Hanoukka
Rav Mordékhaï Chriqui
Transcrit par Rav Michaël Smadja
Nous allons essayer de comprendre l’exil grec et pour quelle raison, il est appelé « H’ochekh« , « l’obscurité« .
Il y a un enseignement dans le Talmud « békhorot »: « les sages d’Athènes ont posé une question à un sage de la Torah du nom de Rabbi Yéhochoua: du sel qui se décompose, comment faire pour qu’il reprenne ses caractéristiques? Rabbi Yéhochoua leur répondit: » il faut prendre le placenta d’une mule et le déposer sur le sel et alors celui-ci reprendra ses caractéristiques ». Les grecs lui demandèrent alors s’il ne se moque pas de lui! Une mule n’a pas de placenta. Alors rabbi Yéhochoua leur répondit: » de même, le sel, comment est-il possible qu’il se décompose?«
Comment interpréter cette parabole? La Torah d’Israël fait peur aux grecs. Ils reconnaissent certaines choses de la Torah d’Israël mais pas tout. Ils pensent qu’il y a de l’obscurité aussi dans cette Torah. De même que dans notre vérité il y a des parties obscures, de même dans votre Torah il y a aussi des parties obscures et donc associons nous et par cela, la vérité complète jaillira de notre association et par cela, créons un peuple nouveau. Les grecs n’étaient pas contre Israël contrairement aux autres exils où le peuple juif était exilé en dehors d’Israël. L’exil grec se passe en terre d’Israël. Ici c’est un exil spirituel, l’exil de la connaissance, de la science. Il ne s’agit pas du même genre d’exil comme l’exil de Babylone ou d’Égypte qui se sont déroulés en dehors d’Israël.
Voici l’explication de la parabole: la Torah est comparée au sel. Qu’adviendra-t-il à votre Torah, le jour où elle va se décomposer ? Le jour où vous aller faire face à un modernisme, à des questions modernes où elle ne pourra pas répondre ? Que propose le grec ? Le mélange ! Le mélange en vérité est quelque chose d’extraordinaire. La mule a une double caractéristique: la caractéristique du cheval et la caractéristique de l’âne. Le cheval est une bête qui est puissante mais qui n’a pas de patience. Elle n’est pas endurante dans l’effort. L’âne est patient, endurant mais pas puissant. La mule a la puissance du cheval et l’endurance de l’âne. C’est ce qu’ont proposé les grecs, le mélange des qualités mais il manque juste une chose, le placenta qui est le moyen de perdurer, c’est la progéniture, c’est la suite. La philosophie est basée sur les mélanges. Même dans la mythologie grecque, il y a des mélanges, tous les dieux grecs et les personnages de la mythologie grecque sont un mélange de deux éléments, c’est une synthèse qui arrive à quelque chose de beau, d’esthétique comme la mule mais la seule chose qui manque, c’est le placenta. En fait les grecs viennent mettre une confusion car dans ce mélange, on ne sait pas à quoi on a à faire exactement. Le grec est d’accord qu’il y a une connaissance dans le peuple d’Israël, il veut juste l’hellénisme, le mélange. Pour cela il s’en prend à l’huile qui est un élément qui ne se mélange pas: « Sont venus les grecs et ont rendu impures toutes les huiles« . C’est-à-dire qu’ils ont souillé la sagesse du peuple juif dont la symbolique est l’huile car la sagesse éclaire comme l’huile. « Les grecs ont souillé toutes les sciences« . Les juifs n’ont retrouvé qu’une petite fiole d’huile, celle du grand prêtre. Il y a une huile qui se trouve dans la « chambre sainte » du temple qui n’a pas été affectée et souillée par les grecs. Pour quelle raison ? En fait les grecs ont réussi à transformer le monde entier. Ils ont amené tout le monde au « Logos », à la science grec. Alexandre le grand, l’élève d’Aristote va rencontrer les sages d’Israël. Il y a un échange entre les élèves d’Aristote et les sages d’Israël. Ils ont les mêmes grandes aspirations que nous, les grandes questions de l’existentialisme, des questions sur la création, sur la direction, sur D-ieu aussi. Ils veulent comprendre D-ieu, ils veulent connaître D-ieu mais leur approche est différente. Pour quelle raison vont-ils vers le mélange des idées? Pour quelle raison, n’y a-t-il pas une pureté de la science? Israël développe une sagesse qui est pure, qui va faire face aux ténèbres des grecs. Car la philosophie grecque tire ses vérités à partir de la perception des sens. L’homme capte par son intellect ce qui se passe autour de lui et a la capacité d’analyser ce qu’il voit, ce qu’il perçoit et peut donc arriver à trouver lui-même le mystère de la nature à partir de la perception des sens.
