Dès que le mois de Adar débute, on doit augmenter la joie
Rav Moshé Shapira
Traduit et adapté par Rav Michael Smadja
La Mishna enseigne que lorsque le mois de Av débute, il faut diminuer la joie. Rabbi Yéhouda dit: « de la même manière que lorsque rentre le mois de Av, on diminue la joie ainsi lorsque rentre le mois de Adar, on augmente la joie ».
Cela est une loi incompréhensible. Le fait de diminuer la joie en Av est la raison pour laquelle il faut augmenter la joie en Adar ? Du fait de la diminution de la joie en Av alors il y a une obligation d’augmenter la joie en Adar? Ce parallèle entre le mois de Av et le mois de Adar est difficile à appréhender. Quel est le point de ressemblance entre ces deux mois, pour que le fait de diminuer en Av oblige l’augmentation en Adar ? Comme si deux récipients étaient reliés l’un à l’autre par un orifice faisant passer l’eau d’un récipient à un autre ! Deux vases communicants.
De plus, le langage lui-même « diminuer-augmenter » nous enseigne que la joie est une qualité basique et primordiale qui est en nous, réalité continuelle qu’il y a besoin de diminuer ou d’augmenter selon les moments. Cette joie étant existante et continuelle que l’on dose selon les moments. Il faut arriver à définir quelle est cette qualité de joie qui est en nous, fixe, que nous devons évaluer selon les périodes. Comment définir cette émotion qui s’appelle joie? C’est la question que le roi Shlomo pose: « Et la joie, que fait-elle? » Nous pouvons demander autrement: « qu’est-ce que la joie? Qu’est-ce que ce sentiment de joie ? D’où nait-il? Qu’est-ce qui amène en nous ce sentiment de joie? »
Nos sages emploient régulièrement ces expressions « Téphah’ Soh’ek » et « Téphah’ atsav« . Un Téphah’ étant la mesure d’un poing. Le qualificatif « Soh’ek » (de la racine « séh’ok » rire) veut dire la mesure d’un poing large. Le qualificatif « Atsav » (tristesse) veut dire la mesure exacte d’un poing. C’est-à-dire que la tristesse est la caractéristique de la limite alors que la joie est la caractéristique de l’au-delà de la limite. C’est cela le principe de la joie: la sortie de ses limites, c’est cela le sentiment de joie. Un homme est joyeux lorsqu’il s’élargit, lorsqu’il repousse ses limites. Comme lorsqu’il se marie ou qu’il a un enfant car ainsi il élargie ses limites. C’est cela la joie elle-même, la sortie de ses limites et c’est le premier pas dans la vie éternelle. Le maître du monde ayant créé l’homme afin de vivre cette éternité. La « vie éternelle » cela veut dire une vie en dehors des limites une vie sans fin. Lorsque nous trouvons dans l’essence de notre vie un lien si fin soit-il avec quelque chose qui est sans limite, nous nous remplissons de joie. En général, la plus grande majorité de notre temps, nous vivons dans un « Téphah’ atsav » dans des mesures limitées. Nous ne sortons pas des limites que nous nous fabriquons, notre perception de la vie se limite à ce que notre corps envoie comme messages, pulsions issus de l’âme animale. La sortie de ces pulsions, de ces limites qu’elles ont créées n’entraîne pas la joie, elle est la joie elle-même.
Celui qui a amené la joie dans le peuple d’Israël, c’est le patriarche qui est qualifié de » pilier du service ». Il est le père, la source de la joie dans le peuple d’Israël. Il y a trois piliers qui soutiennent le monde:
1/ » la Torah » c’est le patriarche Yaacov
2/ » le service » c’est Ytsh’ak
3/ » la bonté » c’est Avraham.
« Tu donnes la vérité à Yaacov et la bonté à Avraham« . La « Joie » c’est Ytshak qui l’a amenée. Le Zohar rapporte que dans les temps futurs D-ieu se réjouira avec les Justes en faisant résider sa présence sur eux et tous se réjouiront de cette même joie comme il est écrit: » D-ieu se réjouira avec ses créatures ».
