Quarantième passage – Combien de bontés
כַּמָּה מַעֲלוֹת טוֹבוֹת לַמָּקוֹם עָלֵינוּ:
אִלּוּ הוֹצִיאָנוּ מִמִּצְרַיִם וְלֹא עָשָׂה בָהֶם שְׁפָטִים דַּיֵּנוּ:
אִלּוּ עָשָׂה בָהֶם שְׁפָטִים. וְלֹא עָשָׂה בֵאלֹהֵיהֶם דַּיֵּנוּ:
אִלּוּ עָשָׂה בֵאלֹהֵיהֶם. וְלֹא הָרַג בְּכוֹרֵיהֶם דַּיֵּנוּ:
אִלּוּ הָרַג בְּכוֹרֵיהֶם וְלֹא נָתַן לָנוּ אֶת מָמוֹנָם דַּיֵּנוּ:
Certains rajoutent:
וּמִנַּיִן שֶׁנָּתַן לָנוּ אֶת מָמוֹנָם. שֶׁנֶּאֱמַר וַיְנַצְּלוּ אֶת מִצְרַיִם. עֲשָׂאוּהָ כִּמְצוּלָה שֶׁאֵין בָּהּ דָּגִים. דָּבָר אַחֵר עֲשָׂאוּהָ כִּמְצוּדָה שֶׁאֵין בָּהּ דָּגָן. לָמָּה מְחַבֵּב הַכָּתוּב אֶת בִּזַּת הַיָּם יוֹתֵר מִבִּזַּת מִצְרַיִם. אֶלָּא מַה שֶּׁהָיָה בַבָּתִּים נָטְלוּ בְּמִצְרַיִם. וּמַה שֶּׁהָיָה בְּבָתֵּי תְשׁוּרָאוֹת נָטְלוּ עַל הַיָּם. וְכֵן הוּא אוֹמֵר כַּנְפֵי יוֹנָה נֶחְפָּה בַכֶּסֶף זוֹ בִּזַּת מִצְרַיִם. וְאֶבְרוֹתֶיהָ בִירַקְרַק חָרוּץ. זוֹ בִּזַּת הַיָּם. וַתִּרְבִּי וַתִּגְדְּלִי וַתָּבוֹאִי זוֹ בִּזַּת מִצְרַיִם. בַּעֲדִי עֲדָיִים. זוֹ בִּזַּת הַיָּם. תּוֹרֵי זָהָב נַעֲשֶׂה לָךְ. זוֹ בִּזַּת מִצְרַיִם. עִם נְקְדּוֹת הַכָּסֶף. זוֹ בִּזַּת הַיָּם:
Les autres reprennent ici (et telle est notre habitude)
אִלּוּ נָתַן לָנוּ אֶת מָמוֹנָם. וְלֹא קָרָע לָנוּ אֶת הַיָּם. דַּיֵּנוּ:
אִלּוּ קָרַע לָנוּ אֶת הַיָּם. וְלֹא הֶעֱבִירָנוּ בְתוֹכוֹ בֶּחָרָבָה דַּיֵּנוּ:
אִלּוּ הֶעֱבִירָנוּ בְתוֹכוֹ בֶּחָרָבָה. וְלֹא שִׁקַּע צָרֵינוּ בְּתוֹכוֹ דַּיֵּנוּ:
אִלּוּ שִׁקַּע צָרֵינוּ בְּתוֹכוֹ. וְלֹא סִפֵּק צָרְכֵנוּ בַּמִּדְבָּר אַרְבָּעִים שָׁנָה דַּיֵּנוּ:
אִלּוּ סִפֵּק צָרְכֵנוּ בַּמִּדְבָּר אַרְבָּעִים שָׁנָה. וְלֹא הֶאֱכִילָנוּ אֶת הַמָּן דַּיֵּנוּ:
אִלּוּ הֶאֱכִילָנוּ אֶת הַמָּן. וְלֹא נָתַן לָנוּ אֶת הַשַּׁבָּת דַּיֵּנוּ:
אִלּוּ נָתַן לָנוּ אֶת הַשַּׁבָּת. וְלֹא קֵרְבָנוּ לִפְנֵי הַר סִינַי דַּיֵּנוּ:
אִלּוּ קֵרְבָנוּ לִפְנֵי הַר סִינַי. וְלֹא נָתַן לָנוּ אֶת הַתּוֹרָה. דַּיֵּנוּ:
אִלּוּ נָתַן לָנוּ אֶת הַתּוֹרָה. וְלֹא הִכְנִיסָנוּ לְאֶרֶץ יִשְׂרָאֵל דַּיֵּנוּ:
אִלּוּ הִכְנִיסָנוּ לְאֶרֶץ יִשְׂרָאֵל. וְלֹא בָנָה לָנוּ אֶת בֵּית הַמִּקְדָּשׁ. דַּיֵּנוּ:
Combien de bontés [avantages, choses importantes] l’Eternel n’a-t-il pas fait pour nous ? :
- S’Il nous avait fait sortir d’Egypte sans leur infliger de châtiments, cela nous aurait suffi !
