Birkat Ha-Gomel – Rav David Pitoun
Birkat Ha-Gomel
Article de l’auteur, Rav David Pitoun, initialement publié sur son blog http://ravdavidpitoun.blogspot.com/
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QUESTION
Quelle est la signification du « Birkat Ha-Gomel » ?
DECISION DE LA HALA’HA
4 catégories de personnes doivent remercier Hashem.
celui qui a traversé la mer et est arrivé à bon port ;
celui qui a traversé le désert et est arrivé à bonne destination ;
celui qui était malade et qui a guéri ;
celui qui était emprisonné et qui est sorti.
Ces 4 catégories de personnes doivent réciter :
Barou’h Ata A-D-O-N-A-Ï Elohenou Mele’h Ha’olam Ha-Gomel Lé-’Hayavim Tovot Shéguémalani Kol Touv
Traduction : Tu es Béni Hashem (Tu es la source de la Bénédiction) Notre D.,Roi du Monde, qui prodigue aux coupables, tant de bienfaits, comme tu m’a prodigué tout ce bien.
Il y a 2 conditions pour la récitation de cette bénédiction :
1. la présence d’un Minyan (10 hommes)
2. la présence de 2 Talmidé ‘Ha’hamim (2 érudits dans la Torah) parmi ce Minyan.
L’absence de 2 Talmidé ‘Ha’hamim n’empêche pas la récitation de cette bénédiction.
Par contre, l’absence de 10 hommes empêche totalement la récitation de cette bénédiction.
Nous avons l’usage d’introduire cette bénédiction par les versets suivants : Odé A-D-O-N-A-Ï Bé’hol Lévav Béssod Yésharim Vé’eda. Yodou L A-D-O-N-A-Ï ‘Hasdo Vénifléotav Livné Adam
Après la bénédiction, l’assemblée répond au récitant : Tsour Shéguémal’ha Kol Touv, Hou Igmol’ha Kol Touv La’ad Nétsa’h Sélah
Nous avons l’usage de réciter cette bénédiction lors de la lecture de la Torah, puisque c’est un moment où l’on est sûr d’avoir la présence d’un Minyan.
Si quelqu’un monte au « Mashlim » (dernière montée à la Torah avant le Maftir), il doit réciter le Birkat Ha-Gomel seulement après avoir dit le Kaddish et pas avant.
Celui qui monte au « Maftir » ne doit réciter le Birkat Ha-Gomel qu’après la Haftara, après avoir dit les dernières bénédictions.
Dans les prochaines Hala’hot, nous étudierons, avec l’aide d’Hashem, quelques cas pratiques liés à la bénédiction de Birkat Ha-Gomel.
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SOURCES ET DEVELOPPEMENT
Il est enseigné dans la Guémara Béra’hot (54b) :
Rav Yéhouda dit au nom de Rav : « 4 catégories de personnes doivent remercier Hashem. Celui qui a traversé la mer et est arrivé à bon port ; celui qui a traversé le désert et est arrivé à bonne destination ; celui qui était malade et qui a guérit ; celui qui était emprisonné et qui est sortit. »
Il existe un repère pour les mémoriser : « וכל החיים יודוך סלה » (« Vekhol Ha’Haïm Yodou’ha Sélah ») (« Tous les êtres vivants te remercieront… Phrase de la prière quotidienne »).
Chacune des lettres hébreu du mot חיים (‘HAÏM) représente l’initiale de chacune des 4 catégories de personnes.
ח (‘Het) = חבוש (‘Havoush, le prisonnier)
י (Youd) = ים (Yam, la mer)
י (Youd) = יסורין (Yissourin, les souffrances physiques du malade)
ם (Mem) = מדבר (Midbar, le désert)
La Guémara demande :
Quelle bénédiction doivent-ils réciter ?
Barou’h Ata A-D-O-N-A-Ï Elohenou Mele’h Ha’olam Ha-Gomel Lé-’Hayavim Tovot Shéguémalani Kol Touv
Traduction : Tu es Bénis Hashem (Tu es la source de la Bénédiction) Notre D.,Roi du Monde, qui prodigue aux coupables, tant de bienfaits, comme tu m’a prodigué tout ce bien.
Le Gaon auteur du Nétivé ‘Am (page 109) précise que même si dans de nombreux Siddourim il est écrit « Kol Tov » – comme l’écrit le Gaon auteur du Kaf Ha-‘Haïm (sur O.H 219 note 16) – la tradition dan la ville de Jérusalem depuis des générations est de dire « Kol Touv », en référence à un verset de Isha’ya (63-7) où le mot « Touv » est employé.
MARAN explique le sens de cette bénédiction dans le Beit Yossef (O.H 219) :
Qui prodigue aux coupables tant de bienfaits : Même avec les personnes coupables, c’est-à-dire les Resha’im (les impies, Voir Targoum Onkelouss sur Bereshit 18), Hashem prodigue des bienfaits. La personne qui récite cette bénédiction se considère comme non méritante des bienfaits d’Hashem, et s’inclue parmi ces « Hayavim » (coupables) à qui Hashem prodigue – malgré tout – tant de bienfaits.
La Guémara cite 2 conditions pour la récitation de cette bénédiction :
3. la présence d’un Minyan (10 hommes)
4. la présence de 2 Talmidé ‘Ha’hamim (2 érudits dans la Torah) dans ce Minyan.