À ce moment, les Justes percevront une connaissance parfaite. Le Zohar continue en disant que la joie de l’âme se trouvant encore dans le corps, sera extrême du fait que les deux parties, le corps et l’âme seront conscients, connaîtront, percevront leur Créateur et profiteront du rayonnement de sa présence. C’est cela le bien qui a été caché pour les Justes pour les temps futurs comme il est écrit: « et voici les descendances de Ytshak le fils de Avraham« . Le Zohar explique: Voici les descendances, la joie « Simha » et le rire « Séh’ok » (qui est la racine du nom Ytshak) qu’il y aura dans le monde à ce moment. « Fils de Avraham » c’est l’âme divine, l’âme qui aura le mérite de percevoir cette joie et d’atteindre la perfection. « Et Avraham engendra Ytshak« . L’âme représentée par Avraham engendra cette joie et ce rire dans le monde. Donc Avraham représentant l’âme divine et Ytshak la Joie.
Le Zohar explique ce verset « et voici les descendances de Ytshak fils de Avraham » ainsi: « voici les conséquences générées par l’âme divine: la joie et le rire qu’il y aura dans le monde« . Celui qui a enraciné dans notre cœur la joie qui nous est propre, c’est Ytshak. Pour cela la délivrance est reliée uniquement à Ytshak.
Il est enseigné dans le Talmud : que signifie ce verset: « et l’enfant a grandi et a été sevré« ? Plus tard D-ieu fera un festin avec les justes le jour où il épanchera son bien sur la descendance de Ytshak. Et ainsi il est enseigné dans le Talmud: « plus tard D-ieu dira à Avraham que ses enfants ont fauté. Avraham lui répondra : »maître du monde, qu’ils soient effacés pour la sanctification de ton nom » alors D-ieu se tourna vers Yaacov qui a connu la souffrance d’élever des enfants et lui dit : « tes enfants ont fauté ». Il lui répond la même réponse que Avraham: « qu’ils soient effacés pour la sanctification de ton nom« . Alors D-ieu se tourna vers Ytshak et lui a dit: « tes enfants ont fauté » alors Ytshak répondit: « maître du monde, ce sont mes enfants et non les tiens? À partir du moment où ils ont dit » faisons et écoutons » tu les as appelés « mon fils, mon aîné ». Et maintenant ce sont mes enfants et non les tiens? De plus combien d’années ont-ils fauté? Un homme vit environ soixante-dix ans. Enlève les vingt premières années de sa vie où l’homme n’est pas responsable de ses actes, il reste cinquante ans de jours et de nuits. Enlève vingt-cinq ans des nuits où ils n’ont pas fauté, il reste vingt-cinq ans. Enlève douze ans et demi où ils ont prié et mangé, il reste douze ans et demi. Si tu peux les supporter cela est bien sinon la moitié sur moi et l’autre moitié sur toi et si tu veux que je prenne tout sur moi, voici que je me suis sacrifié sur Ton autel« . Cela était les arguments de Ytshak afin de sauver le peuple d’Israël. Pour cela la délivrance est en son nom. Par son mérite nous avons été délivrés. En d’autres termes, Ytshak est la joie, la Simha dans le peuple d’Israël car c’est grâce à lui que nous nous unissons à l’illimité. Grâce à lui nous sortons de notre « Téphah’ atsav » notre limite dans laquelle nous vivons pour traverser ces limites et aller vers « alors notre bouche se remplira de rires« . Car grâce à la Joie que Ytshak nous a transmise dans notre code génétique spirituel, nous aurons la possibilité de nous unir à l’infini au temps de la délivrance future. Puisque Ytshak est le pilier du service divin, comme nous le déduisons du fait que D-ieu a repoussé la construction du Mishkan jusqu’au mois de Nissan, le mois où est né Ytshak. Dans de nombreux endroits, il est mentionné le lien entre Ytshak et le saint temple, comme il est écrit: « et je vous amènerai vers la montagne de ma sainteté et je vous réjouirai (Ysthak) dans la maison de ma prière« .
