Un doute sur une bénédiction (« Safek Bérakhot Léhakel ») Rav David Pitoun
Un doute sur une bénédiction (« Safek Bérakhot Léhakel »)
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QUESTION (Safek Bérakhot Léhakel)
- Lorsqu’on a un doute si l’on a récité une Berakha ou non, doit-on par doute la réciter de nouveau, ou bien doit on plutôt s’en abstenir ?
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DECISION DE LA HALAKHA
Celui qui récite une bénédiction inutile (qui récite une bénédiction qu’il n’est pas tenu de réciter) transgresse l’interdit de « Lo Tissa » (ne pas prononcer le nom d’Hashem en vain).
Pour toutes les bénédictions, si on a un doute est-ce qu’on a récité la bénédiction ou pas, on ne la récite pas à nouveau, ni lorsqu’il s’agit d’une bénédiction initiale, ni lorsqu’il s’agit d’une bénédiction finale, excepté pour le Birkat Hamazon, car il est Min Ha-Torah (ordonné par la Torah).
Lorsqu’on récite de nouveau le Birkat Hamazon par doute et que l’on est rassasié de ce que l’on a mangé, on ne récite que les 3 premières bénédictions du Birkat Hamazon (jusqu’à « Boné Yeroushalaïm » inclus), et non la 4ème (« …La’ad Ha-El Avinou… ») car elle n’est pas Min Ha-Torah mais seulement Miderabbanan.
L’obligation de réciter le Birkat Hamazon n’est Min Ha-Torah que lorsqu’on a consommé un repas accompagné de pain en quantité minimale de Kazaït (27 g) et que l’on est rassasié de ce que l’on a consommé, mais lorsqu’on n’est pas rassasié, on n’est tenu de réciter le Birkat Hamazon que Miderabbanan.
Par conséquent, toute situation dans laquelle on a le doute est ce qu’on a récité le Birkat Hamazon ou non, si l’on n’est pas rassasié de ce que l’on a mangé, on ne récite pas le Birkat Hamazon à cause du doute.
Dans une prochaine Halakha, nous verrons – avec l’aide d’Hashem – le statut d’une femme qui a le doute si elle a oui ou non récité le Birkat Hamazon..
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SOURCES ET DEVELOPPEMENT
Nos maîtres enseignent un grand principe dans la Guemara Berakhot (33a):
- Celui qui récite une bénédiction inutile (qui récite une bénédiction qu’il n’est pas tenu de réciter) transgresse l’interdit de « Lo Tissa » (ne pas prononcer le nom d’Hashem en vain).
Nos maîtres les Rishonim (décisionnaires de l’époque médiévale) débattent sur le sens de cet enseignement :
- Selon les Tossafot sur la Guemara Rosh Ha-Shana (33a) ainsi que selon d’autres de nos maîtres les Rishonim, l’interdit de réciter une bénédiction inutile n’est que Miderabbanan (établi par nos maîtres), et nos maîtres n’ont fait que fonder leur interdit par le verset de la Torah « Tu ne prononceras pas le Nom d’Hashem ton D. en vain » (c’est ce qu’on appelle une « Asmakhta » qui signifie utiliser un verset de la Torah pour donner du crédit à un décret de nos maîtres), et selon cet avis, la prononciation du Nom d’Hashem n’est pas considérée dans ce cas là comme vaine aux yeux de la Torah puisque la formulation de la bénédiction constitue par elle-même une louange à Hashem, et il est permis de louer Hashem même en prononçant Son Nom comme nous le faisons lorsque nous disons les chants de Shabbat en prononçant le Nom d’Hashem.
- Cependant, face à ces décisionnaires qui pensent que la récitation d’une bénédiction inutile n’est qu’un interdit Miderabbanan, se dressent d’autres de nos maîtres les Rishonim – et parmi eux le RAMBAM (chap.1 des Hal. relatives aux bénédictions Hal. 16) – qui pensent que l’interdiction de réciter une bénédiction inutile est une totale interdiction Min Ha-Torah (établie par la Torah elle-même), et toute personne qui mentionne le Nom d’Hashem dans des termes de bénédiction sans être tenu de réciter cette bénédiction, transgresse l’interdit « Tu ne prononceras pas le Nom d’Hashem ton D. en vain » (nous avons déjà fait mention de cette opinion dans la Halakha sur la bénédiction de l’allumage des Nerot de Shabbat), et c’est ainsi que tranche MARAN l’auteur du Shoul’han ‘Aroukh (O.H 215-4) dont nous avons accepté les décisions Halakhiques, que toute personne qui récite une bénédiction inutile transgresse le grave interdit de prononcer le Nom d’Hashem en vain.
