Ya’akov ou la leçon du passage de l’étude à l’acte. Réouven Carceles
Ya’akov passage étude à acte
Ya’akov sortit de beér chéva, il alla a ‘Haran. (Genèse chap 28,10)
Rachi, ici nous enseigne que : »lorsqu’un Tsadik sort de la ville, cela fait une impression, car tant que le Tsadik est dans la ville, il est son éclat et sa gloire, mais quand il quitte la ville, son éclat et sa gloire s’en vont aussi ».
Il y a certaines questions que l’on peut se poser sur ce verset :
1) Pourquoi la Torah insiste-t-elle sur le fait que Ya’akov a quitté Beér Chéva, alors qu’a la fin de la Paracha précédente (toledot 28,7), nous le savions déjà : « Ya’akov écouta son père et sa mère, il alla a Padam Haram« .?
2) Pourquoi est il écrit ici : »il sortit de Beér Chéva« ? La Torah, même si elle avait voulu décrire le voyage de Ya’akov vers ‘Haran, il était suffisant d’écrire : »Ya’akov alla a Haran« . Pourquoi écrire « de Beér Chéva », et quand bien même, la Torah aurait voulu mettre l’accent sur ce fait, elle aurait pu s’exprimer plus brièvement et écrire : » Ya’akov est allé de Beér Chéva a ‘Haran » et non : « Ya’akov sortit de Beér Chéva et alla a ‘Haran »? De plus nous savons au nom de Rachi (toledot 28,9) que Ya’akov n’est allé à ‘Haran que 14 ans plus tard, car précédemment, il est allé étudier la Torah dans le Beit Hamidrach (maison d’études) de Chem et Ever, donc pourquoi la Torah, nous cache-t-elle ce fait et nous laisse-t-elle entendre qu’il est allé directement a Haran?
En réalité,nous voyons dans le Messilat Yécharim (fin chap7) un principe fondamental : « les actes extérieurs engendrent les émotions intérieures« . Il est plus facile d’agir que d’atteindre des niveaux intérieurs de perception. Rav Dessler, nous explique, que l’important c’est l’acte, sinon, il existe un danger qu’un excès de connaissance ne nuise lorsqu’on ne prend pas la précaution de la faire pénétrer dans le cœur par des actes. C’est aussi ce que nous apprend le Pirke Avot (1,17) : « l’important ce n’est pas l’étude, mais l’acte« . Si la sagesse d’un homme est plus importante que ses actes, non seulement elle ne le rend pas meilleur, mais entraîne au contraire sa chute.
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Dans la Paracha de Vayétsé, la Torah nous dit, en allusion, qu’en réalité, l’essentiel du voyage de Ya’akov était de Beér Chéva à ‘Haran. Le fait qu’il se soit attardé 14 ans en chemin pour étudier la Torah, ne représentait pas un programme en soi, mais faisait partie du chemin. Cette étude était une préparation pour ‘Haran et cela devait être long. Lorsqu’il est parti vers ‘Haran, pour être à proximité de Lavan, là, comme nous l’explique le Rav Dessler, Yaa’kov, savait que l’accent était mis sur l’extériorité, et qu’il allait faire face à des épreuves d’un genre nouveau, auxquelles il ne s’était jamais mesuré jusqu’à présent. Certes il avait l’habitude d’être à proximité de Essav, mais Essav avait quand même étudié la Torah, il croyait en D.ieu, simplement, il suivait son mauvais penchant, et commettait de nombreux crimes. Tandis que Lavan, lui, n’avait jamais eu le moindre contact avec la sainteté, il habitait à Haran, un lieu de mal, et cela était une épreuve difficile pour Ya’akov. C’est donc la raison pour laquelle, il s’est préparé 14 ans, correspondant aux 14 années de travail chez Lavan pour épouser ses filles, il y arriva intègre comme il est écrit.
De là, on peut comprendre le Pirke Avot. L’essentiel, c’est l’action, car quand on étudie tout naturellement, on subit de bonnes influences, on se conduit avec précision dans les Mitsvot et la crainte du ciel, on se préserve donc des tentations et c’est la que commence la guerre, car il faut se mesurer au mauvais penchant, et le vaincre, ou sinon, on tombe, c’est ce que dit le verset ici : « Ya’akov sortit de Beér Chéva et il alla a ‘Haran ». Ceci pour enseigner le secret de la force de l’épreuve, d’avoir la faculté d’affronter le mal, et comment ? Par une préparation de 14 ans, préparation à la hauteur de l’épreuve de ce monde. Il sortit de Beér Chéva vers ‘Haran avec la Torah, c’est à dire de « l’étude » il part vers « l’acte » (passage de l’étude à l’acte), et cela est un grand Moussar (une grande leçon), car pour sortir vers ce monde rempli d’épreuves, comme nous le vivons au quotidien, il faut s’armer, comme lorsqu’on on part en guerre, et la préparation a duré ici 14 ans!
Chabbat Chalom
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Publié le 9 décembre 2016 et revu et corrigé le 2 décembre 2019