- S’Il leur avait infligé des châtiments sans détruire leurs idoles, cela nous aurait suffi !
- S’Il avait détruit leurs idoles sans tuer leurs premiers-nés, cela nous aurait suffi !
- S’il avait tué leurs premiers-nés sans nous donner leurs biens, cela nous aurait suffi !
- S’Il nous avait donné leurs biens, sans fendre la mer pour nous, cela nous aurait suffi !
- S’Il avait fendu la mer pour nous, sans nous la faire traverser à pieds secs, cela nous aurait suffi !
- S’Il nous avait fait traverser la mer à pieds secs sans y noyer nos oppresseurs, cela nous aurait suffi !
- S’Il avait noyé nos oppresseurs sans subvenir à nos besoins dans le désert pendant quarante ans, cela nous aurait suffi !
- S’Il avait subvenu à dans le désert pendant quarante ans sans nous nourrir avec la manne, cela nous aurait suffi !
- S’Il nous avait nourris avec la manne sans nous donner le Shabbat, cela nous aurait suffi !
- S’Il nous avait donné le Shabbat sans nous approcher du mont Sinaï, cela nous aurait suffi !
- S’il nous avait approchés du mont Sinaï sans nous donner la Torah, cela nous aurait suffi !
- S’Il nous avait donné la Torah sans nous faire entrer en terre d’Israël, cela nous aurait suffi !
- S’Il nous avait fait entrer en terre d’Israël sans nous y construire son Temple, cela nous aurait suffi.
1)Haggada Kos Eliahou, page 69 (jusqu’à la prochaine référence)
אִלּוּ הוֹצִיאָנוּ מִמִּצְרַיִם, S’Il nous avait fait sortir d’Egypte sans leur infliger de châtiments, cela nous aurait suffi ! Le Magguid aurait dû dire «sans les juger» en utilisant le langage de la Torah
וְגַם אֶת-הַגּוֹי אֲשֶׁר יַעֲבֹדוּ, דָּן אָנֹכִי
Mais, à son tour, la nation qu’ils serviront sera jugée par moi;
Simplement le langage utilisé dans ce verset s’applique au moment du jugement, que la personne soit jugée coupable ou bien soit acquittée, c’est pour cela que le Magguid dit וְלֹא עָשָׂה בָהֶם sans leur infliger qui se rapporte à l’exécution de la sentence comme c’est écrit (Psaumes 149, v8-9)
לֶאְסֹר מַלְכֵיהֶם בְּזִקִּים; וְנִכְבְּדֵיהֶם, בְּכַבְלֵי בַרְזֶל. ט לַעֲשׂוֹת בָּהֶם, מִשְׁפָּט כָּתוּב הָדָר הוּא, לְכָל-חֲסִידָיו:הַלְלוּ-יָהּ.
Ils attacheront leurs rois par des chaînes, et leurs nobles par des entraves de fer. Ainsi ils exécuteront [textuellement ferons] contre eux l’arrêt consigné par écrit: ce sera un titre de gloire pour tous ses fidèles. Alléluia!
