Parachat Vayakel
Les mots d’un homme ont une influence sur les mondes supérieurs !
Commentaires du Abir Yaakov – Rabbénou Yaakov Abé’hséra
Parachat Vayakel
Traduit et adapté par Rav Michael Smadja
« Et Moshé a rassemblé toute l’assemblée des enfants d’Israël et il leur a dit »voici les paroles que D-ieu vous a ordonnés de faire »
Il est possible que ce verset fasse allusion aux paroles qu’un homme exprime. Le verset venant nous enseigner que les mots qui sortent de la bouche d’un homme ont une influence et agissent sur les mondes supérieurs et pour cela, il y a une grande sévérité qui est révélée dans la Torah à propos du colportage et des paroles de médisance. Car elles abîment et détériorent les mondes supérieurs. Il en est de même au sujet des paroles sans intériorité et vides. Comme il est enseigné dans le verset « car ce n’est pas une parole vide». Telle est l’explication: « Ne pense pas que la parole soit vide. Elle n’est vide que de »vous » car vous ne poursuivez pas, vous ne recherchez pas la Kédoucha [sainteté] et la pureté pour connaître l’intériorité des choses. Et le manque ne provient que de vous ».
Voici que par la prière et l’étude de la Torah, un homme comprend et perçoit que les paroles qui sortent de sa bouche construisent des mondes dans les niveaux supérieurs. Car sur elles, le monde existe et de même que les paroles de Kédoucha construisent des mondes en-haut, ainsi au contraire des paroles qui ne sont pas correctes font des détériorations dans les mondes supérieurs. Et pour cette raison, nous sommes avertis de très nombreuses fois sur les paroles vides le jour de Shabbat afin de ne pas détériorer la sainteté du Shabbat.
Et c’est ce qui est écrit: « et Moshé a rassemblé toute l’assemblée des enfants d’Israël» car Moshé a voulu les prévenir de garder le langage et la parole. Et puisque les paroles vides de sens et la mauvaise parole sont répandues dans le monde et que les êtres se sont habitués à fonctionner dans ce système de paroles qu’elles soient vaines, vides de sens ou même des paroles mensongères et trompeuses, chacun des enfants d’Israël avait un chemin spécifique et individuel différent l’un de l’autre, ils étaient devenus des êtres issus d’une multitude. Pour cette raison, Moshé a réuni toute l’assemblée d’Israël et leur a dit: «soyez attentifs dans l’expression de vos paroles afin qu’elles ne sont pas vides. Chacune d’elles agit soit pour le bien ou soit pour l’inverse dans les mondes supérieurs» et c’est ce qui est enseigné dans le verset « voici les choses (dévarim) que D-ieu vous a ordonnées de faire» c’est-à-dire « ces paroles (dibourim) que vous sortez de votre bouche, ne croyez pas qu’elles n’ont pas de consistance car voici, c’est « D-ieu qui vous a ordonnés de les faire» », c’est-à-dire que ces paroles elles-mêmes agissent, réalisent dans les mondes supérieurs puisqu’elles sont en réalités des volontés de D-ieu. Pour cela, gardez-vous de peur de détériorer ces mondes par des paroles qui sortent de votre bouche car elles ont un réel pouvoir. Et pour cela, le verset «six jours se fera le travail et le septième jour sera pour vous saint» est placé juste après, pour nous prévenir de ne pas parler des paroles profanes le jour de Shabbat car par cette action, nous détériorons la sainteté dans les mondes supérieurs. Et à plus forte raison, il ne faut pas en arriver à se mettre en colère ce jour saint qui est une détérioration des plus terribles. Pour cela, le verset continue «et vous n’allumerez pas de feu dans toutes vos résidences» car tout celui qui se met en colère, toutes les sortes d’enfer le dominent. Et comment cela se fait-il ? À cause du surplus de paroles non contrôlées et vides de sens. Ces mots se remplissant de mauvaises choses issues de l’autre côté, du côté impur, de la Klippa [l’impureté] qui remplit alors ces mots que l’on crée par notre inattention.
Pour cela, il faut prendre conscience de l’outil que D-ieu nous a donné qu’est la parole et du pouvoir des mots. En mettant notre attention sur la signification des mots que l’on exprime, alors la pensée divine pourra se révéler en eux mais sinon, l’ego va s’insinuer et détériorer la puissance de la Kédoucha et révéler le pouvoir éphémère du mauvais penchant qui va se nourrir de la puissance du mot.
« Six jours sera fait le travail et le septième jour sera pour vous saint »
Pourquoi est-il dit dans le verset «sera fait» et non «tu feras»?
