Acher Yatsar premier cours (1/4)
Rav David Pitoun
Premier cours d’une série de 4 cours portant sur les lois de « Acher Yatsar« . Cours du Rav David Pitoun.
Cours audio d’une heure et dix-neuf minutes environ.
Cours dédié à la Réfoua Shéléma de Tsipora Lévana Haya bat Myriam
Résumé du cours. Le cours audio est bien plus complet. Le résumé écrit est destiné aux révisions
Acher Yatsar : Il s’agit de la bénédiction que l’on récite après être sorti des toilettes et s’être lavé les mains. C’est une Bérakha extraordinaire et il est très important au moment de réciter Acher Yatsar de penser à une ou des personnes malades.
On va commencer par expliquer la signification de cette bénédiction.
Maran (Rabbi Yossef Caro) qui d’habitude ne donne pas d’explications mais plutôt des halakhot tranchées a consacré tout le premier paragraphe du chapitre 6 du Choulkhan Aroukh (Ora’h Haïm) pour expliquer l’importance du Acher Yatsar.
On commence par glorifier Hashem pour avoir créé l’être humain avec sagesse
Qu’est ce que cela veut dire « avec sagesse » ?
- Rachi dans la Guémara Bérakhot DAF 5b apporte une première explication au nom du midrash :
Dans les Tehilims (psaumes) il est écrit ‘’ כי גדול אתה ועושה נפלאות’’ ‘’Tu es grand et tu réalise des merveilles‘’
Que signifie cette phrase ? L’être humain est comparé a une outre remplie d’air, il suffit de percer cette outre avec le plus petit trou et tout l’air en sort tandis que l’être humain est rempli d’air et en même temps rempli d’orifices et pourtant l’air reste à l’intérieur ,ceci est la sagesse à laquelle nous faisons allusion selon Rachi.
- Tossafot explique au nom du Midrash Tanhouma, dans la Paracha de Bereshit il est écrit que D.ieu a créé l’être humain et Rabbi Boun dit que D.ieu a créé l’homme avec sagesse, que signifie avec sagesse ? D.ieu a d’abord créé tous les besoins de l’être humain et a ensuite créé l’être humain. Ceci est la seconde explication de « créer avec sagesse », comme le dit le Talmoud Massehet Sanhedrin « Voici la raison pour laquelle D.ieu créa l’homme la veille de chabbat afin qu’il entre directement assister au repas de chabbat », sans rien avoir à préparer. Cet esprit de prévision représente la sagesse comme il est dit : ‘’qui est le sage ? celui qui prévoit’’
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La Bérakha continue en disant :’’il a créé de nombreux orifices et de nombreux organes creux »
- Orifices : bouche, narines, anus…
- Organe creux (חלולים) : intestins, cœur, estomac…
Le Tour fait remarquer que la valeur numérique de חלולים חלולים correspond à 124+124=248 qui correspondent au nombre d’organes dans le corps humain
La phrase continue en disant « שאם יסתם אחד מהם או אם יפתח אחד מהם אפילו שעה אחד’’ si l’un d’entre eux venait à s’obstruer ou à s’ouvrir il serait impossible a vivre ne serait-ce qu’une heure (c’est à dire un moment) A quoi fait-on allusion lorsqu’on parle d’un organe qui viendrait à se boucher ? Dans la Guemara nida il est écrit que tous le temps où le bébé se trouve dans le ventre de sa maman son nombril est ouvert et sa bouche est fermée, mais dès qu’il naît sa bouche s’ouvre et son nombril se ferme car s’il n’en était pas ainsi le bébé ne pourrait survivre ne serait-ce qu’une « heure ». De là nous pouvons conclure qu’il s’agit de la bouche dont on parle dans la Bérakha.
