Ayin Itshak – Souscrire une assurance vie
Cours du Grand Rabbin D’Israël Rabbénou Itshak Yossef Chlita
Souscrire une assurance vie
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Coin Halakha du vendredi du Grand Rabbin D’Israël le Gaon
Maran Rabbénou Itshak Yossef Chlita Auteur du Yalkout Yossef
Souscrire une assurance vie
Rédaction réalisée par Rav Yoel Hattab
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Question :
- une personne a-t-elle le droit de s’assurer par le billet de certaines assurances, comme souscrire une assurance vie, ou bien est-ce interdit, car cela montrerait peut-être un manque de Emouna envers Hachem ; Hachem peut lui-même le rendre riche, et laisser après le départ de la personne, un héritage convenable pour sa progéniture, car, pour Hachem, rien ne lui est limité ?
Réponse :
il est rapporté dans le Midrach Cho’har Tov (Psaume 23) : « Rabbi Eliezer ben Yaakov nous enseigne selon le verset Afin qu’Hachem te bénisse dans toutes tes actions que tu feras– si la personne fait des choses, elle sera bénie, mais pas dans le cas contraire » Il est de même rapporté qu’un homme se doit de faire des efforts pour subvenir aux besoins de sa famille, mais en gardant en tête le Bita’hone envers Hachem, et que par son effort, c’est Hachem qui lui donnera son argent. Paradoxalement, il est rapporté dans la Michna du traité Sota (48a) que depuis la destruction du Temple, il n’existe plus de personne ayant une réelle Emouna, comme nous pouvons d’ailleurs le souligner du verset (Tehilim 12, 2) délivre-moi Hachem car les hommes pieux ont disparu, et des fils de l’homme ont cessé les paroles de confiance. Lorsque la Michna nous dit « les personne ayant une réelle Emouna » elle fait référence à la confiance des gens vis-à-vis d’Hachem : elle a disparu. La Guemara au nom de Rabbi Eliezer Hagadol, nous l’enseigne bien : « une personne ayant de quoi manger, qui demande, qu’allons-nous manger demain, fait partie des gens ayant une infime partie d’Emouna. Cette Guemara vient contredire le Midrach précédant (dans l’un nous pouvons apprendre que tout un chacun doit faire un effort pour trouver son gagne-pain, et faire confiance en Hachem, que par son effort c’est Hachem qui lui donne son argent. Alors que du Talmud nous apprenons qu’il n’existe plus de personnes ayant une réelle Emouna en Hachem). Le Maharcha explique que le verset de la Guemara exprime bien le fait que disparurent les hommes pieux, à leur niveau d’Emouna : c’est Hachem qui donne le pain à tout être jusqu’aux Lentes. Ce qui n’est pas le cas en ce qui concerne le niveau d’Emouna qu’a un homme moyen. Ainsi, il n’est pas défendu Mine Hadine de se projeter au lendemain, et de chercher aujourd’hui, le pain de demain. La seule chose que chacun doit garder en tête, est que cet argent vient d’Hachem et ne pas se dire « c’est mon propre travail, et ma propre force qui a payé »
Nous pouvons retrouver cela dans le Meiri, dans son commentaire sur Mishlei (19, 21) « chacun devra mettre sa confiance envers Hachem, et ne pas se dire que ses propres efforts ont payé. Cela ne veut pas dire que la personne ne doit pas s’accorder un effort personnel, au contraire, dans chaque chose, le zèle est louable et la paresse mauvaise. Mais son effort, sera accompagné d’une confiance envers Hachem, et y fera dépendre sa réussite. Le verset s’exprime à ce sujet (Devarim 8, 17) : Et tu diras en ton cœur c’est ma propre force, c’est le pouvoir de mon bras, qui m’a voulu cette richesse. » Il en sera de même pour l’assurance vie, il n’y aura donc aucun interdit de s’assurer dans une police d’assurance (ou contrat d’assurance), en sachant que tout est providence Divine, et que cela n’est qu’un effort personnel.
Prêt avec intérêt à un non-Juif
Les Tossafot (Baba Metsia 70a) nous enseignent au nom de Rabbénou Tam, que même si nos Sages interdirent de prêter avec intérêt à un non-Juif (afin que lui-même ne prenne pas exemple du Juif), mais uniquement pour des besoins de subsistances, aujourd’hui c’est différent. En effet, aujourd’hui les sorties d’une personne sont importantes, et donc, quels que soient les intérêts sur ce prêt, tout sera considéré comme des besoins nécessaires. De plus, nous vivons parmi les autres peuples, et il n’y aucune autre possibilité de subvenir aux besoins de sa famille sans cela. C’est pour cela, qu’aujourd’hui, au aura le droit de faire un prêt avec intérêt à un non-Juif. Tel est l’avis du Choulhan Aroukh (Yoré dé’a Siman 159 Halakha 1). On peut aussi déduire de cette Halakha, que l’avis Halakhique ne craint pas le manque de confiance en Hachem, car le fait est, que le monde utilise ce genre de procédés pour leur gagne-pain.
