Demander la pluie dans la Amida (5)
Shoul’han Aroukh chapitre 117 – Shiouré Harashal (5)
20 Novembre 2013 / 16 Kislev 5774
18 Octobre 2015 / 5 Heshwan 5776
Sujet : demander la rosée et la pluie dans la Amida.
Shiouré Harashal Tome 1, Parashath Béréshith (5)
בשם השם נעשה ונצליח
Nous avons vu dans la précédente publication que :
- si quelqu’un, en dehors d’Israël, s’est trompé et a dit Barékhénou (donc sans demander la pluie) le soir du soixantième jour après la Téqoufah, avant que le moment précis de la Téqoufah ne soit arrivé, il ne recommencera pas la Âmida ; s’il s’est trompé après le moment précis de la Téqoufah, il devra recommencer la Âmida
- si quelqu’un, en Israël, s’est trompé et a dit Barékhénou (donc sans demander la pluie) le soir du 7 Heshwan, il devra recommencer. Nous verrons dans la prochaine publication où cette personne doit recommencer.
Preuve concernant notre dernière Halakha (personne résidant en Israël): les trois prières de la journée ont été instaurées par les Patriarches. Avraham a instauré la prière du matin (Sha’harith), Isaac a instauré celle de l’après midi (Min’ha) et Yaâkov celle du soir (Ârvith). Le Talmoud indique que la prière du soir est « facultative » car les prières ont été instaurées en regard des sacrifices faits dans le Temple de Jérusalem, la prière du matin en regard du sacrifice perpétuel fait tous les matins ; la prière de l’après-midi en regard du sacrifice perpétuel fait tous les après-midi et celle du soir en regard des restes des sacrifices qui devaient être finis à la fin de la nuit (suivant le sacrifice).
Lorsque le Talmoud dit que la prière du soir est « facultative », cela ne signifie pas que si quelqu’un a envie de la faire il la fait, s’il n’a pas envie il ne la fait pas ! En effet, c’est notre patriarche Yaâkov, le « préféré » des Patriarches, qui l’a instaurée ! Qui peut donc l’abolir ? En fait les Tossafistes expliquent (Yoma 87a, et Bérakhoth, le Rosh et d’autres décisionnaires médiévaux) que cela signifie que si une grande Miçwah se présente et qu’il ne pourra plus l’accomplir après alors on a le droit d’accomplir ladite Miçwah et ne pas faire Ârvith (la prière du soir).
A partir de cet enseignement, le Rav Haym Cohen Rappoport a écrit dans son livre que si dans la prière du soir quelqu’un a dit en Israël Barékhénou (donc sans demander la pluie) il ne recommencera pas la prière, car même si nous avons pris sur nous de faire Ârvith, la prière de Ârvith n’est pas considérée comme une obligation pleine et entière, et en fait cette personne a déjà prié mais il a oublié de demandé la pluie. En conséquence il n’a pas à recommencer. Tel est l’avis de nombreux décisionnaires. Cependant, la halakha n’est pas comme eux, car dans tous les cas où quelqu’un doit reprendre la Âmida, cela ne change rien s’il s’agit de Sha’harith, Min’ha ou Ârvith ! Il faut recommencer systématiquement pour toutes les prières.
Cela ressort de la Halakha concernant « Yaâlé Wéyavo » (partie rajoutée aux fêtes et à Rosh Hodesh), pour laquelle nous disons que si quelqu’un a oublié Yaâlé Wéyavo à Rosh Hodesh, le soir, il ne doit pas recommencer la Âmida (voir Talmoud Bérakhoth 30a). La raison donnée par la Guémara est que le grand tribunal (Sanhédrine) ne sanctifie pas le mois la nuit (et donc on ne savait pas le soir si on est ou pas Rosh Hodesh). En conséquence pourquoi la Guémara ne donne-t-elle la raison que la prière du soir est « facultative » ? Cela prouve bien que si quelqu’un a prié le soir et s’est trompé il doit recommencer. Donc dans notre cas si quelqu’un a oublié de demander la pluie le soir, il doit recommencer.
Du fait que pour tout oubli pour lequel il faut recommencer il n’y a pas de différence entre le jour et la nuit, (sauf Yaâlé Wéyavo le soir de Rosh Hodesh, comme indiqué ci-dessus) en conséquence si le soir s’une demi-fête (Hol Hamoêdh) quelqu’un a oublié de dire Yaâlé Wéyavo, le Shoul’han Âroukh tranche qu’il devra recommencer et on ne dit pas « la prière du soir est facultative ». De tous ces cas il ressort que la Halakha n’est pas comme le Rav Haym Cohen Rappoport.
En conclusion si quelqu’un a oublié de demander la pluie lors de la prière du soir il doit recommencer.
Il est écrit dans le séfér « Halakhot Guédoloth » que si quelqu’un oublie de dire « Atta Kidashta » le vendredi soir (texte spécifique à la Amida du vendredi soir) et a prié comme si c’était un soir de semaine et que cette personne se rend compte de son erreur ultérieurement, alors bien que la prière du soir soit « facultative » il devra recommencer (la Amida). Il apporte une preuve de la Guémara rapportée plus haut, à savoir que la raison pour laquelle quelqu’un qui a oublié de dire « Yaalé Véyavo » le soir de Rosh Hodesh ne doit pas recommencer la Amida est du fait qu’on ne sanctifie pas la lune la nuit. Et donc la raison invoquée n’est pas « la prière de Arvith est facultative ». Cela prouve, comme mentionné plus haut, que si nous n’avions pas cette raison (de ne pas sanctifier la lune la nuit), bien que la prière de Arvith est « facultative » on devra recommencer. Et donc le fait d’être facultatif ne dispense pas de mentionner ces spécificités (le vendredi soir, la pluie …) et si quelqu’un s’est trompé il devra recommencer. Le Rosh rapporte ces propos du Baal Halakhaoth Guédoloth, de même le Rif écrit qu’on ne fait pas de différence entre Arvith et une prière obligatoire. En conséquence, quel que soit l’oubli (sauf Yaalé Véyavo), il faudra recommencer.