Sixième passage – Béni soit l’Omniprésent
בָּרוּךְ הַמָּקוֹם בָּרוּךְ הוּא. בָּרוּךְ שֶׁנָּתַן תּוֹרָה לְעַמּוֹ יִשְׂרָאֵל. בָּרוּךְ הוּא. כְּנֶגֶד אַרְבָּעָה בָנִים דִּבְּרָה תוֹרָה. אֶחָד חָכָם. וְאֶחָד רָשָׁע. וְאֶחָד תָּם. וְאֶחָד שֶׁאֵינוֹ יוֹדֵעַ לִשְׁאֹל:
Béni soit l’Omniprésent béni soit-Il. Béni soit Celui qui a offert la Loi à son peuple Israël, béni soit-il. La Torah nous parle de quatre types d’enfants : le sage, le mécréant[4], le simple et celui qui ne sait pas questionner.
1) Explication littérale tirée de la haggadah הגיד לעמו du Rav Bouguid Saâdoun
Béni soit l’Omniprésent, le mot מָּקוֹם [traduit par Omniprésent] signifie endroit et est un surnom de D.ieu ; la raison pour laquelle on l’appelle ainsi est « qu’Il est l’endroit du monde et le monde n’est pas son endroit » (expliqué dans le commentaire 6-2) ; de plus la somme des carrées des valeurs numériques des lettres du nom de D.ieu donne la même valeur que le mot מָּקוֹם (Aboudraham) béni soit-Il. Béni soit Celui qui a offert la Loi c’est à dire qu’Il nous a donné la Torah pour la commenter, c’est pour cela que nous commentons ces versets (qui parlent à quatre reprise des enfants) (ibidem) à son peuple Israël, béni soit-il. La Torah nous parle de quatre types d’enfants car on trouve dans la Torah quatre versets qui parlent des questions que poseront les générations futures à propos de Pessah ; et dans chacun de ces versets il est utilisé le terme בן fils, c’est pour cela que nous interprétons cela comme parlant de quatre sortes d’enfants et on les nomme dans cet ordre pour tenir compte de leur sagesse et de leur importance :
- le sage, intelligent et craignant le ciel ;
- le mécréant, intelligent mais ne craignant pas le ciel et c’est un mécréant ;
- le simple, un peu intelligent mais ne sait pas approfondir
- celui qui ne sait pas questionner, qui n’a pas d’intelligence par lui même.
2) Commentaire tiré de « La Hagada – Meam Loez, traduite du Ladino par R. Abraham Hassan » pages 35-36
A quatre reprises la Torah précise l’obligation qu’on a d’expliquer à son fils le sujet de la sortie d’Egypte lorsque celui-ci s’enquerra des raisons de notre devoir à cet égard
- Lorsque ton fils, un jour, te questionnera, en disant : qu’est ce que cela ? tu lui répondras : d’une main toute puissante, l’Eternel nous a fait sortir d’Egypte d’une maison d’esclavage (Exode Ch. 13 v14) ;
- Quand vos enfants vous diront : que signifie pour vous ce service (Exode Ch. 12 v26)
- Qand ton fils t‘interrogera un jour, disant Qu’est ce que ces témoignages, ces décrets et ces lois que l’Eternel notre D.ieu vous a ordonnés (Deutéronome Ch. 6 v20)
- Tu raconteras alors à ton fils : c’est à cause de ceci (de ma fidélité aux préceptes) que l’Eternel a agi en ma faveur, quand je sortis d’Egypte (Exode Ch. 13 v8).
Il est évident que la Torah n’a pas écrit en vain le même commandement quatre fois. La Torah nous parle de quatre catégories de personnes existantes et nous enseigne comment répondre à chacune d’elles de façon appropriée.
Les uns, en remarquant l’observation de ces lois, en demandent la raison et expriment leur désir d’approfondir le sujet, faisant preuve d’intelligence et de sagesse.