Malheur à ceux dont la confiance se dirige vers un homme
Le responsa Pri Hassadé (Vol.2 Siman 44) tranche aussi qu’il est permis d’utiliser une assurance vie. Son avis se réfère aux Tossafot dans le traité Kiddouchine (41a), lesquels nous enseignent qu’il sera défendu de marir sa fille, alors encore enfant, mais on attendra qu’elle grandisse et qu’elle choisisse elle-même son mari. Mais, aujourd’hui c’est permis (à l’époque des Tossafot) car l’exil s’accentue au jour le jour, et il se peut que la personne ait de quoi pour la dot aujourd’hui, et que demain elle ne l’ait plus. A cause de cela, sa fille peut rester sans être mariée durant toute sa vie. Fin de citation. De ces Tossafot, nous pouvons apprendre que cette crainte n’est pas un manque de confiance en Hachem, comme nous l’enseigne aussi le Chakh (Yoré Dé’a Siman 159 alinéa 2) du verset (Yirmiyahou 17, 5) « Ainsi parle Hachem, maudit soit l’homme qui met sa confiance en un mortel, qui prend pour appui un être de chair et dont le cœur s’éloigne d’Hachem » Ce verset concerne un homme qui utilise ses efforts personnel pour gagner son argent, et se tient uniquement sur la bonté d’une personne de chair et de sang, et ne porte pas sa confiance en Hachem. En revanche, une personne qui déploie des efforts personnel pour gagner son argent mais croit en la présence Divine dans tous ses chemins, et que quoi qu’il fasse tout dépendra d’Hachem, ne sera aucunement concernée par ce verset.
Ouvrir la porte au Satane
Le responsa Lé’hém Chlomo (Yoré Dé’a Vol.2 Siman 67) questionne lui aussi à ce sujet : une personne utilisant une telle assurance n’ouvre-t-il pas la porte au Satane « si, à D. ne plaise, demain je meurs… » Et de répondre, qu’on ne craindre pas cela. En effet, il est rapporté dans le responsa Haribash (Siman 114) qu’une personne aura le droit de préparer ses linceuls et sa tombe en son vivant, et n’aura pas crainte, comme nous pouvons retrouver dans le traité Mena’hoth (41a) au nom de Chmouel. Le Ribash rajoute qu’un grand érudit dans sa génération avait fait une assurance vie, et s’il pensait qu’il pouvait y avoir une infime parcelle d’interdit, il ne l’aurait jamais fait. Tel est l’avis du responsa Kav Haim (Siman 26) et du Gaon Harav Moche Feinstein dans son responsa Igrot Moché (Vol.4 Orah Haim Siman 111).
Autopsier le corps
Dans les contrats d’assurance vie, il existe une annotation, autorisant l’entreprise d’assurance, d’autopsier le corps de la personne en cas de décès après un accident, afin de vérifier les causes de sa mort. Il faut savoir, qu’il n’y a aucune autorisation dans la Halakha, permettant une telle apostille. Le Talmud (traité Houline 11b et traité Baba Batra 114b) souligne bien la gravité de l’interdit d’autopsier un corps. Le responsa Noda biYouda (Tanina Yoré Dé’a Siman 210), le responsa Hatam Soffer (Yoré Dé’a Siman 336) et d’autres A’haronims ont eux aussi invectivé cet interdit. Il sera interdit pour qui que ce soit, d’autoriser la présence d’une telle annotation, et d’autoriser une autopsie, car son corps ne lui appartient pas, mais appartient au Créateur. Comme l’on pu écrire le Radbaz dans son commentaire sur le Rambam (fin du Chap.18 lois du Sanhedrine) et le Choulhan Aroukh Hagaon Rabbi Zalman (lois Nizkei gouf vénéfech Siman 4). Tel est l’avis du responsa Da’at Cohen (Siman 199), du Gaon Harav Wosner dans son responsa Cheveth Halévi (Vol.2 Siman 211), ainsi que son maître le Gaon Rabbi Meir Chapira dans son responsa Or haMeir (Siman 74).
Uniquement avec un Hétér Isska[1]
Mis à part tous les points développés précédemment, on se devra d’ajouter comme annotation, que tout sera fait selon un Heiter Isska, afin de ne pas transgresser l’interdit de profiter d’intérêts. Comme ce que les banques Israéliennes ont pris comme habitude, lesquelles signent à ce que tous prêts soient selon les conditions de ce Heiter Isska.
Conclusion : On aura le droit de faire appel à une assurance vie ou d’autres assurances, et on ne craindra pas d’un manque de confiance en Hachem, ni d’ouvrir la porte au Satane, mais on fera attention à ce que ce contrat d’assurance soit fait selon les règles de la Halakha et de notre sainte Torah, comme il est dit (Mishlei 3, 17) « Ses voies sont des voies pleines de délices et tous ses sentiers aboutissent au bonheur»
[1] Ce procédé est très répandu dans les banques Israéliennes. Il s’agit d’une façon pour une banque de pouvoir faire des prêts « avec intérêt » tout en restant en règle avec la Halakha. En effet, comme tout le monde le sait, il est défendu de faire un prêt avec intérêt. Comment les banques font-elles ? la banque utilise une autorisation pour affaire (Heiter Isska), par laquelle, sous des conditions bien définies, le prêt avec intérêt sera autorisé.