Parashath Béshalla’h בְּשַׁלַּח
Le Jardin de la Torah
Ces Divré Torah sont Léilouy Nishmat Haya Ra’hel Bat Sassya (Lisette)
Parashath Béshalla’h
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Nous vous proposons cette semaine 4 Divré Torah sur la Parasha :
– Od Yossef Hay (Ben Ish Hay)
– Rav Shalom Messas (Vé’ham Hashamesh)
– Rav Shalom Messas (Vé’ham Hashamesh)
– Rashi explicité
Premier Dévar Torah (déjà publié en 5772)
Livre Adéreth Eliahou de Rabbi Yossef Haym de Baghdad page 44 (זצוק »ל זיע »א)
Notre Parasha commence par (Exode Ch. 13 versets 17 et 18).
וַיְהִי, בְּשַׁלַּח פַּרְעֹה אֶת-הָעָם, וְלֹא-נָחָם אֱלֹקִים דֶּרֶךְ אֶרֶץ פְּלִשְׁתִּים, כִּי קָרוֹב הוּא: כִּי אָמַר אֱלֹקִים, פֶּן-יִנָּחֵם הָעָם בִּרְאֹתָם מִלְחָמָה–וְשָׁבוּ מִצְרָיְמָה
Ce fut, lorsque Pharaon eut renvoyé le peuple, D.ieu ne les conduisit point par le chemin du pays des Philistins, qui était proche ; parce que D.ieu a dit : « De peur que le peuple ne se ravise à la vue de la guerre et qu’ils ne retournent en Égypte.
וַיַּסֵּב אֱלֹקִים אֶת-הָעָם דֶּרֶךְ הַמִּדְבָּר, יַם-סוּף; וַחֲמֻשִׁים עָלוּ בְנֵי-יִשְׂרָאֵל, מֵאֶרֶץ מִצְרָיִם.
D.ieu fit donc dévier le peuple par le chemin du désert, vers la mer des Joncs et les enfants d’Israël montèrent équipés du pays d’Égypte.
Nota : Dans ce dernier verset le mot utilisé est וַחֲמֻשִׁים qui signifie, selon l’explication de Rashi « armés ». Rashi ramène une autre explication comme quoi un cinquième des hébreux sont sortis d’Egypte, le mot וַחֲמֻשִׁים pouvant avoir la même racine que « חמש » « cinq ». Le Ben Ish Hay va lire le mot différemment חמשים « cinquante » (le même mot voyellé différemment)
On peut dire, selon le mode allusif, qu’il est connu que l’opinion de Rabbi Aquiva dans la Haggada de Pessa’h est que les Egyptiens ont été frappés en Egypte de 50 plaies et sur la mer de 250 plaies, car chaque plaie était constituée de 5 plaies.
Note du traducteur : rappelons ici le texte de la Haggadah
Ribbi Âquiva disait, d’où sait on que chaque plaie que le Saint, béni soit-Il, a infligé aux Egyptiens était constituée de cinq plaies ? Puisqu’il est dit [Psaumes Ch. 78, v49] « Il lâcha sur eux l’ardeur de Sa colère, courroux et malédiction et fléaux, tout un essaim d’anges malfaisants. »
- l’ardeur de Sa colère, indique une plaie ;
- courroux, cela en fait deux;
- et malédiction, cela fait trois plaies ;
- fléaux, cela fait quatre plaies ;
- un essaim d’anges malfaisants, cela fait cinq plaies ;
Déduis-en de là qu’ils furent frappés en Egypte de cinquante plaies et sur la mer de deux-cent cinquante plaies.
<<Fin du rappel>>
Grâce aux plaies dont les Egyptiens ont été frappés en Egypte, les Enfants d’Israël sont sortis d’Egypte. C’est ce que dit notre verset « וַחֲמֻשִׁים» [50] c’est à dire que c’est par la force des cinquante plaies qu’ont subies les Egyptiens que les Enfants d’Israël sont sortis d’Egypte.
Le verset nous donne encore plus en allusion car il y a un waw ו en plus (qui vaut 6), car selon l’opinion de Rabbi Aquiva qui nous dit que les Egyptiens furent frappés de 50 plaies en Egypte et 250 sur la mer, le nombre total de plaies est de 300 ce qui est précisément 6 fois 50 (le waw 6 et חמשים voulant dire 50). C’est ce que dit notre verset וַחֲמֻשִׁים c’est à dire ו- חמשים , c’est à dire 6 fois 50 plaies qu’il y a eu en Egypte et sur la mer (300 en tout), et grâce à ces plaies, les Enfants d’Israël sont sortis d’Egypte.
