Parachat Ytro (1)
Rav Moshé Shapira
Traduit et adapté par Rav Michael Smadja
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Lorsqu’il était encore étranger, non-converti, Yitro était appelé Yéter, car il a rajouté un chapitre à la Torah, puis lorsqu’il s’est converti, les commandements ont fait qu’il lui a été rajouté une lettre et il a été appelé Yitro. Comment alors qu’il était encore non-juif, il a pu rajouter un chapitre à la Torah? Selon l’ordre normal, il aurait dû être appelé Yéter après qu’il se soit converti et non avant ! De plus comment comprendre qu’il ait pu rajouter un chapitre à la Torah? Voici qu’elle a été créée deux mille ans avant la création du monde ! Si elle est en plus, alors ce n’est pas Torah et si cela est Torah, alors ce n’est pas en plus ! Autre incompréhension, comment à l’état de non-juif a-t-il pu atteindre la dimension Torah pour pouvoir y rajouter un chapitre?
Lorsqu’il a été appelé Yéter, il était dans ses réflexions spirituelles, ses méandres spirituels confus car il est connu qu’il était idolâtre et de surcroît le plus grand des idolâtres. Il a étudié, expérimenté toutes les philosophies de la compréhension de la vie qui existaient dans le monde. ״Maintenant je sais que D-ieu est le plus grand de parmi tous les dieux« . Comment Yitro a-t-il pu mettre en comparaison D-ieu avec des dieux étrangers? Seulement ainsi un des premiers sages de la Torah a expliqué ce verset: comment ai-je pu percevoir que D-ieu est vérité vrai et qu’il n’y a rien d’autre comme réalité? Du fait que j’ai étudié et expérimenté toutes ces philosophies étrangères et idolâtres. C’est grâce à l’approfondissement qu’il a développé à étudier ces philosophies qu’il a pu réaliser que D-ieu est la réalité de ce monde. Toutes ces philosophies lui ont permis de s’élever, d’atteindre et de percevoir la vérité qu’il n’y a rien d’autre que Lui.
Il est connu qu’au moment du mariage de Moshé avec Tsipora, la fille de Yéter, celui-ci a posé une condition à ce mariage: que le premier fils de cette union suive son chemin et soit éduqué selon les philosophies idolâtres et Moshé a accepté. Pourquoi? Car toute la vie de Yéter a été consacrée à la recherche de la vérité et c’est grâce à ces philosophies qu’il a pu y arriver et ce n’est que par ses expériences mystiques idolâtres qu’il a pu s’en extirper et arriver à la vérité. Il pensait qu’uniquement par ce chemin initiatique, la vérité pouvait être atteinte. En fait c’était la même conduite qu’avait tracée Avraham car lui aussi avant d’arriver à la vérité, était passé par ce chemin initiatique de l’expérience idolâtre. « Au début, nos ancêtres étaient des idolâtres« . Le Rambam écrit que Avraham [et cela est retenu comme loi] expérimentait les philosophies étrangères avec toute sa famille et tous les habitants de la ville de Our Kasdim. Il a recherché, approfondi, expérimenté afin d’arriver au niveau de vérité où il est arrivé et cela par sa seule force de concentration qu’il a pu développer pour y arriver. Avraham est devenu ainsi le plus grand des géants. Sa puissance était tellement grande qu’il pouvait réveiller, faire appréhender, faire ressentir par l’expérience à tous les passants de ce monde, ce goût de vérité qui est que « qu’il n’y a rien d’autre que D-ieu« . La proximité divine. Il y a écrit dans les chapitres des pères qu’il y a eu dix générations entre Noah et Avraham et que celui-ci a pris le salaire de tout le monde. Comment expliquer qu’Avraham ait pu prendre le salaire de tous? Un homme ne peut détourner pour lui ce qui revient de droit à une autre personne ! De plus pour que cela soit un salaire, il faut déjà qu’il soit arrivé chez la personne puis le prendre pour soi-même car sinon cela ne s’appelle pas encore un salaire. Et donc comment après Avraham a-t-il pu le recevoir? Ce n’est pas matériel. Et s’ils méritent un salaire pourquoi ne leur serait-il pas comptabilisé? Le Rambam explique qu’Avraham discutait, philosophait avec chacun en particulier. Il leur parlait selon l’esprit de chacun et par leurs pensées leurs idées, il les amenait vers la croyance, la foi.