D’autres poursuivent un autre intérêt. Comme ils ne sont pas croyants et que leur seule intention est de critiquer et de vexer, leur question signifie : quel profit obtenez vous de la pratique de ces préceptes ;
D’autres manquent de connaissances, c’est pourquoi ils posent la question avec sincérité et sans aucune malice, soucieux seulement de se renseigner sur leurs obligations afin de les remplir ;
D’autres enfin sont bornés et manquent d’intelligence et lorsqu’ils voient les autres observer les Mitsvot, ils les imitent sans prendre l’initiative de s’enquérir de la raison de leurs actions.
Ainsi les quatre fois où la Torah mentionne le devoir de donner une explication à son fils correspondent aux différentes réponses à chacun de ces quatre types de personnes, comme nous le préciserons par la suite.
La Hagadah introduit le sujet par ces mots « Béni soit Celui qui a offert la Torah à son peuple Israël ». Nous louons l’Eternel qui nous a donné une loi si sainte et si parfaite qui prévoit même la réponse du père à chaque catégorie d’enfants (la réponse du Judaïsme à chaque circonstance).
Dans cette louange, D.ieu est appelé Maqom littéralement « endroit ». Le Midrash en explique la raison : « D.ieu est l’endroit du monde mais le monde n’est pas l’endroit de D.ieu » c’est à dire que ce n’est pas l’univers qui englobe D.ieu mais c’est D.ieu qui englobe l’univers. Toute l’existence est remplie de Sa gloire.
On trouve numériquement que la somme des carrés du nom de D.ieu donne la valeur du mot Maqom. Le nom de D.ieu s’écrit י־ה־ו־ה
י = 10 ; ה=5 ; ו=6
La somme des carrés est donc 10*10+5*5+6*6+5*5=100+25+36+25=186
מקום=40+100+6+40=186 !
Par conséquent pour louer D.ieu nous disons Baroukh Hamaqom qui signifie Baroukh Hashem (Béni soit D.ieu).
3) Explication tirée de la haggadah הגיד לעמו –du Rav Saâdoun ZaTsaL partie פּסח מדבר (pages 34-36). J’ai découpé cette longue explication en plusieurs parties.
- Le Rav Aboudraham ZaL enseigne: comme maintenant le Magguid souhaite expliquer les versets, il commence par בָּרוּךְ הַמָּקוֹם, comme une personne qui souhaite commencer et débuterait par « Au nom du D.ieu Haut ». Il me semble que c’est pour cela qu’il repère quatre fois le mot « בּרוך» car il souhaite expliquer les quatre versets parlant des enfants ; c’est pour cela qu’il bénit D.ieu une fois par type d’enfant, qu’Hashem l’aide à ce que son explication soit acceptée ; et bien qu’un des enfants soit un mécréant malgré tout il utilise aussi le langage de bénédiction c’est à dire qu’il prie pour qu’Hachem l’aide à se renforcer vis à vis du mécréant et de trouver des preuves dans les versets pour lui faire grincer les dents. Il ne s’agit pas d’une bénédiction sur les enfants (sur le fait qu’Hachem ait donné quatre types d’enfants et les réponses associées).
- Il (me) semble que ce passage est lié au passage « Ma Nishtanah » car on enseigne dans le Talmoud (Traité Péssa’him page 116) : « ici le fils questionne, et si le fils n’a pas la finesse pour questionner, le père questionne et dit Ma Nishtana». Après avoir donné la réponse à Ma Nishtanah, c’est à dire avec « Âvadim », puis avoir rapporté l’histoire de Ribbi Eliêzer etc. et les paroles de Ribbi Elâzar ben âzariah sur l’obligation de raconter la sortie d’Egypte la nuit, ces deux derniers passages étant eux même liés à Ma Nishtanah et à Âvadim, le Magguid revient pour expliquer d’où nous apprenons que le fils a le devoir de questionner et que si le fils ne sait pas poser de questions alors le père lui enseigne ; pour cela le Magguid apporte cet enseignement sur les quatre fils c’est à dire les quatre versets de la Torah parlant du fils. Si ce fils est intelligent il questionne lui même, sinon le père questionne et pousse son fils à questionner (פּתח לו).