La véritable joie n’est que la joie qui se dégageait du saint temple. « Celui qui n’a pas la joie qui se dégageait des jours où étaient puisées les eaux au temple, ne sait pas ce qu’est la véritable joie« . Celui qui percevait cette joie, percevait la joie véritable. La « Joie » se trouve là-bas. Elle se trouve telle qu’Ytshak l’a matérialisée dans ce monde, « Ytshak fils de Avraham« , « Voici les descendances, la joie et le rire qu’il y aura à cette époque« . La joie et le rire qui sont dans le monde se définissent par « Ytshak fils de Avraham ». De la force d’Avraham est née Ytshak. Cette joie, Avraham l’a engendrée. Et celui qui matérialise cette joie dans le monde, c’est Ytshak qui a été appelé au nom de la « Joie ». Et il ne peut en être autrement. Ytshak est le pilier du service divin, c’est-à-dire principalement les sacrifices. Comme la définition que donne le Ramban sur le mot « korban » « sacrifice »: la chose qui permet de rapprocher les mondes, Korban dont la racine est « Kirouv » et « H’ibour ». Rapprochement et lien. Il est écrit sur Ytshak lui-même dans le Midrash: « au moment où est arrivé le couteau sur sa gorge, s’est envolée l’âme de Ytshak. Et puisqu’il entendit une voix sortir d’entre les deux chérubins (hakéroubim) dire « n’envoie pas ta main sur l’enfant », est revenue son âme dans son corps et il a été délivré. Alors Ytshak s’est levé et il a su que plus tard les morts retrouveront la vie ainsi et il a dit: « béni sois tu D-ieu qui fait revivre les morts« . C’est la deuxième bénédiction que nous disons des dix-huit bénédictions de la prière journalière qui est l’équivalence de Ytshak. La bénédiction « le bouclier d’Avraham » pour Avraham, la bénédiction de « la résurrection des morts » pour Ytshak et « Tu es saint » pour Yaacov comme il est dit « et vous sanctifierez le saint Yaacov ». Le Zohar explique que le nom Ytshak peut se diviser en deux mots « kets h’aï » « à la fin se trouve la vie« . « kets » signifie « la résurrection des morts ».
Il est écrit dans le traité [Talmudique] Shabbat que même l’ange de la mort a donné un cadeau à Moshé: le secret des encens. Cet ange est le seul dont sa mission dans ce monde est de faire le contraire de ce pourquoi il existe. Son but est d’amener la vie au monde mais concrètement il amène la mort. Le Talmud dit: « c’est le Satan c’est le mauvais penchant c’est l’ange de la mort. Comment est-ce possible? Il descend et il trompe, il monte et il accuse, il demande l’autorisation et il prend l’âme« . Il séduit pour faire fauter afin que l’homme mérite la vie s’il n’écoute pas sa voix. Un homme ne peut mériter la vie éternelle que s’il choisit le bien absolu et n’écoute pas le conseil du mauvais penchant. Le rôle du penchant est d’attirer l’homme afin qu’il n’écoute pas sa voix. Il n’est là que pour lui envoyer des idées dans la tête afin qu’on les repousse. Cependant, à partir du moment où il donne une réalité à ces pensées, alors le penchant se transforme en son plus grand ennemi et alors il remonte pour accuser, demande l’autorisation et prend son âme. L’ange de la mort a donné à Moshé une part de son côté existentiel réel, de la réalité de son existence vrai.
Il est dit dans la Haggadah de Pessah que plus tard, le maître du monde va égorger l’ange de la mort. Pourquoi avoir besoin de l’égorger ? Pourquoi ne pas l’écarter de ce monde d’une autre manière? Comment peut-on comprendre dans cette manière de tuer, une « belle mort » ? En fait l’égorgement est le moyen de séparer la tête du corps. Le corps de l’ange de la mort amène la mort dans le monde mais sa tête est son principe vital et là-bas se trouve le but de son existence et sa finalité réelle est d’amener la vie éternelle. C’est le principe des encenses. Celles-ci amènent la vie comme il est dit au moment de la plaie qui s’est abattue sur le peuple d’Israël, Moshé dit à Aharon d’amener les encenses. Et Aharon se tint entre les morts et les vivants et arrêta la plaie. Ce n’était pas l’encense qui était offerte sur l’autel des encenses mais le principe que Moshé avait reçu en cadeau de l’ange de la mort. Pour cela, le Ramban écrit que l’autel des encenses n’a été ordonné qu’à la fin de toute la construction du Mishkan car cela est la touche finale de sa construction. Car par cet ustensile, le Mishkan se transforme en maison de vie éternelle. Car de là-bas se propage la vie éternelle.
