Chacun reçoit la bénédiction selon son rôle – Réouven Carceles
Chacun reçoit la bénédiction selon son rôle
Parachat Vay’hi
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A étudier Léilouy Nichmat Hanna bat Rivka
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Ya’akov vécut dans le pays d’Égypte 17 ans. Les jours de Ya’akov, les années de sa vie furent de 147 ans!
Ce fut, après ces choses-là, qu’on dit à Yossef : voici ton père est malade ! Il prit avec lui Ménaché et Ephraim (chap. 48/1), plus loin, juste avant la bénédiction que s’apprête à donner Ya’akov à ses petits-enfants Ephraim et Ménaché, en présence de leur père Yossef, il est dit : « Or, les yeux d’Israel, appesantis par la vieillesse, ne pouvaient plus bien voir. Il les rapprocha de lui, il les embrassa et il les étreignit » (48,10).
Un peu plus loin, on voit que Ya’akov tendit la main droite sur la tête d’Ephraim qui est le plus jeune et sa gauche sur celle de Ménaché en les croisant, bien que Ménaché fut le premier né.
Le Sforno demande : « Pourquoi Ya’akov éprouva-t-il le besoin d’embrasser et enlacer ses petits enfants avant de les bénir? » et il répond lui-même : « Il les embrassa et enlaça afin que son cœur s’attache à leurs cœurs et que la bérakha tombe sur eux« . A priori, la bérakha n’est pas la conséquence d’une émotion ou d’un sentiment mais plutôt, une prière de celui qui bénit et qui implore Hachem de bénir la personne., pourtant la Torah nous dit, qu’enlacer et embrasser ses enfants est l’introduction normale à une bérakha, qui en principe réside dans la spiritualité et non l’affectivité, comment comprendre cette contradiction ? Et comment comprendre que Ya’akov, qui était complètement détaché de la matière et avait un niveau élevé de spiritualité, avait besoin de faire participer le corps ?
Rav Friedlander zatsa’l pose une autre question : « en quoi la main droite posée sur la tête d’Ephraim sera-t-elle le vecteur d’une plus importante bérakha ? Une bérakha qui a priori est d’essence spirituelle, ne dépend pas d’une main mais plutôt de la kavana (intention) de celui qui bénit ! Et de plus, puisque la Torah nous précise (verset 19) que Ménaché manifestera moins de grandeur qu’Ephraïm, ne vaudrait-il pas mieux l’aider en lui octroyant plus de bérakha afin de le renforcer et de l’encourager ? La logique aurait plutôt été d’aider celui qui a moins de grandeur ?
Chacun reçoit la bénédiction selon son rôle
J’ai trouvé une belle explication, au nom du Rav Friedlander zatsa’l, qui nous dit, que le don des bérakhot par Ya’akov, Its’hak, et par les Rabbanim qui en distribuent et même par n’importe quel juif qui a une force de Bérakha importante, correspond à une prière pour que Hachem nous donne les kelims (outils) dont nous avons besoin pour le servir. Chacun en fonction de ses midots (qualités humaines) et de ses forces, a un rôle qui lui est propre, et a besoin d’outils spécifiques pour l’accomplir. La distribution des bérakhot : c’est donner à chacun ce qui lui revient précisément car de cela il a besoin pour servir Hachem. C’est ce que la Torah appelle : « un homme selon sa bénédiction, il l’a béni« . Rachi explique : selon son avenir ; le Sforno ajoute : selon son rôle.
Avoir plus que ce qui nous est nécessaire pour servir Hachem, n’est pas du tout une bérakha, d’après ce principe, car : soit elle restera non utilisée, car non compatible avec notre mission sur terre et risque même de nous troubler et nous attacher à la matérialité, soit elle servira pour des avérot (fautes) (D.ieu nous en préserve) ! Inversement, recevoir moins que ses besoins, et ne pas pouvoir servir Hachem pleinement par manque d’outils est aussi une malédiction. C’est là qu’interviennent ceux qui donnent des bérakhot : ils implorent Hachem afin que la personne bénie, puisse mériter ce qui lui est nécessaire pour accomplir pleinement son rôle et révéler tous ses potentiels dans la Avodat Hachem.
Le Rav Dessler explique au nom du Rambam (chap. 9 Hilkhot Techouva), que les bérakhot dont nous parlons ici, n’entrainent pas un salaire comme nous pourrions le penser, ou une récompense, puisque la Michna (Avot 4,2), nous dit que le salaire d’une Mitsva c’est la Mitsva. Mais Hachem, nous promet que si nous accomplissons les commandements avec joie, il nous déchargera de tout obstacle, telles que la maladie, guerre, famine etc.. et de ce fait, il nous accordera une aide nécessaire pour avoir la possibilité d’accomplir une nouvelle Mitsva.
C’est pour cela qu’il faut se rendre compte, que lorsque nous demandons à Hachem des bérakhot supplémentaires ou des cadeaux de sa part, nous demandons également un nouveau rôle dans la Avodat Hachem et des responsabilités supplémentaires, Hachem ne distribue de bérakha que pour celui qui a la possibilité de l’utiliser correctement. Ainsi, si notre prière et nos demandes s’accompagnent d’un renforcement de notre part et d’une prise de conscience (Téchouva), il est probable que la prière soit écoutée et réalisée. Sinon il y aura une contradiction. Nous demandons à Hachem des moyens, mais refusons le rôle qui les accompagne, on ne peut pas demander la sagesse de Ya’akov, si on n’est pas prêt à étudier avec autant d’assiduité que lui, ou la richesse, si on n’est pas prêt à soutenir la Torah ! Chaque demande, est accompagnée d’un rôle, dont le but est de servir Hachem. Chaque demande est synonyme d’une mission, que nous ne connaissons peut-être pas, en fait nous possédons chacun des forces insoupçonnées et que grâce aux épreuves qu’Hachem nous envoie à chaque instant, nous pouvons les révéler et mériter ces bérakhot.
La Guémara dans Kétoubot (104a), nous relate, les derniers instants de la vie de Rabbi Yehouda Hanassi, qui, seul de tous les Tanaim et Amoraim, fut appelé Rabbeinou Hakadosh, il était un homme extrêmement riche, et au niveau de sainteté auquel il était parvenu, il percevait clairement que la seule raison d’être de toute chose créée, est la sanctification du nom de D.ieu, toute la richesse que D.ieur lui avait donnée, était destinée à être mise au service de la spiritualité, il n’a pris de ce monde que ce qui lui était indispensable à l’accomplissement de la volonté divine. Au moment de quitter ce monde, il tendit les deux mains vers le ciel en disant : « Maitre de l’univers, tu sais bien que j’ai mis tout l’effort de mes dix doigts dans la Torah et que je n’ai jamais joui de ce monde fût-ce de l’étendue de mon petit doigt. Que soit ta volonté que je repose en paix. »
Fin de l’article « Chacun reçoit la bénédiction selon son rôle ». Publié le 20 décembre 2018 et mis à jour le 8 Janvier 2020.
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