Le monde entier est rempli de pensées, d’idées tronquées, déformées. Chacun de nous a sa façon de penser, sa façon de voir de percevoir le monde selon ses désirs pernicieux, selon ses pulsions qui l’attirent vers le mensonge, l’erreur. Chaque personne qui se présentait devant Avraham avec son mode de pensée, avec patience et compréhension, il les conduisait et leur montrait comment par leurs propres pensées, ils pouvaient et devaient atteindre la réalité de la croyance. De par leur conception de la vie, il leur montrait comment arriver à la croyance véritable. De n’importe quelle pensée pure qui n’est pas issue des pulsions animales comme les désirs et les envies, il est possible de ces mêmes pensées tournées vers la réalité vraie, d’arriver à la croyance. De toute pensée libérée de la matière, chacun de nous a le pouvoir d’accéder à la croyance véritable. « Il a pris le salaire de toutes ces pures pensées« . Toutes les pensées de ceux qu’il a amenés à la croyance. Ces pensées issues d’idéologies falsifiées, teintées de pulsions animales, Avraham les a purifiées afin qu’elles arrivent d’elles-mêmes à la même conclusion et chacun selon son mode de pensée. En fait ce salaire ne revient qu’à Avraham qui a su dépoussiérer ces pensées divines et les amener à la croyance. Il n’a pas convaincu par ses propres pensées la personne à revenir à D-ieu car cela aurait été un travail personnel de la personne à comprendre ce qu’Avraham a dit et donc le salaire de ce retour lui serait propre. Mais Avraham rentrait, s’introduisait dans l’esprit de la personne pour se servir de ses pensées les plus subtiles pour les transformer, les redresser et donc le mérite de ces pensées lui revenait de droit.
L’intention de Yéter lorsqu’il a conditionné le mariage de sa fille à la réservation de son premier fils à l’idolâtrie était en fait du même style que ce que faisait Avraham afin qu’il arrive de lui-même à la croyance et donc à la vérité. Faire en sorte qu’il dépoussière de lui-même ses pensées les plus profondes de toute impureté liée à la matière et à ses pulsions qu’elle engendre.
Le nom qu’il a reçu alors qu’il était encore étranger a été Yéter alors qu’il était encore attaché à toutes ces philosophies étrangères qui existaient dans ce monde.
Si nous nous arrêtons un peu et scrutons notre manière de fonctionner dans notre monde nous comprendrions que nous vivons dans une dimension qui est à l’opposé de la vérité. Car ce cheminement existentiel n’est fait que d’attirances vers ce monde, conduite erronée falsifiée. Cette construction de l’existence basée sur le véritable mensonge. Un monde fait que de nouveaux besoins qui sont eux-mêmes issus de cette conduite même de cette dimension existentielle. Ces besoins qui tirent leur énergie des envies mêmes créées par cette manière de voir la vie et qui sont complètement superflus dans leur essence. Des besoins qui sont sans valeur, sans nécessité. Et cette conduite existentielle agit ainsi en créant de nouveaux besoins que les hommes se créent eux-mêmes mais qui en vérité, n’ont aucune nécessité. La vérité est ce fait que je puisse vivre, respirer, manger mais le reste est superflu en vérité. Pour cela, cette dimension est appelée mensonge. Des envies qui naissent des pulsions animales, source de la matière, énergie tournée sur elle-même.
Pour que le commerce vive, bouge, il faut créer des besoins et pour cela, créer des manques. Des manques qui ne sont en fait que des choses complètement superflues. Les nouveautés dans ce monde ne reposent sur rien. Il y a certaines catégories de gens qui, s’ils ne changent pas de voiture tous les 6 mois, sont automatiquement exclus de leur société. Comment cela est-il possible? C’est déjà vieux alors que l’on peut encore l’utiliser ! C’est ce qui s’appelle « se créer des besoins » se créer des besoins pour des choses superflues, inutiles, sans valeur vitale aucune. Et sur ces besoins, le Talmud dit en vérité: « ce qui est en plus est considéré comme manquant« . Ce qui est en plus est en fait l’expression d’un manque. Un homme qui a besoin de ces choses inutiles et superflues, et qui puise sa vitalité de ce manque en fait est un homme imparfait. C’est un homme pauvre dans sa définition extrême, car il a besoin de choses qu’un homme dans sa réalité, n’a pas besoin. Et si l’envie s’éteint, alors le besoin disparaît et retourne d’où il vient, au néant.
