La nature et le miracle ne font qu’un – Parachat Vayéchev – Réouven Carceles
Nature et miracle
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Ce cours est pour l’élévation de l’âme, léilouy Nichmat, de Hanna bat Rivka
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Dans la Paracha de la semaine (Vayéchev), la Torah nous dit que Hachem fut avec Yossef, et qu’il fut admis dans la maison de son maître l’égyptien. Le Midrash Raba, nous dit que la présence divine demeurait constamment auprès de Yossef, le protégeant du péché (la faute).
Son maître vit que D.ieu était avec lui, et Yossef trouva donc faveur à ses yeux et devint son intendant. Le Meam Loez nous rapporte que chaque fois que Yossef touchait à une marchandise, celle-ci était bénie, au point que le Siftey Cohen, rapporte au nom du Zohar, que Putiphar apportait ses marchandises chez lui juste pour que Yossef les touche.
Les commentateurs nous disent que D.ieu était avec Yossef parce que celui-ci prononçait constamment le nom de D.ieu (Cf. Rachi sur Genèse Ch. 39 v. 3). Comment comprendre la réussite de Yossef ? Nous aussi, nous avons constamment le nom de D.ieu à la bouche (Baroukh Hachem, bizrhat Hachem, avec l’aide d’Hachem etc…) et pourtant nous n’avons pas toujours sa réussite, pourquoi ? Quel était son secret ?
Tout le monde connait cette Guémara (Talmud) dans Taanit (25a), qui raconte l’histoire de Rabbi ‘Hanina Ben Dossa qui vit sa fille attristée à la veille de Chabbat. Il lui demanda « Pourquoi es-tu triste ? ». Elle répondit : « au lieu de préparer de l’huile pour les lumières de Chabbat j’ai pris du vinaigre ». Il lui répondit « qu’est-ce que cela fait, Celui qui a dit à l’huile de brûler dira au vinaigre de brûler ! ». Et la lampe brûla tout Chabbat jusqu’à ce qu’on leur apporte une nouvelle flamme pour la Havdala. Les commentateurs posent plusieurs questions sur cette étonnante histoire. La Guemara (pessah’im) nous dit pourtant qu’on ne doit pas compter sur les miracles.
Le Rav Dessler, explique qu’il n’y a pas en réalité de véritable différence entre la Nature et le Miracle. Tout ce qui se passe dans le monde n’a pas d’autre cause que la Volonté d’Hachem, même si souvent à nos yeux nous trouvons toujours des causes humaines et logiques aux Evénements. Nous appelons Miracle les réalisations d’Hachem que nous n’avons pas l’habitude de voir et pour nous, les lois naturelles sont les évènements qu’Hachem renouvelle selon un modèle que l’on reconnait, adapté à notre compréhension ou qui nous est familier.
Rabbi ‘Hanina Ben Dossa à force de travailler sur sa Emouna (foi) a réussi à surmonter l’épreuve de la nature au point qu’il n’existait plus pour lui de différence entre un événement dit naturel et un évènement plus rare que l’on appelle miracle. On ne peut donc pas lui reprocher de compter sur un miracle car il attribuait tout ce qu’il voyait à la volonté divine avec la même intention, c’est-à-dire que puisque pour lui tout était Miracle, Hachem lui envoyait de nombreuses faveurs.
Pour répondre à notre question concernant le secret de la réussite de Yossef, il faut préciser que Yossef avait une grande Emouna. Il ne voyait dans toutes ses réussites que la main de D.ieu. La preuve est de constater, comme dans l’exemple de Rabbi ‘Hanina, sa miraculeuse réussite qui l’a fait passer de prisonnier à Vice-roi ! A force de remercier sincèrement Hachem pour chaque chose et de placer toute sa confiance en Lui, malgré les épreuves, Yossef a pu atteindre de hauts niveaux de Emouna.
Le Rav Friedlander nous explique que Yossef priait Hachem plusieurs fois dans la journée, même pour de petites choses, montrant ainsi qu’il était conscient que tout est entre Ses mains. Il ne détachait jamais sa pensée de D.ieu, comme le dit la Michna dans le traité Bérakhot (chap. 9) (cf. commentaire du Kehati), qu’il faut rendre hommage au « juge de vérité » en temps de malheur avec la même foi sereine qu’au moment de remercier pour Ses bienfaits.
C’est de cette manière que Yossef a réussi à annuler la notion de Nature et de Miracle en priant Hachem pour des choses simples et naturelles, de même que l’on prie Hachem lorsque l’on attend de grandes délivrances. Il faut savoir que c’est ainsi qu’Hachem veut que l’on se comporte avec Lui. Il attend qu’on se tourne vers Lui constamment et pas seulement dans les mauvaises situations, et c’est comme cela d’ailleurs que tranche la halakha dans le Choulkhan Aroukh (Ora’h ‘Hayim 230-4, expliqué par le Michna Broura §6), que même avant la prise de médicament ou avant n’importe quel soin médical, nous avons l’obligation de dire une prière pour leur réussite afin d’affirmer et d’ancrer en nous que la guérison n’est qu’entre les mains d’Hachem.
Rabbénou Yona explique qu’il existe des personnes qui ne prient Hachem que pour des choses importantes : une affaire commerciale, un grand voyage ou autre, mais lorsqu’il s’agit d’un évènement courant, ils ne le mentionnent pas. Peut-être parce que la chose leur semble naturelle, ou parce que son échec n’entraînerait pas de graves conséquences. En réalité il faut prier Hachem même pour une petite chose matérielle qui à nos yeux ne mériterait pas une prière afin de comprendre que tout dépend de Lui les petites choses comme les grandes, et que la Nature et le Miracle ne font qu’un.
Tout vient de Lui, c’est ce qu’a compris Yossef.
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