Le Ramh’al utilise un terme que l’on appelle « la brisure des vases« . Il y a dans la création un double aspect de la réalité. Il y a un aspect extérieur que l’on appelle le « Kéli » le réceptacle et il y a le « Or » la lumière qui est son aspect intérieur. Le « Kéli » et le « Or ». Le réceptacle voulant définir toute l’existence ou plutôt la forme externe de l’existence. Il y a une forme de l’intériorité que l’on appelle la lumière, le « Or » et il y a la forme externe de toute l’existence que l’on appelle le « Kéli », le réceptacle. Apparemment il y a eu une brisure, une séparation entre ces deux aspects de la création. Il y a l’aspect que nous pouvons concevoir de suite. On touche une table, une chaise, on peut voir une lumière, le soleil etc…. on perçoit certains éléments, et ceci, par les sens, qui nous permettent de capter ce qu’il y a autour de nous (je vois donc je crois). C’est ce que nous appelons les « h’ouchim » les « sens ». Le Ramh’al explique qu’un des rois ou un des principes dans la création est appelé « h’oucham » qui correspond à l’idée que par les sens le monde et l’existence peuvent s’appréhender.
Il y a un aspect qui correspond à la direction divine tel que la Torah l’exprime et il y a un aspect tel que la science l’exprime qui est l’ordre de la nature, les lois de la nature. Mais il faut savoir que le monde ne fonctionne pas selon ce système tel que nos sens le perçoivent à partir des lois de la nature. Il y aurait une nature du monde mais le monde ne fonctionne pas selon cette nature d’après ce que nos maîtres nous enseignent. Il est vrai que le monde a une nature mais il y a quelque chose au-delà de la nature, qui dirige le monde selon un autre système que l’on appelle les lois de la Torah. De la même manière dans l’être humain, il y a deux sortes d’intellects. Il y a un intellect naturel et il y a un intellect agent, l’intellect détaché. L’intellect naturel est l’intellect avec lequel, le raisonnement se fait. L’intellect qui puise de l’expérience de la perception des sens. Cet intellect est nourri à partir des sens. Mais il y a un intellect qui a été développé par les prophètes et les gens inspirés, il s’appelle « l’intellect-agent » séparé de la nature qui est animé par une force suprême. Notre intellect est lui, animé par notre nature. Et la nature elle-même est animée par les sens.
Il y a un double aspect dans la création, dit le Ramh’al, chez l’homme et dans la nature. Un aspect de l’ordre de l’extériorité et un aspect de l’ordre de l’intériorité. Mais il y a des ténèbres qui obscurcissent les yeux des hommes et leur ferment la possibilité de percevoir la visibilité intérieure du monde pour les noyer uniquement dans cette visibilité extérieure des lois de la nature. Il y a quelque chose qui arrête ce sensible, qui arrête cette âme à l’intérieur de nous et qui empêche de comprendre la réalité intérieure. Seule la réalité de la nature va nous apparaître. Et donc, les sens ne reconnaissent plus le divin qui dirige ce monde et qui fait fonctionner toutes les choses. Les gens expliquent et retiennent uniquement les lois de la nature. Tout ce qui se passe est la conséquence d’une cause. Il y a une cause naturelle et il y a aussi un effet qui est engendré par cette cause. Nous n’allons retenir que les lois de la nature à partir desquelles on va élaborer des sciences qui vont expliquer chaque système, chaque aspect de la création que ce soit en zoologie, en psychologie, en biologie, en médecine…il y a une logique et une science dans chaque matière dans chaque système. Les grecs ont construit toutes ces sagesses extérieures à partir de la perception des sens. Ils réfléchissent selon ce que les sens leur transmettent. Et cette perception enfonce les hommes dans des opinions et les éloigne de la conduite intérieure. En vérité aujourd’hui, nous sommes tous éloignés de la perception de la conduite divine intérieure du monde et nous retenons uniquement les lois de la nature. Même les sages de la Torah doivent se baser sur les lois de la nature pour expliquer la Torah. Le sage est lui aussi confronté aux problèmes liés à la perception des sens. Les grecs disaient que l’on ne peut créer un système, une science, à partir de l’âme humaine. Même s’il y a une discussion chez nos sages si l’on accepte l’idée de l’âme. Est-ce qu’il y a l’essence même de l’âme, c’est-à-dire, est-ce que l’être humain est composé d’un corps et d’une âme ou bien il n’y a uniquement dans ce monde qu’un corps et l’âme ne serait que cette quintessence du corps, la subtilité du corps mais il n’y aurait que ce que l’on ne peut uniquement percevoir par les sens. « Je ne crois que ce que je vois« . Et ce que je vois n’est qu’un corps qui est alors le tout. Mais nous disons qu’en dehors de ce que les sens peuvent nous donner à percevoir et à comprendre, il y a autre chose dans la nature. Et cet autre chose s’appelle la « sagesse d’Israël« .