Et Exode/Shémot Ch. 12 v12 :
וְעָבַרְתִּי בְאֶרֶץ-מִצְרַיִם, בַּלַּיְלָה הַזֶהּ, וְהִכֵּיתִי כָל-בְּכוֹר בְּאֶרֶץ מִצְרַיִם, מֵאָדָם וְעַד-בְּהֵמָה; וּבְכָל-אֱלהֵֹי מִצְרַיִם אֶעֱשֶׂה שְׁפָטִים, אֲנִי ה׳
Je parcourrai le pays d’Égypte, cette même nuit; je frapperai tout premier-né dans le pays d’Égypte, depuis l’homme jusqu’à la bête et je ferai justice de toutes les divinités de l’Égypte, moi l’Éternel!
אִלּוּ עָשָׂה בָהֶם שְׁפָטִים S’Il leur avait infligé des châtiments sans détruire leurs idoles, cela nous aurait suffi ! En réalité ce que l’Eternel à fait à leurs divinités n’est pas une bonté de l’Omniprésent envers Israël, car s’il est vrai que les Egyptiens ont fauté et ont asservi les Enfants d’Israël, leurs « dieux » qu’ont ils faits ? En réalité ces deux notions sont liées (voir Rashi, Shémoth Ch 11), lorsque Hachem fait rembourser une nation Il commence par faire rembourser ses divinités et donc les deux destructions ont été réalisées pour Israël ; en conséquence ce qu’Il a fait à leurs « dieux » est une élévation, un avantage, envers nous. De plus, les Israélites en Egypte étaient des idolâtres et par ce qui a été fait à ces idoles ils ont su qu’elles n’avaient aucun réalité tangible et qu’il n’y a pas de « rocher protecteur » si ce n’est notre D.ieu. et ils crurent alors en l’Eternel et cela est une grand avantage dont nous a fait bénéficier l’Eternel.
אִלּוּ עָשָׂה בֵאלֹהֵיהֶם S’Il avait détruit leurs idoles sans tuer leur premiers-nés, cela nous aurait suffi La Haggada fait précéder la destruction des divinités avant celle des premiers nés contrairement au verset dans lequel il est écrit (Shémoth/Exode Ch. 12 v12)
וְעָבַרְתִּי בְאֶרֶץ-מִצְרַיִם, בַּלַּיְלָה הַזֶהּ, וְהִכֵּיתִי כָל-בְּכוֹר בְּאֶרֶץ מִצְרַיִם, מֵאָדָם וְעַד-בְּהֵמָה; וּבְכָל- אֱלֹקֵי מִצְרַיִם אֶעֱשֶׂה שְׁפָטִים, אֲנִי ה׳
Je parcourrai le pays d’Égypte, cette même nuit; je frapperai tout premier-né dans le pays d’Égypte, depuis l’homme jusqu’à la bête et je ferai justice de toutes les divinités de l’Égypte, moi l’Éternel!
car comme l’explique Rashi, Hachem ne fait payer une nation qu’après avoir fait payer ses divinités. La raison pour laquelle le verset commence par les premiers nés est que la Torah donne d’abord l’élément principal de la plaie: celle-ci constituait à tuer les premiers nés et le fait de détruire les divinités d’Egypte n’en est qu’une conséquence.
S’il avait tué leurs premiers-nés sans nous donner leurs biens, cela nous aurait suffi !
Bien que le butin pris aux Egyptiens dans la mer ait eu lieu après l’ouverture de la mer, margré tout, comme le butin pris en Egypte était antérieur à l’ouverture de la mer, le Magguid fait précéder le butin à l’ouverture de la mer et inclus dans nous donner leurs biens le butin pris en Egypte et celui pris dans la mer.
S’Il avait fendu la mer pour nous, sans nous la faire traverser à pieds secs, cela nous aurait suffi !
