Honneur dû aux parents et à Hachem sont équivalents. Paracha Ytro Réouven Carceles
Honneur dû aux parents
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PERLE SUR LA PARACHA de Ytro
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Ces divré Torah sur Paracha Vaéra sont dédiés Léilouy Nichmat Hanna bat Rivka
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Dans la Paracha de la semaine, Ytro, la Torah nous dit (à propos de l’honneur dû aux parents):
« Honore ton père et ta mère afin que se prolongent tes jours sur la terre que Hachem ton Eloqim te donne » (Chemot 20,11). »
C’est l’une des Mitsvot de la Torah les plus difficiles à réaliser dans la mesure où Hachem a mis en parallèle son honneur et celui des parents, sa crainte et la crainte des parents. Comme le précise le Ramban au nom des Sages dans la Guémara Kidouchin (31b), lesquels précisent qu’une corrélation est établie entre l’honneur du père et celui du Maître du Monde. C’est-à-dire que celui qui honore ses parents c’est comme s’il honorait Hachem et dans le cas contraire c’est comme s’il manquait à Hachem, vu que les deux honneurs sont mis au même niveau d’importance. La Guémara ajoute, que celui qui a provoqué une vexation ou une gêne chez ses parents c’est comme s’il avait vexé la présence divine, et inversement celui qui a fait plaisir à ses parents Hachem dit de lui : j’ai bien fait de résider parmi eux.
La Guémara nous dit que c’est « une Mitsva grave parmi les graves » et Abayé a dit sur cela : « heureux celui qui n’a jamais connu ses parents » ! Ceci est dur à comprendre ! De plus il y a lieu de se demander comment il est possible, que des personnes qui n’ont pas de notion de spiritualité, qui sont même des mécréants ou qui courent après les plaisirs de ce monde respectent, eux, leurs parents de façon étonnante ? A ce titre, la Torah nous donne un exemple significatif qui est celui d’Essav l’impie : lui qui dès son plus jeune âge était déjà meurtrier, voleur et se livrait à la débauche, avait pourtant un respect pour son père tellement hors norme que Rabbi Ichmael a dit : « je ne suis pas arrivé à la moitié du niveau d’Essav dans ce domaine ». Le Yalkout Réouvéni de rajouter que chaque fois qu’il devait servir son père, il revêtait ses plus beaux habits. Et il se mit aussi en danger pour procurer de la nourriture à son père. Il était tellement scrupuleux sur le respect de ses parents, que Rabbénou Béhayé rapporte dans son livre Kad Hakéma’h que pour récompense D. lui donna tous les bienfaits dont jouissent ses descendants dans ce monde. Le Maître explique que lorsqu’Essav se rendit compte qu’Itshak avait donné la bénédiction à Ya’akov, il éleva la voix et pleura, il versa trois larmes, une de l’œil droit, une de l’œil gauche et une autre qui ne quitta pas ses yeux. Sur cela et malgré sa perversité, il mérita toute la puissance dont jouissent ses descendants. Comment est-ce possible ? Comment expliquer qu’une personne comme Essav, attiré par ce monde matériel, coupé de tout niveau spirituel, a pourtant eu accès à cette Mitsva au point que son mérite est sans limites ?
En réalité, on peut supposer qu’il y a deux manières d’aborder le respect des parents : celle des nations et celle de la Torah. Celle des nations est logique, puisqu’ils nous ont mis au monde, ils se sont occupés de nous, nous leur devons notre venue au monde. Dans cet esprit, plus un homme est matérialiste et attaché aux plaisirs de ce monde à l’instar d’Essav, plus il peut éprouver de la reconnaissance envers ses parents, au point d’être récompensé dans ce monde ci comme nous l’avons vu.
Dans la Torah, il ne s’agit pas d’un respect naturel ou logique. D’ailleurs, le Kéli Yakar explique que cette Mitsva fait partie des cinq premiers commandements, qui traitent de l’honneur dû à Hachem, ce qui n’est pas le cas des cinq commandements suivants qui traitent, eux, des devoirs entre l’homme et son prochain. Ceci pour nous montrer que les intentions de la Torah ne sont pas ici d’ordonner une reconnaissance logique ou un savoir vivre, comme le font les autres nations. La Guémara (Kiddouchin 30b) enseigne qu’il y a trois associés dans la création de l’homme : le père, la mère et Hachem lui-même. Le Meam Loez rapporte au nom des Sages (Nidda) qu’il y a cinq choses qui proviennent de la contribution du père (les os, le cerveau, les tissus nerveux, les ongles, le blanc de l’œil), cinq de la mère au niveau matériel (la chair, le sang, la peau, les cheveux et la pupille) et Hachem ajoute ensuite au nouveau-né dix choses, comme en autre l’étincelle divine dans l’enfant.
Mais, comme nous l’avons expliqué, Hachem met sur le même plan le respect des parents et la crainte des parents avec son propre respect, c’est justement là l’essence de cette Mitsva, l’obéissance à D. et à Ses commandements. Si un homme donne la charité aux pauvres par bon cœur parce qu’il a pitié d’eux, cela est, certes, digne de louanges. Toutefois, cela ne vaut pas le même acte que celui de se conformer à la volonté de D. Hazal expliquent (Torat ha-Adam) que D. ne désire pas que nous accomplissions les commandements par simple humanisme dicté par la logique, mais bien parce qu’il nous les a ordonnés. Dès lors, même si la logique ne nous astreint pas à faire une bonne action, nous l’accomplissons par devoir envers D. Ainsi les Baalei Tossafot rapportent qu’on demanda à Rabbi Eliezer à quel point il fallait honorer ses parents ? Il répondit que, si l’on a un coffre d’argent et que son père ou sa mère le jette à la mer, s’ils te font honte en public, qu’ils te crachent dessus ou bien te déchirent ton vêtement, il ne faut montrer aucun ressentiment et tu garderas le silence devant le Roi des Rois qui t’a ordonné d’agir ainsi. Tout cela est complètement incompréhensible pour l’esprit humain, mais nous l’accomplissons uniquement parce que nous avons le devoir d’obéir aux commandements Divins.
De là, il est possible de comprendre, qu’en effet, même celui qui est attaché à la matière et la convoitise à l’instar de Essav, pourra lui aussi accéder à un certain niveau de cette Mitsva, lié à son amour pour ce monde-ci. Et il en sera fortement récompensé ici-bas. Mais celui qui s’en détache et comprend qu’il est là pour réaliser de grands projets, pourra s’attacher à un niveau beaucoup plus élevé de cette Mitsva, c’est-à-dire celui que la Torah ordonne dans les 10 commandements et qui est donc lié à une émouna (foi) et à une soumission devant D. Et la récompense sera à ce titre Hors du temps, comme nous l’explique Rachi, il méritera la longévité. Le Ramban nous explique au nom des Sages, que cette longévité est promise à deux niveaux, c’est-à-dire aussi bien sur terre que dans le monde futur où l’existence est éternelle. Ainsi Hachem nous comblera la durée de notre vie dans les deux mondes, contrairement à celui qui est attaché à ce monde-ci.
CHABBAT SHALOM
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Fin de l’article « Honneur dû aux parents et à Hachem sont équivalents »
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