Trente neuvième passage – Ribbi Akiva disait
רַבִּי עֲקִיבָא אוֹמֵר. מִנַּיִן שֶׁכָּל מַכָּה וּמַכָּה שֶׁהֵבִיא הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא עַל הַמִּצְרִיִּים בְּמִצְרַיִם הָיְתָה שֶׁל חָמֵשׁ מַכּוֹת. שֶׁנֶּאֱמַר יְשַׁלַּח בָּם חֲרוֹן אַפּוֹ. עֶבְרָה וָזַעֵם וְצָרָה. מִשְׁלַחַת מַלְאֲכֵי רָעֵים. חֲרוֹן אַפּוֹ אַחַת. עֶבְרָה שְׁתַּיִם. וָזַעַם שָׁלֹשׁ. וְצָרָה אַרְבַּע. מִשְׁלַחַת מַלְאֲכֵי רָעִים חָמֵשׁ. אֱמוֹר מֵעַתָּה בְּמִצְרַיִם לָקוּ חֲמִשִּׁים מַכּוֹת. וְעַל הַיָּם לָקוּ מָאתַיִם וַחֲמִשִּׁים מַכּוֹת:
Ribbi Âquiva disait, d’où sait on que chaque plaie que le Saint, béni soit-Il, a infligé aux Egyptiens était constituée de cinq plaies ? Puisqu’il est dit [Psaumes Ch. 78, v49] « Il lâcha sur eux l’ardeur de Sa colère, courroux et malédiction et fléaux, tout un essaim d’anges malfaisants. »
- l’ardeur de Sa colère, indique une plaie ;
- courroux, cela en fait deux;
- et malédiction, cela fait trois plaies ;
- fléaux, cela fait quatre plaies ;
- un essaim d’anges malfaisants, cela fait cinq plaies ;
Déduis-en de là qu’ils furent frappés en Egypte de cinquante plaies et sur la mer de deux-cent cinquante plaies.
Haggada Kos Eliahou du Rav Eliahou Ben Harosh pages 68-69
Ribbi Eliêzer disait, Ribbi Âquiva disait ces deux Rabbins ont la même opinion pour prendre en considération le verset supplémentaire qu’ils ramènent tous les deux (Psaumes Ch. 78 v49) dans la Haggada. Ils expliquent que ce verset en plus, vient nous apprendre que chaque plaie contenait quatre ou cinq plaies chacun selon son opinion. La raison en est que dans le livre des Psaumes [78] lorsque sont mentionnées les plaies en détail, ce verset est placé au milieu de l’énumération des plaies sans le rattacher à aucune plaie. De là il semble que ce verset s’applique à toutes les plaies mentionnées avant et après ce verset : chaque plaie était constituée [composée] de quatre ou de cinq plaies.
Leur opposition sur l’interprétation du verset provient de ce que Ribbi Eliêzer a une difficulté car le premier terme « l’ardeur de Sa colère » est un possessif alors que les quatre autres termes sont à la forme impersonnelle, le verset aurait du dire «חרון אף » « l’ardeur de la colère » (ou inversement tous les termes au possessif). De plus le premier mot qui suit « l’ardeur de Sa colère » est sans ו, c’est à dire ET conjonction de coordination, c’est pour cela qu’il considère חֲרוֹן אַפּוֹ comme ne faisant pas parti du décompte, mais que cette expression est une introduction aux mots qui suivent (qui viennent le détailler) et il faut lire le verset ainsi : « l’ardeur de Sa colère, c’est à dire, courroux et malédiction et fléaux, tout un essaim d’anges malfaisants » et donc « courroux » est le premier de la décomposition, c’est pour cela qu’il ne commence pas par une conjonction de coordination.
Ribbi Âquiva, quant à lui, considère que « l’ardeur de Sa colère » fait partie du décompte et n’est pas une introduction aux mots qui suivent qui le détaillent. Il considère que le premier terme est un possessif et que les autres termes sont également au possessif (mais de manière implicite). Ou bien, Ribbi Âquiva considère que le possessif est utilisé uniquement pour « l’ardeur de Sa colère » car cette colère était très grande ; c’est ce que nous observons dans les versets (où nous observons une grande colère) :
וַיִּחַר-אַף יְהוָה, בָּאָרֶץ הַהִוא, לְהָבִיא עָלֶיהָ אֶת-כָּל- הַקְּלָלָה, הַכְּתוּבָה בַּסֵּפֶר הַזֶהּ.
