Divré Torah sur Paracha Térouma Ne pas tomber dans le piège de la Parnassa ! Rav David A. PITOUN
Piège de la Parnassa
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בס »ד
4 Divré Torah sur Térouma – Ne pas tomber dans le piège de la Parnassa
La Parasha de Térouma est la première des Parashiyot qui traitent de la construction et de l’architecture du Mishkan (le Temple mobile que les Béné Israël montaient et démontaient au fil de leurs étapes dans le désert) et des divers objets de cultes qu’il contenait.
1) L’association idéale
Ils réaliseront l’Arche en bois de Shitim… (Shemot 25-8)
Question :
Pour tous les différents objets de culte, Hashem demande uniquement à Moshé de les réaliser, s’adressant à lui en lui disant : « Tu réaliseras… ». Pourquoi lorsqu’il s’agit de réaliser l’Arche Sainte, Hashem demande à l’ensemble des Béné Israël de le réaliser, en disant : « Ils réaliseront… » ?
Réponse :
Il est écrit dans la Torah :
« Elle (la Torah) ne se situe pas au-delà de la mer… » (Dévarim 30)
Nos maîtres commentent (‘Erouvin 55a) :
Tu ne trouveras pas la Torah auprès des commerçants (qui parcourent les mers), car celui qui augmente en commerce n’augmente pas en sagesse (de la Torah).
Il est écrit dans le Shir Ha-Shirim dit (3-2) :
« Je réclame le bien-aimé de mon âme, je le réclame sans le trouver. »
Certains réclament la sagesse de la Torah, mais ne la trouvent pas, car les commerçants et les personnes accaparées par leurs occupations, ne peuvent pas s’adonner à l’étude de la Torah de façon totale. Ce privilège est donné seulement aux Talmidé ‘Ha’hamim (les érudits dans la Torah) qui font de leur Torah leur seul mode de vie et s’y adonnent nuit et jour. Mais d’un autre côté, ces Talmidé ‘Ha’hamim manquent cruellement de subsistance matérielle. C’est pourquoi, les 2 catégories d’individus doivent s’associer – comme Issa’har et Zévoulon – afin que l’un puisse prendre lui aussi un mérite dans l’étude de la Torah, et que l’autre puisse s’y adonner sans le moindre souci matériel.
C’est pour cette raison que la Torah demande à l’ensemble des Béné Israël de participer à la construction de l’Arche Sainte, afin que chacun puisse prendre part à la Torah. C’est pourquoi le texte dit : « Ils réaliseront… » afin que chacun puisse faire, l’un par sa poche et l’autre par sa Torah !
2) La sincérité d’un Talmid ‘Ha’ham (un érudit dans la Torah)
Le texte dit au sujet du Aron Ha-Kodesh (l’Arche Sainte qui contenait les Tables de la Loi) :
Tu le couvriras d’or pur, à l’intérieur et à l’extérieur… (Shémot 25-11)
A l’instar du Aron Ha-Kodesh qui contenait les Tables de la Loi, le Talmid ‘Ha’ham (l’érudit dans la Torah) contient la connaissance de la Torah.
Il est enseigné dans la Guémara Yoma (72b) :
Tout Talmid ‘Ha’ham qui ne fait pas preuve de sincérité (To’ho Ké-baro), n’est pas un Talmid ‘Ha’ham. (La sincérité correspond ici au fait d’être intérieurement égal à ce que l’on montre extérieurement)
Il est raconté dans la Guémara Bera’hot (28a) que lorsque Rabban Gamliel occupait les fonctions de Nassi (Chef spirituel du peuple d’Israël), il exigeait que l’accès à la Maison d’Etude ne soit permis qu’à celui qui est intérieurement égal à ce qu’il montre extérieurement (To’ho Ké-baro)
Ce n’est que lorsque Rabbi El’azar Ben ‘Azarya lui succéda que le « Gardien » de la Maison d’Etude fut renvoyé, et à partir de ce jour, on autorisa l’accès à la Maison d’Etude à toute personne qui désirait étudier la Torah. Ce jour là, on ajouta de nombreux bancs dans la Maison d’étude. Selon certains, 400 bancs supplémentaires, selon d’autres 700 bancs supplémentaires.