Le Talmud enseigne que la richesse et la pauvreté ne sont pas la conséquence du travail mais du mérite, tout dépendant de la volonté divine. Rien ne dépend de l’action de l’homme selon son investissement et sa peine ou bien même de son intelligence et de sa sagesse dans son travail. Comme le verset nous enseigne « C’est D-ieu qui rend pauvre et riche et qui rabaisse même les majestueux». Et aussi « et tu te souviendras de Hachem ton D-ieu qui est celui qui te donne la force de faire la guerre». Un homme ne doit pas se dire que c’est sa sagesse et ses qualités qui sont la cause de sa richesse et de sa réussite mais que tout vient de D-ieu. Et tout celui qui a la connaissance vraie, le reconnaît. Combien de fois avons-nous vu nombres de personnes intelligentes qui dans leur travail n’ont pas de réussite et nombre d’imbéciles qui réussissent ! Combien de spécialistes ne réussissent pas et combien de paresseux réussissent ! De cette observation, nous pouvons comprendre que tout est dans le pouvoir de D-ieu et par cela, placer notre confiance en Lui et ne pas croire que tout dépend de notre action.
En mettant notre confiance en D-ieu, combien de bienfaits allons-nous recevoir ! Car par ceci, nous allons de moins en moins nous investir et moralement et physiquement. Car si nous croyons que notre labeur est la cause de notre rétribution dans ce monde, nous allons nous détacher de plus en plus de la Torah et de la Prière pour consacrer plus de temps au travail. De plus, par cette confiance en D-ieu, la jalousie va disparaître envers ceux qui ont une réussite dans le travail. Et pour cela, le sage définit le riche comme étant celui qui met sa confiance en D-ieu et qui donc se satisfait de ce qu’il a, car ne désirant que se rapprocher et s’unir à D-ieu qui est la véritable richesse qui remplit réellement l’âme humaine. Ainsi est l’explication du verset « la bénédiction de D-ieu rend riche et aucune peine ne l’accompagne» la bénédiction divine étant cette confiance que l’on réveille pour D-ieu qui a pour conséquence que l’on ne va pas se fatiguer plus qu’il ne faut pour subvenir à nos besoins.
Mais en réalité par l’accumulation de nos fautes, nous sommes complètement submerger par les problèmes d’argent, aucune sérénité ne se dégage de nos actions et au contraire on est rempli d’envies et de jalousie, n’ayant plus l’esprit assez libre pour étudier et prier. Et sur ce comportement, le verset dit « et sa prière est une abomination»! Car la prière est appelée »service du cœur » et celui qui court après le travail, son esprit n’est plus libre pour s’adonner à la prière.
Et ce stress, conséquence de sa non-confiance en D-ieu, entraîne que même le Shabbat, son esprit ne peut se libérer de ces calculs vains ! Et par cela, il annule le plaisir du Shabbat et sa lumière qu’il pourrait recevoir. Car le principe même du Shabbat se révèle dans le fait que son esprit est complètement libéré de toute contrainte matérielle pour ressentir que ce jour est sacré et saint que D-ieu a fait hériter à son peuple. Et par cela s’occuper de Torah, car tout dépend du cœur et de la pensée. Si le cœur est attiré par des pensées profanes, comment la sainteté du Shabbat peut-elle résider sur lui ? Qu’est-ce qui a entraîné cet état d’esprit complètement troublé si ce n’est le manque de confiance en D-ieu! En mettant sa confiance en D-ieu, le cœur comprend alors que rien ne peut aller contre Sa volonté et qu’il ne sert à rien de s’angoisser pour ses besoins matériels et par cela, son esprit est libre pour s’investir dans les chemins divins.
C’est ce que le verset veut nous enseigner « six jours le travail se fera et le septième jour sera pour vous saint». Si nous voulons accomplir le jour du Shabbat comme il nous est ordonné et par cela, la sainteté du Shabbat résider sur nous, il nous faut savoir que le travail de toute la semaine que nous accomplissons et les bénéfices qui en découlent ne sont pas de notre ressort. Le travail et le gain qui en résulte ne viennent que d’eux-mêmes, que de D-ieu directement car c’est Lui uniquement qui donne la force et l’énergie pour faire cette »guerre ». Pour cela le verset précise »le travail se fera » de lui-même et non pas »tu feras ». Et lorsque nous ressentirons que le travail et le gain ne viennent pas de nous mais de D-ieu directement, alors notre confiance en D-ieu sera parfaite et par cela, le verset pourra se réaliser « le septième jour sera pour toi sacré» car par cette confiance en D-ieu, notre cœur sera libéré de tous les contingences matérielles et il pourra se tourner pendant Shabbat à des occupations complètement spirituelles car même dans la semaine, nous ne mettons pas notre cœur dans la matérialité mais dans la providence divine et à plus forte raison, le saint Shabbat où nous sommes complètement libérés des contingences matérielles. Mais si en semaine nous ressentons que notre subsistance ne vient principalement que de notre travail et de notre investissement dans le travail, alors le Shabbat, il sera impossible que ces pensées illusoires disparaissent de notre esprit et par cela, nous ne mériterons pas de goûter aux délices du Shabbat. Pour cela, le verset nous prévient que les six jours de la semaine il faut ressentir que le travail se fait de lui-même et non de notre fait.