La grande majorité des hommes est enfoncée dans cette perception extérieure qui se matérialise au moyen des sciences, les sagesses extérieures, jusqu’à ce que l’on en soit arrivé à une situation où la Torah a été oubliée, cette Torah qui exprime l’intériorité du fonctionnement de l’existence. Et donc, il n’y a plus personne qui puisse comprendre la conduite et la direction du monde. Tous allant selon leurs volontés, selon ce qu’ils perçoivent jusqu’à ce que tous ressemblent à des animaux qui portent des fardeaux qui sont les fardeaux de la connaissance et de la science étant eux-mêmes le résultat de l’expérience et maintenant nous portons ce grand fardeau de la connaissance qui s’appelle l’obscurité, les ténèbres qui nous empêchent de percevoir la racine de la conduite divine intérieure et sur cela le roi Shlomo a dit: « vanité des vanités, tout n’est que vanité« . Que sont ces vanités ? Ce sont les sciences et non les plaisirs de ce monde. Il était l’homme le plus intelligent de ce monde. Il connaissait toutes les sciences. Sa conclusion a été que tout cela n’est que vanité. Il n’est pas dit « mensonge » à propos de la science car elle n’est pas un mensonge mais une vanité, une arrogance. C’est-à-dire confondre, prendre une chose pour une autre et croire que cela est la vérité.
Le Ramh’al veut nous expliquer que les sciences et les lois de la nature sont en vérité le résultat de la perception des sens. Il y a une perception de nos sens, à partir de laquelle les sciences humaines ont été formées. L’homme a besoin d’expliquer son expérience, d’expliquer l’existence. L’homme a ce besoin de donner une explication pour avancer. Il faut reconnaître que grâce aux sciences, le monde a avancé et a évolué. Il faut comprendre que ce que l’on appelle la science qui explique l’extériorité de l’existence en vérité n’est pas un mensonge, ni même cette extériorité de l’existence. Il s’agit de quelque chose de vrai. Mais de quelle vérité parle-t-on? Ce n’est évidemment qu’une vérité relative mais comment peut-on la considérer par rapport à la vérité absolue? Cette vérité absolue qui est, elle, la connaissance de l’intériorité du monde. Le Ramh’al explique en vérité que ces vérités se sont séparées au moment de la brisure de ces réceptacles. À ce moment, une séparation de toute l’existence va se faire. La lumière d’un côté et le réceptacle de l’autre. « La lumière » veut dire l’intériorité du monde et « le réceptacle », l’extériorité qui est l’instrument de la lumière qui lui, va être perçu par les grecs comme la vérité de l’existence et après eux, toute l’humanité. Le « logos », ce que ma logique me dit, va donner un sens à l’existence. Comment comprendre cette expérience ? Il y a eu séparation de la lumière et du réceptacle. Le Ramh’al dit que d’après le Ari zal, le monde a été créé par une lumière et un réceptacle qui s’appelle « or sag » « les lumières de ‘63′ ». « 63 » est composé par « or » et « kéli », par le nom divin « havaya » qui est « 26 » et par le « Kéli » (le Hével) dont la valeur numérique est « 37 » qui fait « 63 ». Il est important de comprendre qu’il y a une double division dans l’aspect de la création. Dans le Zohar, il est rapporté « Béréchit » « bet réchit », »deux commencements », un commencement du monde caché et un commencement du monde qui est révélé. Le commencement qui est révélé est une sagesse, une science « réchit h’okhma » mais il y a aussi un commencement à ce commencement qui est la crainte de D-ieu. Qui est D-ieu et qui est la connaissance intérieure du monde. La connaissance de l’ordre de l’intériorité de l’existence. Cette connaissance de la conduite, de la direction de l’ordre de l’intériorité est le nom divin « י.ה.ו.ה« , le tétragramme dont la valeur numérique est « 26 ». et il y a un autre nom ou bien אלוהים ou bien d’après le Ramh’al, le nom « הבל » dont la valeur numérique est 37. Cette vanité correspond à 37. Le « simple » étant « 26 » qui correspond à cette intériorité de la création et il y a un autre nom de « 37 » qui correspond à la science c’est-à-dire au « hével », à la vanité de ce monde. Il y a donc deux conduites, deux aspects dans l’existence. Le premier aspect caché donc D-ieu, qui dirige d’une manière cachée le monde. Et il y a une autre direction, un autre aspect de la direction qui est de l’ordre de l’extériorité. Mais en vérité, celui qui approfondi la connaissance verra qu’il y a trois choses:
