La Matsa de liberté – Michel Baruch
Matsa de liberté
Analyse par Michel Baruch. Tous droits réservés à Michel Baruch (Beth Hamidrach de Sarcelles)
Pain de l’esclavage ou pain de liberté ?
La matsa représente la pauvreté comme le dit le texte de la Haggadah « voici le pain de misère que nos pères ont mangé en Egypte » הא לחמא עניא די אכלו אבאתנא בארעא דמצרים.. Le הא’ est la מצה qui est devenue « le pain de misère » ou le pain du pauvre, c’est la lettre ה’ qui s’écrit en inscrivant un ו’ (vav) dans le ד’ (Datet), ainsi en retirant le ו’ au ה’ il devient un ד’ qui se prononce דלית (Dalet) qui signifie celui qui ne possède rien דל c’est un pauvre, il y a quatre niveaux de pauvreté ou quatre sortes de nécessiteux qui ont besoin d’aide. Ainsi la lettre ד’ dont la valeur numérique est de quatre (4) traduit la situation de celui qui attend tout de son sauveur, de celui qui n’a pas les moyens d’agir pour s’en sortir.
La première de ces situations est celle de celui qui n’a pas de quoi se nourrir alors nous l’invitons au repas du seder en disant « que tout ceux qui ont faim viennent manger ».
La deuxième est celle de ceux qui n’ont pas suffisamment nous leurs disons « que celui qui est dans le besoin vienne fêter Pessah ».
Le troisième est dans la situation du voyageur qui est loin de chez lui et qui est encore loin d’arrivé à destination, pour lui nous disons « cette année ici l’année prochaine en terre d’Israël ».
Enfin le dernier cas est celui de l’opprimé,de l’asservi,celui dont la liberté, la sécurité n’est pas garantie il craint pour son existence à son sujet nous disons « cette année ici esclave l’année prochaine libre en terre d’Israël ».
On remarque que pour les deux premiers cas nous nous adressons à ceux qui seraient susceptibles d’être concernés le texte emploi la troisième personne alors que dans les deux derniers cas nous utilisons la première personne. La libération du joug de l’Egypte fit sortir le peuple de ces quatre situations, mais l’exil dans lequel nous sommes replonge l’ensemble du peuple juif dans les deux dernières, on comprend alors que nous nous adressons a nous même.
Les sages du talmud ont institué une bénédiction de reconnaissance pour ceux qui ont été sauvés d’une situation qui aurait put être dangereuse, ברכת הגומל (bénédiction du Gomel).Les personnes qui sont tenues de la réciter sont au nombre de quatre, le malade qui a retrouve la santé, le prisonnier qui retrouve la liberté, le voyageur qui traverse les déserts et enfin ceux qui voyagent par mer.
On y fait allusion dans le verset וכל החיים יודך סלה le mot חיים étant l’acrostiche de ces quatre personnes, le ח’ est la 1ère lettre du mot חולה malade le י’ fait allusion à celui qui traverse la mer יורדי הים ; le deuxième י’ est la 1ère lettre du mot sortir יוצא מבית האסורים, allusion a celui qui sort de prison ; le מ’ la 1ère lettre du mot מדברdésert.
A la sortie d’Egypte nous sortons de ces quatre situations, nous devons donc réciter la bénédiction du גומל (Gomel) nous le faisons en récitant la haggadah, elle remplace cette bénédiction. Nous les mentionnons tous les quatre sous une autre forme, le malade qui guérit correspond a celui qui a faim et n’a pas de quoi manger, celui qui voyage en mer est comme celui qui n’a pas suffisamment, qui a le souci du manque, ceux qui sont en mer ne sont jamais tranquilles .Celui qui sort de prison correspond a l’esclave qui a été affranchi. Celui qui traverse le désert est comme celui qui supporte la douleur de la route qui ne semble pas finir.
Dans le talmud les sages donnent quatre traductions des mots לחם עוני (Lé’hem ‘Oni) qui qualifient la matsa, la première est que la matsa est « pauvre » en composants elle n’est préparée qu’avec de la farine et de l’eau sans rien d’autre, si on lui rajoute des œufs ou du vin elle devient matsa riche ou enrichie.מצא עשירה (Matsa ‘Achira)
La deuxième traduction est que la matsa est brisée comme le pauvre qui n’a jamais un pain entier.
La troisième est dans la manière de la préparer, le pauvre n’a pas les moyens de préchauffer le four donc il enfourne la matsa de suite après l’avoir pétrie il ne donne pas à la pâte le temps de monter.
Enfin la matsa est le pain de la réponse, le pain sur lequel nous devons raconter la haggadah le mot עוני (‘Oni) veut dire parler à haute voix.
Dans toutes les actions des hommes, il y a quatre dimensions : la matière utilisée, elle peut être de la meilleure qualité ou de la plus mauvaise.
La manière de faire l’action, on peut engager le meilleur des artisans ou le faire soi même bien qu’on n’y connaisse rien.
La forme donnée à l’objet que l’on veut obtenir, cela peut être une œuvre d’art ou quelconque.
Et enfin la finalité de ce qui a été obtenu, le but de ce qui a été réalisé. La matsa symbolise ces quatre niveaux, nous allons les retrouver tout au long de la haggadah à travers les quatre questions, les quatre enfants les quatre coupes etc.…
La pire des choses est le cinquième niveau de pauvreté qui est le « pauvre d’esprit ».עני הדעת qui englobe les quatre premiers , il est caché, sournois, on ne se rend même pas compte qu’on en est atteint , c’est le vrai exil.
Que faire pour comprendre ce qui nous arrive ? Pour comprendre la Torah, écrite et orale, sa profondeur et celle des paroles des sages ? C’est de cette pauvreté qu’il faut se libérer, la matsa devient alors le pain de la délivrance. Le א’ étant la connaissance, (אלף veut dire apprendre) la curiosité, le désir d’apprendre et de s’enrichir intellectuellement, c’est cela qui nous libère de l’exil, les sages l’ont dit, une génération qui a faim et soif non pas de pain et d’eau mais de la connaissance est la génération de la venue du Mashiah.
Que celui qui a faim, vienne et mange, allusion au désir d’étudier. Le pain fait souvent allusion à la torah
Que celui qui est dans le besoin vienne fêter Pessah, allusion à celui qui a déjà commencer à étudier et désire en faire profiter les autres, il a besoin de transmettre le peu qu’il sait.פסח פה סח la bouche qui parle.
Cette année ici l’année prochaine en Israël, allusion à celui qui veut parfaire son savoir .La sainteté de terre d’Israël a la propriété de rendre ceux qui y étudient encore plus savants qu’ils ne le sont déjà.אוירא דארץ ישראל מחכים.
Une génération où l’on constate l’amour de la connaissance de la Torah, le désir profond de comprendre et d’approfondir, de transmettre et d’accomplir il faut s’attendre alors à l’annonce de la délivrance. Ainsi nous concluons cette année ici esclave l’année prochaine libre en terre d’Israël. אמן סלה
הכותב לכב’ ה »ית
מנאי ע »ה תברך’ מפי עליון ס »ט