Question
Quel type d’individu pouvait bien être ce « gardien » de la Maison d’Etude pour être capable de discerner chez un élève s’il est intérieurement égal à ce qu’il montre extérieurement (To’ho Ké-Baro) ? Doit-il être capable de deviner les pensées précises de chacun pour occuper le poste de gardien ?!
Réponse
L’ancien Rabbi de SADIGORA z.ts.l répond en disant qu’en réalité, les portes de la Maison d’Etude étaient réellement fermées à double tour. Mais lorsqu’un élève désirait – avec toute sa volonté et toute son aspiration intérieure – pénétrer dans la Maison d’Etude et étudier la Torah, il employait tous les moyens possibles. Il pouvait casser un mur, ou même creuser un tunnel, tout ceci dans le but d’entrer et d’étudier la Torah. Un tel élève qui n’hésite pas à employer tous les moyens, même les plus inimaginables afin d’entrer dans une Maison d’Etude pour y étudier la Torah, ne peut être qu’intérieurement égal à ce qu’il montre extérieurement (To’ho Ké-Baro).
Les commentateurs s’attardent sur un point de cette Guémara.
En effet, on précise que le jour de la nomination de Rabbi El’azar Ben ‘Azarya aux fonctions de Nassi à la place de Rabban Gamliel, on ajouta à partir de ce jour là un nombre impressionnant de bancs dans la Maison d’Etude (400 ou 700).
Pourquoi ne pas plutôt nous préciser le nombre d’élèves supplémentaires admis ce jour là à la Maison d’Etude ?
Le Gaon Rabbi D. EIZMANN Shalita répond à cette remarque en disant que la nécessité d’ajouter des bancs ne provient pas du nombre d’élèves supplémentaires, mais plutôt du changement au niveau de la qualité des élèves.
Tant que l’accès à la Maison d’Etude n’était permis qu’à celui qui est intérieurement égal à ce qu’il montre extérieurement (To’ho Ké-Baro), personne parmi les élèves n’allait se plaindre des conditions matérielles dans lesquelles ils étudiaient. Leur pure volonté d’étudier la Torah leur donnait la force d’étudier en toute situation, même en l’absence de bancs ou autre.
Mais lorsque l’accès à la Maison d’étude fut autorisé même aux élèves qui n’étaient pas forcément au niveau de To’ho Ké-Baro (être intérieurement égal à ce que l’on montre extérieurement), il eut une nécessité de remplir la Maison d’Etude avec des bancs afin de créer des conditions qui conviennent aussi aux nouveaux élèves qui – malgré une forte volonté d’étudier la Torah exprimée par leur simple démarche de venir à la Maison d’Etude – n’étaient apparemment pas prêts à étudier à n’importe quel prix !
3) Ne pas tomber dans le piège de la Parnassa !
Tu réaliseras la Table en bois de Shitim… (Shemot 25-23)
Dans le Mishkan, la Table servait à déposer les 12 Pains de préposition chaque vendredi, qui étaient remplacés le vendredi suivant, et qui restaient miraculeusement frais durant toute la semaine.
Il est enseigné dans la Guémara Bava Batra (25b) que la Table du Mishkan était placée au nord et symbolise la richesse matérielle. C’est pourquoi celui qui désire devenir érudit dans la Torah doit se diriger vers le sud (où se trouvait la Ménora), et celui qui désire s’enrichir matériellement doit se diriger vers le nord.
Il est écrit dans le livre de Kohelet (1-6) :
Il va vers le sud et il tourne vers le nord. Même s’il tourne et retourne, le vent s’en va et revient vers ses alentours.
