Parashat Vayggash – Inverser les qualités d’un homme tient du miracle – Rabbénou Yérouham – Daat H’okhma et Moussar
inverser qualités homme
Rabbénou Yérou’ham Zatsal était Mashguia’h de la Yéshiva de Mir
Traduit et adapté par Rav Michael Smadja
Le Ramban dans la Paracha « vayichlah’ » écrit que la raison pour laquelle la Torah s’est allongée sur chaque détail des cadeaux de Yaacov à Essav est pour montrer qu’il n’avait pas confiance en sa vertu et ses mérites et a tout fait pour se sauver de lui-même.
Cela veut dire qu’il ne faut pas s’appuyer sur un miracle. Nous comprenons a priori de ce Ramban que si Yaacov n’avait pas envoyé de cadeaux et qu’il se serait contenté de parler à Essav pour l’apaiser, cela aurait été considéré comme un miracle et cela lui aurait été considéré comme une faute. Comment y-a-t-il en soi un miracle à vouloir convaincre Essav par de simples mots? Le fait de demander la clémence à une personne prête à tuer pour assouvir ses envies est-il considéré comme un miracle ? Est-ce que cela tient du miracle de demander à son frère de lui pardonner la veille du jour de Kippour même s’il est en désaccord total avec lui? Il est compréhensible qu’un homme change d’avis et de sentiment si l’on en vient à le lui demander d’une manière adéquate ! Si cela en est ainsi, Essav, même s’il haïssait Yaacov, n’en est pas moins son frère, quel miracle y-a-t-il à vouloir le calmer par des paroles?
Nous voyons donc des paroles du Ramban que pour changer la nature de l’homme, inverser ses tendances et ses qualités, cela ne peut se faire qu’avec l’aide d’une aide miraculeuse de D-ieu. Et non seulement cela, mais c’est un miracle encore plus grand que de changer l’ordre établi de la nature dans la matière. Nous voyons que des miracles qui avaient pour but de changer la nature, tel que l’ouverture de la mer des joncs, qui étaient courant chez Yaacov, comme lorsqu’il a traversé le Jourdain avec son bâton c’est-à-dire lorsqu’il a ouvert les eaux du Jourdain avec son bâton. Malgré cela, il n’a pas voulu s’appuyer sur un miracle pour changer la nature de Essav en ne faisant que lui parler car on ne s’appuie pas, pour vivre, sur l’accomplissement d’un miracle!
Il est arrivé qu’un homme veuille faire du mal au Admour de Kelm, le maître dit alors qu’en vérité, il y a lieu de craindre cet homme puisque l’être humain à un pouvoir de décision (le libre – arbître) c’est-à-dire qu’il est comme une entité indépendante « dans son propre domaine », comme s’il n’est pas sous la domination de D-ieu. Car c’est cela le fondement de ce pouvoir de décision et de ses conséquences qui sont la récompense et la punition.
Et la définition même de la nature est d’être une énergie spirituelle qui est insufflée dans chaque créature au moment de sa création qui n’est à aucun moment sujet au changement. Et donc toutes ces tendances enfouies dans l’homme qui dans leur aspect spirituel sont d’une élévation beaucoup plus haute que dans toutes les autres créations, il est compréhensible qu’elles soient beaucoup plus difficiles à être changées. Et il faudrait un miracle beaucoup plus grand pour changer l’ordre naturel des lois enfouies dans la matérialité tel que l’ouverture de la mer. Et ceci nous le voyons à propos de Bilham qui était connu pour sa haine viscérale du peuple d’Israël et, malgré cela, il y a eu un extraordinaire miracle au moment où il a vu Israël camper selon ses tribus, les tendances de son cœur se sont inversées. Et il les a bénis. Et ceci par l’extraordinaire mansuétude divine car changer cette nature haineuse ne peut se faire que par un immense miracle, car sans miracle, il est impossible de changer la nature de l’homme.
Et à quel point il est dur à l’homme de changer une nature, peut se percevoir de ce que le Midrash Tanh’ouma a écrit lorsque Yossef a dit à ses frères: » approchez-vous ». Leur intention était de le tuer mais un ange les a empêchés alors qu’ils étaient prêts à tuer ou à se faire tuer en descendant en Égypte pour retrouver et sauver ce même Yossef et, de même, lorsqu’il s’est dévoilé à eux et qu’ils ont reconnu leur erreur, ils ont dit: » malheur à nous au jour du jugement, malheur à nous au jour de la remontrance. Et malgré tous ces signes de repentir, ils étaient prêts à le tuer au moment où il leur a demandé de se rapprocher de lui. Nous voyons de ceci combien il est difficile de changer une nature chez un homme. Car malgré leurs aveux et leurs regrets, cela ne s’est pas complètement enraciné dans leurs âmes.
La sortie de Avraham de Our Kasdim et la sortie des enfants d’Israël d’Egypte, ont été mentionnées dans la Torah de la même manière: « Je suis Hachem qui t’a fait sortir de Our Kasdim » et « Je suis Hachem qui t’a fait sortir d’Egypte pour être pour vous en tant que D-ieu ». On comprend donc que ces 2 faits ont un point commun et ont été mentionnés dans un même langage. Les deux sont sortis de l’impureté pour rentrer dans la pureté. Avraham de Térah’ et Israël d’Egypte. C’est ce que nous enseignent nos sages: « Qui peut faire naître le pur de l’impureté tel que Avraham de Térah’, si ce n’est l’unique ». Qui fait cela? Qui ordonne cela? Qui décrète cela? N’est-ce pas l’unique!
Et ce principe apparaît dans la discussion entre Yaacov et Lavan dans toute sa splendeur. Après que Yaacov ait rétorqué à Lavan « quelle est ma faute? » Voici qu’il a travaillé jour et nuit pour lui, des centaines de fois il lui a changé ses conditions de salaire. Que lui a répondu Lavan? « Voici les femmes sont mes filles, les enfants sont mes enfants, le troupeau est mon troupeau et tout ce que tu vois est à moi. Pourquoi voudrais-tu que je te fasse du mal? » Comme s’il n’avait rien entendu de tous les reproches que Yaacov lui a assénés. C’est ce que nous disions auparavant. Yaacov ne pouvait en aucun cas lutter contre Lavan avec de simples paroles car changer la nature profonde de Lavan par de simples paroles tient de l’impossible et donc du miracle.
Rabbi Israël de Salent proclame que sans l’étude du Moussar, l’aspect moral de la Torah, le travail sur ses défauts, il est impossible pour l’homme de changer car cela reviendrait à la même chose que de supplier de recouvrir la vue sans avoir d’œil ou l’écoute sans avoir d’oreille si ce n’est d’une manière miraculeuse.
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