Il est connu que pharaon avait été lépreux et égorgeait 150 enfants le matin et 150 enfants le soir, et se baignait dans leur sang. Et donc il est normal qu’il ait été frappé de 300 plaies, en regard des 300 enfants qu’il faisait égorger chaque jour. Or il est écrit (Exode Ch. 2 v 23)
וַיְהִי בַיָּמִים הָרַבִּים הָהֵם, וַיָּמָת מֶלֶךְ מִצְרַיִם, וַיֵּאָנְחוּ בְנֵי-יִשְׂרָאֵל מִן-הָעֲבֹדָה, וַיִּזְעָקוּ; וַתַּעַל שַׁוְעָתָם אֶל-הָאֱלֹהִים, מִן-הָעֲבֹדָה.
Il arriva, dans ce long intervalle, que le roi d’Égypte mourut. Les enfants d’Israël gémirent du sein de l’esclavage et se lamentèrent; leur plainte monta vers D.ieu du sein de l’esclavage.
Les sages ont enseigné que la mort indiquée par ce verset, signifie en réalité que Pharaon était devenu lépreux et égorgeait 150 enfants matin et soir ; il s’avère donc que par le fait qu’il égorgeait 300 enfants cela a entraîné que les Hébreux sortent d’Egypte avant le temps fixé (de 400 ans) puisque « leur plainte monta vers D.ieu » qui s’est alors souvenu d’eux en bien .
C’est pour cela que le verset nous dit וַחֲמֻשִׁים c’est à dire 6 fois 50 qui nous rappelle les 300 enfants que Pharaon égorgeait chaque jour, et de ce fait les Enfants d’Israël sont montés du pays d’Egypte
Second Dévar Torah (déjà publié en 5772)
Livre Vé’ham Hashamesh de Rabbi Shalom Messas (זצ »ל) T1 page 211
Les premiers versets de notre Parasha sont :
וַיְהִי, בְּשַׁלַּח פַּרְעֹה אֶת-הָעָם, וְלֹא-נָחָם אֱלֹקִים דֶּרֶךְ אֶרֶץ פְּלִשְׁתִּים, כִּי קָרוֹב הוּא: כִּי אָמַר אֱלֹקִים, פֶּן-יִנָּחֵם הָעָם בִּרְאֹתָם מִלְחָמָה–וְשָׁבוּ מִצְרָיְמָה
Ce fut, lorsque Pharaon eut renvoyé le peuple, D.ieu ne les conduisit point par le chemin du pays des Philistins, qui était proche ; parce que D.ieu a dit : « De peur que le peuple ne se ravise à la vue de la guerre et qu’ils ne retournent en Égypte.
וַיַּסֵּב אֱלֹקִים אֶת-הָעָם דֶּרֶךְ הַמִּדְבָּר, יַם-סוּף; וַחֲמֻשִׁים עָלוּ בְנֵי-יִשְׂרָאֵל, מֵאֶרֶץ מִצְרָיִם.
D.ieu fit donc dévier le peuple par le chemin du désert, vers la mer des Joncs et les enfants d’Israël montèrent équipés du pays d’Égypte.
וַיִּקַּח מֹשֶׁה אֶת-עַצְמוֹת יוֹסֵף, עִמּוֹ: כִּי הַשְׁבֵּעַ הִשְׁבִּיעַ אֶת-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, לֵאמֹר, פָּקֹד יִפְקֹד אֱלֹקִים אֶתְכֶם, וְהַעֲלִיתֶם אֶת-עַצְמֹתַי מִזֶּה אִתְּכֶם.
Moïse emporta en même temps les ossements de Joseph car celui-ci avait formellement adjuré les enfants d’Israël, en disant: « D.ieu ne manquera pas de vous visiter et alors vous emporterez mes os de ce pays. »
וַיִּסְעוּ, מִסֻּכֹּת; וַיַּחֲנוּ בְאֵתָם, בִּקְצֵה הַמִּדְבָּר.
Ils levèrent le camps de Soukkoth et vinrent camper à Ètham, à l’extrémité du désert.