- Béni soit Celui qui a offert la Loi à son peuple Israël le Rav מפז״ל exprime une difficulté : « quel rapport y a-t-il, pourquoi bénissons nous l’Eternel de nous avoir donné la Torah avec l’obligation de rappeler la sortie d’Egypte comme nous le voyons dans notre passage ».
Selon le sens premier, il est très simple de répondre : comme le Magguid souhaite expliquer les versets de la Torah (parlant quatre fois du fils) et dire qu’il y a une obligation pour le fils de questionner, pour cela il remercie l’Eternel de nous avoir donné la Torah à partir de laquelle nous tirons ces enseignements ; son intention n’est pas de remercier l’Eternel sur le don de la Torah en tant que tel. Même si dans les autres commentaires on ne voit pas ce type de bénédiction, comme il bénit « l’Omniprésent » c’est à dire « avec l’aide du très-Haut », alors également il en profite pour Le louer sur le don de la Torah.
4) Suite de l’explication précédente
De plus, les sages nous enseignent que c’est grâce au mérite de recevoir (plus tard) la Torah que les enfants d’Israël sont sortis d’Egypte avant le temps fixé, en conséquence nous louons l’Eternel qui nous a donné la Torah grâce à laquelle nous sommes sortis avant le temps fixé.
De plus, par la sortie d’Egypte nous voyons que nous sommes considérés comme des enfants de l’Eternel, car le Tout Puissant « personnellement » est descendu en terre d’Egypte qui est une terre d’impureté (idolâtrie) ; or nous savons qu’Hachem est un « Prêtre / Cohen » et un prêtre ne va pas dans un lieu impur sauf en faveur de son fils (donc nous avons un statut d’enfants). Cependant cette loi concerne le Cohen simple (pas le grand prêtre, et Hashem est le grand prêtre) mais nous savons que l’Eternel en dehors de la Terre Sainte a un statut de Prêtre simple (et pas de simple Prêtre) c’est pour cela qu’Il est venu nous sauver, nous Ses enfants.
De plus les sages nous enseignent que la raison pour laquelle nous avons mérité de recevoir la Torah et non les anges bien que bien que ceux-ci ont l’argument de « Bar Matsra » est que nous sommes ces enfants, et dans le cas d’enfants cet argument n’existe pas. [Explication : lorsque quelqu’un veut vendre un champ, le voisin le plus proche a la priorité pour acquérir ce champ. Cependant, un fils a priorité sur le voisin. Les anges étant plus proches de D.ieu que nous étaient en droit de recevoir la Torah prioritairement ; l’argument des anges n’est pas recevable si nous sommes des enfants de l’Eternel] C’est pour cela que le Magguid a mentionné le fait de recevoir la Torah avec la sortie d’Egypte en disant : « par la sortie d’Egypte, nous avons bénéficié d’une raison suffisante de recevoir la Torah que les anges n’ont pas eu le mérite de recevoir ». La lecture de notre passage peut alors se faire ainsi :
Béni soit l’Omniprésent béni soit-Il. Béni soit Celui qui a offert la Loi à son peuple Israël, et non aux anges bien que les anges argumentent qu’ils sont plus « voisins » (proches) du Saint, béni soit-Il. Car la Torah nous parle de quatre types d’enfants : le sage, le mécréant, le simple et celui qui ne sait pas questionner, ce qui vient nous rappeler que nous avons un statut d’enfants et donc le Magguid vient nous rappeler que nous avons un statut de « fils » et qu’en conséquence cet argument (du voisin qui est prioritaire) est fallacieux..
Le Rav rappelle avoir mentionné plus haut, qu’il y a un lien entre la sortie d’Egypte et le don de la Torah comme on le voit dans le Talmoud, Moshé notre maître ZaTsaL a répondu aux anges
- La Torah, qu’y est il écrit ? « qui t’ai fait sortir d’Egypte » ; vous les anges n’êtes pas descendus en Egypte !