Il est clair que l’ouverture de la mer sans traverser celle-ci n’est pas grand chose, car s’ils n’avaient pas traversé à quoi aurait donc servi cette ouverture ? C’est pour cela que les commentateurs expliquent que la traversée a eu lieu à pieds secs sans se salir (ce qui est une grande bonté).
Cependant dans les Psaumes (Téhilim Ch.136, v13-14)
לְגֹזֵר יַם-סוּף, לִגְזָרִים כִּי לְעוֹלָם חַסְדּוֹ. וְהֶעֱבִיר יִשְׂרָאֵל בְּתוֹכוֹ כִּי לְעוֹלָם חַסְדּוֹ
13) à Celui qui fendit en deux la mer des Joncs, car sa grâce est éternelle; 14) la fit traverser à Israël, car sa grâce est éternelle;
De ces deux versets on ne voit pas cette traversée à pieds secs, il est seulement mentionné les deux faits marquants : 1) fendre la mer 2) la traverser. Le fait de traverser à pieds secs n’y est pas mentionné, ce qui est la qualité marquante de cette traversée.
Il y a lieu de dire que le principal avantage de la traversée de la mer était que la mer s’était transformée comme des murailles de part et d’autre de la file de chaque tribu[1], donc chaque tribu passait entre deux murailles. C’est pour cela que le Magguid ne dit pas « sans nous y faire passer » (qui concernerait la traversée elle même) mais « sans nous faire passer dedans » c’est à dire dans l’intervalle entre deux murailles, bien protégés, ce qui est l’aspect majeur de cette traversée et permet de comprendre l’omission dans les Téhilim « à pieds secs » (qui n’est pas majeur par rapport aux murailles d’eaux). Au passage le Magguid indique que c’était à pieds secs, mais ce n’est pas le principal avantage de cette traversée.
S’Il avait noyé nos oppresseurs sans subvenir à nos besoins dans le désert pendant quarante ans, cela nous aurait suffi !
Il a subvenu a tous nos besoins dans le désert, nourriture, boisson, vêtements, les nuées de gloires qui empêchaient tout dommage par la chaleur ou le soleil et tous sont énoncés clairement dans la Torah. Les autres besoins qui ne sont pas explicités, le verset les inclus dans ses propos comme il est écrit (Deutéronome, Ch. 2, v7)
כִּי ה׳ אֱלֹקֶיךָ בֵּרַכְךָ, בְּכֹל מַעֲשֵׂה יָדֶךָ–יָדַע לֶכְתְּךָ, אֶת-הַמִּדְבָּר הַגָּדֹל הַזֶּה: זֶה אַרְבָּעִים שָׁנָה, ה׳ אֱלֹקֶיךָ עִמָּךְ לֹא חָסַרְתָּ, דָּבָר.
Car l’Éternel, ton D.ieu, t’a béni dans toutes les œuvres de tes mains; il a veillé sur ta marche à travers ce long désert. Voici quarante ans que l’Éternel, ton D.ieu, est avec toi: tu n’as manqué de rien.
S’Il nous avait nourris avec la manne sans nous donner le Shabbat, cela nous aurait suffi !
Bien que le Shabbat ait été enseigné à Mara avant le don de la manne, le Magguid fait précéder la manne au Shabbat car nos sages enseignent que les gâteaux qu’ils avaient emporté d’Egypte avaient le goût de la manne et donc la manne précède. Egalement, avec le don de la manne, de nombreuses lois de Shabbat ont été données comme on le voit dans le passage traitant de la manne dans la Torah. De plus, par le don de la manne on pouvait connaître l’importance du Shabbat puisqu’en ce jour saint la manne ne tombait pas, et pour le Shabbat la manne était donnée pour [la consommation de ] deux jours le vendredi [pour le vendredi et le Shabbat].
C’est ce qui est dit dans le verset (Genèse Ch. 2, v3)
וַיְבָרֶךְ אֱלֹקִים אֶת-יוֹם הַשְּׁבִיעִי, וַיְקַדֵּשׁ אֹתוֹ
D.ieu bénit le septième jour et le proclama saint,
Dans la Mékhilta on explique que le Shabbat a été béni avec[2] la manne et sanctifié avec la manne. C’est pour cela que le Magguid fait précéder la Manne au Shabbat.
