XII Lois concernant Pourim qui tombe Shabbath « Pourim Triple »
Ce chapitre [du livre Torath Hamoadim] est basé sur les Responsa Yé’havé Daâth ; Tome 1 Chapitre 90 avec de nombreux ajouts.
Introduction.
Dans les villes qui étaient entourées de murailles à l’époque de Yéhoshoua Bin Noun, dans lesquelles on lit la Méghilla le 15 Adar, certaines années le 15 Adar est un Shabbath, et une telle année où le 15 Adar est un Shabbat, les Mitsvoth de Pourim [dans ces villes qui étaient entourées de Murailles] sont partagées en trois jours. Certaines Mitsvoth sont anticipées et faites le vendredi ; certaines Mitsvoth sont de pourim sont faites Shabbath et certaines Mitsvoth de Pourim sont repoussées au dimanche comme on le verra plus loin.
Par contre, les villes qui n’étaient pas entourées de murailles à l’époque de Yéhoshoua bin Noun, dans lesquelles on lit la Méghilla le 14 Adar, ne voient jamais Pourim tomber un Shabbath.
Lecture de la Méghilla
[2-יב-א] Lorsque le 15 Adar est un Shabbath, il faut anticiper la lecture de la Méghilla dans les villes qui étaient entourées de murailles à l’époque de Yéhoshoua Bin Noun au 14 Adar, c’est à dire le vendredi [le jeudi soir et le vendredi matin], car les sages, que leur souvenir soit une bénédiction, ont institué de ne pas lire la Méghilla le Shabbath, car tout le monde est tenu de lire la Méghilla, et tout le monde n’est pas « expert » dans la lecture de la Méghilla, ordonnance rabbinique qui a été instituée de peur que quelqu’un prenne la Méghilla et la fasse passer du domaine privé au domaine public [ce qui est interdit pendant Shabbath] ou bien que quelqu’un la transporte sur quatre coudées dans le domaine public [ce qui est interdit pendant Shabbath] afin de l’amener à un « expert » pour lire la Méghilla.Il s’avère qu’une année où le 15 Adar est un Shabbath, les habitants des villes qui étaient entourées de murailles à l’époque de Yéhoshoua Bin Noun, ont la même obligation de lire la Méghilla [c’est à dire le même jour] que les habitants des autres villes qui lisent la Méghilla le 14 Adar.
[2-יב-ב] Les habitants des villes qui étaient entourées de murailles à l’époque de Yéhoshoua Bin Noun qui lisent la Méghilla le 14 Adar, lorsque le 15 Adar est un Shabbath, doivent a priori lire la Méghilla en présence de 10 personnes, et s’il n’y a pas 10 personnes, ils liront la Méghilla en présence de moins de 10 personnes et avec les bénédictions.
La prière le soir du 14 Adar [le jeudi soir]
Cependant, ils ne feront pas la bénédiction dite après la lecture de la Méghilla « Hael Harav Eth Rivénou » en prononçant le nom de D.ieu, car cette bénédiction ne peut être dite qu’en présence de dix personnes. Et même lorsque la Méghilla est dite en son temps (en l’occurrence le 15 Adar) on ne dit la bénédiction faite à l’issue de la lecture qu’en présence de (d’au moins) dix personnes, car cette bénédiction n’est qu’un Minhagh (une « coutume ») et cette bénédiction n’a été instaurée que lorsqu’il y a une assemblée [c’est à dire au moins dix personnes] (comme cela a été vu plus haut au chapitre V §14).
En conséquence, les habitants de ces villes qui lisent la Méghilla pour leur maisonnée (chez eux) le 14 Adar, afin de les rendre quittes de leur obligation, feront toutes les trois bénédictions dites avant la lecture de la Méghilla qui sont « Al Miqra Méghilla », « Shéâssa Nissim » et « Shéhé’héyanou ».