Et donc depuis l’Egypte nous avons mérité de recevoir la Torah. Le Magguid a donc bien fait de mettre une relation entre la narration de la sortie d’Egypte et le fait d’avoir mérité de recevoir la Torah
5) Cinquième explication
- [ה] On peut expliquer d’une autre manière l’intention du Magguid ; celui-ci mentionne que la Torah s’exprime vis-à-vis de quatre enfants, c’est à dire que la Torah rapporte la sortie d’Egypte quatre fois en mentionnant un enfant pour nous donner une allusion sur les quatre raisons pour lesquelles nos ancêtres sont sortis d’Egypte avant le temps fixé, et il a donné une allusion dans le nom même de ces quatre enfants :
- אֶחָד חָכָם(le sage) : comme susmentionné il s’agit de la Torah, l’allusion est « la Sagesse unique/principale », la sagesse de la Torah (qui a permis la sortie avant l’heure)
- וְאֶחָד רָשָׁע (le fauteur/méchant/mécréant/l’impie) : cela nous rappelle que si les enfants d’Israël étaient restés un instant de plus en Egypte ils seraient entrés dans les 50 portes d’impureté de l’Egypte, car ils auraient été « assimilés » dans les fautes comme on le rapporte : lorsque la mer s’est fendue, l’ange représentant l’Egypte a eu comme argument « mais quelle différence y a-t-il entre ces peuples ? les deux sont idolâtres ! » c’est pour cela qu’Hachem a eu pitié d’eux et les a fait sortir immédiatement. C’est cela « un fauteur » c’est à dire que nos ancêtres avaient des fautes. Egalement, on peut dire que le רָשָׁע vient en regard des Egyptiens qui étaient « méchants » envers les juifs avec une grande dureté dans l’esclavage comme nous le disons lorsque nous enseignons que la dureté de l’esclavage a compensé le nombre d’années manquantes. De même lorsqu’ils ont décrété de jeter les garçons dans le Nil ou bien d’utiliser les garçons comme matériau de construction ou bien lorsque Pharaon égorgeait 150 garçons le matin et 150 garçons le soir, cet ensemble est d’une « méchanceté » extrême.
- . וְאֶחָד תָּם(le simple) nous donne une allusions aux Patriarches (Avraham, Isaac et Jacob) car grâce à leurs mérites nos ancêtres sont sortis d’Egypte avant le temps fixé, car ils marchaient avec l’Eternel en toute תמימות (même racine que תָּם) confiance (« naïveté », au sens « sans aucun doute » ) car Avraham Avinou a subi dix mises à l’épreuve et Hashem lui a dit הִתְהַלֵּךְ לְפָנַי, וֶהְיֵה תָמִים « conduis-toi à mon gré, sois irréprochable » (toujours la même racine תָּם). A propos d’’Its’hak Avinou on sait qu’il est monté sur l’autel en tant qu’Holocauste afin d’accomplir la volonté de l’Eternel (en toute confiance), et à propos de Yaâkov Avinou il est écrit וְיַעֲקֹב אִישׁ תָּם, יֹשֵׁב אֹהָלִים (encore le mot תָּם) « tandis que Jacob, homme inoffensif, vécut sous la tente » .
Egalement on peut dire que le mot תָּם donne une allusion à la Milah (circoncision) comme on enseigne dans le Talmoud (Nédarim 31b), Avraham Avinou n’a été complet que lorsqu’il a été circoncis, comme il est écrit הִתְהַלֵּךְ לְפָנַי, וֶהְיֵה תָמִים « conduis-toi à mon gré sois irréprochable » qui se rapporte à la circoncision comme l’explique le Talmoud.
Par le mérite de la circoncision les juifs sont sortis d’Egypte comme il est écrit וָאֹמַר לָךְ בְּדָמַיִךְ חֲיִי « Vis de tes sangs! » (Ezéchiel Ch. 6, V6) (allusion à deux sangs) c’est à dire que par le mérite du sang de la Mila et celui de l’agneau Pascal (le sang mis par les juifs, en Egypte, sur les portes des maisons, l’agneau étant une divinité Egyptienne) nos ancêtres sont sortis d’Egypte.