Alors la colère de l’Éternel s’est allumée contre ce pays-là, au point de diriger sur lui toutes les malédictions écrites dans ce livre (Deutéronome, Ch. 29 v26) et un peu avant (Deutéronome Ch. 29 v23)
וְאָמְרוּ, כָּל-הַגּוֹיִם, עַל-מֶה עָשָׂה ה׳ כָּכָה, לָאָרֶץ הַזֹּאת; מֶה חֳרִי הָאַף הַגָּדוֹל, הַזֶּה
et quand ils diront, tous ces peuples: « A quel propos l’Éternel a-t-il ainsi traité ce pays? Pourquoi s’est allumée cette grande colère? »
Et également (Lamentations Ch. 1, v12)
לוֹא אֲלֵיכֶם, כָּל-עֹבְרֵי דֶרֶךְ–הַבִּיטוּ וּרְאוּ, אִם-יֵשׁ מַכְאוֹב כְּמַכְאֹבִי אֲשֶׁר עוֹלַל לִי: אֲשֶׁר הוֹגָה יְהוָה, בְּיוֹם חֲרוֹן אַפּוֹ.
N’est-ce pas à vous que je m’adresse, O vous tous qui passez par là? Regardez et voyez s’il est une douleur comparable à ma douleur à moi, dont l’Eternel m’a affligée au jour de son ardente colère.
Pour Ribbi Âquiva, le fait que le second terme, courroux, n’est pas avec une conjonction de coordination ne pose pas de problème car c’est usuel dan les versets et d’ailleurs dans ce même verset le dernier terme un essaim d’anges malfaisants n’a pas de conjonction de coordination.
Le Shla (Haqadosh) donne une allusion pour appuyer les propos de Ribbi Eliêzer que chaque plaie était constituée de quatre plaies, que le terme utilisé par Hachem lorsqu’il s’adresse à Avram pour lui annoncer le décret d’exil est דן qu’on peut lire ד=4 fois ן=50 (soit 200). Par contre pour Ribbi Âquiva il explique seulement son raisonnement, la plaie étant constituée de 4 partie sans compter la source de la plaie elle même (et donc l’allusion sur דן peut s’appliquer mais en ne tenant pas compte de la source de la plaie).
Il me semble humblement pouvoir expliquer les propos de Ribbi Âquiva et avec cette explication on peut également éliminer les difficultés des commentateurs sur les propos de Ribbi Yossé Hagalili (passage 37) indiquant qu’il y a eu sur la mer 50 plaies. L’opinion de Ribbi Yossé Hagalili vient du fait que sur la mer il est écrit (Exode Ch. 14 v31)
וַיַּרְא יִשְׂרָאֵל אֶת-הַיָּד הַגְּדֹלָה
Israël vit la grande main
Alors qu’en Egypte il est écrit (Exode Ch 8, v15)
וַיֹּאמְרוּ הַחַרְטֻמִּם אֶל-פַּרְעֹה, אֶצְבַּע אֱלֹהִים הִוא
Les devins dirent à Pharaon: « Le doigt de D.ieu est là! »
Ribbi Yossi Hagalili considère donc qu’il y a cinq fois plus de plaies sur la mer qu’en Egypte (une main étant constituée de 5 doigts, les versets n’utilisant pas les termes au hasard). Cependant, même en Egypte, à l’occasion de la plaie « Peste » le terme « main » est utilisé (Exode Ch. 9, v3)
הִנֵּה יַד-ה׳ הוֹיָה, בְּמִקְנְךָ אֲשֶׁר בַּשָּׂדֶה, בַּסּוּסִים בַּחֲמֹרִים בַּגְּמַלִּים, בַּבָּקָר וּבַצֹּאן–דֶּבֶר, כָּבֵד מְאֹד.
voici: la main de l’Éternel se manifestera sur ton bétail qui est aux champs, chevaux, ânes, chameaux, gros et menu bétail, par une mortalité très grave.
Les commentateurs ont donné des explications mais ont éprouvé des difficultés. C’est pour cela que je pense que lors des plaies d’Egypte comme le terme « main » est utilisé et le terme « doigt » est également utilisé ce qui donne deux choses contradictoires, nous sommes obligés de dire que : chacune des dix plaies, qui était faite avec un doigt, était constituée de 5 plaies le nombre de doigts d’une main, et ceci est presque une preuve claire éclatante pour prouver l’opinion de Ribbi Âquiva.
Ribbi Eliêzer[1], pense que le mot « main » יד utilisé en Egypte signifie que chacune des 10=י plaies était constituée de ד=4 plaies.
Le fait de ramener le verset [Psaumes Ch. 78, v49] dans notre passage vient du fait que dans ce verset on détaille de quoi était constituée chaque plaie mais la preuve provient des explications des versets faite plus haut.
[1] décompose le mot יד en chacune de ses lettres י=10 et ד=4