Toute cette vision existentielle du monde est basée sur le Yéter, sur le superflu. Le rajout fait d’un animal, une bête imparfaite, avec un défaut. Un homme qui a six doigts à sa main est considéré comme un homme à qui il manque un doigt. Ce qui est en plus, inutile dans la vie est en vérité la concrétisation d’un manque. Cela nous enlève quelque chose de notre réalité. Il nous fait quelqu’un de dépendant donc d’imparfait. Cette dimension de la vie qui fait que celle-ci ne se construise que sur la création de nouveaux besoins inutiles est une dimension que tout le monde vit. C’est une réalité et pour certains la seule réalité. Lorsque de nouveaux besoins se créent dans le monde, forcément cela va créer un manque dans le monde. Cela va amener la famine dans une partie du monde défavorisé. Nous nous nourrissons du manque. Cette conduite s’appelle selon nos sages: » une personne pour étancher sa soif, qui boit de l’eau salée ». Il boit de la soif. Il introduit en lui la soif. Le fait de boire inverse sa finalité, le fait d’assouvir son envie inverse ce pourquoi il a voulu assouvir son envie. Mais c’est ainsi que le monde fonctionne, apparaît. C’est ainsi que se construit cette pyramide du mensonge. Quelle est la première chose superflue qui est mentionnée dans la Torah? Et par qui est venue cette perception de la vie? Par un homme qui est lui-même en dehors de la Torah, qui lui-même s’est fait appeler Yéter. Et qu’elle est cette chose qui est inutile dans la Torah que Yéter a rajoutée? Le chapitre des juges, le chapitre sur le rajout des juges.
« Les convertis sont pour Israël comme des boutons de lèpre »
Il est écrit dans le que les convertis sont durs pour Israël comme les boutons de lèpres. La lèpre est une maladie de la peau qui vient de la peau elle-même mais qui apparaît comme quelque chose d’extérieure à elle. Il y a quelque chose qui s’unit, qui s’associe à la vie mais qui est en plus de la vie, superflue et inutile. C’est quelque chose qui ne provient pas de la vie mais qui est en plus de cette vie, superflue. Les convertis sont quelque chose en plus qui n’apportent rien à Israël. C’est du Yéter.
« Moshé se réjouira de sa part car il a été appelé « serviteur intègre » »
Au moment de la faute du veau d’or, D-ieu dit à Moshé: « va et descend car ton peuple a fauté« . Rashi rapporte les paroles de nos sages: « c’est ton peuple qui a fauté et non mon peuple« . En fait ce sont les convertis le mélange des peuples que Moshé a rajouté, qu’il a associé au peuple d’Israël, c’est lui qui a amené toutes les souffrances sur le peuple d’Israël. C’est ton peuple et non le mien. A cause de cela, Moshé a été exclu mis en excommunion du tribunal céleste. « Sa part » fait référence à « ton peuple » et non » mon peuple ». C’est la part de Moshé dans le peuple d’Israël. C’est une part nouvelle qui est venue se greffer. Alors pourquoi « Moshé se réjouira de sa part » puisqu’il a été excommunié? « Puisque toi D-ieu Tu l’as appelé « serviteur intègre » et puisque « tout ce qu’un esclave acquiert, en fait c’est son maître qui le possède » donc plus tard à la fin des temps, ton peuple deviendra mon peuple. Pour cela, Moshé se réjouit. Et donc sa remontrance ne sera plus une exclusion car « ce qui est à toi, est à moi ». Car ce qui t’appartient est à moi. Il est écrit que dans les temps futurs les convertis prendront une part dans la terre d’Israël. Ils seront une partie intégrante de nous.
La Torah écrite est un don venu des cieux. La Torah orale est l’expression de notre réalité, de notre compréhension. De nos incompréhensions s’est révélée la Torah orale. Elle n’est pas descendue du ciel. La Torah orale est le moyen pour nous de nous relier à la Torah écrite qui vient des mondes supérieurs. Cette Torah orale est le lien qui va dévoiler la Torah qui est en nous. Tout le monde ne peut se purifier pour emprunter les chemins supérieurs qui sont sans défauts, les chemins célestes. Nous vivons dans ce monde, nous n’avons pas de lien avec ces degrés élevés. Moshé a vécu quarante jours et quarante nuits sans boire ni manger ni dormir, sans besoin de ces besoins naturels et vitales. Moshé est devenu un être céleste. La pure réalité de Moshé est la réalité de la Torah.