וַה׳ הֹלֵךְ לִפְנֵיהֶם יוֹמָם בְּעַמּוּד עָנָן, לַנְחֹתָם הַדֶּרֶךְ, וְלַיְלָה בְּעַמּוּד אֵשׁ, לְהָאִיר לָהֶם–לָלֶכֶת, יוֹמָם וָלָיְלָה.
L’Éternel les guidait, le jour, par une colonne de nuée qui leur indiquait le chemin, la nuit, par une colonne de feu destinée à les éclairer, afin qu’ils pussent marcher jour et nuit.
Les questions que nous sommes amenés à nous poser par rapport aux mots utilisés sont nombreuses :
- Pour quelle raison attribuer le fait de sortir d’Egypte à Pharaon alors que c’est le Saint béni soit-Il qui a fait en sorte que les Hébreux sortent d’Egypte ? comme il est écrit par ailleurs :
- קֵל, מוֹצִיאָם מִמִּצְרָיִם : D.ieu, les a fait sortir d’Egypte (Nombres Ch. 23, v 22)
- וַיֹּצִיאֵנוּ ה׳ מִמִּצְרַיִם, בְּיָד חֲזָקָה, l’Éternel nous en fit sortir d’une main puissante (Deutéronome, Ch. 6, v21)
- Le verset aurait dû être « Ce fut, lorsque les Enfants d’Israël sortirent d’Egypte ».
- Lorsque le verset dit « וְלֹא-נָחָם » « ne les conduisit point », s’il s’agit de la suite pour quelle raison utiliser le וְ « et » qui est une conjonction de coordination, il était suffisant de dire « לֹא-נָחָם » et de la même manière par la suite à chaque fois on a cette conjonction de coordination qui aurait pu être évitée וַיַּסֵּב, וַחֲמֻשִׁים, וַיִּקַּח מֹשֶׁה, וַיִּסְעוּ, מִסֻּכֹּת, וַה׳ הֹלֵךְ לִפְנֵיהֶם etc.
- Ce que dit le verset כִּי קָרוֹב הוּא « qui était proche », au contraire, afin d’aller vite Il aurait du les faire passer par un chemin proche (le plus court, le plus rapide)
- Lorsque le second verset dit « וַיַּסֵּב אֱלֹקִים» « D.ieu fit donc dévier », cela veut dire que les Enfants d’Israël s’efforçaient de passer par le chemin le plus court , et Hashem les en a détourné, cela n’était pas ce qui Lui convenait, qu’Il soit béni, et initialement, que pensait-Il (Hashem) .. ?
- Dans la suite des versets lorsque la Torah nous dit וַחֲמֻשִׁים, וַיִּקַּח מֹשֶׁה,, ce n’est pas le lieu de le dire ! Elle aurait dû nous l’enseigner dans la Parasha de Bo, lors de la première pérégrination à partir de Ramsès, c’eut été sa place !!
Pour comprendre ces sujets, nous allons donner en introduction une parabole (tirée du livre Shaar Bat Rabim) à propos d’un grand roi très connu. Ce roi a voulu faire la guerre à un autre roi qui était faible pour le soumettre (en faire son vassal).
Cependant comme il savait que ce roi n’allait pas sortir guerroyer contre lui puisque notre grand roi était puissant et riche, alors il a procédé par la ruse en demandant des prêts aux grandes fortunes afin de financer sa guerre. Ainsi, le roi faible allait penser que notre grand roi n’était pas si riche que cela.
De même, lors de leur trajet pour faire la guerre, les soldats du grand roi ont dévié leur chemin afin de ne pas passer par les portes du royaume (du roi faible) et parfois ils ont rebroussé chemin de plusieurs étapes comme s’ils s’étaient trompés de chemin. Lorsque le faible roi vit cela, il se dit que même s’il était un roi faible comparé à l’autre roi, malgré tout il pourrait lui faire la guerre et l’emporter (du fait de la désorganisation de l’autre). Il fit alors la guerre avec le grand roi et fut totalement vaincu !
La comparaison est la suivante, après que l’Eternel ait frappé les Egyptiens des dix plaies, il a à nouveau voulu détourner le cœur de Pharaon et de ses serviteurs afin qu’ils poursuivent les Hébreux et ainsi pouvoir les engloutir dans la mer. Les engloutir dans la mer, est « comportement pour comportement », sur le fait que les Egyptiens noyaient les jeunes garçons israélites dans le Nil. Hashem a craint que les Egyptiens considèrent Sa grande force, et ne quittent pas leur lieu de résidence pour poursuivre les Hébreux. Alors, qu’a Il fait ?