S’Il nous avait donné le Shabbat sans nous approcher du mont Sinaï, cela nous aurait suffi !
Par le fait de ce rapprochement vers cette montagne sanctifiée, sur laquelle la Shékhina la présence Divine, s’est posée, non ancêtres ont acquis de la sainteté ; car Hachem à voulu nous sanctifier par Sa Sainteté, comme il est dit (Lévitique Ch. 19, v2)
דַּבֵּר אֶל-כָּל-עֲדַת בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל, וְאָמַרְתָּ אֲלֵהֶם–קְדֹשִׁים תִּהְיוּ: כִּי קָדוֹשׁ, אֲנִי ה׳ אֱלקֵיכֶם.
Parle à toute la communauté des enfants d’Israël et dis-leur: Soyez saints! Car je suis saint, moi l’Éternel, votre D.ieu.
De plus Il nous a donné la Sainte Torah qui par son intermédiaire et ses Mitsvot nous fait acquérir de plus en plus de sainteté. Ensuite il nous a fait pénétrer dans le pays d’Israël, une contrée Sainte, dont même la terre est sainte. Il nous a construit Son temple pour nous pérenniser dans la sainteté, car par les fautes que nous commettons notre corps devient impur et par les sacrifices que nous apportons au Temple nous nous purifions de nos fautes et nous nous renforçons dans la sainteté et c’est ce que dit le Magguid (à la fin du passage suivant) Il nous y a construit le Temple, pour y expier nos fautes.
2) Haggada ‘Hazon Ôvadia page 75 (jusqu’à la fin du passage)
כַּמָּה מַעֲלוֹת טוֹבוֹת לַמָּקוֹם עָלֵינוּ:
Si on traduit littéralement: « Combien de choses importantes POUR l’Eternel » envers nous. Il semble qu’il aurait fallu plutôt dire « Combien de choses importantes en provenance de l’Eternel envers nous ». En fait l’Eternel a un grand plaisir lorsqu’il fait bénéficier Israël de Ses bontés, et c’est cela les « bonnes élévations POUR l’Eternel » (si on peut dire, c’est une manière de s’exprimer) [au nom du gaon Rabbi Lévy Its’haq Miberditchov].
On a ici 15 avantages (Maâloth= « Avantages », « supériorités », « bontés »,) qui correspondent aux 15 Psaumes שִׁיר הַמַּעֲלוֹת Shir Hamaâlot (« Cantiques des degrés ») qu’il y a dans le livre des Psaumes/Téhilim. Cela correspond aux sept cieux, la terre et les intervalles qu’il y a entre eux (7 intervalles) ce qui fait en tout 15. Le ciel le plus haut se nomme Âravot ערבות ce qui correspond à ce que dit le Psalmiste (Psaumes 68-5) סֹלּוּ, לָרֹכֵב בָּעֲרָבוֹת exaltez Celui qui chevauche dans les hauteurs célestes.
Il y a eu 15 générations d’Avraham au roi Salomon car à ce moment la « lune » était pleine[3] (comme le 15 du mois) lors de l’inauguration du premier Temple[4]. Pour cela, en regard de ces 15 générations, 15 Shir hamaâloth … il y avait 15 marches dans le parvis du Temple. Au moment où les Cohanim/Prêtres sortaient du Templs ils disaient אנו ליה וליה עינינו, nous sommes pour Hachem (le nom יה ayant une valeur numérique de 15) et vers Hachem nous tournons nos yeux ?? (au nom du Gaon de Vilna)
Pour chaque bonté on dit דַּיֵּנוּ « Cela aurait suffi », en utilisant le mot du verset (Malachie Ch. 3 v 10)
וַהֲרִיקֹתִי לָכֶם בְּרָכָה, עַד-בְּלִי-דָי
si je ne répands pas sur vous la bénédiction au-delà de toute mesure.
