Quarante deuxième passage – Rabban Gamliel
רַבָּן גַּמְלִיאֵל הָיָה אוֹמֵר. כָּל-מִי שֶׁלֹּא אָמַר שְׁלֹשָׁה דְבָרִים אֵלּוּ בַּפֶּסַח לֹא יָצָא יְדֵי חוֹבָתוֹ. וְאֵלּוּ הֵן: פֶּסַח, מַצָּה, וּמָרוֹר
Rabban Gamliel avait l’habitude d’énoncer cette loi : « toute personne qui ne dit pas ces trois choses à Pessa’h n’est pas quitte de son obligation. Ces trois choses sont : le sacrifice Pascal, la Matsa et le Maror (herbes amères).
Explication littérale tirée de la Haggadah Ish Matsliah (page 173)
Rabban Gamliel avait l’habitude d’énoncer cette loi : Toute personne qui ne dit pas ces trois choses à Pessa’h, c’est à dire la raison pour laquelle la Torah nous a demandé de les accomplir, bien qu’il ait mangé ces « choses » et accompli ces Mitsvoth dans les faits, n’est pas quitte de son obligation. Ces trois choses sont : le sacrifice Pascal, la Matsa et le Maror (herbes amères).
Le Rambam (Maïmonide) a tranché selon l’opinion de Rabban Gamliel (Hilkhoth ‘Hamets Oumatsah, Ch 7, Halakha 5).
Rabbénou Manoua’h écrit à ce propos que toutes les Mitsvot ont une raison et la connaissance de la raison des Mitsvot est un fondement essentiel (du judaïsme) qui vient cependant après la réalisation de ces Mitsvot. Car, lorsqu’un individu se rappelle des Mitsvot et de leur raison alors cela le réveille pour croire en l’Eternel d’une foi pure et complète. Car la Guéoulah (délivrance) en Egypte a été faite aux yeux de tout Israël et il était clair auprès de tous les peuples que Lui seul dispose du gouvernement, à la fois dans les cieux et sur Terre. C’est pourquoi la Mishna, dans les passages qui suivent explique la raison de chacune de ces Mitsvot.
Haggadah ‘Hazon Ôvadiah (page 82)
רַבָּן גַּמְלִיאֵל הָיָה אוֹמֵר. כָּל-מִי שֶׁלֹּא אָמַר שְׁלֹשָׁה דְבָרִים אֵלּוּ בַּפֶּסַח לֹא יָצָא יְדֵי חוֹבָתוֹ Rabban Gamliel avait l’habitude d’énoncer cette loi : « toute personne qui ne dit pas ces trois choses à Pessa’h n’est pas quitte de son obligation. On mentionne ici la fête de Pessa’h et pas « fête des Matsot » comme cette fête est nommée dans la Torah. On peut expliquer cela par le fait que systématiquement l’Eternel est glorifié par le peuple d’Israël ; et Israël est glorifié systématiquement par l’Eternel comme on le voit dans le Talmoud (Bérakhot 6a) : qu’est-il écrit dans les Tefillin (phylactères) du maître du monde ? « Qui est comme Ton peuple, un peuple unique sur la terre » alors que dans les Tefillin des Enfants d’Israël il est écrit « Ecoute Israël, Hachem est notre D.ieu, Hachem est UN ».
De même ici, le sacrifice Pascal montre les bontés de l’Eternel envers nous car « il a sauté (Passa’h) au-dessus des maisons des enfants d’Israël en Egypte, alors qu’il frappa les Égyptiens et a préservé nos demeures ». Les Matsot montrent la gloire des enfants d’Israël qui se sont empressés de sortir d’Egypte bien que leur pâte n’avait pas eu le temps de fermenter pour se rendre dans le désert dans une terre aride, et il n’avaient pas fait de provision, comme le dit le verset (Jérémie Ch. 2, v2)
זָכַרְתִּי לָךְ חֶסֶד נְעוּרַיִךְ, אַהֲבַת כְּלוּלֹתָיִךְ–לֶכְתֵּךְ אַחֲרַי בַּמִּדְבָּר, בְּאֶרֶץ לֹא זְרוּעָה
Je te garde le souvenir de l’affection de ta jeunesse, de ton amour au temps de tes fiançailles, quand tu me suivais dans le désert, dans une région inculte.