- Lorsqu’ils sont sortis d’Egypte, ils ne sont sortis qu’avec l’autorisation de Pharaon, comme on le voit dans le midrash, lorsque Pharaon a dit à Moïse et Aharon (Exode Ch. 12 v31) « קוּמוּ צְּאוּ מִתּוֹךְ עַמִּי», « Allez! Partez du milieu de mon peuple » ils lui ont répondu « sommes nous des voleurs pour partir en pleine nuit ? nous ne quitterons qu’au matin, avec ton autorisation ! » Ainsi, Pharaon s’est imaginé que la force de l’Eternel avait baissé, et qu’Il demandait l’autorisation à Pharaon. C’est ce que nous dit notre verset וַיְהִי, בְּשַׁלַּח פַּרְעֹה אֶת-הָעָם, Ce fut, lorsque Pharaon eut renvoyé le peuple : c’est Pharaon lui-même qui les a expulsé d’Egypte ! (ce qui répond à notre première question)
- וְלֹא-נָחָם אֱלֹקִים דֶּרֶךְ אֶרֶץ פְּלִשְׁתִּים, כִּי קָרוֹב הוּא, D.ieu ne les conduisit point par le chemin du pays des Philistins, qui était proche : le mot utilisé כִּי, signifie, dans notre contexte, « bien que », c’est à dire que bien que ce chemin était rapide (proche) pour aller en Erets Israël, malgré tout, l’Eternel ne les a pas conduit par ce chemin ; ainsi Pharaon s’est dit (si on peut se permettre de dire cela) que Hashem craignait un royaume faible comme les Philistins, et qu’Il n’avait pas la force de les vaincre (ce qui répond à la troisième question).
- וַיַּסֵּב אֱלֹקִים אֶת-הָעָם דֶּרֶךְ הַמִּדְבָּר, יַם-סוּף, D.ieu fit donc dévier le peuple par le chemin du désert, vers la mer des Joncs, il apparaît que Hashem ne les a pas conduit à la mer des joncs par un chemin direct, mais d’abord les a conduit dans le désert, ensuite les a fait revenir vers la mer des joncs et la mer des joncs les a bloqués et les a empêchés de poursuivre leur chemin.
- ; וַחֲמֻשִׁים עָלוּ בְנֵי-יִשְׂרָאֵל, מֵאֶרֶץ מִצְרָיִם et les enfants d’Israël montèrent équipés du pays d’Égypte : c’est à dire qu’ils étaient armés ce qui a conduit Pharaon à penser que l’Eternel se conduisait avec eux selon les chemins de la nature et non en faisant des miracles en leur faveur ;
- וַיִּקַּח מֹשֶׁה אֶת-עַצְמוֹת יוֹסֵף, עִמּוֹ: כִּי הַשְׁבֵּעַ הִשְׁבִּיעַ אֶת-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, לֵאמֹר, פָּקֹד יִפְקֹד אֱלֹקִים אֶתְכֶם, וְהַעֲלִיתֶם, Moïse emporta en même temps les ossements de Joseph car celui-ci avait formellement adjuré les enfants d’Israël, en disant: « D.ieu ne manquera pas de vous visiter » : nous voyons que ce ne sont les Enfants d’Israël qui ont emporté les ossements de Joseph mais seulement Moshé Rabbénou, Pharaon en a déduit que ce n’était pas la « visite » promise, que le temps de la vraie délivrance n’était pas arrivé, car les 400 ans d’exil n’étaient pas encore arrivés à leur terme.