Le Maharam de Rothenburg pose une question et considère que dans la bénédiction il ne faut pas dire ne serait-ce qu’une « heure », en effet il arrive souvent dans la journée que l’homme ferme la bouche et n’en meure pas pour autant. Il conteste que lorsqu’on dit si l’un d’entre eux venait à s’obstruer il s’agit de la bouche, si on dit ne serait-ce qu’une « heure » puisque la bouche peut rester fermée longtemps. Le Tour répond que lorsqu’on dit si l’un d’entre eux venait à s’obstruer il s’agit bien de la bouche; mais lorsqu’on dit que si la bouche venait à s’obstruer on ne pourrait survire ne serait-ce qu’une seule heure, il s’agit de l’instant précis de la naissance. Si lorsque le bébé sort du ventre de sa mère il garde la bouche fermée alors il ne peut survire, le bébé doit ouvrir la bouche.
Maran dans le Beth Yossef ajoute d’autres explications, nous savons que les orifices de l’être humain peuvent rester fermés jusqu’à une certaine limite supportable et si cela venait à se boucher au de la de cette limite, l’homme ne pourrait survivre plus d’une heure. Lorsqu’on dit « venait à sobstruer » il s’agit au delà de la limite supportable au delà de laquelle celà peut être dangereux.
De quoi parle-t-on lorsqu’on dit « l’un d’entre eux venait à s’ouvrir ‘’ ? On parle des orifices des besoins naturels. En effet, si quelqu’un venait à se vider trop fréquemment cela serait dangereux pour sa sante (par exemple déshydratation).
La Bérakha finit par ‘’béni soit Hashem qui guérit toute chair et accomplit des merveilles »
Hashem à donné à travers ces orifices et organes, la possibilité de trier le bon du mauvais et rejette les déchets, et c’est à travers cette capacité d’extraction des déchets qu’Hashem guérit toute chair, parce que si çà n’était pas fait cela pourrait causer la mort Hass Vechalom.
Maran explique מפליא לעשות « réalise des merveilles » et אשר יצר את האדם בחכמה veulent dire la même chose, c’est à dire Hashem réalise des merveilles en ayant créé le corps humain comme une outre qui malgré tout ne se vide pas (comme vu plus haut).
Dans le Beth yossef Maran explique différemment, en effet, la merveille dans cette phrase veut dire qu’Hashem fait le tri dans le corps humain en laissant le bon et en jetant le mauvais, pourtant il semblerait que ça soit la même explication que רופא כל בשר ? (Guérit toute chair)
La première fois, guérit toute chair, on glorifie Hashem pour la capacité qu’il a donnée à trier dans le corps humain qui est une action du corps et ומפליא לעשות réalise des merveilles c’est qu’à la différence on glorifie Hashem qui fait lui-même ce tri et ce n’est pas l’action du corps et Maran précise qu’il est bien de s’extasier sur les merveilles de la nature mais le plus important est de savoir les rattacher à Hashem et de ne pas oublier la source de ces merveilles .
On a parlé au début de la phrase ‘’ne serait-ce qu’une heure’’ en y réfléchissant il est évident qu’on ne parle pas d’une heure concrète, en effet si l’on bouche le nez et la bouche de quelqu’un il ne pourra tenir plus que quelques minutes. Dans le Sefer Baroukh Cheamar, rabbi Baroukh Epstein explique qu’il est certain qu’il ne s’agit pas d’une heure de 60 mn. Le mot (שעה (שעא est la traduction araméenne de רגע un instant et explique que ce mot s’adapte au contexte et ainsi cela donne tout son sens a la Bérakha. Ce mot שעה rajoute-t-il ne signifie pas 60 minutes, sa signification dépend du contexte. Ainsi la Bérakha Acher Yatsar a bien un sens שעה signifiant un instant dans notre Bérakha.
Nous avons ainsi donné la signification de la Bénédiction Acher Yatsar.
Dans les halakhot de netilat yadaim (Choul »han Aroukh Ch. 4) on fait déjà allusion à celle d’Acher yatsar. Dans le §1 Maran (Rabbi Yossef Caro) dit « au réveil on se lave les mains et on fait netilat yadaim » et le Rama (Rabbi Moshé Isserles qui est le côté Achkénaz) dit « qu’on y ajoute Acher Yatsar », le matin exclusivement, qu’on ait été ou non aux toilettes. La source du Rama est Rabbi David Aboudraham. Cet avis n’a pas été retenu par Maran et le Rambam dit explicitement que celui qui n’a pas été aux toilettes ne récite pas Acher yatsar. La Majorité des Rishonim et la majorité des A’haronim tranchent comme le Rambam et le Choul’han Aroukh.