C’est pour cela que le Saint béni soit-Il a écrit dans la Torah « la fête des Matsot » pour montrer les louanges que méritent les enfants d’Israël tandis que les enfants d’Israël appellent « fête de Pessa’h » pour montrer les louanges que mérite l’Eternel.
Haggadah Kos Eliahou (pages 72-73)
רַבָּן גַּמְלִיאֵל הָיָה אוֹמֵר. Tossefoth Yom Tov, dans la Mishna de Péssa’him (Ch. 10, Mishna 5) nous apprend que la raison de Rabban Gamliel est qu’il est écrit (Nombres Ch. 12 v27)
וַאֲמַרְתֶּם זֶבַח-פֶּסַח הוּא
Vous répondrez [vous direz] C’est le sacrifice de la pâque en l’honneur de l’Éternel
C’est-à-dire qu’il faut le dire explicitement, on a besoin de dire « Le sacrifice Pascal que nous mangeons »[1], la Matsa et le Maror ayant été juxtaposés à Pessa’h, le sacrifice Pascal, dans les versets on en déduit (par les règles d’interprétation de la Torah) qu’il faut également dire « Cette Matsa » « Ce Maror ».
Par cela je comprends la nécessité de rappeler le nombre de « choses », ce nombre que vient il réduire ? (de choses à dire, tout le monde sait que Péssa’h, Matsa et Maror ça fait trois ! quelle nécessité d’en donner le nombre ? Que cela vient-il exclure ?)
La Torah a été très pointilleuse et a ramené en de nombreux endroits la nécessité de narrer la sortie d’Egypte cette nuit, mais nous ne savons pas ce que la Torah exige que nous racontions ce soir-là ; est-ce que la Torah exige de raconter par moult détails ou bien la Torah s’attache-t-elle à ce que nous racontions quelques points bien précis ?
Maintenant que la Torah dévoile l’obligation de dire ces trois choses on comprend que seules ces trois choses sont obligatoires et sont le principal de la narration de la sortie d’Egypte. Dès lors si on n’en dit pas une d’entre elles alors même a posteriori nous ne sommes pas quittes de notre obligation de narrer la sortie d’Egypte. Par contre toutes les autres parties de la Haggadah ne font partie « que » de « tout celui qui multiple la narration de la sortie d’Egypte est digne de louanges ». C’est pour cela que Rabban Gamliel précise le nombre (de trois).
Haggadah Kos Eliahou (pages 73)
פֶּסַח, מַצָּה, וּמָרוֹר: « le sacrifice Pascal, la Matsa et le Maror » : il faut comprendre pourquoi Rabban Gamliel a énoncé dans cet ordre ; or la vie amère vécue par nos ancêtres en Egypte précède (dans le temps) le sacrifice Pascal qui a eu lieu le soir du 15 Nissan et en conséquence on aurait dû commencer par le Maror. Il est vrai que le verset (Nombres Ch.12, v8) a le même ordre que celui énoncé ici
וְאָכְלוּ אֶת-הַבָּשָׂר, בַּלַּיְלָה הַזֶּה: צְלִי-אֵשׁ וּמַצּוֹת, עַל-מְרֹרִים יֹאכְלֻהוּ.
Et l’on en mangera la chair cette même nuit; on la mangera rôtie au feu et accompagnée d’azymes et d’herbes amères
Mais quelle en est la raison ? Il me semble Rabban Gamliel voulait signifier que deux de ces trois choses obligatoires, que sont le sacrifice Pascal et la Matsa, sont plus fondamentaux que le Maror. En effet ces deux là représentent plus fondamentalement le miracle et la délivrance ; le sacrifice Pascal car l’Eternel a épargné les maisons des Hébreux lors de la mort des premiers nés et la Matsa car lors de la sortie d’Egypte ils n’ont pas eu le temps de laisser fermenter la pâte. C’est pour cela que Rabban Gamliel a fait précéder ces deux-là au Maror.