- וַיִּסְעוּ, מִסֻּכֹּת; וַיַּחֲנוּ בְאֵתָם, Ils levèrent le camps de Soukkoth et vinrent camper à Ètham : ainsi donc leur comportement est conforme aux lois de la nature puisqu’ils sont obligés de s’arrêter pour se reposer (et donc D.ieu n’est plus parmi eux, ce qui laisse l’opportunité de les combattre et de les vaincre) ;
- L’Éternel les guidait, le jour, par une colonne de nuée qui leur indiquait le chemin, la nuit, par une colonne de feu destinée à les éclairer : voilà donc que l’Eternel, si on peut se permettre de dire, est obligé de se comporter selon les voies de la nature avec une colonne de feu ou une colonne de nuée pour leur indiquer le chemin, et également les pressait pour marcher jour et nuit, et ce afin de tromper le cœur de Pharaon puisqu’ils se déplacent également la nuit comme des personnes qui fuient (s’ils avaient été sereins, sans crainte, alors ils n’auraient marché que le jour)
- Pharaon a appris ce que l’Eternel a dit à Moshé (Exode Ch. 14 v2)
דַּבֵּר, אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, וְיָשֻׁבוּ וְיַחֲנוּ לִפְנֵי פִּי הַחִירֹת
Dis aux enfants d’Israël de remonter et de camper en face de Pi-Hahiroth,
Par cela (qui montrait une faiblesse supposée), Pharaon se dira
וְאָמַר פַּרְעֹה לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל, נְבֻכִים הֵם בָּאָרֶץ; סָגַר עֲלֵיהֶם, הַמִּדְבָּר.
Pharaon se dira que les enfants d’Israël sont égarés dans ce pays; que le désert les emprisonne.
Et du fait de toutes ces embrouilles (dans l’esprit de Pharaon) alors :
וְחִזַּקְתִּי אֶת-לֵב-פַּרְעֹה, וְרָדַף אַחֲרֵיהֶם
Et je raffermirai le cœur de Pharaon et il les poursuivra;
(Ce qui répond à toutes nos questions).
Troisième Dévar Torah (déjà publié en 5772)
Livre Vé’ham Hashamesh de Rabbi Shalom Messas (זצ »ל) T1 page 212
Le premier verset de notre Parasha est :
וַיְהִי, בְּשַׁלַּח פַּרְעֹה אֶת-הָעָם, וְלֹא-נָחָם אֱלֹקִים דֶּרֶךְ אֶרֶץ פְּלִשְׁתִּים, כִּי קָרוֹב הוּא: כִּי אָמַר אֱלֹקִים, פֶּן-יִנָּחֵם הָעָם בִּרְאֹתָם מִלְחָמָה–וְשָׁבוּ מִצְרָיְמָה
Ce fut, lorsque Pharaon eut renvoyé le peuple, D.ieu ne les conduisit point par le chemin du pays des Philistins, qui était proche ; parce que D.ieu a dit : « De peur que le peuple ne se ravise à la vue de la guerre et qu’ils ne retournent en Égypte ».
« De peur que le peuple ne se ravise à la vue de la guerre et qu’ils ne retournent en Égypte »
Il nous faut comprendre comment ils ont pu penser retourner en Egypte où ils avaient été réduits à un esclavage très dur, des travaux pénibles, à tel point que l’Eternel les en a fait sortir avant le temps fixé (de 400 ans), était il préférable, pour eux, qu’ils tombent entre les mains des Philistins plutôt que de retourner dans l’esclavage d’Egypte ? !
On peut dire, d’après ce que nous trouvons dans le Midrash, sur notre verset, וַיְהִי, בְּשַׁלַּח פַּרְעֹה אֶת-הָעָם, Ce fut, lorsque Pharaon eut renvoyé le peuple, le Midrash nous dit qu’il ne s’agit pas d’un langage de « renvoi » mais d’un langage « d’accompagnement » (on reconduit quelqu’un) ; (pour preuve) on retrouve cette forme dans le verset (Genèse Ch. 18 v 16) :
וַיָּקֻמוּ מִשָּׁם הָאֲנָשִׁים, וַיַּשְׁקִפוּ עַל-פְּנֵי סְדֹם; וְאַבְרָהָם–הֹלֵךְ עִמָּם, לְשַׁלְּחָם.
Les hommes se levèrent et fixèrent leurs regards dans la direction de Sodome; Abraham les accompagna pour les reconduire.
On peut expliquer avec une parabole concernant une matrone qui règne sur sa servante et la fait souffrir, cependant au moment de sa libération, elle lui montre alors un visage souriant afin que la servante croit que le cœur de son ancienne maitresse s’est transformé du mal au bien vis-à-vis d’elle, et ainsi cette servante se souviendra de sa maitresse avec bénédiction et non avec malédiction (un bon souvenir et non un mauvais souvenir).
