Quarante troisième passage – Le sacrifice Pascal
Lorsqu’on dit פֶּסַח on regarde bien l’os qui est dans le plateau mais on ne le prend pas car l’os est un souvenir de l’agneau Pascal et cela ressemblerait à une consécration (rendre sacré pour le Temple) qui en interdirait toute consommation à l’extérieur des lieux autorisés à Jérusalem.
פֶּסַח שֶׁהָיוּ אֲבוֹתֵינוּ אוֹכְלִים בִּזְמַן שֶׁבֵּית הַמִּקְדָּשׁ קַיָּם, עַל שׁוּם מַה. עַל שׁוּם שֶׁפָּסַח הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא עַל בָּתֵּי אֲבוֹתֵינוּ בְּמִצְרַיִם שֶׁנֶּאֱמַר. וַאֲמַרְתֶּם זֶבַח פֶּסַח הוּא לַיהֹוָה. אֲשֶׁר פָּסַח עַל בָּתֵּי בְּנֵי יִשְׂרָאֵל בְּמִצְרַיִם בְּנָגְפוֹ אֶת מִצְרַיִם. וְאֶת בָּתֵּינוּ הִצִּיל. וַיִּקֹּד הָעָם וַיִּשְׁתַּחֲווּ:
Le sacrifice Pascal que nos ancêtres consommaient lorsque le Temple de Jérusalem était encore existant, quelle en est la raison ? C’est parce que le Saint, Béni soit-il, passa au dessus des maisons de nos pères en Egypte. Comme il est dit (Exode, Ch. 12 v27) :
וַאֲמַרְתֶּם זֶבַח-פֶּסַח הוּא לַה׳, אֲשֶׁר פָּסַח עַל-בָּתֵּי בְנֵי-יִשְׂרָאֵל בְּמִצְרַיִם, בְּנָגְפּוֹ אֶת- מִצְרַיִם, וְאֶת-בָּתֵּינוּ הִצִּיל; וַיִּקֹּד הָעָם, וַיִּשְׁתַּחֲווּ
Vous répondrez: ‘C’est le sacrifice de la pâque en l’honneur de l’Éternel, qui épargna les demeures des Israélites en Egypte, alors qu’il frappa les Égyptiens et voulut préserver nos familles (maisons/demeures). Et le peuple s’inclina et tous se prosternèrent.
1) Explication littérale tirée de la Haggadah Ish Matsliah (page 174)
Le sacrifice Pascal que nos ancêtres consommaient lorsque le Temple de Jérusalem était encore existant, quelle en est sa raison ? C’est parce que l’Eternel passa au-dessus Onkalos, traduit en Araméen le terme « שֶׁפָּסַח est passé au-dessus » par « די חס » qui a épargné et a eu pitié. En réalité la traduction araméenne de פָּסַח est « sauter », comme l’agneau pascal qui ne peut pas marcher avec ses deux pates mais doit sauter à cloche-pied avec un seul pied ; de même l’Eternel, si on peut dire, lorsqu’il avait tué un aîné Egyptien dans une maison et passait ensuite à une autre maison Egyptienne, alors qu’entre ces deux maisons il y avait une maison israélite, passait par dessus sans tenir compte des maisons[1] de nos ancêtres en Egypte comme il est écrit ….
2) Kos Eliahou page 73
פֶּסַח שֶׁהָיוּ אֲבוֹתֵינוּ אוֹכְלִים le verset qui précède celui rapporté ici est
וְהָיָה, כִּי-יֹאמְרוּ אֲלֵיכֶם בְּנֵיכֶם: מָה הָעֲבֹדָה הַזֹּאת, לָכֶם.
Alors, quand vos enfants vous demanderont: ‘Que signifie pour vous ce rite?