-1 « la conduite vraie« , la direction suprême et cachée qui dirige toute l’existence, tous les êtres, tous les événements.
-2 « l’aspect de l’extériorité que l’on appelle « le Kéli« , le réceptacle, la forme.
-3 comment la forme se relie au fond. Comment l’extériorité est reliée quand même à un autre ordre que l’on appelle « l’intériorité »?
Il y aurait trois aspects ou trois idées dans la direction divine. Il y a un aspect que l’on appelle la « forme », l’extériorité c’est cela le logos, la logique, l’obscurité. Il y a un autre ordre que l’on appelle « l’intériorité », la « havaya » [Tétragramme], c’est mon nom à jamais, le maître de toutes les actions. Il y a un autre élément qui relie les deux, à savoir l’effet, l’expérience qui est de l’ordre de l’extériorité et qui se rattache à l’ordre de l’intériorité. Les sages lorsqu’ils voulaient parler de la forme, de l’extériorité et de la science, de la connaissance grecque, ils la dénommaient « une blague ». Mais ce n’était pas une vraie blague, ce n’était pas faux mais cela correspond à la compréhension des sciences. Ce que les grecs veulent comprendre de l’existence, ils veulent le comprendre par l’intellect naturel. Et cet intellect naturel est abreuvé uniquement par les sens.
Nous allons essayer de comprendre le sens profond de ces ténèbres. Le Ramh’al dit: « sache que ces vanités qui commandent dans ce monde, [il y a sept vanités qui sont les sept « kélim », les sept réceptacles de la création car il y a sept lumières en parallèle à sept réceptacles c’est-à-dire les sept lois, les sept sciences découvertes par les grecs dont le roi Shlomo a parlé en disant « vanités des vanités », donc encore une fois la science c’est la vanité, c’est l’obscurité et c’est aussi l’arrogance qui veut dire que seul cela est la vérité, c’est-à-dire ce que l’on découvre par nos sens correspond réellement à la vérité] ne sont qu’une illusion car D-ieu connaît les pensées de l’homme qui sont vanités. C’est-à-dire ce que l’homme peut atteindre par sa perception, par sa logique, ne se résume qu’à une vanité. Toutes nos pensées ne sont que des vanités car nous croyons raisonner d’une manière vraie mais en vérité, cela est une arrogance. Seuls ceux qui sont inspirés par l’intériorité de la sagesse. C’est-à-dire ceux qui sont guidés par le nom divin « havaya » car tout leur raisonnement est construit par la Torah, ceux-là peuvent parler du simple, de la vérité. Cependant les autres qui sont dirigés par leurs sens, sont dirigés par cette force que l’on appelle « hével », vanité. Pour quelle raison, appelle-t-on cette vanité « obscurité » ? En fait cette obscurité chez les grecs c’est le mélange. Car ils ne peuvent comprendre que s’ils associent plusieurs éléments. Pour avoir une idée juste, il faut la comparer. C’est de l’ordre de la comparaison. Je ne peux comprendre que par la comparaison. S’il n’y a pas de référent, la compréhension est impossible. Qu’est-ce que le référent ? Est-ce que c’est ma nature et donc je comprends la nature par la nature ou bien je comprends la nature par un autre référent qui est le divin, qui est ce qui se révèle sur le mont Sinaï, la Torah. Il est écrit dans « Job » lorsqu’il s’est plaint de sa situation, D-ieu lui fit remarquer: « en fin de compte, tu n’as que des yeux de chair, les yeux d’un homme qui ne te permettent de voir que ce que tu perçois, ce que tes sens t’envoient comme information mais en vérité, tu ne comprends pas« . Job était un grand scientifique et un grand philosophe, il a approfondi la connaissance du monde et pourtant D-ieu lui dit qu’il ne comprend pas ce qu’il se passe. « Tu n’étais pas avec moi et tu ne sais pas comment j’ai