Pharaon en a fait de même afin de tromper le cœur des enfants d’Israël, il les a raccompagnés afin de leur faire croire que son cœur s’était transformé et qu’il les aimait. En conséquence Hashem ne les conduisit point par le chemin …… de peur qu’ils ne retournent en Egypte !
Donnons une explication tirée du Midrash, qui a crié « hélas » ? [en hébreu וי , ce sont les deux premières lettres de la Parasha ; ou bien on sait que lorsqu’il y a le mot וַיְהִי cela annonce des souffrances] : c’est Pharaon ! Cela ressemble à un roi dont le fils était allé dans une autre contrée. Le fils est allé s’installer chez un personnage riche ; ce riche a accueillit le fils du roi avec générosité. Lorsque le roi sut qui avait accueilli son fils, et dans quelle contrée il se trouvait, il envoya alors des lettres à cet hôte (cette personne riche). Il lui dit : « laisse partir mon fils » ; le riche ne voulait pas le laisser partir, jusqu’à ce que le roi vienne reprendre son fils lui-même !
Ce riche a lors commencé à se plaindre sur le fait que le roi avait fait sortir son fils de chez lui ! Ses voisins lui demandèrent pour quelle raison il se plaignait ! Il répondit alors : « lorsque le fils du roi résidait chez moi, le roi m’écrivait des lettres, le roi avait besoin de moi, et j’étais important à ses yeux ! Maintenant que son fils est parti de chez moi, le roi n’a plus besoin de moi, c’est pour cela que je me lamente !
C’est ce qu’a dit Pharaon : lorsque les enfants d’Israël étaient chez moi, alors le Saint béni soit-Il avait besoin de moi, et j’étais important à Ses yeux, Il m’envoyait des lettres à tout instant et il disait (Exode Ch. 9 v1) :
כֹּהעאָמַר ה׳ אֱלֹקֵי הָעִבְרִים, שַׁלַּח אֶתעעַמִּי, וְיַעַבְדֻנִי.
Ainsi a parlé l’Éternel, D.ieu des Hébreux: Renvoie mon peuple pour qu’il m’adore.
Et lorsque le Saint béni soit-Il est descendu en Egypte, et en a fait sortir les enfants d’Israël, alors Pharaon a commencé à se lamenter, « Hélas ! j’ai renvoyé les enfants d’Israël !! ». C’est pour cela qu’il est écrit, les premiers mots de notre Parasha, וַיְהִי, בְּשַׁלַּח פַּרְעֹה אֶת-הָעָם [les 2 premières lettres faisant le mot וַיְ, Hélas !; ou bien le mot וַיְהִי annonce des souffrances].
Ceci est extraordinaire aux yeux de tous car il est connu que les lettres envoyées par Hashem à Pharaon ne sont autres que les dix plaies !!
Quatrième Dévar Torah (5773)
Nouvelle rubrique dans laquelle nous allons décortiquer le commentaire de Rashi sur quelques versets de la Parasha. Les explications sont tirées du livre « Rashi Hamméforash ». Le texte de Rashi en Français est tiré principalement du site « sefarim.fr » et est en fait celui du « Houmach avec Rachi » des éditions Gallia. J’y ai apporté de très légères modifications.
Le texte en gras, rouge et souligné est celui de la Torah ; le texte normal est celui de « Rashi Hamméforash » et le texte en gras est la traduction de Rashi proprement dite.
Les merveilles de Rashi !!
Exode Ch. 13 v. 17 :
וַיְהִי, בְּשַׁלַּח פַּרְעֹה אֶת-הָעָם, וְלֹא-נָחָם אֱלֹהִים דֶּרֶךְ אֶרֶץ פְּלִשְׁתִּים, כִּי קָרוֹב הוּא: כִּי אָמַר אֱלֹהִים, פֶּן-יִנָּחֵם הָעָם בִּרְאֹתָם מִלְחָמָה–וְשָׁבוּ מִצְרָיְמָה.
Or, lorsque Pharaon eut laissé partir le peuple, D.ieu ne les dirigea point par le pays des Philistins, lequel est rapproché parce que D.ieu disait: « Le peuple pourrait se raviser à la vue de la guerre et retourner en Égypte. »
וַיְּהִי בְשַׁלַּח פַּרְעֹה וְגוֹ’ וְלֹא נָחָם. וְלֹא נִהֲגָם כְּמוֹ לֵךְ נְחֵה אֶת הָעָם. בְּהִתְהַלֶּכְךָ תַּנְחֶה אוֹתְךָ:
Ce fut, lorsque Pharaon eut renvoyé … Il ne les conduisit pas Il ne les mena pas, comme dans : « Et maintenant va, conduis le peuple » (infra 32, 34), ou dans : « Quand tu marcheras, elle te conduira » (Michlei 6, 22).