Le ‘Hafets ‘Haïm – dans son commentaire sur la Torah – explique ce verset (apparemment incompréhensible !) grâce à l’enseignement de nos maîtres dans la Guémara Ména’hot (86b) :
(Dans le Mishkan) La Table se trouvait au nord et la Ménorah au sud.
La Menorah symbolise l’érudition dans la Torah (« La lampe est la Mitsva et la Torah est la lumière… » Mishlé 6-23).
L’objectif principal de l’individu sur terre est de se « diriger vers le sud » c’est-à-dire devenir un Talmid ‘Ha’ham (un érudit dans la Torah) et accomplir les Mitsvot.
Voici donc le sens du verset de Kohelet :
Il va vers le sud Ce qui signifie que l’homme désire étudier la Torah
Mais lorsqu’on demande à quelqu’un : « Pourquoi te précipites-tu lorsque tu sors de la synagogue après la prière, sans prendre le temps de t’assoir un moment pour étudier la Torah ? » Il répond : il tourne vers le nord – C’est-à-dire, il ne « va » pas véritablement vers le nord, il ne fait qu’un « détour » vers le nord qui représente ses affaires et sa subsistance matérielle. Mais en réalité, il tourne et retourne tellement pris par ses affaires et sa subsistance matérielle qu’il finit par rester définitivement « dans le nord » c’est-à-dire, dans le monde du défit de la richesse matérielle, jusqu’au jour où le vent s’en va – le souffle qui est la Neshama se retire, et parce que cet homme n’a pas accomplit ce qu’il devait accomplir dans le domaine de l’étude de la Torah et de l’accomplissement des Mitsvot, le vent revient vers ses alentours – il est décrété sur la Neshama de revenir sur terre en réincarnation (Guilgoul) pour rattraper la perte du temps – malheureusement consacré aux « alentours » du défit de la richesse matérielle – qui aurait pu être consacré à l’étude de la Torah et à l’accomplissement des Mitsvot.
4) Juste un petit effort !
(Par le Gaon Rabbi David SHALTIEL shalita de Jérusalem)
« Tu réaliseras la Menorah en or pur. Elle se fera en une seule pièce, son pied, sa tige, ainsi que ses coupes, ses boutons et ses fleurs (ornements). »
(Shemot chap.25 verset 31)
Rashi commente :
« En une seule pièce ». Il ne doit pas la réaliser en pièces détachées. Il ne doit pas réaliser les tiges et les branches séparément, et ensuite les assembler, comme font les orfèvres. Mais il devra prendre un seul bloc d’or, suffisamment grand, afin d’y tailler l’intégralité de la Menorah, en frappant avec l’enclume de part et d’autre, pour faire apparaître les branches de façon distincte.
Mais nous constatons qu’il est dit au début de notre verset « Tu réaliseras la Menorah », ce qui sous entend que Moshé Rabbenou lui-même doit réaliser la Menorah.
Alors que dans la suite du verset, il est dit « Elle se fera en une seule pièce », ce qui signifie qu’elle doit se faire toute seule, par elle-même.
Rashi résout cette contradiction en citant un Midrash Rabba dans lequel il est enseigné que Moshé Rabbenou a – au début – rencontré certaines difficultés à réaliser lui-même la Menorah en un seul bloc d’or.
Hashem lui dit :
« Jette le bloc d’or à l’intérieur du feu, et la Menorah se fera d’elle-même, de façon miraculeuse. »
C’est pour cela qu’il est écrit à la fin du verset « Elle se fera en une seule pièce ».
Nous apprenons d’ici, une chose merveilleuse.
Il est écrit « la Mitsva est représentée par la lampe (Ner), et la Torah, par la lumière (Or) » (Mishlé 6-23).
Ce verset compare la Sainte Torah à la Menora.
Il arrive parfois que l’individu essaie de se renforcer davantage dans l’étude de la Torah et dans l’observance des Mitsvot, mais qu’il rencontre de grosses difficultés, car la sainte Torah est plus vaste que la mer. De même, les Mitsvot de la Torah sont constituées de multiples détails, tous aussi importants les uns que les autres, et l’individu est susceptible de se heurter à la difficulté de la Torah et des Mitsvot, comme Moshé Rabbenou s’est heurté à la difficulté de la réalisation de la Menorah en un seul bloc d’or.