[2-יב-ג] Après la lecture de la Méghilla le soir du 14 Adar, dans les villes qui étaient entourées de murailles à l’époque de Yéhoshoua Bin Noun, on dira « Wéatta Qaddosh Yoshev Téhilloth Ysrael », ensuite la Quéddousha (Déssidra) ; la raison en est que le Psaume 22 « Lamnatséya’h Âl Ayéléth Hasha’har » a été interprété par les sages comme se rapportant à Esther (voir Talmoud Yoma 29a, Méghilla 15b, voir également Tossafoth Méghilla 4a passage commençant par « Passaq », et voir plus haut Ch. VII §1) ; dans ce Psaume il est dit (au verset 3): אֱלֹקַי -אֶקְרָא יוֹמָם, וְלֹא תַעֲנֶה; וְלַיְלָה, וְלֹא-דֻמִיָּה לִי.De là les Sages ont appris dans le traité Méghilla (page 4a) qu’on doit lire la Méghilla la nuit et la relire le jour (et Rashi explique que la lecture de la Méghilla est en souvenir du miracle, car ils criaient au moment de leur détresse, jour et nuit. Il est dit ensuite, dans ce même psaume au verset suivant (verset 4) :Tu es pourtant le Saint, trônant au milieu des louanges d’Israël.
La Mitsva de donner aux pauvres.
(voir Tossafoth Soukka 53a, passage débutant par « אם »), c’est pour cela qu’il faut dire ce verset (c’est à dire וְאַתָּה קָדוֹשׁ ….), qui est l’introduction à la Queddousha (déssidra), après la lecture de la Méghilla et après ce verset nous disons la Queddousha (déssidra).
וְאַתָּה קָדוֹשׁ– יוֹשֵׁב, תְּהִלּוֹת יִשְׂרָאֵל
Mon D.ieu, j’appelle de jour et tu ne réponds pas, de nuit, et il n’est pas de trêve pour moi.
[2-יב-ד] Lorsque le 15 Adar est un Shabbath, les habitants des « villes fortifiées » doivent accomplir la Mitsva de donner aux pauvres (Matanoth Laévionim) le vendredi, du fait que les yeux des pauvres sont tournés vers la lecture de la Méghilla, car au moment de la lecture, par la grande affection portée au miracle (de Pourim), le cœur est enclin à donner généreusement pour le bien des pauvres.
Travailler le 14 Adar
[2-יב-ה] Le vendredi, qui est le 14 Adar, il est permis, aux habitants des villes fortifiées à l’époque de Yéhoshoua Bin Noun de travailler, car l’habitude de ne pas travailler à Pourim n’a été prise que lorsque Pourim est célébré en son temps, c’est à dire [en l’occurrence] le 15 Adar, mais lorsqu’on anticipe la lecture de la Méghilla au 14 Adar [le vendredi] nous n’avons pris aucune habitude de ne pas travailler. A plus forte raison est-il permis de se couper les cheveux en l’honneur de Shabbath.Cependant, l’avis de nombreux « A’haronim » parmi les Rabbins de Jérusalem est qu’il faut être plus strict dans ce cas de figure, cependant leurs propos ne sont pas retenus dans la Halakha, et dans l’essence de la loi on peut être souple dans ce cas [et travailler]. Que celui qui est plus strict reçoive la bénédiction.
[2-יב-ו] Dans les autres villes d’Israël, et dans toutes les villes « ouvertes » il est interdit de travailler le vendredi (qui est le 14 Adar) car il s’agit, dans ce cas de figure, de Pourim qui a lieu en son temps, malgré tout il est permis de se couper les cheveux en l’honneur de Shabbath.