כִּי קָרוֹב הוּא. וְנוֹחַ לָשׁוּב בְּאוֹתוֹ הַדֶּרֶךְ לְמִצְרַיִם וּמִדְרַשׁ אַגָּדָה יֵשׁ הַרְבֵּה:
Qui est proche le fait que c’était plus proche était une raison pour emprunter ce chemin, cependant dans notre cas c’était l’inverse car du fait que c’était proche il était facile de retourner en Egypte par le même chemin et lorsqu’il y aura la guerre, ils retourneront en Egypte. Il existe à ce sujet beaucoup de midrashim.
בִּרְאֹתָם מִלְחָמָה. כְּגוֹן מִלְחֶמֶת וַיֵּרֶד הָעֲמָלֵקִי וְהַכְּנַעֲנִי וְגוֹ’ אִם הָלְכוּ דֶּרֶךְ יָשָׁר הָיוּ חוֹזְרִים וּמַה אִם כְּשֶׁהִקִּיפָם דֶּרֶךְ מְעֻקָּם אָמְרוּ נִתְּנָה רֹאשׁ וְנָשׁוּבָה מִצְרָיְמָה אִם הוֹלִיכוּם בִּפְשׁוּטָה עַל אַחַת כַּמָּה וְכַמָּה (לְפִי סֵדֶר הַכָּתוּב נִרְאֶה הָרְשִׁימוֹת מְהֻפָּכִים וְעַיֵּן בְּרָאָ »ם וּבַגָּ »א וּבְמ »י יִשּׁוּב נָכוֹן עַ »ז):
Lorsqu’ils verront la guerre Comme la guerre avec Amaleq, comme il est écrit : « Le ‘Amaléqi et le Kena‘ani… descendirent, les battirent… » (Bémidbar 14, 45). S’ils avaient emprunté la route directe, ils auraient rebroussé chemin. Déjà, en utilisant un chemin détourné, ils ont dit : « Donnons-nous un chef et retournons en Egypte ! » (Bémidbar 14, 4). S’ils avaient pris la route directe, à bien plus forte raison seraient ils retournés en Egypte (Mekhilta).
פֶּן יִנָּחֶם. יַחְשְׁבוּ מַחֲשָׁבָה עַל שֶׁיָּצְאוּ וְיִתְּנוּ לֵב לָשׁוּב:
De peur que le peuple ne se ravise chaque fois que l’écriture utilise le langage «ניחום » (des mots de la même racine), il s’agit d’une autre pensée, c’est à dire qu’il a changé d’avis, de même dans notre cas l’intention est de qu’il se mettront à réfléchir sur leur départ, et voudront retourner en Egypte.
Exode Ch. 13 v. 18 :
וַיַּסֵּב אֱלֹהִים אֶת-הָעָם דֶּרֶךְ הַמִּדְבָּר, יַם-סוּף; וַחֲמֻשִׁים עָלוּ בְנֵי-יִשְׂרָאֵל, מֵאֶרֶץ מִצְרָיִם.
D.ieu fit donc dévier le peuple du côté du désert, vers la mer des Joncs et les enfants d’Israël partirent en bon ordre du pays d’Égypte.
וַיַּסֵּב. הֵסִבָּם מִן הַדֶּרֶךְ הַפְּשׁוּטָה לְדֶרֶךְ הָעֲקוּמָה:
Il fit faire un détour וַיַּסֵּב ne dénote pas un mouvement rotatoire c’est à dire qu’ils sont revenus à l’endroit d’où ils sont partis, mais dénote un mouvement qui n’est pas rectiligne c’est à dire qu’Il leur fit faire un détour par rapport à la route directe en leur faisant prendre une voie détournée.
