Parachat Bo Rav Moché Shapira
Parachat Bo Rav Shapira
Traduit et adapté par Rav Michaël Smadja
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Parachat Bo Rav Moché Shapira
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« Ce mois sera pour vous la tête des mois, le premier des mois de l’année… Le dix de ce mois ils prendront un agneau chacun selon la maison de leur père…..et je passerai dans la terre d’Égypte cette nuit et je frapperai tout aîné dans la terre d’Égypte…..«
Au départ, il y a le sujet sur le renouvellement de la lune et tout le reste qui suit le sacrifice de l’agneau, la plaie des premiers nés et la sortie d’Égypte sont des conséquences de ce chapitre sur le renouvellement de la lune. Elle introduit la sortie d’Égypte. C’est le premier ordre qui a été ordonné à Israël. Cela aussi il faut comprendre: pourquoi cet ordre est-il le premier des six cent treize commandements? Mais non seulement cela, mais il est aussi une introduction à la délivrance. L’élément déclencheur de la délivrance. Il est certain que cela demande un éclaircissement.
Dans de nombreux endroits, nos sages expriment que l’exil égyptien était un exil spirituel, l’exil de la connaissance. C’est un verset dans le prophète Yéchaya: « Pour cela, mon peuple a été en exil sans connaissance, sans savoir. L’élément principal de l’exil était un exil de la connaissance, du savoir »
Dans le Talmud, il est enseigné ainsi: » celui qui a la connaissance, le savoir, il a tout. Celui qui n’a pas de connaissance, de savoir, que possède-t-il? » la connaissance, le savoir englobe tout. Lorsqu’il y a connaissance et savoir, que manque-t-il? Mais celui qui n’a pas la connaissance et le savoir, ne possède rien. Toute acquisition manque alors de valeur car la perception se fera d’une manière superficielle, altérée. Rabbénou Yérouh’am explique que toute personne qui est grande dans son dans son savoir, voit les choses grandes. Quelqu’un qui est petit dans son savoir voit les choses petites.
L’exil est en fait la perte du savoir Comme si le savoir se trouvait dans une autre dimension, dans une autre réalité. Et si le savoir n’était pas en exil, alors toute autre forme d’exil ne pourrait se réaliser. Quelle que soit notre situation matérielle, nous ne serions jamais en exil, mais nous serions libres. La liberté est une notion spirituelle et non matérielle. Un homme en prison peut être libre s’il sait que cette prison est la réalisation de la volonté divine. Et un homme dans le plus beau des paysages terrestres peut être enfermé s’il ne voit pas la volonté divine derrière la matière. Celui qui a son savoir libéré, alors il n’est asservi à rien car il a tout. Cette notion de savoir est une notion qui doit être éclaircie. L’intelligence pure c’est-à-dire l’appréhension de la réalité par l’esprit, son but étant de saisir les qualités, les réalités avec objectivité avec vérité. Saisir le vrai des choses. L’intelligence pure en elle-même se trouve dans « hokhma et bina« , intelligence et compréhension. Rashi explique que hokhma est la capacité qu’a l’homme à saisir l’information venue de l’extérieur. « Bina » est la faculté de déduction, l’intelligence de raisonner à partir de quelque chose déjà acquis pour en déduire des choses nouvelles. Toute l’intelligence se trouve dans ces deux facultés. Que reste-t-il alors pour la chose primordiale, centrale, le savoir? A quel niveau se situe le savoir? « Sans le savoir, il n’y a rien »! Rashi explique que le savoir « Daat » est l’appréhension du l’esprit saint. Quel rapport entre « savoir » et « esprit saint »? Tout enfant qui arrive à l’âge des commandements, doit être doué de savoir. Dans tout endroit que ce soit dans la Mishna ou bien dans le talmud, c’est le point central, est-il doué de savoir ou non? Alors que la définition de Rashi sur le Daat est le niveau maximum du savoir qui ne peut être atteint que par très peu de gens. Alors que nous savons que le savoir est une qualité essentielle dans la construction de l’homme afin d’être ordonné et d’accomplir les commandements. Afin de se marier de faire du commerce car sans savoir, les moyens d’acquisitions ne peuvent agir. Un enfant ne peut vendre ou marier une femme ou sanctifier un objet car il n’a pas de Daat. Donc le savoir est une qualité obligatoire dans chacun de nous afin de nous construire.