fabriqué le monde« . Que signifie « les yeux de chair » ? L’homme est composé comme l’existence. De la même manière que l’existence est composée d’une intériorité et d’une extériorité, de même l’homme est composé d’une âme et d’un corps. Lorsque D-ieu, qui est l’infini, a voulu limiter la connaissance des hommes, il a placé dans l’âme les sens, l’ouïe la vue, l’odorat, le toucher. Ces sens nous permettent de capter les choses car l’âme ne peut recevoir que par les sens. Et donc cette âme s’est enfoncée complètement dans la perception des sens et elle ne peut comprendre les choses qu’à partir d’eux. Mais sache une chose, l’âme selon sa nature n’est pas assujettie, soumise aux sens car elle entend tout, elle voit tout. Elle perçoit les choses sans avoir besoin des sens. Elle est au-dessus des sens. Et c’est ce qui est écrit dans la révélation du Sinaï: « et tout le peuple voyait les sons » donc ils percevaient l’imperceptible, ce qui est de l’ordre de la prophétie. Le prophète pour qu’il puisse utiliser l’intellect-agent, doit se déconnecter des sens. Car s’il n’est lié qu’aux sens, il ne peut comprendre. Pour pouvoir connaître réellement les choses, il faut arriver à un état de léthargie, comme une sorte de sommeil car même dans le rêve, l’âme se révèle, elle peut comprendre et voir des choses qu’elle ne voit pas à l’état d’éveil. Le prophète, pour qu’il puisse comprendre, doit se déconnecter, se séparer des sens. Il doit fermer ses yeux, fermer ses oreilles et rentrer dans le monde de l’intériorité. Et ce n’est qu’à ce moment, qu’il peut comprendre ce qu’il se passe.
La Torah est liée à la prophétie. Ce n’est pas une connaissance comme toutes les connaissances liées aux sens, c’est une révélation. C’est une connaissance liée à l’intériorité, à la prophétie. Ils ont vu les voix donc ils connaissaient les choses selon leur véritable nature. Non pas les choses telles qu’elles sont formées par les « Kélim », par les réceptacles. Il y a un événement qui se passe. Je ne vois pas tout, je ne vois qu’une partie de la vérité. Pour cela la science n’est pas un mensonge mais ce n’est pas une vérité car la vérité est quelque chose d’absolu. Car ce que nous percevons de la vérité n’est dû qu’au fait que D-ieu nous a limités dans la forme externe qui est la perception des sens. Cette perception des sens me donne une connaissance qui est inexacte même si je vois, j’apprends et je comprends des choses qui me permettent d’évoluer, d’avancer et d’arranger aussi. Mais c’est chaque fois partiel. À la fin, il faut arriver à une confusion du « or » et du « kéli » où la perception des sens doit être comme la perception de l’âme. Il y a une perception qui est physique et il y a une perception qui est métaphysique. La perception métaphysique est la « havaya ». C’est ce qui donne réellement l’existence et qui fait réellement l’existence. Mais il y a une révélation de la nature elle-même par rapport à son extériorité, à sa forme qui va faire que je puisse la capter, mais en vérité, je peux capter ces événements, cette existence autrement en utilisant une autre perception qui est celle de la Torah. Pour cela, le prophète quitte ses sens afin de recevoir la prophétie. Nos oreilles n’entendent qu’une partie de la vérité, de même que nos yeux. L’âme ne peut recevoir qu’à partir des sens. Mais toute cette nature est attachée au nom divin « Elokim » dont sa valeur numérique est 86 comme le mot « hatéva », « la nature » étant aussi un acte de D-ieu qui établit l’extériorité de l’existence. Cependant, si je le sépare de l’intériorité, si je sépare « Elokim » de la « havaya ». Je fais un « dieu étranger », c’est le dieu des grecs. Le dieu de la nature. On va prendre un aigle avec un cheval, on va mélanger deux éléments et dire que ceci est le dieu de tel système ou bien cette théorie explique tel système. La théorie de Newton peut être un dieu comme si la loi elle-même régit ces événements que l’on appelle « l’apesanteur ». De même ces divinités chez les grecs étaient pour eux des lois absolues qui expliquent