Le Méiri (sur Béra’hot 54b) écrit que l’absence de 2 Talmidé ‘Ha’hamim n’empêche pas la récitation d cette bénédiction.
Par contre, l’absence de 10 hommes empêche totalement la récitation de cette bénédiction, selon l’opinion de nombreux Rishonim comme Rabbenou Yona cité par MARAN dans le Beit Yossef, par opposition à l’opinion du TOUR (O.H 219) qui considère qu’à posteriori si une personne a récité cette bénédiction sans la présence d’un Minyan, elle est quitte de son obligation.
MARAN tranche dans le Shoul’han ’Arou’h (O.H 219-3) selon l’opinion de Rabbenou Yona selon qui l’absence de 10 hommes empêche totalement la récitation de cette bénédiction, puisqu’il rapporte son opinion en 2ème avis. Or, selon la règle, « Yesh Vé-Yesh, Hala’ha Ké-Yesh Batra » (Lorsque plusieurs avis contraires son cités dans un même paragraphe du Shoul’han ‘Arou’h, MARAN partage le dernier avis)
MARAN conclut malgré tout que si l’on a récité cette bénédiction sans la présence d’un Minyan, il est bon dans ce cas de la réciter sans Shem Ou-Mal’hout (sans la mention du Nom d’Hashem, et sans l’expression de Sa Royauté), c’est-à-dire :
Barou’h Ha-Gomel Lé-’Hayavim Tovot Shéguémalani Kol Touv.
Si l’on ne trouve pas de Minyan (10 hommes), il est bon dans ce cas de la réciter sans Shem Ou-Mal’hout (sans la mention du Nom d’Hashem, et sans l’expression de Sa Royauté), c’est-à-dire :
Barou’h Hagomel Lé-’Hayavim Tovot Shéguémalani Kol Touv.
[Cependant notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Shalita écrit dans son livre ‘Hazon Ovadia – Béra’hot (page 342 fin de la note 5) que même après plus de 30 jours, il est préférable d’attendre la présence d’un Minyan afin de pouvoir réciter cette bénédiction.]
Selon la majorité des A’haronim (décisionnaires récents ou contemporains), la personne qui récite le Birkat Ha-Gomel est incluse dans le compte des 10 personnes du Minyan.
Le Sefer Ha-Agouda (chap.196 page 184a) écrit qu’il est un bon usage d’introduire cette bénédiction par les versets suivants, extraits d’un psaume du Téhilim :
Odé A-D-O-N-A-Ï Bé’hol Lévav Béssod Yésharim Vé’eda. Yodou L A-D-O-N-A-Ï ‘Hasdo Vénifléotav Livné Adam.
Le RAMBAM (chap.10 des règles relatives aux bénédictions, Hal.8) écrit que lorsque la personne a terminé la bénédiction, l’assemblée doit lui répondre une phrase dans laquelle on lui souhaite qu’Hashem lui prodigue encore du bien dans l’avenir.
MARAN tranche cette Hala’ha dans le Shoul’han ‘Arou’h (O.H 219-2).
Rabbenou Yéhouda Bar Yakar – dans son commentaire sur les prières (page 53) – explique que la personne qui a – par exemple – traversé un désert et qui est arrivé à bonne destination, a réellement bénéficié d’un miracle. Mais l’obtention d’un miracle engendre une diminution des mérites. C’est pourquoi l’assemblée souhaite à cette personne qu’Hashem continue dans l’avenir à lui prodiguer d’autres bienfaits, sans pour autant lui diminuer ses mérites.
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Zatsal – dans son livre ‘Hazon Ovadia – Béra’hot (page 341) cite la version des cette phrase par le Or’hot ‘Haïm (règles relatives au Lundi et au Jeudi note 24) et le Kol Bo :
Tsour Shéguémal’ha Kol Touv, Hou Igmol’ha Kol Touv La’ad Nétsa’h Sélah.
Nous avons l’usage de réciter cette bénédiction lors de la lecture de la Torah, puisque c’est un moment où l’on est sûr d’avoir la présence d’un Minyan.
Le Gaon auteur du Shou’t Yére’h Ya’akov écrit (chap.40) que si quelqu’un monte au « Mashlim » (dernière montée à la Torah avant le « Maftir »), il doit réciter le Birkat Ha-Gomel seulement après avoir dit le Kaddish et pas avant.
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Zatsal – dans son livre ‘Hazon Ovadia – Béra’hot (page 343 note 7) – écrit qu’il en est de même pour celui qui monte au « Maftir ». Il ne doit réciter le Birkat Ha-Gomel qu’après la Haftara, après avoir dit les dernières bénédictions, et non entre la dernière bénédiction de la Torah et la première bénédiction de la Haftara, par crainte d’interruption.
Telle est également l’opinion du Gaon Rabbi Eliyahou ‘HAZZAN dans on livre Névé Shalom (après le chap.284).
Ceci par opposition à l’opinion du Gaon Rabbi ‘Haïm FALLAG’I qui écrit dans son livre Roua’h ‘Haïm (chap.143 note 3) que l’on doit dire dans ce cas le Birkat Ha-Gomel avant d’entamer la première bénédiction de la Haftara, par crainte de ne plus avoir la présence du Minyan après la Haftara.
Dans les prochaines Hala’hot, nous étudierons, avec l’aide d’Hashem, quelques cas pratiques liés à la bénédiction de Birkat Ha-Gomel.
Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5770 [email protected]
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