L’approbation des décisionnaires confirme que toute situation dans laquelle on a un doute sur la récitation d’une bénédiction, la Halakha est qu’en cas de doute sur une bénédiction on ne la récite pas, et en raison du doute il ne faut pas la réciter. Ce principe s’appelle « Safek Bérakhot Léhakel » (En cas de doute dans les bénédictions, nous allons à la souplesse et on ne les récite pas). Si toutefois une personne la récite malgré le doute, elle transgresse un interdit, puisqu’elle s’introduit dans un doute de prononcer le Nom d’Hashem en vain, car il est probable qu’elle a déjà récité la bénédiction sur ce qu’elle est en train de consommer.
C’est pourquoi MARAN tranche dans le Shoul’han ‘Aroukh (O.H 209-3) en ces termes :
- « Pour toutes les bénédictions, si on a un doute est-ce qu’on a récité la bénédiction ou pas, on ne la récite pas, ni lorsqu’il s’agit d’une bénédiction initiale, ni lorsqu’il s’agit d’une bénédiction finale, excepté pour le Birkat Hamazon, car il est Min Ha-Torah (ordonné par la Torah). »
Explication : si une personne a le doute si elle a récité oui ou non la bénédiction de « Shehakol Nihya Bidvaro » sur le verre d’eau qui se trouve devant elle, le Din est dans ce cas qu’elle ne doit pas réciter la bénédiction et elle est autorisée selon le Din à consommer l’eau qui se trouve devant elle, puisque lors d’un doute sur un Din Miderabbanan (établi par nos maîtres) nous allons à la souplesse, et le principe de réciter les bénédictions alimentaires est Miderabbanan (ce sont nos maîtres qui ont instauré de réciter les bénédictions comme c’est expliqué dans la Guemara Berakhot 15a), et de ce fait la personne est autorisée à boire. Mais cette personne n’est pas autorisée à s’imposer la ‘Houmra (rigueur) de réciter malgré tout la bénédiction dans le doute, car elle s’introduira par cela dans une situation de doute sur un interdit de la Torah de prononcer le Nom d’Hashem en vain. D’où l’expression « Safek Bérakhot Léhakel ».
Cependant, tout ceci est valable uniquement lorsqu’il s’agit de bénédictions que nous sommes tenus de réciter que Miderabbanan (par ordonnance de nos maîtres), mais s’il s’agit du Birkat Hamazon dont l’obligation est Min Ha-Torah, si l’on a le doute est-ce qu’on a récité le Brkat Hamazon ou pas, on est tenu de le réciter de nouveau par doute, car lors d’un doute sur une obligation de la Torah, nous allons à la rigueur et non à la souplesse.
Or, du fait que l’on est tenu de réciter de nouveau à cause du doute, il n’y a donc pas d’interdit de prononciation du Nom d’Hashem en vain.
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Zatsal – dans son livre ‘Hazon Ovadia – Berakhot (page 220)- tranche au nom de nombreux décisionnaires que lorsqu’on récite de nouveau le Birkat Hamazon par doute et que l’on est rassasié de ce que l’on a mangé, on ne récite que les 3 premières bénédictions du Birkat Hamazon (jusqu’à « Boné Yeroushalaïm » inclus), et non la 4ème (« …La’ad Ha-El Avinou… ») car elle n’est pas Min Ha-Torah mais seulement Miderabbanan, et dans le doute on n’est rigoureux que vis-à-vis d’une bénédiction Min Ha-Torah, et non vis-à-vis d’une bénédiction Miderabbanan comme on l’a expliqué plus haut.
De plus, ce cas fait l’objet d’une très importante Ma’hloket (divergence d’opinion Hala’ique) parmi les décisionnaires Rishonim et A’haronim (comme on peut le constater en allant consulter la source dans ‘Hazon Ovadia – Berakhot cité lus haut), et de ce fait la récitation de cette 4ème bénédiction en cas de doute si l’on a récité Birkat Hamazon ou non, reste un doute pour lequel on ne doit pas la réciter.
L’obligation de réciter le Birkat Hamazon n’est Min Ha-Torah que lorsqu’on a consommé un repas accompagné de pain en quantité minimale de Kazaït (27 g) et que l’on est rassasié de ce que l’on a consommé, mais lorsqu’on n’est pas rassasié, on n’est tenu de réciter le Birkat Hamazon que Miderabbanan (par ordonnance de nos maîtres), et par conséquent, notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Zatsal écrit – dans son livre ‘Hazon Ovadia – Berakhot (page 230) au nom du Maguen Avraham (sur O.H 184 note 8) – que toute situation dans laquelle on a le doute est ce qu’on a récité le Birkat Hamazon ou non, si l’on n’est pas rassasié de ce que l’on a mangé, on ne récite pas le Birkat Hamazon à cause du doute, car lors d’un doute sur une bénédiction, nous allons à la souplesse et nous ne la récitons pas comme nous l’avons expliqué.
Dans une prochaine Halakha, nous verrons – avec l’aide d’Hashem – le statut d’une femme qui a le doute si elle a oui ou non récité le Birkat Hamazon.
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