Quarante quatrième passage – Cette Matsa
On a l’usage de lever la Matsa et de la montrer aux convives
מַצָּה זוֹ שֶׁאֲנַחְנוּ אוֹכְלִים עַל שׁוּם מָה. עַל שׁוּם שֶׁלֹּא הִסְפִּיק בְּצֵקָם שֶׁל אֲבוֹתֵינוּ לְהַחְמִיץ. עַד שֶׁנִּגְלָה עֲלֵיהֶם מֶלֶךְ מַלְכֵי הַמְּלָכִים הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא וּגְאָלָם מִיָּד. שֶׁנֶּאֱמַר. וַיֹּאפוּ אֶת הַבָּצֵק אֲשֶׁר הוֹצִיאוּ מִמִּצְרַיִם עֻגֹת מַצּוֹת כִּי לֹא חָמֵץ. כִּי גֹרְשׁוּ מִמִּצְרַיִם. וְלֹא יָכְלוּ לְהִתְמַהְמֵהַּ. וְגַם צֵדָה לֹא עָשׂוּ לָהֶם
Cette Matsa que nous mangeons, quelle en est la raison ? C’est parce que la pâte préparée par nos ancêtres n’a pas eu le temps de lever, lorsque le Roi des Rois, le Saint, Béni soit-Il se dévoila et les délivra sur le champ, comme il est dit (Exode Ch. 12, v39)
וַיֹּאפוּ אֶת-הַבָּצֵק אֲשֶׁר הוֹצִיאוּ מִמִּצְרַיִם, עֻגֹת מַצּוֹת–כִּי לאֹ חָמֵץ: כִּי-גֹרְשׁוּ מִמִּצְרַיִם, וְלאֹ יָכְלוּ לְהִתְמַהְמֵהַּ, וְגַם-צֵדָה, לאֹ-עָשׂוּ לָהֶם.
Ils firent, de la pâte qu’ils avaient emportée d’Égypte, des gâteaux azymes, car elle n’avait pas fermenté parce que, repoussés de l’Égypte, ils n’avaient pu attendre et ne s’étaient pas munis d’autres provisions.
1) Explication littérale tirée de la Haggadah Ish Matsliah (page 176)
Cette Matsa que nous mangeons, quelle en est la raison ? C’est parce que la pâte préparée par nos ancêtres n’a pas eu le temps de lever …c’est à dire qu’ils ont pétri de la pâte et ont pensé attendre qu’elle lève comme d’habitude. Comme l’heure de la délivrance était arrivée, ils ont dû faire cuire leur pâte immédiatement sans qu’elle ne lève. C’est un signe également pour nous, lorsque l’instant de la délivrance (future et proche nous l’espérons fortement) arrivera, l’Eternel ne nous laissera pas repousser la sortie un instant de plus, car le temps pour que la pâte fermente est de 18 minutes seulement, et eux n’ont pas pu repousser la sortie même de ce court moment.
2) Haggadah ‘Hazon Ovadia (page 85) au nom du Yalqout Haguershouni
Cette Matsa que nous mangeons, quelle en est la raison ? On peut éclairer ce passage par ce que nous avons vu plus haut (dans le passage sur le ‘Hakham) c’est-à-dire qu’il ne faut pas trop approfondir la raison des Mitsvot, et il faut les approfondir seulement pour pouvoir les pratiquer. C’est pourquoi cette soirée, où nous essayons de comprendre ces Mitsvot, au moment où la Matsa et le Maror sont posés devant nous, craignant qu’une personne qui nous observe n’en vienne à penser que si on ne comprend pas la raison de cette Mitsva alors on ne l’accomplira pas, le Maggid précise « que nous mangeons » c’est-à-dire que quoi qu’il en soit, nous en consommerons. Nous approfondissons pour comprendre ce qu’il est possible de comprendre, la raison sous-jacente, ce qui est comme si nous avions déjà accompli l’acte puisque de toute façon nous avons pris sur nous d’accomplir et de conserver la Mitsva quoi qu’il en soit
3) Haggadah Pirsoumé Nissah du Rav Yaâkov Raqa’h (page 305)
Cette Matsa que nous mangeons, quelle en est la raison ? Le Rav Derekh Emounah répond via notre passage à la question suivante : Comment D.ieu a-t-il pu faire en sorte que les Enfants d’Israël quittent l’Egypte comme des esclaves qui fuient leur maître, et pourquoi D.ieu n’a-t-il pas fait en sorte que Pharaon les laisse partir avec joie. Il me semble pouvoir répondre par ce que nous savons : les voies d’Hachem sont « Comportement en fonction du comportement », מדה כנגד מדה.
La raison pour laquelle ils sont allés à la mer est qu’ainsi les Egyptiens ont pu y être engloutis. Il faut se rappeler que les Egyptiens avaient décrété que tout mâle Israelite devait être jeté dans le fleuve, en conséquence si les Egyptiens les avaient laissés sortir joyeusement, les Egyptiens ne les auraient pas poursuivi et il n’y aurait pas eu la possibilité pour Hachem de se « venger » de ces meurtres. Selon le principe « comportement pour comportement » il était nécessaire que les Israélites partent comme des esclaves qui fuient afin qu’ensuite les Egyptiens puissent les poursuivre et être engloutis dans la mer.
4) Haggadah Pirsoumé Nissah du Rav Yaâkov Raqa’h (page 305)
On peut également dire que le Magguid vient nous rappeler la qualité d’humilité, car la Matsa rappelle l’humilité comme je l’ai rappelé sur le premier passage de la Haggadah. De plus, le mot utilisé זוֹ a pour valeur numérique 13 qui est celle du mot אחד (UN), car par l’humilité on unifie le nom de D.ieu et on reconnait qu’il est l’UNIQUE[1], de même les personnes humbles sont « uniques » (choyées) grâce à cette qualité d’HUMILITE. Le mot מָה, utilisé après, vient nous rappeler l’humilité, car il fait allusion à l’expression (utilisée par Moshé Rabbénou qui est l’archétype de l’humilité) וְנַחְנוּ מָה , « Mais nous, que sommes-nous ? » ; car comme les Hébreux étaient humble en Egypte et n’ont été délivrés que lorsqu’ils ont atteint cette humilité, c’est pour cela que le verset, rapporté dans notre passage, poursuit « car elle n’avait pas fermenté », suivi immédiatement par « jusqu’à ce que se dévoile le Roi des Rois , le Saint béni soit-Il[2]» ; c’est-à-dire qu’une personne humble est un vecteur permettant le dévoilement de la Shékhinah, la présence divine. Le passage poursuit par « et il les délivra sur le champ », c’est-à-dire que dès qu’ils ont été [suffisamment] humbles, alors Il les a fait sortir d’Egypte.
[1] Si on reconnait que D.ieu est un, Omniscient, Omnipotent, Omniprésent ; quelle place reste-t-il pour l’orgueil ? A contrario, un être humble reconnait la supériorité écrasante de D.ieu.
[2] Cette traduction est plus proche du texte et moins littéraire, elle correspond bien à ce que veut signifier l’auteur.