À propos de la destruction du saint Temple, le Talmud mentionne que Titus le mécréant est rentré dans le saint des saints et a planté un couteau dans le rideau de séparation et du sang a coulé de ce rideau. Il y avait à cet endroit quelque chose qui avait le goût de la mort. L’odeur du sang. Le Talmud dit que ce méchant pensait par cet acte avoir tué l’Eternel. Un pareil homme a priori est bon pour l’asile ! Et le Talmud se permet de mentionner ses actes ?! Celui qui étudie ce récit accomplit la Mitsva de l’étude de la Torah? Ici, en fait, il est fait référence à cette qualité qui s’appelle « D-ieu de vie éternelle« . Ce méchant voulait arrêter cette vie éternelle qui se propageait par l’intermédiaire du Temple. Le maître du monde nous a ordonnés: « Mes sacrifices de pains en tant que combustion odeur agréable vous garderez pour moi en son temps« . Si nous pouvons nous exprimer ainsi: D-ieu mange deux repas par jour. Et de là nous apprenons comment nous comporter dans la vie. Il y a une qualité qui s’appelle » D-ieu de vie ». Il y a un principe qui s’appelle « D-ieu vivant » et un autre principe qui s’appelle « car avec toi est la source de vie ». C’est-à-dire, si l’on peut s’exprimer ainsi, D-ieu se dévoile à nous avec ce principe de vie et la vie a besoin d’être alimentée. Sa volonté est de s’unir au monde et ceci passe par l’union de l’âme au corps. Cette union est la matérialisation de la vie dans ce monde. Il semblait à ce méchant que puisque l’endroit d’où cette vie se matérialisait était le Temple, alors s’il profanait ce lieu saint et faisait sortir du sang, il matérialisait par cet acte l’expression de « l’expulsion de l’âme du corps » c’est-à-dire l’expulsion du dévoilement de cette vie éternelle par sa profanation.
Ainsi nous aussi, nous exprimons notre deuil sur la destruction du Temple. Nous nous lamentons comme si un proche était allongé mort devant nous. Et ainsi doit être la loi. C’est le principe qui s’appelle « Elokim de vie« . Et ainsi le Temple est l’endroit où se trouve la bouche qui se nourrit, comme l’expression « la nourriture de l’autel » et là-bas se trouve aussi le nez qui sent les odeurs. Car ce sont les organes qui relient l’âme au corps.
Le Ramban explique que dans le Mishkan et dans le Temple, se dévoilait la gloire divine qui s’est dévoilée au Mont Sinaï au moment du don de la Torah. Cette même gloire s’est matérialisée et a perduré dans le Mishkan. Cette même gloire qui s’est dévoilée en matérialisant les dix paroles, source de vie éternelle. Cette même qualité s’est dévoilée dans le Temple. Par ce même principe s’est dévoilé D-ieu sur le mont Sinaï et a été donnée la Torah, par cette qualité de « Elokim de vie ». Cette qualité par laquelle, le maître du monde fait vivre sa création. C’est ce que nous disons dans notre prière: « Tu es unique, D-ieu, Tu as fait les cieux et la terre les cieux des cieux et toutes ses étoiles la terre et tous ceux qui la remplissent les eaux et tous ceux qui sont dedans et Toi Tu les fais tous vivre et les étoiles des cieux se prosternent à Toi » c’est le principe qui est évoqué par ces mots « car avec Toi est une source de vie« . Tu es la source d’où se propage la vie que toute créature reçoit. Le Temple est notre maison de vie éternelle. Et la touche finale de sa construction est l’autel des encenses puisque c’est à ceci que nous devons arriver, à la vie éternelle.
Revenons au sujet de Ytshak. Notre matriarche Sarah a dit au moment de la naissance de Ytshak: « Une farce, D-ieu m’a fait, tout celui qui entend cela, rit de moi« . La naissance de Ytshak avait en elle-même quelque chose qui réveillait le rire dans le monde. Cela était une très grande farce. Il y avait à ce moment précis quelque chose de bizarre et de contraire à toute conduite naturelle. A propos du verset: « et Sarah était stérile, elle n’avait pas d’enfant« . Le Talmud déduit: du fait qu’il y a écrit qu’elle était stérile, il n’y avait pas besoin de préciser qu’elle n’avait pas d’enfant ! Donc des mots « elle n’avait pas d’enfant » on apprend que Sarah n’avait pas de matrice. Elle était « eïlonit », elle pouvait enfanter comme un homme peut enfanter. C’est-à-dire impossible pour elle d’enfanter selon l’ordre naturel de la création. À propos de Avraham, toute la nature témoigne que le Maître du monde devait renverser le monde et changer les ordres de la course des étoiles afin qu’il puisse engendrer. Il a engendré d’une manière naturelle Yishmaël, mais engendrer une descendance qui aurait les mêmes caractéristiques spirituelles que lui, engendrer sa continuation pour perpétuer son œuvre, cela lui était impossible. Cette chose était absolument en dehors de la nature. Ytshak est né de l’impossibilité naturelle de naître d’un père qui ne pouvait engendrer un enfant tel que lui et d’une mère qui ne pouvait être mère. Et pour conclure, Ytshak lui-même était mort pendant une grande majorité de sa vie. Ytshak dans l’essence même de sa matérialisation dans ce monde est la réalisation du verset: « en faisant que D-ieu nous fasse revenir à Sion alors que nous étions comme des rêveurs alors notre bouche s’est remplie de rire et notre langue d’allégresse« . Il est interdit à un homme de remplir sa bouche de blagues dans ce monde. Aujourd’hui il nous est impossible de rire d’une joie totale, seulement « plus tard nous remplirons de joie notre bouche« . Alors apparaîtra la plus grande farce aux yeux des gens, c’est cela Ytshak. Et pour cela, Ytshak est le père de la délivrance. Le père de « alors il remplira de joie notre bouche« . Comme il est connu qu’une farce et des rires ne surviennent qu’au moment où cela est inattendu, étonnant. A ce moment, survient le rire et la farce. Ytshak a amené cette force dans le monde. Ce « ail remplira de joie notre bouche ».