« Moshé est vérité et sa Torah est vérité » cela veut dire que sa réalité fait partie d’une autre dimension, il est entièrement vrai. Que veulent dire ces mots « Moshé est vérité » ? Est-ce que cela veut dire qu’il existe, qu’il est réel? Mais toute création existe, est réelle ! Mais cela ne veut pas dire automatiquement qu’elle soit vraie. Moshé lui est vérité. La réalité de la vérité ne se réalise que dans Moshé et même en dehors de la Torah, il est une réalité vraie. La réalité vraie entraîne et oblige que le jugement ne puisse se greffer sur le peuple d’Israël car ceci est la conséquence d’un changement. La dimension du peuple d’Israël est Torah donc vérité et donc inaltérable et sans question. Si le peuple veut être jugé, il y a obligation que seul Moshé le juge selon la Torah. Tout doute dans la Torah doit être éclairci par Moshé. Celui-ci a donné la Torah au peuple d’Israël. Lui-même accompli cette Torah, il est Torah. La Torah est appelée en son nom. Selon la réalité vraie, il n’y a aucune possibilité qu’un jugement puisse être fait sur le peuple d’Israël autre que par l’intermédiaire de Moshé car « loi de la Torah » veut dire: placer une loi de la Torah sur un fait précis. Dévoiler les paroles de Torah afin qu’elles s’appliquent sur un nouveau fait spécifique. Et cela, seul Moshé peut le faire. Mais lorsque vient un homme qui est dans son essence la superficialité même, Yéter, alors il crée le besoin que le peuple d’Israël ait besoin de juges autres que Moshé. Ce besoin selon la réalité vraie, là où se trouve Moshé, n’existe pas car tout problème qu’il soit d’ordre de la Torah ou d’ordre matériel, Moshé a le pouvoir de les résoudre.
Ce besoin de nouveaux juges ne provient que d’un rabaissement de notre niveau spirituel. Cela provient d’une dimension beaucoup plus basse où la conduite n’est dirigée que par l’énergie de la nouveauté, du besoin de créer des besoins. Cette dimension n’est pas la dimension de la Torah écrite qui a été donnée depuis les cieux qui est la réalité parfaite et Moshé est la réalité parfaite. La Torah est appelée en son nom. Mais ce besoin de nouveaux juges provient de la dimension de la Torah orale. Cette Torah qui est appelée au nom de Rabbi Akiba car c’est une Torah que Moshé ne peut percevoir car issue d’une autre dimension. La Torah de Moshé est claire car elle réside dans une dimension beaucoup plus élevée. Celui qui ne se trouve pas dans cette réalité, a besoin d’une Torah faite de nouveautés. Ces rajouts selon la réalité vraie sont superflus et inutiles. Ces problèmes et ses nouveautés viennent du fait qu’il nous est impossible de nous unir à la réalité de la Torah, lien total et parfait. De ce fait, a été créé en nous un besoin pour les besoins qui dans leur réalité la plus profonde sont superflus et inutiles. Mais dans notre dimension, nous en avons besoin.
La nomination des juges est le conseil de Yitro. C’est une chose superflue mais cette chose inutile est un besoin vital pour nous. Ce besoin engendre les paroles de Torah. Et ces paroles de Torah selon la dimension la plus extrême, la plus pure, sont dans leur réalité, superflus. Il n’y a pas besoin de nouveauté pour atteindre la Torah. Il faudrait que dans notre dimension, les paroles de Torah soient comme elles sont dans la dimension de la vérité. Comme elles apparaissent aux yeux de Moshé lui-même. Yitro a inventé une nouveauté que personne d’autre ne pouvait inventer. Moshé et tout celui qui était collé à lui ne pouvaient comprendre d’une autre manière car ceci est la Torah. Cette invention de Yitro est la racine de toutes ces conduites qui font courir l’homme après de nouveaux besoins. Il faut comprendre que la majorité des choses de ce monde où nous vivons, sont des choses superflues et inutiles qui réveillent en nous le besoin.