Pour comprendre la position du Rama il y a plusieurs explications :
- Dans le Darke Moshé le Rama dit, puisqu’il est interdit de toucher les orifices avant de faire Nétilat yadaïm à cause de l’esprit d’impureté qui est sur les mains, il est donc justifié de glorifier Hashem de pouvoir maintenant toucher ces orifices et ainsi de faire la bénédiction d’Acher yatsar
- Le Baït Hadash donne deux raisons.
- Première raison : Il y a une grande ma’hloket (discussion) parmi les Rishonim au sujet des Birkot Hachahar doivent être récitées uniquement si on est « obligé » par chaque Bérakha (ou bien on les récite même si on n’est pas obligé) par exemple la Bérakha de glorifier Hashem de donner au coq la capacité de discerner entre le jour et la nuit, et la question se pose si l’on doit faire cette Bérakha même si on n’a pas entendu le coq pousser son cri. Maran tranche en disant que pour réciter cette Bérakha il faut impérativement entendre chanter le coq. Pourtant sur cette loi ci on ne suis pas Maran car le minhag (l’habitude ancienne) est de réciter quand même la bénédiction même sans avoir besoin entendu le chant du coq. De manière plus générale on récite les bénédictions selon le fonctionnement du monde (Minhaguo Chel Olam) c’est à dire que même si je n’ai pas rencontré personnellement la circonstance pour laquelle cette Bérakha a été instituée (je n’ai pas entendu le coq chanter) malgré tout je suis tenu de faire cette bénédiction et telle est la Halakha. Le Baït Hadash explique donc (selon le Rama) Donc puisque nous récitons les berakhot du matin à titre collectif selon le fonctionnement du monde alors on en conclut que de la même manière pour la Bérakha de Acher Yatsar nous ne sommes pas obligés d’aller aux toilettes pour la réciter.
- Seconde explication du Baït Hadash : il est très peut envisageable que la personne n’ait pas eu des flatulences pendant la nuit et donc elle doit faire Acher Yatsar même si elle ne va pas aux toilettes.
- Le Lévouch tente d’expliquer le Rama : il est plus que probable que pendant la nuit la personne est allée uriner ou a eu une incontinence de quelques gouttes et donc on est tenu de faire la Bénédiction de Acher Yatsar. Cette explication est difficile car s’il est allé aux toilettes ou a eu une petite incontinence il y a tout de même une limite (72 minutes) pour dire la bénédiction
- Le Maguen Avraham tente également d’expliquer le Rama : sur le fondement de l’institution de nétilat Yadaïm du matin, l’avis du Rashba est que c’est parce que nous sommes une nouvelle créature chaque matin. A ce titre Hashem t’as élevé à nouveau et Nétila vient de « élevé ». Le Maguen Avraham dit que de ce fait on fait Acher Yatsar le matin (même sans être allé aux toilettes) à titre de glorification car Hashem a façonné à nouveau mon corps.
- Le Gaone de Vilna dit que Acher Yatar est dit sur la re-création du corps et que la bénédiction suivante « Elokay Néchama … » vient sur la restitution de la Néchama. C’est pourquoi le Rama dit qu’il faut dire Acher Yatsar même si on n’est pas allé aux aux toilettes le matin.
Quoi qu’il en soit la Halakha est comme le Shoul’han Aroukh et non comme le Rama que ce soit pour les Séfarades ou les Achkénazes.
En revenant sur l’explication de la bénédiction elle même de Acher Yatsar, à propos de, ומפליא לעשות réalise des merveilles, la dernière explication rapportée plus haut est que le tri merveilleux qui est fait dans le corps est rattaché à Hashem directement, le Rama explique que d’après lui, réalise des merveilles la merveille dont il s’agit est que Hashem a placé une âme dans le corps humain, car il permet de faire résider quelque chose de spirituel peut subsister dans un corps matériel. Ce sont deux éléments antagonistes et Hashem a réussi cette merveille de faire cohabiter les deux.
Durée du cours : 80 minutes environ
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