En profondeur, Ytshak a amené dans le monde la possibilité de s’inverser, la possibilité de briser les limites de l’ordre naturelle. Un monde qui est impossible à concevoir et à imaginer. Cet ordre naturel lui-même se transformant complètement en une réalité opposée et inimaginable. Ici est tapi le principe: « lorsque rentre le mois de Av, la joie se diminue« . Cette même Joie c’est la Joie de Ytshak Lorsque le Temple a été détruit, cela a été la destruction de ce principe. La maison n’est plus. La joie est descendue d’intensité. Elle a été capturée. Mais l’essence même du Temple existe toujours comme le Rambam l’enseigne: « la sainteté du Temple et de Yérouchalaïm se matérialise du fait de la présence divine et la présence divine ne s’annulera jamais, ne disparaîtra jamais ». Mais elle est en « destruction » et donc la Joie est moindre. Et ceci est aussi écrit dans le Talmud: « de la même manière lorsque le mois de Addar rentre, le mois qui s’est inversé, le mois où la destruction s’est inversé pour devenir » alors se remplira de rire notre bouche ». C’est la farce de l’homme. Dans le livre de la création, il est écrit qu’à chaque mois de l’année, est créée une des qualités qui matérialise le Néfech dans le corps telle que la parole, l’écoute le mouvement….au mois de Adar c’est la qualité de la joie qui est créée et qui se matérialise dans le corps. Les hommes peuvent dans cette période atteindre la joie véritable, la joie qui porte en elle la parole prophétique « alors se rempliera de joie notre bouche« . Le rire imbécile n’est qu’une pâle imitation du rire. C’est le rire du singe. Le rire véritable est né au mois de Adar. « On diminue la joie au mois de Av » car la joie a été détruite. Cette même joie qui est le dévoilement de la qualité de Ytshak, a été traversée par un vent de destruction et nous sommes à ce moment comme un endeuillé avec son mort étendu devant lui. Mais de la même manière que lorsque rentre le mois de Av, la joie diminue ainsi lorsque rentre le mois de Adar, la joie s’intensifie. Le mois de Adar prend les ruines elles-mêmes, et sort d’elles la joie qui est tapie dans ces ruines. Il sort de ces ruines le rire.
Ytshak est un homme qui est né non pas d’une ruine mais de trois ruines: de la destruction
1/ du père
2/ de la mère et
3/ de lui-même.
C’est cela Ytshak! Cette chose nous devons la connaître et nous en rappeler. Nous espérons la disparition de ce brouillard qui nous voile les yeux et qui nous fait nous déplacer dans un doux rêve « nous étions comme des rêveurs à Bavel pendant soixante-dix ans ». Nous espérons nous réveiller de ce rêve qui nous fait voir le monde dans lequel nous nous déplaçons comme une réalité et alors « se remplira notre bouche de rire ». La joie est en nous car en vérité nous sommes reliés à l’éternité que D-ieu a implantée en nous. C’est cela l’essence même de la joie. Au moment où se dévoilera en nous la supercherie de ce monde, les ruines dans lesquelles nous vivons, alors la véritable Joie se déversera sur nous en brisant toutes les barrières qui font que nous avons l’impression d’être séparés du maître du monde. Une joie indicible qui amène au rire véritable.