la nature. La loi étant inhérente à la nature même. Donc la nature est dieu pour eux. Il faut prendre dieu dans la nature elle-même. Les grecs sont d’accord qu’il y a une divinité ou plutôt des dieux, cela ne les dérange pas. Le seul problème est comment comprendre l’unité. Cette unité qu’il y a dans toute la nature qui est le vrai logos de tous les aspects de la nature. C’est cela qu’ils ne veulent pas comprendre. Ils n’ont pas le problème d’accepter Israël, leur problème est avec l’unité. Pour cela ils ont voulu faire entrer une idole dans le temple. Ils veulent montrer en vérité qu’il y a autre chose que la sagesse d’Israël qui pour eux ne répond pas à tout car ils pensent que l’unité n’existe pas. Platon essaie d’expliquer cette idée de l’unité. Il y a une grande difficulté chez les grecs d’expliquer ce « un« . Et pourtant, il y a une sagesse qui est la crainte de D-ieu qui exprime cette unité absolue par laquelle D-ieu dirige tout, « le maître de tous les événements« . Il y a une intériorité qui est commune, le nom « havaya » qui est la véritable existence. Cependant il y a une obscurité qui est fabriquée par les sens.
Le livre « le chemin des justes » explique qu’il y a deux sortes de ténèbres. Il y a une sorte de ténèbres qui obscurcit, qui cache la réalité complètement, (je ne vois pas D-ieu dans la nature). Et il y a une autre sorte de ténèbres qui amène une confusion, un mélange qui fait percevoir de fausses réalités aux yeux de l’homme, par exemple: une colonne pour un homme. De même, selon la théorie de Darwin, l’homme apparaît comme un singe. De même d’après cette théorie, le singe n’est pas un singe mais un homme. C’est cela à quoi mène la science, à la confusion, à des conclusions qui sont aberrantes jusqu’à nous amener à percevoir ces aberrations comme des vérités. C’est ce que le roi Shlomo dit: « vanité des vanités« , une arrogance. L’obscurité des grecs n’est pas une sorte de ténèbres qui cache tout mais une sorte de ténèbres qui retient quelque chose. Il y a effectivement un élément qui correspond à une idée qui est cachée, c’est la forme elle-même, c’est-à-dire le corps. Celui-ci est composé de 613 parties de même que l’âme est composée de 613 émanations, donc à la fin il y a une forme mais elle est un accident, elle n’est pas inhérente à la nature de l’existence. La forme émane d’une certaine existence mais elle n’est pas inhérente, elle n’est que la résultante d’un accident. Donc elle peut changer. Il y a quelque chose qui se révèle de l’existence et que nos sens captent. Car ce que nos sens captent n’est pas une vérité absolue. Elle est relative, temporaire et éphémère. Maintenant cela est juste car il n’y a pas de nouveaux éléments à ce moment précis pour contredire cette vérité. Mais lorsque de nouveaux éléments apparaîtront, il y aura une obligation de changer, de rectifier la théorie car ce qui est révélé maintenant n’est uniquement la résultante de ce qu’il se dévoile de la véritable nature de l’existence à ce moment précis. Car l’existence se révèle petit à petit. Mais à la fin, l’extériorité va être comme l’intériorité. Israël correspond à l’intériorité de toute l’humanité, c’est l’âme de l’humanité. Les nations correspondent à la forme, correspondent à une vérité. Mais ce qui existe d’eux c’est au niveau du « vêtement », c’est la forme, c’est l’enveloppe, c’est l’esthétique. Les grecs veulent nous apprendre l’esthétique. Par rapport aux autres nations, la Grèce correspond à l’âme des nations. La science étant l’âme de toutes les nations qui veulent se marier avec Israël. Yéhoudit, elle, ne veut pas. La Grèce veut ce mélange avec Israël car elle sait qu’il y a deux aspects et elle veut notre aspect. Pour cette raison, l’exil se trouve en Israël. Les grecs sont entrés dans le temple et ont souillé toutes les huiles. Et donc ce mélange s’est matérialisé. Il y a eu une reine grecque qui s’est convertie, la reine Hélénie et aussi son fils Moonbaz, mais la majorité des juifs se sont mélangés avec les grecs et se sont tournés vers les sciences.
