Divré Torah sur Shémini
Par le Rav David A. PITOUN
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Rentabiliser son temps
Il est dit dans notre Parasha, au sujet du jour où fut édifié le Mishkan :
« Ce fut au 8ème jour…Il (Moshé) dit à Aharon : Prend un veau pour le sacrifice expiatoire…Un feu sortit de devant Hashem et consuma l’offrande sur l’autel, … »
Nos maîtres attestent dans le Midrash que ce « 8ème jour » était le jour de Rosh ‘Hodesh Nissan qui « s’empara de 10 couronnes » (qui fut marqué par 10 raisons de se réjouir). Ce jour là était un jour de joie pour Hashem, comme au jour où furent créés le ciel et la terre. C’est à ce jour que le Roi Salomon fait allusion lorsqu’il dit dans Shir Hashirim :
« Sortez et allez voir, filles de Tsion, le roi Salomon, ainsi que la couronne que lui a offert sa mère, au jour de son mariage, au jour de la joie de son cœur »
Les termes « Le roi Salomon (« Ha-Méle’h Shélomo ») » font allusion à Hashem (le roi à qui appartient le Shalom).
La couronne = le Mishkan.
Au jour de son mariage = au jour où Il fit résider Sa She’hina (Sa Présence Divine) dans Sa maison.
Au jour de la joie de son coeur = au jour où le feu descendit du ciel.
Tout ce verset n’est qu’une allusion à Hashem et à sa joie de l’édification du Mishkan.
A partir de ces enseignements de nos maitres, nous pouvons constater la grande joie d’Hashem au jour de l’édification du Mishkan.
Pourtant, nous trouvons aussi parmi les enseignements de nos maîtres des paroles qui peuvent sembler contredire le précédent Midrash.
En effet, nos maîtres commentent le verset :
« Et ce fut, au jour où Moshé acheva le Mishkan … »
La chose est comparable à un roi dont l’épouse s’ingérait constamment dans les affaires du gouvernement, et cela, malgré son incapacité à comprendre quoi que ce soit de ce domaine. Ce comportement était très agaçant pour le roi, car à chaque fois il était forcé par correction, d’entendre l’avis de la reine, et de lui expliquer pour quelle raison il n’y avait pas de sens dans ses propos. Ceci provoquait au roi un grand sentiment de malaise. Que fit-il ? Il lui dit :
« Ma chère reine ! Je voudrais que tu te construises un prestigieux palais d’une très grande superficie, et qu’il soit parfait à tout point de vue, beauté, prestige et luxe, avec tout autour, des jardins de toute beauté … »
La reine entama immédiatement les travaux de son palais, et s’y investit totalement au point de ne plus avoir de temps pour s’occuper des affaires du gouvernement, ce qui satisfaisait pleinement le roi.
Seulement, quelques temps plus tard, la reine termina son palais, et vint devant le roi dans une grande joie, afin de lui annoncer la prochaine inauguration de sa nouvelle maison, qui se fera dans les chants et l’allégresse.
Lorsque le roi se rendit à l’inauguration du palais de la reine, il se réjouit en admirant la beauté de la maison de son épouse. Mais simultanément, une angoisse pouvait se lire sur son visage, et il commença à gémir : « Oï, Oï, Oï ! … »
La reine lui demanda :
« Qu’as-tu mon roi, pour gémir ainsi ?! As-tu trouvé un quelconque défaut dans la construction de mon palais ? »
Le roi lui répondit :
« Pas du tout ! Tout le palais a trouvé grâce à mes yeux, seulement tant que tu étais occupée à construire ton palais, tu ne me dérangeais plus dans les affaires du gouvernement, mais maintenant que tu as terminée sa construction, il n’y a aucun doute que tu reviendras t’ingérer dans les affaires du gouvernement, et c’est pour cela que je suis attristé. »
De même, Hashem dit à Israël :
« Tant que vous étiez occupés à construire le Mishkan, vous étiez tous motivés et investis totalement dan sa construction. Mais maintenant que vous avez achevé sa construction, vous allez en arriver – par ennui – à fauter envers moi, et c’est pour cela que je gémis « Voï Voï ! ».
