Vingt troisième passage – l’Éternel entendit notre voix
וַיִּשְׁמַע ה׳ אֶת קֹלֵנוּ. כְּמוֹ שֶׁנֶּאֱמַר. וַיִּשְׁמַע אֱלֹקִים אֶת נַאֲקָתָם. וַיִּזְכֹּר אֱלֹקִים אֶת בְּרִיתוֹ. אֶת אַבְרָהָם אֶת יִצְחָק וְאֶת יַעֲקֹב:
l’Éternel entendit notre voix, comme il est dit (Exode Ch. 2, v24):
Le Seigneur entendit leurs gémissements et Il se ressouvint de Son alliance avec Abraham, avec Isaac et avec Jacob.
1) Haggada Pirsoumé Nissa du Rav Yaâkov Raqa’h page 256
l’Éternel entendit notre voix, comme il est dit « Le Seigneur entendit leurs gémissements » il est possible d’expliquer en s’appuyant sur les propos du Rav Sim’hat Haréguel (page 9b). Il y rappelle que c’est seulement dans le cas où un fils est idolâtre qu’un père ne peut pas lui donner du mérite; par contre si le fils n’est pas idolâtre le père peut donner du mérite à son fils [les bonnes actions du père peuvent profiter au fils].
Lorsque les enfants d’Israël se sont retirés des pratiques idolâtres en Egypte alors les mérites des Patriarches pouvaient leur être appliqués. Dans un autre livre le Rav explique que le verset (de notre passage) Les enfants d’Israël gémirent du sein de l’esclavage ces gémissements venaient du fait qu’ils se mortifiaient d’avoir pu pratiquer l’idolâtrie et étaient en grande repentance[1].
Et c’est bien ce que nous dit le Magguid, l’Éternel entendit notre voix, la voix de la repentance et en conséquence le mérite de nos Patriarches pouvait nous aider, puisque le mérite d’un pères peut s’appliquer au fils lorsque le fils n’est pas idolâtre. C’est pour cela que le Magguid termine par et Il se ressouvint de Son alliance avec Abraham, avec Isaac et avec Jacob. Les mérites des Patriarches pouvaient désormais leur être appliqués.
2) Haggada Ôléloth Haguéfen du Rav Guidôn Âttia page 129
J’ai vu dans la Haggada כסא דפּיסחא où notre passage est expliqué en s’appuyant sur l’explication de Rashi sur le verset (Genèse Ch. 12, v2) וַאֲגַדְּלָה שְׁמֶךָ je rendrai ton nom glorieux, littéralement j’agrandirai ton nom. Rashi y explique : « Je rendrai ton nom glorieux » – c’est pourquoi on dit dans la âmida « Eloqei Ya’aqov » [dans la prière silencieuse debout, on dit D.ieu de Jacob].
Cette explication est difficile, d’où peut on affirmer que comme D.ieu a dit a Avram[2] « j’agrandirai ton nom » alors on dit « Eloqei Ya’aqov » « D.ieu de Jacob » dans la prière
Les commentateurs expliquent que dans la prière on dit « D.ieu de Jacob » et pas « D.ieu d’Israël » (le nouveau nom de Jacob) car l’ensemble des lettres des trois patriarches est ainsi de 13 comme la valeur numérique du mot אחד UN, si le nom Israël ישׂראל était utilisé on aurait alors 14 lettres et pas 13 (et on ne pourrait donner une allusion à l’unicité et à l’unité du Créateur).
Dans la prière nous voulons avoir seulement 13 lettres car elles sont en regard des 13 attributs de miséricorde de l’Eternel, de plus ces 13 lettres rappellent l’unité (valeur du mot אחד UN).
Si le nom de Avram אברם n’avait pas été augmenté par l’ajout de la lettre ה pour donner Avraham אברהם, alors on aurait du dire dans la prière « D. ieu d’Israël » (les 3 noms ayant alors 13 lettres). Comme D.ieu a rajouté une lettre à Avram on est obligé de dire « D.ieu de Jacob ». L’explication de Rashi est maintenant bien compréhensible.
Et c’est bien là l’intention du Magguid, l’Éternel entendit notre voix, comme il est dit « Le Seigneur entendit leurs gémissements » c’est à dire qu’Hachem a entendu nos gémissements bien que le moment de la délivrance n’était pas encore arrivé, et la raison est dans la suite du verset Il se ressouvint de Son alliance avec Abraham, avec Isaac et avec Jacob, dont le nombre de lettres des noms est de 13 comme la valeur du mot אחד UN, ce mot montre l’unité, et cette qualité était présente dans la génération de la sortie d’Egypte. Cette Mitsva d’unité était suffisante pour les faire sortir avant le moment prévu comme le disent les sages dans le Midrash : « grâce à leur unité ils sont sortis d’Egypte », et comme il est aussi expliqué sur le verset (Exode Ch. 11, v2)
דַּבֶּר-נָא, בְּאָזְנֵי הָעָם; וְיִשְׁאֲלוּ אִישׁ מֵאֵת רֵעֵהוּ, וְאִשָּׁה מֵאֵת רְעוּתָהּ
Fais donc entendre au peuple que chacun ait à demander à son voisin et chacune à sa voisine,
C’est à dire que cette qualité d’unité était en eux pendant les douze mois précédant la sortie d’Egypte et on n’a pas trouvé un seul qui ait médit sur son prochain (Yalqout Chimôni, Parasha Piné’has)
Cette qualité était présente chez Jacob qui a ordonné à ses enfants (sur son lit de mort) (Genèse Ch. 49, v2)
הִקָּבְצוּ וְשִׁמְעוּ, בְּנֵי יַעֲקֹב; וְשִׁמְעוּ, אֶל-יִשְׂרָאֵל אֲבִיכֶם.
Pressez-vous pour écouter, enfants de Jacob, pour écouter Israël votre Père.
Et les sages disent à ce propos dans le Midrash qu’il les a mis en garde pour être une seule assemblée, c’est à dire qu’il y ait l’unité entre eux.
[1] Le mot הָעֲבֹדָה signifie « travail » mais aussi « idolâtrie » dans l’expression composée עבודה זרה
[2] Avant que D.ieu ne lui modifie son nom