Toute cette conduite a commencé le premier « sixième jour » de la création. D-ieu a ordonné au premier homme de ne pas manger le fruit de l’arbre de la connaissance. Un fruit qui était beau goûteux et donnant la connaissance. Lorsque Eve l’a vu, beau aux yeux ayant l’air délicieux, elle s’est dit que ce fruit lui était nécessaire et puisque D-ieu l’a créé, c’est pour les besoins de l’homme et puisqu’elle a ressenti le besoin de le manger, elle l’a pris et l’a mangé. La forme des objets comme il semble être à notre époque crée un besoin dans l’homme. Si en vérité, les objets étaient réellement superflus, on ne les regarderait même pas. Mais ces objets sont créés avec le même principe que le fruit de l’arbre de la connaissance, attirants qui réveillent en nous le besoin de l’acquérir, de le posséder créant un besoin vital en nous. De ce fruit est venue cette conduite. Si le premier homme et Eve n’avaient pas eu besoin de ce fruit, les choses seraient restées comme elles étaient et ils auraient pu accéder à ce qu’ils avaient besoin en vérité. Mais à partir de cet acte, le monde ne recherche que ce qui est superflu, inutile, ce qu’il n’a pas besoin en vérité. Toutes ces conduites qui se tiennent dans le monde, sont en fin de compte la conséquence du fruit de l’arbre de la connaissance. Ce même arbre qui a amené la mort dans le monde. Cette faute elle-même doit être réparée. Comment la réparer? La réponse à cette question et a toutes les questions qui en découlent d’un point de vue vérité pure, est en fait que tout n’est que superficialité, chose sans fondement. Mais la nouveauté est que ces choses ouvrent des portes à la Torah. Ces besoins qui naissent, engendrent des nouveautés de Torah qui naissent conséquence de ces nouveaux besoins qui se créent et que nous associons à notre vie. La réparation finale est que de la même manière que cette faute a ouvert la porte à toutes les nouveautés de la Torah, ainsi la délivrance va ouvrir la porte à de nouvelles perceptions de la Torah.
Nos sages disent que les raisons des commandements ont été dévoilées au moment de la sortie d’Égypte. Il est évident que lorsque Avraham accomplissait toute la Torah, lorsqu’il mangeait les Matsot à Pessah, il ne pouvait pas dire sur elles: » voici les Matsot qui n’ont pas eu le temps de lever ». Mais puisqu’il mangeait les Matsot, cela veut dire qu’il avait ressenti qu’il y avait un besoin à cela qu’il ne percevait pas, qui était très profond. Mais la sortie d’Égypte a dévoilé sa véritable raison. La raison de toutes les Mitsvot. La délivrance d’Egypte est la racine de toutes les délivrances et nous attendons et espérons la dernière qui sera de la même veine que la délivrance d’Egypte. Au moment de la délivrance d’Égypte, d’un coup, il y a eu un dévoilement des raisons des Mitsvot. Les patriarches Avraham, Itshak et Yaacov mangeaient les Matsot à Pessah sans en connaître les raisons car eux vivaient dans une dimension où la perception des Mitsvot était différente. Perception beaucoup plus pure. Une autre conduite de la vie où l’action n’était pas commandée par un besoin. Par contre dans notre dimension où tout est généré par un besoin, il y a besoin du dévoilement des raisons des Mitsvot qui vont être le déclencheur des Mitsvot. La libération est une ouverture à la Torah où les paroles de Torah s’y dévoilent. Les accidents de ce monde sont un révélateur des raisons des Mitsvot. Ainsi il en a été pour la délivrance d’Egypte et ainsi pour la délivrance de Pourim et de Hanoukka. Ces délivrances nous ont dévoilées des paroles nouvelles de Torah qui se trouvaient dans des endroits qui étaient impossible à rattacher à notre monde. Nos sages nous enseignent que la délivrance future va dévoiler la raison de la vache rousse. Car jusqu’à présent c’est une Mitsva sans raison. La prochaine délivrance va nous ouvrir l’esprit afin d’accéder à la raison de cette Mitsva. Les paroles de Torah de la purification de la vache rousse seront à propos de la purification de l’impureté liée à la mort. Toutes ces paroles de Torah qui sont la conséquence de la faute du premier homme se dévoileront au moment de la délivrance finale. Ces paroles de Torah qui ont été implantées et enfouies dans cette faute. Dans cette conduite du monde, il n’y a rien qui ne soit pour ne pas dévoiler des paroles de Torah.