- . וְאֶחָד שֶׁאֵינוֹ יוֹדֵעַ לִשְׁאֹל: il est faible avec peu de force intellectuelle et par cette raison on commence plus loin la réponse au féminin אַתְּ פְּתַח לוֹ qui est un symbole de faiblesse (comparé à la force physique masculine). Cela vient en allusion que c’est par le mérite des femmes méritantes que les juifs sont sortis avant le temps fixé ! Cela vient également donner une allusion à la difficulté de l’esclavage qui était tellement pénible qu’ils n’avaient plus la force de poser de question, comme il est écrit וְלֹא שָׁמְעוּ, אֶל-מֹשֶׁה, מִקֹּצֶר רוּחַ, וּמֵעֲבֹדָה קָשָׁה., mais ils ne l’écoutèrent point (Moïse), ayant l’esprit oppressé par une dure servitude. Egalement on peut remarquer que le mot יוֹדֵעַ a une valeur numérique de 90 qui est celle de המילה, la circoncision. Pour nous signifier que par le mérite de la circoncision nos ancêtres sont sortis d’Egypte avant le temps fixé.
6) Haggadah Ora’h ‘Haym du Ben Ish ‘Hay page 99.
Le lien de ce passage avec les précédents ? le Rav Shété Yadoth explique qu’il est connu [qu’il y a une opinion qui considère] que les anges ont complété le nombre d’années d’exil et qu’il y a une opinion disant que ce sont les nuits qui ont complété le nombre des années.
Pour ceux qui pensent que ce sont les anges qui ont complété le nombre des années, alors ces anges sont en droit de recevoir la Torah puisque le verset indique
אָנֹכִי ה׳ אֱלֹהֶיךָ, אֲשֶׁר הוֹצֵאתִיךָ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם מִבֵּית עֲבָדִים
Je suis l’Éternel, ton D.ieu, qui T’ai fait sortir du pays d’Égypte, d’une maison d’esclavage.
Pour cette opinion « qui t’ai fait sortit d’Egypte » s’applique également aux anges.
Par contre, pour ceux qui pensent que les nuits ont complété le nombre des années, les anges n’ont aucun lien avec la sortie d’Egypte. C’est pour cela qu’après le raisonnement de Ben Zoma montrant qu’il faut faire le récit de la sortie d’Egypte y compris la nuit , et pour quelle raison est il nécessaire de faire ce raisonnement ? Bien sur qu’il faut le faire parce que les nuits ont complété le nombre des années et donc le Magguid poursuit sciemment par « Béni soit celui qui a donné la Torah à son peuple Israël et non aux anges » [qui n’ont pas « travaillé » en Egypte puisque ce sont les nuits et non les anges qui ont complété le nombre des années].
7) Le Rav Raqa’h dans Pirsoumé Nissa page 193 [ז] :
On peut expliquer l’intention du Magguid d’une autre manière
בָּרוּךְ שֶׁנָּתַן תּוֹרָה , peut être compris à travers l’enseignement de la Guémarah (Shabbath 86b) qui explique que d’après tout le monde la Torah a été donnée un Shabbat (la discussion est de savoir quel jour du mois de Sivan la Torah a été donnée pas sur le jour de la semaine). C’est peut être cela que le Magguid vient nous donner en allusion, puisque בָּרוּךְ שֶׁנָּתַן תּוֹרָה a pour premières lettres שבת ! Car c’est le Shabbat que la Torah a été donnée ; on peut donner une raison pour laquelle la Torah a été donnée ce jour là, car par le respect du Shabbat nous montrons que nous sommes des Enfants de l’Eternel et que nous pouvons « utiliser le sceptre de notre Père ». En conséquence pour que les anges du service n’aient pas la possibilité de dire que l’Eternel a commis une injustice en donnant la Torah à Israël, car les anges avaient l’argument d’être des « voisins » de D.ieu et donc devaient avoir en priorité la Torah, en conséquence Hachem a donné la Torah le jour du Shabbat ce qui montre que nous sommes ses enfants et un enfant est prioritaire par rapport à un voisin (Cf. Passage 6-4 §3 pour une explication du din de Bar Matsra)
[יג] בָּרוּךְ הוּא. כְּנֶגֶד אַרְבָּעָה בָנִים On peut donner en allusion le fait que les enfants d’Israël sont allés en exil afin de réparer la faute d’Adam Harishon (le premier Homme) comme l’explique le Rav זרע אמת ; en vérité les dernières lettres de הוּא. כְּנֶגֶד אַרְבָּעָה בָנִים donnent le mot האדם (L’Homme – avec article défini, sous entendu le premier Homme). Car par la présence en Egypte nous avons compensé sa faute et mérité de recevoir ensuite la Torah.