אִלּוּ עָשָׂה בֵאלֹהֵיהֶם. וְלֹא הָרַג בְּכוֹרֵיהֶם דַּיֵּנוּ:
S’Il avait détruit leurs idoles sans tuer leur premiers-nés, cela nous aurait suffi !
Dans le verset (Exode Ch. 12, v12)
וְעָבַרְתִּי בְאֶרֶץ-מִצְרַיִם, בַּלַּיְלָה הַזֶהּ, וְהִכֵּיתִי כָל-בְּכוֹר בְּאֶרֶץ מִצְרַיִם, מֵאָדָם וְעַד-בְּהֵמָה; וּבְכָל-אֱלהֵֹי מִצְרַיִם אֶעֱשֶׂה שְׁפָטִים, אֲנִי יְהוָה.
Je parcourrai le pays d’Égypte, cette même nuit; je frapperai tout premier-né dans le pays d’Égypte, depuis l’homme jusqu’à la bête et je ferai justice de toutes les divinités de l’Égypte, moi l’Éternel!
Pour quelle raison l’ordre est il inversé entre les deux versets ? (les premiers nés sont exécutés en premier dans le second verset)
On peut expliquer cela à partir de ce qui est enseigné dans le Talmoud (Âvodah Zara 52b) « Lorsqu’on détruit une idole, il n’est pas nécessaire de détruire ceux qui servent cette idole ; si on détruit ceux qui servent une idole, on n’a pas détruit l’idole ». C’est ce que nous disons ici « si on avait détruit les idoles, en premier, sans détruire les aînés qui servaient ces idoles cela aurait suffi », puisque lorsqu’on détruit une idole il n’est pas nécessaire de détruire ses servants.
Cependant le Saint, Béni soit-il voulait détruire l’ensemble, la Âvodah Zarah (l’idole) et ses servants ; comme Ses jugements sont emplis de vérité, il a détruit d’abord les aînés puisque les idoles n’avaient pas encore été détruites et seulement ensuite il a détruit les idoles.
S’Il nous avait donné leurs biens, sans fendre la mer pour nous, cela nous aurait suffi !
Il nous faut expliquer le lien entre ces deux notions. En fait il faut se questionner sur ce qu’avait ordonné l’Eternel de demander aux Egyptiens leurs objets en argent et en or ; tout cela ressemble à une manœuvre et une fourberie pour voler les biens d’autrui ! Puisque, après avoir eu ces objets en prêt ils ne les ont pas rendus. Il eut été préférable que l’Eternel ordonne que les Egyptiens leur donnent complètement ces biens et s’ils avaient résisté il les auraient tué.
Le Ran (Rabbénou Nissim un des grands décisionnaires médiévaux, il vivait à Gérone en Espagne) répond que comme l’intention de l’Eternel était de les engloutir dans la mer, comportement pour comportement, en punition du fait qu’ils noyaient les enfants mâles dans le Nil comme ce qui est écrit (Exode Ch. 1, v22)
וַיְצַו פַּרְעֹה, לְכָל-עַמּוֹ לֵאמֹר: כָּל-הַבֵּן הַיִּלּוֹד, הַיְאֹרָה תַּשְׁלִיכֻהוּ, וְכָל-הַבַּת, תְּחַיּוּן.
Pharaon donna l’ordre suivant à tout son peuple: « Tout mâle nouveau-né, jetez-le dans le fleuve et toute fille laissez-la vivre. »
Et comme le dit bien le verset (qui dit explicitement comportement pour comportement) (Nombres Ch. 18 v11)
כִּי בַדָּבָר, אֲשֶׁר זָדוּ עֲלֵיהֶם, littéralement, par la chose avec laquelle ils avons fauté volontairement contre eux (contre les enfants d’Israël). C’est à dire « Dans la marmite dans laquelle ils ont cuit il ont été eux même cuits ! » C’est pour cela qu’il était nécessaire d’agir avec eux par une manœuvre ; il a été dit aux Egyptiens (Exode Ch. 8, 23)
דֶּרֶךְ שְׁלֹשֶׁת יָמִים, נֵלֵךְ בַּמִּדְבָּר; וְזָבַחְנוּ לַה׳ אֱלֹקינוּ, כַּאֲשֶׁר יֹאמַר אֵלֵינו
C’est à trois journées de chemin dans le désert que nous voulons aller et nous y sacrifierons à l’Éternel notre D.ieu selon ce qu’il nous enjoindra.