Haggadah Ôlelot Haguéfen page 168
פֶּסַח, מַצָּה, וּמָרוֹר: « le sacrifice Pascal, la Matsa et le Maror » : il faut comprendre pourquoi Rabban Gamliel a énoncé dans cet ordre. Il faut comprendre ! Il aurait dû dire plutôt l’ordre suivant « le sacrifice Pascal, le Maror et la Matsa» car tel est l’ordre chronologique: d’abord les Egyptiens ont rendues amères leur vie et seulement ensuite ils ont mangé de la Matsa lors de la sortie d’Egypte. J’ai vu dans le livre Magguid Laadam que l’auteur précise que le Maror a été énoncé à la fin pour nous rappeler que même si après la libération d’Egypte survenait un exil et une vie amère, nous devons nous souvenir comment nos ancêtres sont sortis d’Egypte en un très court instant, de l’obscurité totale à la lumière éclatante et nous saurons ainsi que de la même manière que lors de la sortie d’Egypte il y eut ces miracles dans les autres délivrances Hachem nous montrera des prodiges.
Le livre Safa Ahat écrit que notre passage fait allusion au Baâl Téshouva, à celui qui se repent et rejoint la pratique du Judaïsme ; que doit-il faire pour que le Saint Béni Soit-Il accepte sa Téshouva ? En premier lieu il doit abandonner ses mauvaises pratiques (ce qui est interdit par la Torah et faire ce qui est demandé par la Torah) comme la Torah l’indique (Nombre Ch. 12, v21) מִשְׁכוּ, וּקְחוּ לָכֶם צֹאן, « Choisissez et prenez chacun du menu bétail pour vos familles » le mot מִשְׁכוּ signifie tirer, les sages dans le Midrash expliquent « retirez vos mains de l’idolâtrie » ce qui est le premier pas[2]. La seconde chose, que doit faire le Baâl Téshouvah, est qu’il doit s’attacher au Saint, béni soit-Il et cela est suggéré par la Matsa qui rappelle la Shékhina (la présence Divine) comme l’enseigne le Zohar Hakadosh.
De même, la Matsa symbolise le bon penchant de l’individu (elle ne gonfle pas)[3]. En troisième lieu il faut qu’il se rappelle et se soucie tout le temps de ses fautes passées comme le dit le Roi David וְחַטָּאתִי נֶגְדִּי תָמִיד, « et mon péché est sans cesse sous mes regards » et cela est symbolisé par le Maror qui rappelle les soucis et l’amertume causés à l’individu du fait de ses fautes.
J’ai également vu dans le livre « Beth Moêd » que le sacrifice Pascal vient rappeler notre service envers l’Eternel et l’accomplissement de ses Mitsvot ; la preuve en est que lorsqu’on écrit pleinement les lettres du mot פֶּסַח comme cela פה סמך חת, la valeur numérique est 613[4] (85+120+408=613) !! De même le mot מצות écrit pleinement comme cela: מם צדי ואו תיו donne également pour valeur numérique 613 (80+104+13+416=613). Et donc on comprend pourquoi on fait précéder le sacrifice Pascal et la Matsa au Maror puisque la Matsa a une ressemblance avec le sacrifice Pascal puisque les deux symbolisent (par le décompte fait plus haut) le respect de toutes les Mitsvot !
J’ai également vu que פֶּסַח, מַצָּה, מָרוֹר a la même valeur numérique que קרע שטן (« déchire Satan ») pour nous indiquer que celui qui respecte et accomplit les Mitsvoth de « Pessa’h, Matsa, Maror » comme elles sont prescrites, alors toutes les accusations du Satan portées contre lui sont détruites.[5]
[1] Lorsque le Temple existe ou bien « que nos pères mangeaient » lorsque le temple n’existe pas.
[2] Donc on commence par le sacrifice Pascal
[3] Donc on poursuit par la Matsa
[4] Qui est le nombre de commandements de la Torah
[5] Ces accusations sont nos fautes.