Selon Rashi, à quel moment peut-on utiliser cette qualité qui s’appelle savoir? Quand cette qualité se réalise-t-elle? Où est le point de jonction entre nous et le Daat? Où se trouve le Daat dans le cerveau et l’intellect, dans le cheminement intellectuel qui nous permet d’appréhender les choses? Cela est connu que le savoir est une réalité en soi en dehors de la sagesse (hokhma) et de la compréhension (Bina). Le mot « Daat » veut dire « lien-point de rattachement ». C’est-à-dire lorsqu’un homme comprend quelque chose ou qu’il reçoit une information de l’extérieur, il saisit intellectuellement la chose comme par exemple un apprenti-cuisinier qui apprend de son maître la cuisine qui au bout de plusieurs années arrive à innover sa propre cuisine. Toute cette sagesse qu’il acquiert ne le touche en rien dans sa réalité profonde. Cela reste une sagesse détachée de lui qu’il appréhende mais sans qu’elles s’imbriquent dans son être. Elle ne le transforme pas. Cette compréhension qui est appréhendée par Hokhma et Bina est une appréhension extérieure qui est saisie par le l’intellect mais qui reste étrangère à la personne elle-même. Cette force qui s’appelle Daat, uni la sagesse à sa vie proprement dite. Cette sagesse grâce au Daat, se transforme en réalité expérimentale. Si la chose a été fixée dans mon Daat, cela veut dire que je suis cette sagesse, responsable d’elle, elle m’appartient. Cette sagesse s’associe à la vie elle-même. Le savoir va faire que la sagesse va transformer l’être au plus profond de lui. C’est cela le lien entre le Daat et l’être lui-même. Lorsque je connais une chose, je la comprends mais elle ne devient pas moi. Le Daat prend un autre cheminement. Ces vérités que je vais acquérir par l’intellect au moyen de la sagesse et de la compréhension, va se transformer par le savoir, s’imbriquer dans mon niveau de conscience le plus profond. C’est-à-dire que si cela est ainsi, alors je le vis. Par exemple je vis avec cette vérité que l’eau mouille et que le feu brûle. Cette connaissance est moi. Je sais par ma sagesse et ma compréhension qu’il ne faut pas dire de la médisance mais cela ne va pas m’empêcher d’en dire. Pourquoi? Car cela n’a pas été intégré dans mon savoir. Cela n’a pas intégré dans mon être le plus profond.
Il y a des choses qui sont pour notre intellect des doutes. Soit je l’explique de cette manière ou d’une autre manière. Le juge doit trancher soit avec des preuves tangibles tirées des livres où soit comme dans la majorité des cas par l’appréciation du Daat. Celui-ci va peser le pour et le contre afin de trancher. Où se trouve cette force d’appréciation? Cette force de pouvoir trancher? La sagesse et la compréhension vont saisir les deux côtés du doute mais seul le savoir va pouvoir trancher. Comment cela peut-il se faire puisque nous ne savons pas objectivement la direction à prendre?
Lorsque le doute se trouve dans la dimension de sagesse et compréhension, alors la sagesse est capable de trancher, de prendre la bonne décision. Lorsque « Daat » agit, exactement à ce niveau, il agit. De tout ce que je sais, de tout ce que je comprends, les choses restent au même niveau, à égalité. La sagesse et la compréhension ne me permettent pas de juger, de ressentir la vérité de la réalité. Comment le Daat peut arriver à trancher dans des choses qui sont en vérité douteuses d’un point de vue théorique? C’est-à-dire comment d’une théorie tu en arrives à la pratique? A quel moment utilisons-nous cette force qui s’appelle « Daat »? J’ai peur de le dire mais c’est une question lancinante: qu’elle est la nature de ce « Daat »?
Dans le Talmud il est enseigné: » tout le monde se prosternait devant rabbi Elihézer ben Pédat. Ils l’appelaient « le maître de la terre d’Israël » car il avait un pouvoir spécial: il savait différencier les différentes sortes de sang rien que par l’odeur. Il avait cette faculté par l’odorat de trancher et de décider si le sang était pur ou impur. En général, tout le monde sait utiliser son odorat pour distinguer entre une bonne odeur et une mauvaise odeur, une odeur de gaz. Alors pourquoi avoir besoin de qualifier Rabbi Eliézer ben Pédat le maître de la terre d’Israël? Si en fait le sang à une odeur, alors une autre personne pourrait aussi la percevoir. Où est le principe innovateur de cet enseignement?