Toute la difficulté dans la réalisation de la Menorah, résidait dans le fait de la créer en un seul bloc d’or.
De même, l’individu – s’il veut atteindre la perfection dans le service d’Hashem – est confronté à la difficulté d’être intégralement « un bloc d’or pur », qui ne fait jamais aucune concession vis-à-vis de la parole de la Torah, sans jamais la modifier, ni par des ajouts, ni par des diminutions.
Tous les débuts sont difficiles !!
Même Moshé Rabbenou a rencontré des difficultés à réaliser la Menorah en un seul bloc d’or, puisque son œuvre échouait chaque fois qu’il tentait de la façonner dans le bloc d’or.
Il en est de même dans le service d’Hashem.
On peut facilement désespérer d’arriver un jour au niveau spirituel que nous devrions atteindre, en pensant que l’on n’a plus aucun moyen de se mesurer à nos devoirs de servir Hashem, tant la difficulté est grande, et il est très facile de se convaincre (à tort) que l’on restera toujours au même niveau.
Mais si l’on s’obstine et que l’on s’efforce encore et encore dans notre service d’Hashem, c’est justement là qu’Hashem en personne s’adresse à nous et nous dit :
« Fais ce qu’il t’incombe de faire, en y consacrant toutes tes capacités ! Jette-toi dans la fournaise, et le reste se fera tout seul ! »
Selon l’idée exprimée dans un verset de Yov (chap.8 verset 7) :
« Tes débuts ont été difficiles, mais combien brillant sera ton avenir ! »
A partir de la Menorah ont été crées tous ses ornements !!
C’est également ce que nous retrouvons au sujet de l’élévation finale du Mishkan (le Temple mobile que les Béné Israël montaient et démontaient au fil de leurs étapes dans le désert).
Il est dit dans le verset : « Ils amenèrent le Mishkan à Moshé ».
Ils lui ont amené pièce par pièce.
Rashi demande :
N’est-il pas plus courant que lorsque l’artisan a achevé l’ouvrage, il l’emmène intégralement devant le commanditaire ?
Il répond en disant que le poids des différents éléments du Mishkan, était trop important pour eux.
Moshé consulta Hashem pour cela.
Hashem répondit à Moshé qu’il devait faire selon ses capacités.
On eu l’impression que Moshé soulevait à lui tout seul l’intégralité du poids du Mishkan, mais le Mishkan se leva et s’édifia de lui-même, par une assistance Divine particulière.
Moshé devait seulement s’efforcer de soulever et d’édifier le Mishkan par sa seule force, et Hashem acheva le travail.
Ceci correspond à l’idée que nous avons développée.
L’individu désire construire un foyer de Torah, dans lequel la She’hina (la présence divine) réside. Les débuts lui semblent très difficiles, et de ce fait, il est susceptible ‘Hass Veshalom (à D. ne plaise) de se heurter à toute chose.
Mais notre Torah vient lui rappeler un grand principe : « Il ne t’incombe pas d’achever le travail ! » (Mais seulement de l’entamer !!)
L’homme n’a le devoir que d’agir selon ses forces, car la Torah n’a pas été donnée aux Anges ! (Yoma 30a)
Grâce à cela, Hashem l’aidera à fonder un bon foyer, fidèle à Hashem, le D. d’Israël.
Shabbat Shalom
Rédigé et adapté par Rav David A. PITOUN France 5774 [email protected]
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Article de l’auteur, Rav David Pitoun, initialement publié sur son blog http://ravdavidpitoun.blogspot.com/
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Article Divré Torah sur Paracha Térouma Ne pas tomber dans le piège de la Parnassa ! – Par le Rav David A. PITOUN
Mis en ligne le 18 février 2015. Mis à jour le 5 février 2019. Remis à jour le 27 février 2020