KIPPOUR ! La Téchouva grâce à l’étude du Moussar – Réouven Carceles
Téchouva grâce à l’étude du Moussar
Il est rapporté dans la Guémara Roch Hashana (16b) : Trois livres sont ouverts à Roch Hachana : Celui des Rechaïm guemourim (veritables impies), celui des Tsadikim et celui des Benonim (moyens). Les Tsadikim sont inscrits et scellés immédiatement pour la vie, les rechaïm sont inscrits et scellés pour la mort, les Benonim sont en suspens (entre Roch hachana et Yom Kippour). Le Rambam explique que s’ils font Téchouva, alors ils sont inscrits pour la vie aussi. Ce passage de la Guémara demande bien sûr explication. Hakadoch Baroukh Hou, pendant cette période décide de notre avenir dans tous les domaines : la vie, la santé, la Parnassa, la famille, le moral, le bonheur, les épreuves…Lorsqu’on parle de livre de la vie ou de la mort, il faut entendre par là qu’il s’agit de livres qui concernent tous les domaines matériels ou spirituels.
De ce fait, Il nous faudra comprendre ici, de quoi dépend toute la réussite de ce jour de Kippour et de notre jugement : de la mitsva de Téchouva. Le Rambam ajoute (Hilkhot Techouva 2.6) que même si la Téchouva peut se faire toute l’année et qu’elle est bien reçue par Hachem, pendant les dix jours de Téchouva elle est beaucoup plus reçue immédiatement !
D’après tout cela, la grande question que tout le monde se pose est : Comment fait-on Téchouva ? De plus, on se demande souvent quand faut-il faire Téchouva du coup : Pendant le mois d’Eloul ? Pendant les dix jours de Téchouva ? Pendant Chabbat Chouva ? Le jour de Kippour ? Si l’on veut prendre de bonnes décisions, quel est le meilleur moment pour les prendre ?
Le Rav Israël Salanter écrit dans son Mikhtav zayine (Sefer Or Israël) : « Chaque chose qui existe dans ce monde est née d’une cause. La récolte qui pousse dans les champs est issue de nombreuses causes : les hommes ont labouré, ils ont planté etc… Un objet dans une maison, est également issu d’une cause : il a été acheté ou loué…même le fait que l’agriculteur plante a une cause, en l’occurrence sa volonté de vouloir faire pousser du blé par exemple ou pour gagner de l’argent et se nourrir. Mais il n’existe aucune cause ou aucun élément dans ce monde qui lui-même ne soit pas issu d’une cause précédente jusqu’à ce que l’on remonte à la cause originelle Hakadosh Baroukh Hou qui ne dépend d’aucune cause.
Nous avons avancé que dans le domaine matériel, en ce qui concerne les besoins de l’homme, la raison première pour l’obtention de tout ce qui lui est nécessaire est la volonté que l’homme possède en lui d’accéder à telle ou telle sorte ce choses ; nourriture, maison, une famille etc…la cause première de ce qu’il possède, c’est sa volonté qui l’a motivé à acquérir cela.
Dans le domaine de la spiritualité, on pourrait se demander quelle est la cause première qui nous permettra d’accéder à la Torah et aux Mitsvot ? En effet, l’homme n’a pas une volonté naturelle d’y accéder comme il a une volonté naturelle de posséder une maison ou de la nourriture par exemple.
Hazal explique dans le Pirké DeRabbi Eliezer, qu’ils ont eu peur de cela, et, ont donc institué de sonner le Choffar pendant cette période afin qu’il soit une cause première pour nous réveiller et nous donner envie de changer nos actions. Mais comment est-ce possible ? il s’agit d’une cause assez légère, une simple sonnerie ! Comment peut-il faire effet ? Pour les Bné Israël de l’époque qui étaient entièrement plongés dans la Torah, les Mitsvot, une petite cause entraînait de grands effets : elle pouvait leur permettre de se réveiller et d’accéder à un service divin de grande envergure. Mais en ce qui nous concerne, Rabbi Israël Salanter disait que nous, qui sommes plongés dans la matérialité et dont le Cœur est obstrué et dur comme de la pierre, comment une petite sonnerie pourrait-elle avoir de l’effet sur nos cœurs de pierre ?
Le Rav Dessler explique que le secret de l’aptitude du juif à se laver de ses fautes à Yom Kippour réside dans le fait que son cœur n’a pas fait ses premiers pas dans le péché. Si éloigné qu’il soit de la Torah, il lui reste, tout au fond de lui-même, comme l’intuition qu’il ne serait que trop heureux de pouvoir se rapprocher d’elle. Même s’il ne s’est pas encore repenti des mauvaises actions qu’il a commises, le jour de Kippour lui offre l’occasion de redécouvrir sa véritable identité et de réaffirmer sa loyauté envers D.ieu et la Torah. Même inconsciemment, il rejettera intérieurement ses fautes.
L’étincelle de sainteté que contient l’âme juive n’est pas le produit de l’effort individuel. Elle est un don de D.ieu destiné exclusivement au peuple juif. Les âmes de tout Israël sont réunies dans l’alliance contractée avec nos patriarches. Cela même avant la Téchouva, même sans Téchouva, il ne cesse d’exister dans l’âme juive une marque permanente qui reste pure en dépit de tout, et, cette potentialité sainte, même aujourd’hui, s’intensifie à Yom Kippour, comme une force apte à se réveiller à tout instant. Mais il y a une condition, qui est toutefois de prendre la ferme résolution de libérer notre potentiel intérieur, en le stimulant par le repentir, car ce n’est que lui qui peut susciter l’aide divine nécessaire à nous permettre de vaincre le Yetser Hara. Comment ? grâce au Choffar ! Le Rambam écrit qu’il est une allusion à la Téchouva.
La Guemara dit dans Kiddouchine (p.30) : si le Yetser hara te rencontre amène le au beth Hamidrach (maison d’études). La Guemara poursuit : j’ai créé le Yetser hara, j’ai créé la Torah comme unique antidote. Le Rav Salanter explique qu’il faut savoir qu’il y a un beth Hamidrach pour chaque sujet dans lequel le Yetser hara vient nous troubler. Si c’est dans le domaine de la droiture, il y a une Torah que nous pouvons étudier à ce sujet, si c’est dans celui de la Cacheroute, il y a une torah qui couvre ce sujet, chaque domaine dans lequel nous sommes faibles nécessite une étude de Moussar sur le thème concerné. C’est cela le sens du verset : amène-le au Bet Hamidrach, c’est-à-dire à l’endroit dans lequel il te tente. C’est donc l’étude du Moussar qui va nous aider à faire cette Téchouva et nous donner la volonté de changer nos actions et d’accéder aux Mitsvot.
Nous avions demandé quand faut-il pour faire Techouva ? Hakadoch Baroukh Hou sait qu’il est très difficile pour l’homme de changer et il a donc instauré à cet égard tout le mois d’Eloul et les dix jours de Téchouva pour faire pénétrer en lui les décisions qu’il aura prises et se changer, afin d’arriver à être un nouvel être le jour de Kippour, comme l’explique le Rambam en faisant le Vidouy : l’aveu à Hachem de toutes nos fautes, depuis la veille de Kippour à Minha de peur de rater la mitsva du jour.
Chabbat chalom !!!!
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Cet article « KIPPOUR ! La Téchouva grâce à l’étude du Moussar – Réouven Carceles » a été mis en ligne le 23 septembre 2020.