Comme la réponse ne contient pas le mot dire « vous direz à vos fils » ou « vous leur direz » comme pour les autres réponses aux enfants comme Deutéronome Ch. 6 v21 וְאָמַרְתָּ לְבִנְךָ, עֲבָדִים« et tu diras à ton fils » ou bien Nombres Ch. 13 v14 וְאָמַרְתָּ אֵלָיו–בְּחֹזֶק יָד « et tu lui diras, avec une main puissante », le Magguid apprend de là que même sans questionnement des enfants il faut dire les choses sous forme de question/réponse. « Pour quelle raison, parce que l’Eternel est passé … » et c’est ce que dit notre verset et vous direz, c’est le sacrifice Pascal en l’honneur de l’Eternel c’est-à-dire que ce nous consommons c’est un sacrifice en l’honneur de l’Eternel, et pour quelle raison ? Parce qu’il est passé par-dessus les maisons des Enfants d’Israël et il est dit après בְּנָגְפּוֹ אֶת-מִצְרַיִם, וְאֶת-בָּתֵּינוּ הִצִּיל; alors qu’il frappa les Égyptiens et voulut préserver nos maisons. Il y a dans cette expression deux fois le mot אֶת qui vient donc rajouter quelque chose, c’est ce que disent nos sages : un Egyptien qui était dans une maison juive était frappé par la plaie et un juif dans une maison Egyptienne était épargné ce qu’on peut détailler comme cela אֶת-מִצְרַיִם (le אֶת ) vient rajouter que même un Egyptien qui se trouvait dans une maison juive était frappé par la plaie , וְאֶת-בָּתֵּינוּvient rajouter que même un juif qui se trouvait dans une maison Egyptienne était sauvé. Bien que cette explication ait déjà été donnée à propos du verset (Nombres Ch. 12 v13) וְלֹא-יִהְיֶה בָכֶם נֶגֶף לְמַשְׁחִית « et le fléau n’aura pas prise sur vous lorsque je sévirai sur le pays d’Égypte » ; malgré tout le Magguid revient sur cette explication dans la réponse au fils pour dire qu’il faut lui donner tous ces détails.
En passant, je ramène un midrash merveilleux que ramène le Rav Qorban Pessa’h :
וַאֲמַרְתֶּם זֶבַח-פֶּסַח
Littéralement « et vous direz le sacrifice Pascal » de là on apprend qu’il faut enseigner les lois de Pessa’h 30 jours avant Pessa’h. Ce Midrash est surprenant. Le Rav explique ainsi ses propos : la moitié de פ est מ, la moitié de ס est ל, et la moitié de ח est ד. Ce qui donne en tout le mot למד (qui est le nom de la lettre ל dont la valeur est 30) ; c’est-à-dire que lorsqu’on immole l’agneau Pascal et qu’on le coupe en moitiés on trouve ל ; jusqu’ici les paroles du Rav. Selon la faiblesse de mon esprit on peut apprendre cette loi du mot פסח lui-même car ce mot constitue les premières lettres (à l’envers) de חצי סמך פותחין : à la moitié du סמך soit 30, on commence [à enseigner les lois de Pessa’h].
3) Haggadah Pirsoumé Nissah du Rav Yaâkov Raqa’h (page 302)
Le Rav Derekh Emounah, relève que le passage aurait être plus précis et dire « alors qu’il frappa les aînés Egyptiens ». Il me semble pourvoit dire que מצרים ne se rapporte pas aux Egyptiens mais à l’ange de l’Egypte qui s’appelle מצרים comme le dit le midrash à propos du verset (Nombres Ch. 14, v30)
וַיַּרְא יִשְׂרָאֵל אֶת-מִצְרַיִם, מֵת עַל-שְׂפַת הַיָּם.
Israël vit l’Égyptien gisant sur le rivage de la mer
Le verbe utilisé est au singulier, le midrash interprète en disant qu’il s’agit de l’ange représentant l’Egypte. En conséquence, le Magguid vient nous donner en allusion que cet ange a été frappé par la plaie tout en restant vivant et a été achevé au bord de mer lorsque la délivrance totale est arrivée.
[1] Le terme שֶׁפָּסַח, signifier passer par dessus. On retrouve bien l’idée en anglais où פסח est traduit passover.