D-ieu s’est « plongé » dans la Torah pour créer l’univers. Le monde entier parle, respire Torah. Le premier qui est entré dans cette dimension de la Torah orale, dans ces paroles qui sont cachées dans les besoins superficiels et inutiles, a été Yitro. Les lois des juges qui ont été dévoilées grâce au conseil de Yitro, c’est ce conseil lui-même qui a dévoilé une nouvelle perception de la Torah. Ce conseil fut l’introduction à la Torah orale. Il a ouvert un chemin à une nouvelle perception de la Torah qui se dévoile grâce aux besoins de ce monde qui ne sont pas des besoins véritables liés à la réalité vraie. Cette Torah s’est inventée du fait que ceux qui vont la recevoir ne pouvaient se tenir dans la réalité de cette dimension de la vérité qui se dégage de la Torah écrite. La première racine de la Torah orale s’est introduite dans la Torah en tant que besoin superflu. C’est-à-dire que la sainte Torah se perçoit aussi selon la direction de ce monde matériel. Et comme ce monde ne fonctionne que par des énergies issues des besoins superflus à partir de la faute du premier homme, la Torah peut se percevoir aussi dans cette même dimension et n’être perçue que par un mouvement énergétique provoqué par le superflu, par la préhension de nouvelles paroles. Et le premier qui a démarré ce fonctionnement de la perception de la Torah, a été Yitro qui a « rajouté » un chapitre dans la Torah. C’est-à-dire qu’il a ouvert l’esprit de l’homme à la perception de la Torah par cette conduite du monde faite de volontés de créer de nouveaux besoins inutiles.
Toute la réalité de Yitro, toute sa vie était basée sur le superficiel grâce auquel il est arrivé à la vérité. Alors il a rejeté ces choses superflues pour se relier à la vérité. Il s’est senti obligé de prendre avec lui cette conduite qui l’a amenée à la vérité. « Maintenant je sais que D-ieu est grand grâce à tous les autres dieux«
Cette Torah va se dévoiler à la fin des temps pour montrer que toutes ces choses superflues qui font fonctionner le monde sont la base de la Torah orale. Chaque chose de ce monde a son utilité, dévoiler des paroles de Torah, chaque nouvelle invention cache en elle de nouvelles paroles de Torah c’est-à-dire une nouvelle manière d’arriver à la vérité. Jusqu’à ce que cette conduite, cette course à l’invention nous amène à découvrir l’essence même de la réparation de la faute du premier homme. La Torah de la pureté et de la réparation de la faute qui a amené l’impureté de la mort dans ce monde en amenant cette énergie du besoin de l’inutile. Cette libération réparera la faute du premier homme, elle va nous sortir de cette conduite qui amène à la mort. Alors nous comprendrons comment nous extirper de l’impureté du cycle de la mort. Une chose qui en elle-même est impossible à saisir.
Que veut dire que Yitro a rajouté un chapitre à la Torah? Il a ouvert la possibilité d’atteindre le dévoilement qui va se faire à la fin des temps. Et ce dévoilement viendra lorsque les convertis prendront une part dans la terre d’Israël. Ces convertis qui sont les descendants de Yitro sont tous inutiles et tous ces superflus vont dévoiler la Torah. Et bien qu’ils nous ont amenés de nombreuses souffrances, ce n’est que par eux qu’à la fin des temps, des paroles de Torah vont être dévoilées qui sans eux nous n’atteindrions pas. Les convertis représentent la faculté à produire de nouveaux besoins qui par eux, se dévoileront de nouvelles paroles de Torah qui toucheront la finalité même de cette conduite divine, éradiquer cette même énergie qui amène à la mort ou plutôt la transformer, la canaliser pour qu’elle perdure à jamais.
(Comment ce besoin de nouveauté se matérialise-t-il en nous? Par des idées, de simples pensées non contrôlées issues d’une énergie engendrée par les pulsions animales. Et ces pensées mêmes sont la source des pensées de Torah. En fait toutes ces pensées sont issues de la même énergie, l’énergie engendrée par nos pulsions animales qui ne sont pas éternelles car le corps est limité dans cet espace-temps qu’est la création. Si nous arrivons à contrôler nos pensées, ce flux énergétique créé par notre corps, nous arriverons à faire apparaître en nous une force énergétique issus d’une autre dimension, la dimension de la conscience pure où l’intellect ne fonctionne pas comme dans la dimension des pulsions animales, où le besoin de nouveauté n’existe pas et donc où la Torah se perçoit telle qu’elle est réellement sans avoir besoin de l’appréhender intellectuellement pour la saisir mais directement par l’expérimentation.)