En multipliant la Tsédaka, on multiplie la paix – Rav Ovadia Yossef Zatsal
En multipliant la Tsédaka, on multiplie la paix
Il est enseigné dans la Pirké Avot (chapitre 2 Michna 8) : « En multipliant la Tsédaka, on multiplie la paix ».
Notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l explique que lorsqu’il y a un manque matériel dans le foyer de l’homme, les relations entre le nécessiteux et son épouse se dégradent, comme l’enseignent nos maîtres dans la Guémara Bava Métsi’a (59a) : L’homme doit toujours veiller à amener la récolte dans son foyer, car la discorde règne dans le foyer uniquement à cause de la récolte, c’est-à-dire la subsistance matérielle, comme il est dit « Il placera ta frontière dans la paix, il te rassasiera du meilleur blé » (Téhilim 147).
Puisque nous nous trouvons dans les jours qui suivent la fête de Pessa’h, nous allons rapporter une anecdote qui s’est produite il y a environ 230 ans dans la ville de Prague à cette période de l’année.
Le Rav de la ville de Prague était – le Gaon parmi les Guéonim – Rabbi Yé’hezkel LANDAU z.ts.l, auteur du célèbre Chou’t Noda’ Bihouda.
Par une nuit glaciale, des pluies diluviennes tombaient et un vent très fort soufflait, le Rav était assis et étudiait chez lui lorsque tout à coup, il entend des pleurs venant de l’extérieur. Le Rav s’interrompit et sortit à l’extérieur. Il trouva un enfant chrétien qui était assis et pleurait. Le Rav s’approcha de lui et lui demanda :
- « Pourquoi pleures-tu ? »
L’enfant répondit :
- « Mon père est l’un des boulangers de la ville. Ma mère est décédée et mon père s’est remarié avec une femme cruelle. Chaque jour, je dois sortir avec des paniers remplis de pains pour aller les vendre sur le marché, et je dois rapporter intégralement l’argent dans les mains de la femme de mon père. Aujourd’hui, il m’est arrivé un malheur ! J’ai réussi à vendre le pain, mais lorsque j’ai voulu rentrer à la maison, je me suis aperçu que l’argent était tombé de ma poche et que je l’avais perdu ! Si je rentre les mains vides, je peux m’attendre à des coups et à des souffrances terribles de ma marâtre qui est si méchante ! Je ne sais que faire dans ce froid et dans ce vent nocturne, et je suis affamé ! »
La pitié du Rav s’éveilla envers cet enfant, et il demanda à l’enfant :
- « A combien s’élevait la somme d’argent gagnée par la vente du pain ? »
L’enfant répondit:
- « 20 pièces d’or. »
Le Rav sorti de sa poche 20 pièces d’or et les donna à l’enfant. Il lui ajouta encore quelques pièces et lui dit :
- « Avec ces pièces, vas t’acheter à manger et rassasie-toi. »
Trente années s’écoulèrent, et le Rav oublia toute cette histoire.
Mais une nuit du 7ème jour de Péssa’h, vers minuit, on entendit des coups frappés à la porte du Rav. Le Rav ouvrit et un homme entra dans la maison en disant qu’il avait un terrible secret à dévoiler au Rav, et ce secret était une question de vie ou de mort. Le Rav invita l’homme à s’asseoir, et celui-ci commença son récit :
- « Je me souviens de la bonté que tu m’as prodiguée il y a des dizaines d’années lorsque je n’étais encore qu’un enfant. Tu m’as sauvé de la faim et du froid, ainsi que des coups de ma marâtre, et c’est pourquoi, je me considère comme un devoir d’agir envers toi avec bonté, ainsi qu’envers les juifs de cette ville Prague. Un des curés de la ville, un antisémite notoire, a convoqué à une réunion tous les boulangers de la ville, dont je fais moi aussi partie. Il leur a proposé un complot contre la communauté juive en suggérant que dès la sortie de la fête de Péssa’h, lorsque tous les juifs se précipitent pour acheter du ‘Hamets chez les non-juifs, de placer à ce moment précis un poison dans le pain que consommeront les juifs, et d’exterminer ainsi toute la communauté juive de Prague. En échange de cela, le curé assura l’absolution des pêchers de tous les chrétiens de la ville, et qu’ils iront tous au paradis.
Je ne pouvais pas me contenir et rester sans rien faire, en me souvenant de ta pitié envers moi lorsque j’étais dans la détresse. C’est pourquoi, je suis venu t’en informer. A présent, agis selon ta sagesse et sauve les pauvres juifs du danger qui les guette. »
Le Rav remercia sincèrement le boulanger chrétien pour lui avoir dévoilé le danger qui guettait la communauté juive de Prague, et prit congé de lui.
Lorsqu’arriva le dernier jour de Péssa’h, on déclara dans toutes les synagogues de la ville de Prague, de la part du grand Rav de la ville, sous menace d’être excommunié, qu’il était strictement interdit d’acheter du pain chez les non-juifs à la sortie de la fête, car un grand danger guettait toute personne qui goûterait ce pain. Tous les juifs de la ville exécutèrent scrupuleusement le décret du Rav, et de toute la quantité de pain pétri, pas un seul pain ne fut vendu, et on en découvrit plus tard la cause.
Ainsi, ils déjouèrent le complot de ce maudit curé qui avait désiré les perdre.
Toute la communauté juive ne connut que délivrance et victoire.
Nous pouvons attribuer à cette anecdote le verset:
- « Envois ton pain sur la surface de l’eau, car avec la multiplicité tu le retrouveras. » (Kohelett 11). (‘Anaf ‘Ets Avot dont l’auteur est le Rav Ovadia Yossef Zatsal, page 107).
Article du site Halakha Yomit , que nous remercions pour son autorisation à publier ; traduction en français par Rav David Pitoun.
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