C’est pourquoi il est dit : Vayhi Bayom Hashémini (ce fut, le 8ème jour) = Voï au jour où Moshé acheva le Mishkan… »
Ce Midrash nous indique apparemment qu’Hashem ne s’est pas réjouit de la construction du Mishkan, puisque le but de sa construction n’était que d’occuper Israël afin qu’ils ne commettent pas de fautes envers Hashem, et l’essentiel de sa construction n’était pas pour Lui-même.
Ces propos s’opposent à ceux du 1er Midrash rapporté et selon lequel, Hashem fut très satisfait de la construction du Mishkan, il désirait réellement sa construction et exprima une grande joie de cette construction.
Mais pour rétablir les 2 Midrashim, il est nécessaire de dire que ces deux enseignements se complètent.
En effet, avec toute la joie d’Hashem du fait de la construction du Mishkan – grâce auquel, Hashem pourra faire résider sa Présence au sein du peuple d’Israël – et qui plus est, les Béné Israël l’ont construit dans la joie et l’amour, en l’honneur d’Hashem, pour toutes ses raisons, il est certain qu’Hashem fut très satisfait.
Mais à tout cela, était mélangée une sensation de peine du fait que maintenant, l’inactivité des Béné Israël peut entraîner l’ennui, qui entraînera à son tour, la faute envers Hashem.
De ce Midrash, nous pouvons retirer une grande leçon pour notre existence, car l’ennui représente la cause principale de la faute envers Hashem.
Comme le stipule le RAMBAM, la pensée de la ‘Avera n’a d’emprise que sur un coeur libre de Sagesse (un coeur tellement disponible et qui pourtant, ne s’occupe pas de sagesse).
D’ailleurs, tous les décisionnaires tranchent que l’oisiveté entraîne l’ennui, qui entraîne à son tour les pires fautes !
C’est pourquoi, chacun se doit de veiller à investir toutes ses pensées, lorsqu’il a du temps de libre, dans des paroles de Torah et de Sagesse, et faire en sorte de toujours s’imposer un travail ou un moment d’étude, et ne pas resté inactif, car l’inaction est la mère de toutes les fautes !!
On doit veiller à ne pas resté oisif à la maison, mais plutôt à apporter de l’aide à son épouse dans le rangement de la maison, chacun selon ses possibilités, et ne surtout pas resté assis sans rien faire.
Il faut aussi penser à éduquer les enfants dans ce sens, afin qu’ils sachent toujours apporter de l’aide à leurs parents dans le rangement de la maison, afin qu’ils ne s’habituent pas à l’oisiveté et à l’ennui, qui sont des habitudes détestables.
La Guémara raconte que l’un des plus grands Tanaïm, Rabbi El’azar Ben ‘Ara’h se reposait un jour dans un lieu où se trouvaient des sources thermales. Il y resta quelques temps. Mais lorsqu’il rentra chez lui, il avait oublié son étude (il n’était plus un aussi grand Talmid ‘Ha’ham qu’il était lorsqu’il était partit se reposer, et pire que cela, il oublia des choses essentielles de la Torah). Les gens prièrent pour lui et il retrouva sa mémoire.
On peut constater de cette histoire que même un géant parmi les Tanaïm, lorsqu’il laisse son esprit se détendre (selon son niveau) dans un lieu de repos, il en oublie son étude !
Comme nous l’avons dit, l’individu doit en permanence faire en sorte de s’imposer une étude ou un travail (s’il ne consacre pas tout son temps à l’étude), afin de ne pas atrophier sa force intellectuelle, qui entraînera le développement des forces animales qui se trouvent dans chaque être humain, et qui l’entraînent vers la faute.