Dossier « lois de Pessa’h ».
4. Les différentes catégories de ‘Hamets et les interdictions liées
Quatrième partie (Ta’arovète ‘Hamets )
Hazon Ovadia et Yalkout Yossef – Yéhouda Berros
Ta’arovète ‘Hamets
- 1. L’interdit du Hamets
- 2. La Mitsva de détruire le ‘hamets et l’interdiction d’en posséder (première partie)
- 2. La Mitsva de détruire le ‘hamets et l’interdiction d’en posséder (seconde partie)
- 3. Comment accomplir la Mitsva de détruire le ‘Hamets ?
- 4. Les différentes catégories de ‘Hamets et les interdictions liées (première partie – Hamets Gamour)
- 4. Les différentes catégories de ‘Hamets et les interdictions liées (seconde partie – Hamets Noukshé)
- 4. Les différentes catégories de ‘Hamets et les interdictions liées (troisième partie – Hamets Pagoum)
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4) Les différentes catégories de ‘Hamets et les interdictions liées (Quatrième partie)
4) Ta’arovète ‘Hamets : le mélange de ‘Hamets et le principe de ‘Hozér Véni’or
a) Généralités sur les mélanges : principe de Batel Béshishim, בטל בששים
- En général, des ingrédients interdits qui se sont mélangés au sein d’ingrédients permis sont considérés comme annulés, dès lors qu’ils sont soixante fois moins nombreux que les ingrédients permis.
Ce principe s’appelle בטל בששים, batel béshishim, l’annulation dans soixante fois plus.
En effet, ce n’est que s’ils sont dans une proportion supérieure au soixantième qu’ils peuvent donner du goût au mélange ; mais s’ils sont mêlés à soixante fois plus d’ingrédients cachers, ils ne peuvent transmettre de goût, et s’annulent.
Autrement dit, pour être annulé, l’élément non cacher doit se trouver en présence d’un élément cacher soixante fois supérieur en quantité ; soit une part non cacher et soixante parts cachers. On parle habituellement de soixantième.
- Qu’en est-il de la Halakha concernant les ingrédients ‘Hamets ? Profitent-ils de cette annulation dans soixante fois plus ?
D’après la Torah, les ingrédients ‘Hamets s’annulent eux aussi dans un mélange contenant soixante fois plus d’ingrédients non ‘Hamets, cachers pour Pessa’h.
Cependant, nos Sages ont souhaité être plus rigoureux, en matière de ‘Hamets, en mettant en place une haie protectrice, une guézéra ; ils ont décrété que le ‘Hamets, quelle qu’en soit la quantité, rend interdit le mélange le contenant : même s’il se trouve mille fois plus d’ingrédients cachers pour Pessa’h, ou vingt mille fois plus, la présence de ‘Hamets interdit tout le mélange.
La raison pour laquelle nos Sages ont été sévères réside dans le fait que la Torah elle-même, en matière de ‘Hamets, est plus sévère que pour les autres interdits, et cela à deux égards :
- En général, quand on mange un aliment interdit par la Thora, la peine encourue par la Torah est celle de malkout (trente-neuf coups), applicable uniquement lorsque le Temple est construit, tandis que, si l’on mange du ‘Hamets durant Pessa’h, on est plus sévèrement sanctionné par le karét (retranchement).
- s’agissant de tous les autres interdits, il est permis d’en posséder et d’en avoir chez soi alors que, pour le ‘Hamets, la Torah ne s’est pas contentée d’en interdire la consommation : elle y a ajouté l’interdit d’en posséder (bal yéraé et bal yimatsé), durant toute la durée de Pessa’h.
b) Quand est-ce que ce décret de nos Sages s’applique-t-il ?
Il est indispensable de comprendre que ce décret, stipulant que la moindre quantité de ‘Hamets ne s’annule pas dans un mélange le contenant, s’applique uniquement à l’entrée de la fête de Pessa’h.
Mais avant Pessa’h, le statut du ‘Hamets est semblable à celui des autres aliments interdits, qui s’annulent dans une quantité soixante fois supérieure de produits cachers (Choulkhane Aroukh 447,2 ; la plupart des A’haronim s’accordent sur ce point).
Autrement dit, si le mélange du ‘Hamets dans soixante fois plus d’ingrédients cachers pour Pessa’h se produit avant la fête, le ‘Hamets s’annule et le mélange est permis à la consommation.
Cependant, s’il se produit durant la fête, même dans mille fois plus, le ‘Hamets ne s’annule pas et le mélange est interdit à la consommation.
c) Un produit ‘Hamets, qui était considéré annulé avant Pessa’h, est-il « réactivé » à Pessa’h ?
Les grands Maîtres ont discuté de cette question : si le ‘Hamets s’était annulé dans un mélange contenant soixante fois plus, avant Pessa’h, est-ce qu’il se réactive durant Pessa’h ?
Ceci aurait finalement pour incidence d’interdire un tel mélange, car durant Pessa’h le ‘Hamets ne peut jamais s’annuler !
En vérité, les décisionnaires se posent la question de savoir si le principe de חוזר וניעור, ‘hozér véni’or, s’applique concernant le ‘Hamets annulé contenu dans un mélange. Ce principe signifie littéralement « revient et s’éveille ».
Par exemple, si une miette de pain était tombée, avant Pessa’h, dans une marmite de viande, il est évident, d’après la loi, que cette miette est considérée comme annulée ; la question est de savoir si, après l’entrée de la fête, il sera possible de manger de ce plat, selon la réactivation ou non de ce ‘Hamets.
Sur cette question il y a, en pratique, deux opinions :
- l’usage des Séfaradim, suivant l’opinion du Choulkhane Aroukh, considère que le principe de ‘hozér véni’or ne s’applique pas et qu’un ‘Hamets annulé avant Pessa’h ne se réactive pas durant Pessa’h.
Pour comprendre cette opinion du Choulkhane Aroukh, il faut savoir que d’après la Torah, le ‘Hamets s’annule dans soixante fois plus même si ce mélange se produit durant Pessa’h ! Ce sont les Sages qui ont poussé la rigueur jusqu’à interdire un mélange de ‘Hamets dans mille fois plus !
Par conséquent, la controverse de la possible réactivation du ‘Hamets porte sur un interdit rabbinique : dans un cas de doute sur une norme rabbinique la Halakha est de se conformer à l’opinion la plus indulgente, celle de dire que le ‘Hamets ne se réactive pas.
- Cependant, l’usage des Ashkénazim, suivant l’opinion du Rama, est de dire que le ‘Hamets se réactive uniquement s’il est solide ; par exemple, si une miette de ‘Hamets est tombée, avant la fête, dans un autre aliment, il se réactive durant Pessa’h, rendant le mélange interdit à la consommation.
Par contre, si le ‘Hamets est liquide, il ne se réactive pas ; par exemple, si une goutte de bière est tombée dans une autre boisson avant la fête, on ne considère pas qu’elle se réactivera durant Pessa’h car elle a fusionné avec la boisson et n’a plus aucune consistance.
- ATTENTION : Si l’on a délibérément mélangé du ‘Hamets avant Pessa’h afin de l’annuler et afin de pouvoir le consommer durant la fête, même d’après le Choulkhane Aroukh ceci est interdit !
d) Exemple du Coca-cola : est-il permis de le consommer durant Pessa’h, même sans surveillance pour Pessa’h ?
Lire l’article sur notre site : le coca-cola a-t-il besoin d’un tampon Kasher Lépessa’h pour le fête ?