Vingt sixième passage – Et notre détresse
וְאֶת לַחֲצֵנוּ. זֶה הַדְּחַק. כְּמוֹ שֶׁנֶּאֱמַר. וְגַם רָאִיתִי אֶת הַלַּחַץ אֲשֶׁר מִצְרַיִם לוֹחֲצִים אֹתָם:
et notre détresse, ceci se réfère au régime oppressif, comme il est dit (Exode Ch. 3, v 9) :
oui, j’ai vu l’oppression dont les Égyptiens les accablent.
Haggada Pirsoumé Nissa du Rav Yaâkov Raqa’h page 261
et notre détresse, ceci se réfère au régime oppressif, le Rav Haïm Lerosh explique selon le commentaire de Rashi sur le verset
וְגֵר לֹא-תוֹנֶה, וְלֹא תִלְחָצֶנּוּ: כִּי-גֵרִים הֱיִיתֶם, בְּאֶרֶץ מִצְרָיִם
Tu ne contristeras point l’étranger ni ne le molesteras; car vous-mêmes avez été étrangers en Egypte.
Il est possible de dire, comme l’indique le Zohar, que Job a conseillé de prendre l’argent des Enfants d’Israël et pour cela on dit « et notre détresse » pour rappeler qu’ils ont volé notre argent et nous ont laissés pauvres par le conseil donné par Job, car ils pensaient que le verset
וְעִנּוּ אֹתָם–אַרְבַּע מֵאוֹת, שָׁנָה
où elle sera asservie et opprimée, durant quatre cents ans[1].
voulait dire « et ils les appauvriront durant quatre cents ans »[2], et c’est ce que dit le Magguid car זֶה הַדְּחַק a pour valeur numérique 130 (en rajoutant 1 pour l’expression elle même) ce qui est la valeur du mot עני qui signifie pauvre (ou pauvreté), c’est à dire qu’ils nous ont opprimé pour prendre notre argent et nous laisser pauvre. Notre passage se termine par j’ai vu l’oppression dont les Égyptiens les accablent c’est à dire que les Egyptiens les oppressaient en leur volant leur argent et en les laissant pauvres. D’ailleurs le dernier mot de notre passage [3] אותם forme les premières lettres (dans le désordre) de l’expression ועצת איוב תטול ממונם, « le conseil de Job était de prendre leur argent».
2) Haggada Higguid léâmo, partie פּירוש מלוקט, explication littérale, Ribbi Bouguid Saâdoun pages 104-105
et notre détresse, ceci se réfère au régime oppressif il s’agit de la fabrication des briques (Aboudraham et Colbo) Dans le Shiboulé Haléquet le sujet est plus détaillé : certains expliquent qu’il s’agissait de la pression psychologique que les contremaîtres exerçaient sur les Hébreux pour finir le compte dû de briques, c’est d’ailleurs ce que rend la traduction en Araméen « le contremaîtres les stressaient » ; l’objectif était de réduire leurs forces à l’extrême et de les détruire.
La différence entre לחץ et דוחק qui sont les termes utilisés ici, est que le premier terme (לחץ) est utilisé parfois sur des coups physiques et une compression d’organe comme on le voit à propos de Bilâm
וַתֵּרֶא הָאָתוֹן אֶת-מַלְאַךְ ה׳, וַתִּלָּחֵץ אֶל-הַקִּיר, וַתִּלְחַץ אֶת-רֶגֶל בִּלְעָם, אֶל-הַקִּיר; וַיֹּסֶף, לְהַכֹּתָהּ.
L’ânesse, voyant l’ange du Seigneur, se serra contre le mur, et froissa contre le mur le pied de Balaam, qui la frappa de nouveau.
Le terme לחץ (traduit ici par froisser) signifie dans ce cas « compresser ». Ce terme est utilisé également parfois sur le fait d’obliger, de forcer comme ce que fait un contremaître vis-à-vis d’esclaves qu’il supervise afin qu’ils accomplissent leurs tâches avec le plus grand stress sans aucune relâche, son objectif est de les détruire. Ce second aspect, la pression psychologique, se nomme également דוחק. C’est pourquoi le Magguid nous enseigne que לַחֲצֵנוּ n’est pas une simple pression physique mais celle exercée par un contremaître qui harcèle sans cesse ; ce harcèlement est d’ailleurs ramené dans le verset (Exode, Ch. 5, v13)
וְהַנֹּגְשִׂים, אָצִים לֵאמֹר: כַּלּוּ מַעֲשֵׂיכֶם דְּבַר-יוֹם בְּיוֹמוֹ, כַּאֲשֶׁר בִּהְיוֹת הַתֶּבֶן.
Les commissaires le harcelaient [le peuple], disant: « Remplissez votre tâche jour par jour, comme lorsque la paille vous était livrée. »
Le Magguid ramène en preuve de notre passage le verset oui, j’ai vu l’oppression dont les Égyptiens les accablent. Dans ce verset c’est le terme לחץ qui est utilisé, il ne s’agit pas d’une pression physique mais d’une pression psychologique. La raison pour laquelle le Magguid rapporte ce verset et non celui plus explicite Les commissaires le harcelaient est que le mot לחץ y est utilisé et nous avons besoin de comprendre ce terme (qui a deux sens) pour pouvoir comprendre וְאֶת לַחֲצֵנוּ qui est le sujet de notre passage.
[1] Ce verset s’adressait à Abraham, et donc peut être connu par d’autres
[2] וְעִנּוּ possède un daghesh dans le noun, sans ce point le mot change de sens et signifie « appauvrir »
[3] C’est une autre orthographe du même mot