Cette expression a induit que les Egyptiens ont pensé que tout les propos de Moshé Rabbénou étaient des paroles fourbes en vue de leur voler leurs richesses comme il est écrit (Exode Ch. 14, v5)
וַיֵּהָפֵךְ לְבַב פַּרְעֹה וַעֲבָדָיו, אֶל-הָעָם, וַיֹּאמְרוּ מַה-זֹּאת עָשִׂינוּ, כִּי-שִׁלַּחְנוּ אֶת-יִשְׂרָאֵל מֵעָבְדֵנוּ
Alors les dispositions de Pharaon et de ses serviteurs changèrent à l’égard de ce peuple et ils dirent: « Qu’avons-nous fait là, d’affranchir les Israélites de notre sujétion!
En conséquence Hachem a endurci le cœur de Pharaon et les Egyptiens ont poursuivi les Enfants d’Israël puis ont été engloutis dans la mer ; si les Egyptiens avaient donné leur argent et leur or volontairement, d’un don sans ambiguïté, et avaient compris que par cela ils remboursaient le travail fourni par les Israélites et que ceux-ci n’avaient aucune intention de revenir en Egypte, ils n’auraient jamais poursuivi les enfants d’Israël et le principe de « comportement contre comportement » n’aurait jamais été réalisé[5] (voir êin Yaâkov, traité Bérakhot 9b).
C’est ce que dit notre passage « S’Il nous avait donné leur argent », c’est à dire un don sans ambigüité, volontairement, les Egyptiens ne nous auraient pas poursuivi, et en conséquence il n’y aurait pas eu besoin de l’ouverture de la mer ; mais, comme les biens n’ont été pris que sous forme de prêt, par ce fait Il a fendu la mer et les Egyptiens ont ainsi remboursé selon le principe « Comportement pour Comportement ».
S’Il nous avait nourri avec la manne sans nous donner le Shabbat, cela nous aurait suffi : il y a lieu d’éclaircir ce passage, en fait à Mara le Shabbat avait déjà été ordonné et la manne n’avait pas encore été « fournie » et donc on aurait du avoir l’ordre inverse (le Shabbath avant la Manne). On peut répondre avec ce qu’explique Rashi à propos de (Exode Ch 16, v22) «lehem mishné » לֶחֶם מִשְׁנֶה , la part double qui était donnée le vendredi :
Rashi : Ils glanèrent du pain double (michnè) Lorsqu’ils ont mesuré dans leurs tentes ce qu’ils avaient glané, ils ont trouvé le double, deux ‘omer par personne. Quant au midrach, il interprète le mot michnè comme si le texte portait mechounè (« changé »). Il était changé, ce jour-là, en mieux, quant à l’odeur et quant au goût (Mekhilta).
C’est ce que dit ici le Magguid, s’Il nous avait nourri avec de la manne comme d’habitude sans nous en donner avec meilleur goût le Shabbat, cela aurait suffi !
On peut également dire, qu’à Mara le Shabbat a été ordonné, mais à ce moment là le Shabbat ne pouvait pas être repoussé en cas de danger de mort[6], par contre après Il nous a donné le Shabbat « à nous », pour qu’il soit « transmis entre nos mains » pour pouvoir le repousser en cas de danger de mort comme on l’enseigne dans le Talmoud (Yomah 85b) à propos du verset (Exode Ch. 31 v14)
וּשְׁמַרְתֶּם אֶת-הַשַּׁבָּת כִּי קֹדֶשׁ הִוא לָכֶם
Gardez donc le sabbat, car c’est chose sainte pour vous!
