Vingt deuxième passage – Nous implorâmes l’Éternel, D.ieu de nos pères
La Haggada continue par le verset qui suit celui du passage 19 et en commente chaque expression
וַנִּצְעַק אֶל ה׳ אֱלֹקֵי אֲבוֹתֵינוּ וַיִּשְׁמַע ה׳ אֶת קֹלֵנוּ וַיַּרְא אֶת עָנְיֵנוּ וְאֶת עֲמָלֵנוּ וְאֶת לַחֲצֵנוּ:
וַנִּצְעַק אֵל ה׳ אֱלֹקֵי אֲבוֹתֵינוּ. כְּמוֹ שֶׁנֶּאֱמַר. וַיְהִי בַּיָּמִים הָרַבִּים הָהֵם וַיָּמָת מֶלֶךְ מִצְרַיִם. וַיֵּאָנְחוּ בְנֵי יִשְׂרָאֵל מִן הָעֲבֹדָה וַיִּזְעָקוּ. וַתַּעַל שַׁוְעָתָם אֶל הָאֱלֹהִים מִן הָעֲבֹדָה:
Nous implorâmes l’Éternel, D.ieu de nos pères; et l’Éternel entendit notre voix, il vit notre misère, notre labeur et notre détresse, (Deutéronome Ch. 26, v7)
Nous implorâmes l’Éternel, D.ieu de nos pères, comme il est dit (Exode Ch. 2, v23):
Il arriva, dans qu’eurent passé de nombreuses journées, que le roi d’Égypte mourut. Les enfants d’Israël gémirent du sein de l’esclavage et se lamentèrent; leur plainte monta vers D.ieu du sein de l’esclavage.
1) Haggada Pirsoumé Nissa du Rav Yaâkov Raqa’h page 256
Nous implorâmes l’Éternel, D.ieu de nos pères, il est possible de dire que notre passage indique D.ieu de nos pères pour dire que ces gémissements étaient dus également à nos pères Abraham, Isaac et Jacob qui étaient dans l’affliction dans leur tombe car leurs enfants étaient en exil, comme l’explique Rashi dans la Parasha de ‘Houqat à propos du verset (Nombres Ch. 20, v15)
וַיָּרֵעוּ לָנוּ מִצְרַיִם, וְלַאֲבֹתֵינוּ
les Egyptiens ont agi méchamment envers nous et nos pères
Rashi : D’où l’on apprend que les patriarches éprouvent de la souffrance dans leur tombe lorsque des malheurs s’abattent sur Israël (Midrash Tan‘houma).
C’est pour cela que le Magguid dit Nous implorâmes l’Éternel, D.ieu de nos pères pour nous signifier que nos gémissements étaient également dus à l’affliction de nos patriarches et alors Hachem a entendu notre voix et c’est pour cela que le prochain passage (Hachem entendit notre voix) rapporte un verset qui se termine par « l’Eternel se rappela de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob » [ce qui rappelle la souffrance des Patriarche dans leur tombe].
2) Haggada Rabbi Shalom page 131
וַיֵּאָנְחוּ Les enfants d’Israël gémirent on raconte à propos de deux serviteurs de l’Eternel qui sortaient du Miqveh (bain rituel) : un d’entre eux se pencha vers son ami et lui dit « malheur, que va-t-on advenir avec nos fautes !…. »
Son ami lui répondit, ce n’est pas comme tu le penses ; sur nos fautes, nous avons un espoir car il y a moyen de les réparer par la téshouva (repentance) ; mais nos gémissements doivent porter sur nos Mitsvoth ! Que va-t-il advenir de nos Mitsvoth ? Comment servons nous vraiment l’Eternel ? Avec quelle sincérité, quel désir réalise-t-on les mitsvot ?!
Sur cela (et les éventuels manquements) on ne sait pas vraiment faire téshouva (se repentir) ; et peut être même que la téshouva n’est pas valable ! Car la téshouva est capable d’effacer les fautes mais comment peut elle faire revivre des Mitsvot qui n’ont été faites ni avec désir ni avec sincérité.
3) Haggada Hazon Ôvadia de Maran Harav Ôvadia Yossef page 59 au nom de ‘Hanoukat Hattorah.
Nous implorâmes l’Éternel, D.ieu de nos pères; et l’Éternel entendit notre voix, il vit notre misère, notre labeur et notre détresse ; dans le Midrash on donne trois raisons pour lesquelles les Enfants d’Israël n’ont pas été asservis en Egypte pendant 400 ans, alors que l’Eternel l’avait explicitement annoncé
וַיֹּאמֶר לְאַבְרָם, יָדֹעַ תֵּדַע כִּי-גֵר יִהְיהֶ זַרְעֲךָ בְּאֶרֶץ לאֹ לָהֶם, וַעֲבָדוּם, וְעִנּוּ אֹתָם אַרְבַּע מֵאוֹת, שָׁנָה.
D.ieu dit à Abram: « Sache-le bien, ta postérité séjournera sur une terre étrangère, où elle sera asservie et opprimée, durant quatre cents ans.
Et pourtant les Hébreux ne sont restés en Egypte que pendant 210 ans. Les trois raisons rapportées par le Midrash sont :
- Les nuits ont complété le décompte, car l’habitude est de ne travailler que pendant le jour ;
- Ils se multipliaient, en ayant une grande progéniture, de manière surnaturelle. La quantité de travail effectuée en 210 par cette population était bien plus importante que celle pouvant être faite avec une croissance naturelle de la population pendant 400 ans.
- La dureté de l’esclavage a complété le décompte des années.
Et c’est bien ce que dit le Magguid :
- Il vit notre misère, ceci se réfère à la séparation conjugale: c’est à dire qu’ils travaillaient la nuit, et donc les nuits ont complété les années dues ; (passage 24)
- notre labeur, ceci se réfère aux garçons, c’est à dire qu’ils ont eu de très nombreux enfants. Le travail accompli par cette population a complété les années dues (passage 25)
- et notre détresse, ceci se réfère au régime oppressif, c’est à dire la dureté de l’esclavage (passage 26)
en conséquence, du fait de ces trois raisons, L’Eternel nous fit sortir d’Egypte (passage 27).