Dire « Wéâl Hannissim »
[2-יב-ז] Le Shabbath [15 Adar], il faut dire « Wéâl Hannissim » dans les villes qui étaient entourées de murailles à l’époque de Yéhoshoua Bin Noun, et il faut le dire à chacune des prières, que ce soit Arvith, Sha’harith, Moussaf ou bien Min’ha car c’est le 15 Adar, qui est le jour de Pourim dans les villes qui étaient entourées de murailles à l’époque de Yéhoshoua Bin Noun.De même, il faut dire « Wéâl Hannissim » lors des trois repas de Shabbath.Par contre, le vendredi, bien qu’on lise la Méghilla, on ne dit pas « Wéâl Hannissim » que ce soit pendant la prière ou pendant les actions de grâce après le repas (Birkath Hammazone), car ce n’est pas le jour de Pourim pour ces personnes. Malgré tout, celui qui se trompe et dit « Wéâl Hanissim » le vendredi, ne devra pas recommencer (la prière ni les actions de grâce).
Lecture du passage de la Torah « Wayavo Amaleq »
[2-יב-ח] Le Shabbath qui est le 15 Adar, dans les villes qui étaient entourées de murailles à l’époque de Yéhoshoua Bin Noun, nous sortons deux rouleaux de la Torah [deux Sifré Torah]. Dans le premier nous lisons la Parasha de la semaine auquel montent sept personnes, la personne qui fait la Haftara lit dans le second Séfer Torah le passage « Wayavo Amaleq » en entier. Il n’est pas nécessaire de lire deux fois le dernier verset. Après avoir fini la lecture de la Torah et fait la bénédiction, la personne qui lit la Haftara dit le demi-Quaddish puis lit la Haftara פָּקַדְתִּי, אֵת אֲשֶׁר-עָשָׂה עֲמָלֵק לְיִשְׂרָאֵל, Haftara identique à celle lue lors du Shabbath Zakhor (voir Chapitre II §16).
Poser des questions et discourir.
Dans les autres villes d’Israël on sort un seul Séfer Torah, dans lequel on lit la Parasha de la semaine et on lit également la Haftara de la semaine.
[2-יב-ט] Le Shabbath qui est le 15 Adar, dans les villes qui étaient entourées de murailles à l’époque de Yéhoshoua Bin Noun, on pose des questions et on discourt en public sur des sujets touchant le jour de Pourim.
Festin de Pourim et envoyer des portions
[2-יב-י] Le dimanche, qui est le 16 Adar, les habitants des villes qui étaient entourées de murailles à l’époque de Yéhoshoua Bin Noun, font le festin de Pourim. Il est bon de préparer pour Shabbath [qui est le 15 Adar] un plat supplémentaire dédié, en l’honneur de Pourim, et de consommer ce plat pendant les repas de Shabbath. De même, il est bon de boire un peu plus de vin qu’à son habitude pendant Shabbath, en souvenir du miracle. Par mesure de piété, il est également bien d’être plus strict et de prendre un bon repas le vendredi matin, qui est le jour de Pourim dans le monde entier [c’est à dire en dehors des villes qui étaient entourées de murailles à l’époque de Yéhoshoua Bin Noun].
[2-יב-יא] Le dimanche, qui est le 16 Adar, les habitants des villes qui étaient entourées de murailles à l’époque de Yéhoshoua Bin Noun, envoient des portions (Mishlowa’h Manoth), chacun à son ami. Certains sont plus stricts et envoient des portions également pendant Shabbath (dans un lieu où il y a un Erouv). Que celui qui est plus strict reçoive la bénédiction. Il est bon également d’embellir la Mitsva et d’envoyer des portions y compris le vendredi (voir plus loin au §16).