Aujourd’hui aussi, il y a ce mélange qui nous oblige à accepter la forme même si cela est superficiel et de l’ordre de l’extériorité, nous sommes obligés de le considérer mais seulement dans sa véritable place, dans une évolution pour se faire connaître, pour se révéler encore plus mais on ne doit pas le retenir comme vérité immuable. Car ce qui aide le monde, ce qui dirige le monde, ce qui sauve le monde c’est D-ieu. Ce ne sont pas les découvertes de la science. Ce n’est pas l’invention qui a été découverte qui est la révélation de l’existence car le monde est régi par des lois et celui qui les comprend peut les utiliser et diriger ce monde par ces lois qu’il travaille. Il peut soit élever le monde ou bien le détruire. Mais tout ceci n’est que l’enveloppe du monde. Par contre celui qui se comporte selon l’intériorité, va toucher l’existence même de ce monde et par cela il va créer cette unification de l’extériorité avec l’intériorité. Et cette unification s’appelle « Havaya-Elokim« , c’est ce mélange de l’huile avec la mèche, il y a une intériorité avec l’extériorité. Il faut unifier les deux. Mais dans cette unification, il faut que l’intériorité soit l’élément moteur. « Et tout le peuple vit les sons« . Tout va selon notre parole. C’est elle qui détermine. Le juste décrète et D-ieu accomplit, peut décréter. Par sa parole, il peut amener un changement du monde. Il peut amener un changement de la vision. Aujourd’hui même dans les sciences moléculaires, il y a des théories qui disent que l’homme lui-même par son intervention, par sa volonté, par son intériorité, par son âme, peut agir et changer la nature. A Hanoukka, nous dévoilons une autre voie, la voie de l’unité. La voie de la lumière qui est la voie intérieure d’Israël. Il y a quelque chose qui nous éclaire dans cette obscurité. Et ce qui nous éclaire correspond au nom divin « Havaya », à l’âme. C’est la raison pour laquelle à Hanoukka il y a une guerre et un triomphe contre l’obscurité. Il ne s’agit pas de détruire les ténèbres. Le matérialisme est les ténèbres des yeux. Mais on peut nettoyer nos sens. L’âme est corrompue par les sens, notre intellect est corrompu par les sens. Mais on peut nettoyer nos sens en retirant leur force d’attraction. À Hanoukka, les forts ont été vaincus par les faibles. Mais ce n’est pas avec la force ni avec la puissance mais uniquement avec la parole, avec la révélation. Il y a une lumière qu’il faut dévoiler. La puissance ne dépend pas de la force mais de la foi, de ce que l’on croit. Celui qui croit de toutes ses forces peut combattre les ténèbres. Le véritable combat est dans la foi. Le combat d’Israël avec Yshmaël et toutes les nations est un combat dans la foi. Qui croit le plus à la toute-puissance, à la souveraineté de D-ieu. En distinguant notre foi avec toutes les autres fois qui sont erronées. Cette vérité qui n’émane qu’à partir de la Torah, se révèle à Hanoukka qui est la lumière de la Torah. Il y a écrit cinq fois le mot « lumière » dans la genèse car il correspond aux cinq livres de la Torah. Cette lumière, nous la puisons à partir de la Torah. C’est elle qui nous permet de rester intact dans ces ténèbres, de ne pas se mélanger, de ne pas se confondre, de ne pas avoir une idée confuse. Et pour cela, il faut utiliser cet autre intellect qui procède de la « Havaya », de l’intériorité. À la fin, la forme aussi va devenir comme le fond. Tout le monde reconnaîtra l’unité divine. Pour le moment, nous avons des yeux de chair mais à la fin, les yeux verront cette vérité. Il faut que la Hanoukkia soit mise dans le domaine public, afin qu’elle puisse être vue et éclairer les ténèbres. Il faut éclairer la nuit.