יַם סוּף. כְּמוֹ לְיָם סוּף וְסוּף הוּא לָשׁוֹן אַגָּם שֶׁגְּדֵלִים בּוֹ קָנִים. כְּמוֹ וַתָּשֶׂם בַּסּוּף. קָנֶה וָסוּף קָמֵלוּ:
Mer des Joncs « la mer des joncs » ne désigne pas un désert [il ne faut pas lire « le désert de yam souf »] car le désert s’ appelle « désert de Sine » mais il manque la lettre « lamed » ל (préfixe signifiant « pour », « vers ») comme s’il avait dit « vers » la mer des Joncs, c’est à dire qu’ils ont pris le chemin du désert pour aller vers la mer des joncs. Le mot souf désigne un marais où poussent des roseaux de jonc, un végétal qui pousse sur les rives d’une rivière, comme dans : « elle [le] plaça dans les roseaux » (supra 2, 3), ou dans : « roseaux et joncs sont flétris » (Yecha’ya 19, 6).
וַחֲמֻשִּׁים. אֵין חֲמוּשִׁים אֶלָּא מְזוּיָנִים (לְפִי שֶׁהֲסִבָּתָן בַּמִּדְבָּר גָּרַם לָהֶם שֶׁעָלוּ חֲמוּשִׁים שֶׁאִלּוּ הָיָה דֶּרֶךְ יִשּׁוּב לא הָיוּ מְחוּמָשִׁים לָהֶם כָּל מַה שֶּׁצְּרִיכִין אֶלָּא כְּאָדָם שֶׁעוֹבֵר מִמָּקוֹם לְמָקוֹם וּבְדַעְתּוֹ לִקְנוֹת שָׁם מַה שֶּׁיִּצְטָרֵךְ אֲבָל כְּשֶׁהוּא פּוֹרֵשׁ לַמִּדְבָּר צָרִיךְ לְזַמֵּן כָּל הַצּוֹרֶךְ וְכָתוּב זֶה לא נִכְתָּב כִּי אִם לְשַׂבֵּר אֶת הָאוֹזֶן. שֶׁלֹּא תֹּאמַר בְּמִלְחֶמֶת עֲמָלֵק וּבְמִלְחֶמֶת סִיחוֹן וָעוֹג וּמִדְיָן מֵהֵיכָן הָיוּ לָהֶם כְּלֵי זַיִין שֶׁהִכּוּ יִשְׂרָאֵל בַּחֶרֶב. בְּרַשִׁ »י יָשָׁן) וְכֵן הוּא אוֹמֵר וְאַתֶּם תַּעֲבְרוּ חֲמוּשִׁים. וְכֵן תִּרְגֵּם אוּנְקְלוּס מְזָרְזִין כְּמוֹ וַיָּרֶק אֶת חֲנִיכָיו וְזָרֵיז. דָּבָר אַחֵר חֲמוּשִׁים אֶחָד מֵחֲמִשָּׁה יָצְאוּ וְאַרְבָּעָה חֲלָקִים מֵתוּ בִּשְׁלֹשֶׁת יְמֵי אֲפֵלָה:
Et équipés (‘hamouchim) Le mot ‘hamouchim signifie : « armés » (Mekhilta), équipés d’armes et d’instruments de guerre. Etant donné que Hachem leur a fait traverser un désert, Il les a fait voyager en armes. S’ils étaient passés par une région habitée, Il ne les aurait pas ainsi équipés, mais Il leur aurait fourni ce qu’il faut à des voyageurs qui se déplacent d’une endroit à un autre et qui achètent ce dont ils ont besoin. Mais pour traverser un désert, on a besoin de s’équiper. Ce verset a été inséré pour nous permettre de comprendre la suite des événements, la guerre de ‘Amaleq et celles de Si‘hon, de ‘Og et de Midyan : Comment ont-ils pu, s’ils ne portaient pas d’armes, les battre « à la pointe de l’épée » (infra 17, 13) ? On trouve le même mot dans : « Et vous, vous passerez armés » (Yehochou‘a 1, 14). Le Targoum Onqelos emploie le même mot ici que dans sa traduction du verset : « Il arma ses élèves » (Beréchith 14, 14).
Autre explication du mot ‘hamouchim : Ils sont sortis d’Egypte à raison de un sur cinq (‘hamicha), les quatre cinquièmes étant morts pendant les trois jours de ténèbres (Mekhilta), car il y avait des mécréants parmi les Israélites dans cette génération, qui ne voulaient pas sortir d’Egypte, et ils sont morts pendant les trois jours de ténèbres afin que les Egyptiens ne les voient pas dans leur chute, et qu’ils ne disent qu’ils été frappés comme eux (comme les Egyptiens).