[2-יב-יב] Le dimanche, qui est le 16 Adar, dans les villes qui étaient entourées de murailles à l’époque de Yéhoshoua Bin Noun, nous ne disons pas les confessions ni Néfillath Appaym [Psaume 25], car c’est un jour de festin et de joie.Si quelqu’un a l’anniversaire du décès de son père ou de sa mère le 16 Adar, et qu’il a l’habitude de jeûner ce jour-là, il ne devra pas jeûner du tout cette année-là [où le 15 Adar est un Shabbath], car il doit accomplir la Mitsva de faire le festin de Pourim. Il ne devra pas procéder à une cérémonie d’annulation des vœux de ce fait [pour ne pas jeûner].De même, des futurs époux qui se marient le 16 Adar, et qui résident dans une ville qui était entourée de murailles à l’époque de Yéhoshoua Bin Noun, et qui sont de rite Ashkénaze, ceux-ci ayant l’habitude de jeûner le jour de leur mariage, ne devront pas jeûner le jour de Pourim, car il faut prendre le festin de Pourim (cependant les Séfaradim et les personnes de rite oriental ont l’habitude que les futurs époux ne jeunent pas le jour de leur mariage).Celui qui est dans les sept jours de deuil, devra manger de la viande et boire du vin lors des repas de Pourim, cependant il est convenable qu’il n’augmente pas la joie. A propos de savoir s’il lui faut respecter les lois de deuil ou les lois du Onène [personne dont le proche n’est pas encore enterré] le dimanche [16 Adar], il faudra consulter un expert en Halakha.
[2-יב-יג] Lorsque les habitants des villes qui étaient entourées de murailles à l’époque de Yéhoshoua Bin Noun font le festin de Pourim le dimanche, il ne faut pas qu’ils disent « Wéal Hanissim » pendant les actions de grâce faites à l’issue d’un repas, car ce n’est pas précisément le jour de Pourim (on est alors le 16 Adar et non le 15) et il s’agit seulement de la compensation du festin de Pourim. Il est bon de dire « Wéâl Hannissim » dans les Hara’haman (la dernière partie des actions de Grâce).
[2-יב-יד] Si quelqu’un a pris le festin de Pourim à l’issue de Shabbath [le samedi soir], il n’est pas quitte de son obligation.
[2-יב-טו] Un habitant d’une ville qui était entourée de murailles à l’époque de Yéhoshoua Bin Noun qui a envoyé à son ami des portions (Mishlowa’h Manoth) le vendredi qui est le 14 Adar, qui est le jour où on lit la Méghilla dans ces circonstances, est quitte a posteriori de son obligation. Malgré tout, comme lorsqu’on multiplie les Mishlowa’h Manoth à ses amis on est digne de louanges (comme l’a écrit le Rambam à la fin des lois de Méghilla), il est bien et convenable d’envoyer des portions le dimanche qui est le 16 Adar, qui est le jour principal [dans ces circonstances] pour accomplir la Mitsva d’envoyer des portions, lorsque le 15 Adar est un Shabbath.
[2-יב-טז] Les villes pour lesquelles il y a un doute si elles étaient entourées de murailles à l’époque de Yéhoshoua bin Noun, qui les autres années célèbrent Pourim le 14 Adar et aussi le 15 Adar (comme vu plus haut au Chapitre VI §3) accomplissent toutes les Mitsvoth de Pourim uniquement le vendredi 14 Adar, et ils n’ont pas besoin d’être plus stricts et d’accomplir toutes les lois du « Pourim triple ». Conclusion et résumé des lois du « Pourim Triple ».
Le vendredi 14 Adar, on lit la Méghilla, on fait des dons aux pauvres (Matanoth Laévionim) et on ne sort pas de Séfer Torah pour lire le passage « Wayavo Amaleq ». Il est permis de travailler.
Le dimanche 15 Adar, on sort un Séfer Torah supplémentaire dans lequel nous lisons le passage « Wayavo Amaleq », on lit la Haftara פָּקַדְתִּי, on dit « Wéâl Hanissim » que ce soit dans la Amida ou que ce soit dans les actions de grâce dites à l’issue du repas. On ne dit pas « Tsidqatékha » à Min’ha. Il est bon d’ajouter un plat cuit dans les repas de Shabbath en l’honneur de pourim.
Le dimanche, on ne fait pas « Néfillath Appaym » [Psaume 25] on ne dit pas les confessions ni les supplications. On prend le festin de pourim avec joie, on ne dit pas « Wéâl Hannissim » que ce soit pendant la prière ou que ce soit dans les actions de grâces dites à l’issue d’un repas. On envoie des portions à ses amis.