8) Haggadah כוס אליהו de R. Eliahou Ben Harosh (pages 48-49)
Il faut expliquer pourquoi notre passage utilise quatre fois le mot ברוך, de même il faut expliquer pourquoi on surnomme l’Eternel par מקום (endroit) On peut introduire ce que les sages disent dans le Sifri sur le verset (Deutéronome Ch. 33 v2)
וְזָרַח מִשֵּׂעִיר לָמוֹ–הוֹפִיעַ מֵהַר פָּארָן
a brillé sur le Séir, pour eux! S’est révélé sur le mont Parane,
mais quel intérêt de parler de Séir qui est la Terre d’Esaü ? et quel intérêt de parler du désert de Parane qui est le lieu de résidence des Ismaélites ? (comme on le dit à propos d’Ismaël וַיֵּשֶׁב, בְּמִדְבַּר פָּארָן, II habita le désert de Paran (Genèse Ch. 21, v21))
En réalité l’Eternel est d’abord allé proposer d’accepter la Torah aux descendants d’Esaü ; ceux ci ont demandé « mais qu’y a-t-il donc d’écrit dedans ? » Il leur répondit « Tu ne tueras point ». Ils répondirent « Maître du monde, toute l’essence de notre ancêtre est d’être un meurtrier » comme il est écrit à propos d’Esaü וְהַיָּדַיִם, יְדֵי עֵשָׂו. mais ces mains sont les mains d’Ésaü et de même dans la bénédiction reçue de son père Yaâqov וְעַל-חַרְבְּךָ תִחְיֶה Mais tu ne vivras qu’à la pointe de ton épée.
Il partit ensuite auprès des descendants d’Ismaël leur proposer le Torah, ceux ci ont demandé « mais qu’y a-t-il donc d ‘écrit dedans ? » Il leur répondit « Tu ne voleras point ». Ils répondirent « Maître du monde, toute l’essence de notre ancêtre est d’être un voleur » et la bénédiction qu’il reçut fut יָדוֹ בַכֹּל, וְיַד כֹּל בּוֹ « sa main sera contre [sur] tous, et la main de tous contre [sur] lui »; (Genèse, Ch. 16, v12). Il partit proposer la Torah à Israël qui l’accepta (fin du midrash).
Il semble évident que comme l’Eternel ne désirait pas voir la Torah acceptée par les descendants d’Esaü et d’Ismaël, alors Il fit ces réponses qu’ils ne pouvaient accepter car c’était leur quotidien (le meurtre ou la rapine). Il leur a donc mis des embûches afin de refuser et de faire en sorte que Son peuple puisse la recevoir. C’est pour cela que notre passage dit בָּרוּךְ הַמָּקוֹם בָּרוּךְ הוּא, le première bénédiction pour remercier l’Eternel de ne pas avoir donné la Torah aux descendants d’Esaü et la seconde pour ne pas l’avoir donnée aux descendants d’Ismaël. Ensuite le passage poursuit בָּרוּךְ שֶׁנָּתַן תּוֹרָה לְעַמּוֹ יִשְׂרָאֵל pour remercier de l’avoir donnée au peuple d’Israël et c’est pour cela qu’on utilise le mot מָּקוֹם (endroit, lieu, place) car il a donné la possibilité (la « place ») de refuser. Il dit בָּרוּךְ הוּא une quatrième fois car il ne l’a pas donnée aux anges.