toute la punition vient parce que je ressens la vie comme un hasard qui ne dépend absolument pas des mitsvot, des fautes et de la conduite divine. Et ressentir que tout vient d’Hachem, providence divine où rien n’est programmé et où seules mes actions entraîneront une observation particulière qui engendreront salaire et punition, mais en aucun cas que je suis décideur dans ma vie, est une pensée très difficile à enraciner en nous car les pensées de déni nous entoure tout au long de notre vie et sur cela, combien doit-on se renforcer et faire Téchouva. Un des principe qu’il y a entre nos mains est de croire d’une croyance certaine qu’il n’y a aucune puissance dans l’action de l’homme pour agir et influencer le cours de la vie (outre ses mitsvot et avérot) et que cette illusion que l’homme est obligé de faire un acte volontaire pour déclencher le processus de subsistance n’est que la réalisation de la malédiction conséquence de la faute du 1er homme. Et toutes les Téphilot et les lectures du chéma sont pour renforcer ce principe d’acceptation du joug divin comme il est enseigné: » recevez sur vous ma royauté afin de recevoir mes décrets » et tout ceci afin annuler cette pensée de déni qui se tapie dans le coeur de l’homme depuis sa naissance. Et c’est le principe de Yom Kippour de croire dans l’unicité parfaite, que tout vient de lui et qu’il n’y a aucune autre puissance dans la création. La vie et la santé, tout dépend de lui.
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