« le Shabbath est transmis entre vos mains, et vous vous n’êtes pas transmis entre les mains du Shabbath [7]» ; de là on apprend qu’un danger de mort repousse le respect du shabbat ; c’est pour cela que notre passage dit « nous a donné le shabbat ».
Il est possible d’expliquer également qu’à Mara n’ont été donnés que les interdits du Shabbat, par contre les commandements positifs, comme de sanctifier le shabbat (le Qiddoush) ou bien les repas du Shabbat, n’avaient pas encore été enseignés à Mara.
On peut trouver ce point dans la précision du langage utilisé par la Torah car dans la Parasha Ytro, dans les dix commandements lorsque la Torah dit זכור pour nous enseigner le respect des commandements positifs du shabbat on ne dit pas « comme Hachem ton D.ieu te l’a ordonné ».
Par contre dans la parasha Vaet’hanan, dans les dix commandements (la seconde fois où ils sont enseignés, avec quelques petites différences dans les mots), il est dit שמור pour nous ordonner de respecter les interdits du Shabbat, il est alors précisé « comme Hachem ton D.ieu te l’a ordonné » et nos sages enseignent (Talmoud Sanhedrin 56b) que cela avait déjà été enseigné à Mara. C’est pour cela qu’on dit ici « s’il nous avait nourri avec la manne et ne nous avait pas donné pour nous le Shabbat (avec précision du langage, c’est à dire même sans pouvoir repousser le Shabbat en cas de danger mortel cela aurait suffi) : pour notre profit, pour le plaisir du shabbat et ses trois repas, alors cela nous aurait suffi ».
On peut poursuivre avec ce qu’enseignent les sages dans le Talmoud (Betsa 16a) à propos du verset (Shémot Ch. 31 v13)
לָדַעַת, כִּי אֲנִי ה׳ מְקַדִּשְׁכֶם.
pour qu’on sache que c’est Moi, l’Éternel qui vous sanctifie
Hachem a dit à Moshé, Moshé j’ai un beau cadeau dans mes trésors et je demande à le donner au peuple d’Israël, va le leur faire savoir.
Et c’est cela « nous as donné le shabbat », c’est un cadeau pour nous faire savoir quel grand bien y est enfoui, pour le monde futur également
S’il nous avait approchés du mont Sinaï sans nous donner la Torah, cela nous aurait suffi !
On peut expliquer selon ce que nous disons dans le Talmoud (Shabbat 146a) : au moment où le serpent a eu une relation avec Eve, il lui a transmis une grande impureté[8]. Lorsque le peuple d’Israël s’est dressé face au mont Sinaï, cette grande impureté s’est retirée ; par contre les autres peuples qui ne se sont pas dressés face au mont Sinaï n’ont pas eu retrait de cette grande impureté ; c’est-à-dire que le fait de se dresser au mont Sinaï en soi (sans recevoir la Torah) avait une grande importance.
[1] On explique que chaque tribu passait entre deux murailles formées par les eaux. Il y avait donc douze sentiers.
[2] Pour avoir
[3] A son plus haut niveau, et Israël est comparé à la lune qui croît et décroit, ne disparaît jamais et se renouvelle tout le temps tout en étant la même.
[4] La lune représente Israël qui se renouvelle tout le temps et même lorsqu’on le croit anéanti Israël se relève et se renouvelle. Cette lune était « pleine », c’est à dire qu’Israël était à son apogée lors de l’inauguration du Temple
[5] Or il est inscrit dans la Création
[6] C’est à dire que si un danger mortel se présente (guerre, serpent, maladie mortelle …) il n’était alors pas permis de transgresser le Shabbath afin de protéger sa vie.
[7] C’est à dire que le Shabbath est placé entre vos mains, pour vous, afin de le repousser en cas de danger de mort ; et vous n’êtes pas entre les mains du Shabbath et soumis à lui dans tous les cas y compris en cas de danger mortel.
Toute cette explication ne concerne qu’un danger mortel.
[8] Zohama (qui signifie littéralement saleté)