Chémita et Mont Sinaï : quel lien ? Paracha Béhar – Réouven Carceles
Chémita et Mont Sinaï
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Dans la Paracha de la semaine (Parachat Béhar) la Torah nous dit : « Hachem parla à Moshé au Mont Sinaï en disant : Parle aux fils d’Israel, tu leur diras : Quand vous viendrez vers le pays que je vous donne, la terre se reposera un Chabbath pour Hachem » (Lévitique chap.25, verset 1-2).
Rachi sur l’expression « au Har Sinaï » (au mont Sinaï) demande : quel rapport particulier relie la chémita (7ème année) au Mont Sinaï ? (réponse) Toutes les Mitsvot ont été promulguées au Mont Sinaï, cela pour t’expliquer que de même toutes les règles de la chemita et les détails de ces lois ont été révélés au Mont Sinaï, au même titre que toutes les règles générales et les détails de toutes les Mitsvot ont été révélés là-bas.
A ce titre, le Or haH’Aim Hakadosh pose la question, que certes, il était nécessaire que la Torah nous enseigne, que ce ne sont pas seulement les grandes lignes et les fondements de la Torah qui ont été révélés au Mont Sinai à tout Israël, mais que tous les détails et les principes de toutes les lois de la Torah ont été donnés. Simplement, pourquoi est-ce spécialement la Mitsva de la Chemita qu’Hachem nous donne en exemple, il aurait pu utiliser n’importe quelle autre loi pour nous enseigner cela. Quel lien y a-t-il entre Chémita et Mont Sinaï ?
Chémita et Mont Sinaï : preuve du Bita’hone (confiance en D.ieu)
Dans un premier temps, il est possible d’expliquer ce qui est rapporté dans le Komets Hamin’ha de Rabbi lieb Harif, que le commandement de Chemita a pour but d’implanter en l’homme la conscience que ce monde est placé sous la surveillance permanente de D. et que tout l’univers se maintient grâce à Lui. C’est-à-dire que toute la Mitsva de Chémita repose sur une mida (qualité) fondamentale de la Torah : le bita’hone envers Hachem (la confiance en Hachem). Le Rav Gaon Rabi Haïm Chmoulévitch avait l’habitude de dire que lorsqu’on parle de la notion de bita’hone, la meilleure façon de stimuler les personnes était de leur parler avec des paroles simples qui touchent leurs sentiments, et non pas avec un discours intellectuel ou des paroles de sagesse profondes. Car le bita’hone ne peut se développer qu’à partir d’une émouna (foi en D.) simple et pure. Cette madrega (niveau) n’est pas du tout naturelle, et ne nait dans le cœur de l’homme qu’après avoir fait un travail sur lui-même afin d’ancrer en lui, et dans son esprit qui est conscient, que la providence d’Hachem s’occupe de nous et de tout. A ce titre, le Hovot Halevavot explique, que tout ce qu’Hachem a fait vivre aux Bné Israel depuis la sortie d’Egypte et dans le désert était justement dans le but de les mettre à l’épreuve dans ce domaine (de confiance en D). Hachem voulait que les Bné Israel fassent grandir l’impact de leur esprit dans le domaine du bitah’one car c’est là la racine de la émouna (foi) qui permet de recevoir toute la Torah. C’est pourquoi, il ne leur a pas ouvert la mer immédiatement, pas avant que plusieurs se lancent dedans et même lorsque la mer s’est ouverte, elle ne s’est ouverte qu’au fur et à mesure que les Bné Israel avançaient dans l’eau.
Juste après la Mer Rouge, ils furent assoiffés et trouvèrent que des eaux amères à Mara. Ce fut une autre épreuve et même la manne était aussi une épreuve, tout cela faisait partie des épreuves afin d’ancrer dans leur cœur la mida de bitah’one qui est la racine de la Torah et des mitsvot. C’est peut-être de cela dont nous parle la Paracha, lorsque nous voyons que D. donne l’ordre à Moché de laisser nos terres agricoles en friche tous les sept ans, ainsi que la cinquantième année du cycle jubilaire. Cet ordre est accompagné de la promesse divine d’une nourriture abondante, malgré le chômage (chemita) de la terre, la Torah prévoit le cas de ceux qui vont se soucier ou s’angoisser sur le plan économique (parnassa) et vient les rassurer : « si vous dites qu’aurons-nous à manger la septième année, puisque nous ne pouvons ni semer ni rentrer nos récoltes ? Je vous octroierai ma bénédiction dans la sixième année, tellement que la terre produira la récolte pour trois années » (Lévitique chap 25,20,21). Le Keli Yakar, vient nous expliquer, qu’à la sixième année, la terre ne produit pas d’avance une triple récolte, mais produit sa récolte annuelle habituelle, ce qui peut largement expliquer l’angoisse des Bné Israel à la question : « que mangerons-nous ? »… Ce qui va expliquer tout notre raisonnement, puisque D. à la fin du verset, les rassure en disant : « la terre produira à la sixième année la récolte pour trois ans ». Le keli Yakar explique ici, qu’ils mangeront à la septième année une partie des céréales (environ un tiers) de la sixième année et cette faible quantité de nourriture sera bénie et les rassasiera, de même à l’année du jubilé et de même à l’année suivante, ce qui signifie, que la bénédiction sera même dans vos entrailles de sorte que chaque fois que vous mangerez même un peu, ce sera à votre suffisance. Ainsi D. exige des Bné Israel un bita’hon à ce niveau, avec cette confiance totale en la promesse divine, nous ne labourerons pas, nous ne sèmerons pas et nous nous désapproprierons de nos propres récoltes.
Dans le même ordre d’idée, il est rapporté dans la Guemara (Chabbat 88a) que lorsque les Bné Israel au Har Sinai ont dit « naassé vénichma, nous ferons et ensuite nous comprendrons », il s’agissait en fait d’un effort de bitah’on du même niveau. En effet Rachi écrit sur cet enseignement : nous marcherons avec Hachem d’un cœur entier, par amour, et nous comptons sur lui qu’il nous donnera une torah que nous pourrons supporter et accomplir. Nous devons aussi compter sur Lui afin qu’il nous procure, les moyens matériels d’accomplir la Torah et de réaliser les mitsvot en comblant tous nos besoins. Cela fait partie du naassé vénichma. C’est le lien entre la Chemita et la Torah reçue au Har Sinai avec l’engagement de naassé vénichma. En effet de même que le juif doit s’élever et placer toute sa confiance en Hachem dans la chemita pour pas transgresser cette mitsva. De même pour accepter, étudier et pratiquer la Torah pleinement, c’est-à-dire l’accomplir et ensuite la comprendre, il faut une bonne dose de bitah’on.
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Fin de l’article « Chémita et Mont Sinaï : quel lien ? Paracha Béhar – Réouven Carceles » a été mis en ligne le 6 mai 2020.
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