Consommer de la Matsa la veille de Pessa’h : faute ?
Rav Haym Ishay
Matsa la veille de Pessa’h
Question :
Bonjour Rav,
- Je suis Séfarade et on m’a dit que la veille de Pessah nous n’avions pas le droit de manger les ingrédients qui constituent le plateau du Séder. Cela m’étonne beaucoup… pouvez-vous me donner votre avis ?!
- Si nous mangeons un petit bout de Matsa valable pour le Séder la veille de Pessah, est-ce une ‘Avéra ?
Encore merci de vos réponses et bonne fêtes.
Réponse du Rav :
Chalom,
Le 14 Nissan, veille de Pessa’h durant la journée, il est strictement interdit de manger de la Matsa… de même que des gâteaux faits avec de la farine de Matsa.
Cependant, selon certains avis, la Matsa frite ou cuite en sauce ou la matsa ‘achira (enrichie dont la pâte a été mélangée avec du jus de fruits) pourront être consommées jusqu’à la 10ème heure de la journée (3h30 avant le coucher du soleil) et cela pour s’assurer de consommer la Matsa Chmoura de bon appétit le soir du Séder.
Pour un très jeune enfant (jusqu’à 2 et 3 ans en moyenne) ne comprenant point l’histoire de la sortie d’Egypte, il lui sera permis de consommer de la Matsa tant qu’il veut veille de Pessa’h.
Le soir du 14 nissan, il serait permis de consommer de la Matsa mais la personne se montrant pointilleuse et ne consommant point de Matsa ce soir-là et lendemain durant la journée s’en verra bénie du Ciel !
Les plus regardants, enjolivant ainsi la Mitsva de la Matsa à son paroxysme et s’en voyant graciés par toutes les bontés de l’Eternel, ont pour coutume de ne point consommer de Matsa à partir de Roch ‘Hodech Nissan jusqu’au soir du Séder (‘Hazon Ovadia première et plus ancienne édition page 94, Choul’han ‘Aroukh ora’h ‘haïm 471 simanim 1 et 2, Kaf A’haïm Ora’h haïm 471 simane 1 petit alignéa 22, Michna broura 471 simane 2 petit alignéa 10 et 11).
Une personne venant à consommer de la Matsa Chmoura veille de Pessa’h transgresse une interdiction rabbinique visant à nous permettre de consommer la Matsa Chmoura de bon appétit, un interdit entretenant ainsi de façon pédagogique l’importance de la Matsa à nos yeux. Un interdit nous permettant aussi d’éviter un grave problème le soir du Séder, en effet pour être acquitté de la Mitsva de l’afikomane, il faudra consommer la Matsa de bon appétit. Chose difficile si on consomme trop de Matsa avant la fête.
Mais est-ce la seule raison ?
Et bien non, le Roch et le Rif rapportent tous deux dans le cadre de cet interdit rabbinique, une Guémara dans le Talmud de Jérusalem, traité « Pessa’him » (perek 10 halakha 1) qui compare une personne qui consomme de la Matsa avant le soir du Séder à un homme consommant son mariage avant de s’être marié comme il se doit et cela en la demeure de son beau-père. Alors que normalement, une femme avant son mariage est interdite à tous les hommes y compris son fiancé et c’est uniquement après le mariage que cette femme sera autorisée à son seul époux. De la même façon, la Matsa Chmoura représentant le soir du seder notre union à l’Eternel est interdite veille de Pessa’h (veille de notre mariage à l’Eternel) et nous sera autorisée que le soir du Séder.
Le Rav Aboudarahm nous fait remarquer à ce propos qu’au moment de la ‘Houpa, 7 bénédictions sont de mises pour célébrer l’union d’un couple (les fameuses Chéva Brakhot), de la même façon comme pour nous rappeler que c’est le soir de Pessa’h et par le biais de la consommation de la Matsa, symbolique suprême de cette fête imageant à la perfection notre union à l’Eternel, nous ferons 7 bénédictions à l’instar des 7 bénédictions du mariage avant de consommer le soir du Séder la Matsa pour la première fois durant cette soirée.
Les Brakhot sont effectivement récitées dans cet ordre :
1- boré péri haguéfen
2- asher ba’har banou mikol am
3- shééhiyanou
4- boré péri aadama au moment du karpass
5- al nétilath yadaïm avant de consommer la matsa
6- amotsi lé’hém mine aharetz
7- al a’khilate matsa
Ce qui représente un des nombreux secrets le soir du Séder car il s’agit du renouvellement de nos voeux d’union avec l’Eternel à travers la croyance en la sortie d’Egypte, pierre angulaire de la émouna (croyance) en l’Eternel et ses bienfaits à notre égard.
Ainsi, une personne consommant de la matsa veille de Pessa’h au-delà de l’interdit rabbinique et du risque d’annulation d’une des Mitsvot essentielle du Séder (consommation de l’afikomane) risque tout simplement de rater son union à l’Eternel comme il se doit en une soirée si particulière pour notre peuple.
Pessa’h cachère et saméa’h !!!