Le Talmud écrit à propos du Mashiah’: comment vérifier si Ben Kouzina est le Mashiah’? Tous les grands sages de la génération pensaient réellement qu’il était l’incarnation du Mashiah’. Alors ils lui ont fait passer un test. Lequel? Ils l’ont testé pour savoir s’il était capable de résoudre des problèmes rien que par l’odorat. Et même deux personnes ayant un litige dans des problèmes d’argent. Le véritable Mashiah’ saura les résoudre rien que par l’odeur que dégagent les personnes concernés par ce jugement. Cela ressemble à de la sorcellerie. Comment par l’odeur peut-on juger pour trancher, dissiper un doute? Cela paraît incroyable!
Au moment de la création de l’homme, il est écrit: » Et il a insufflé dans ses narines une âme de vie et l’homme devint un être doué de vie ». Dans l’endroit où le créateur a insufflé l’âme, dans cet endroit même, il a enraciné ce Daat. Cette âme qui est une âme de vie, a en elle la force de vérifier, de ressentir la différence entre quelque chose de vivant et quelque chose qui s’est séparée de la vie. C’est une règle éternelle: toute chose vivante, réelle, dégage une bonne odeur et toute chose qui s’est séparée de la vie, qui est fausse, son odeur est mauvaise. Cette force de distinguer, le créateur l’a intégrée dans le siège de l’odorat par lequel il a insufflé l’âme de vie. L’âme de vie respire la vie, la saisit l’aspire. C’est-à-dire qu’à ce niveau, il fait la distinction, prend la vie et expulse ce qui est séparé de la vie comme lors d’une inspiration, les poumons prennent l’oxygène qu’ils envoient dans le sang et expulsent le gaz carbonique. Le Daat est l’association de toutes les réalités que je reçois et que je comprends, que je saisi comme étant le vrai, que j’associe à la vie, alors je la vis. Je ne fais pas que de la connaître, de la comprendre mais je la vis.
Tout endroit où tu trouves la vie, tout endroit où se trouve le point central de la vie, à cet endroit, se trouve la force de choisir entre ce qui est vivant et ce qui s’est séparée de la vie. L’intelligence elle-même ne peut saisir cela, si c’est vrai ou faux, cette force de jugement, car d’après la sagesse et la compréhension, le faux et le vrai sont égaux. Ce ne sont que des idées issus de forces intellectuelles de l’esprit. Par contre le savoir sait quoi prendre et quoi rejeter. Le savoir fait vivre l’information, les pensées que l’esprit génère. La vie rejette ce qui ne peut s’associer et elle ramène à elle ce qu’elle vit. En fait le savoir est la puissance de trancher, la force de décision. Les doutes font parties de la dimension de l’intelligence. Dans cette dimension, se trouvent des informations non-claires, embrouillées, jamais certaines, qui ne se réalisent pas. Les informations restent à l’état de la puissance. Mais la vie elle-même vérifie, choisit, passe à la dimension de l’expérimentation. Juger avec l’odorat c’est juger par le moyen de la vie. Ici est la racine de cette force spéciale qui associe toutes les informations de l’intelligence à la vie. On retrouve dans les paroles de nos sages l’association des mots » visible et su ». Que se cache derrière ces mots? Ce sont en fait deux manières d’appréhension de l’information. Lorsque la chose est visible et apparente alors l’information est saisie par les forces de perceptions habituelles, sagesse et compréhension et même par les sens. « su » est une autre dimension de la perception. L’information est saisie uniquement par le savoir parce qu’elle ne peut être perçue autrement. Et seule la connaissance peut l’atteindre. Ce ne sont pas les mêmes centres de préhension. Le savoir est une perception de la vie d’une autre dimension, d’une autre nature. L’intellect n’agit pas à ce niveau. Mais la vie agit elle-même par instinct ou plutôt par pure conscience. Est-ce que cela vit ou ne vit pas.
Autre exemple: nous nous connaissons dans notre fort intérieur. Nos défauts et nos qualités. C’est notre constitution moléculaire spirituelle. Qui peut dire qu’il peut arranger ses défauts ou améliorer ses qualités? Lorsque nous sommes touchés dans notre ego, construction illusoire d’agrégats constituée de défauts et de qualités, nous sommes capable de tout détruire jusqu’à ne plus nous contrôler. Il faut beaucoup de force pour se protéger, pour se contrôler. Un homme à l’âge adulte et même à la vieillesse peut dans un accès de colère avoir les réactions d’un enfant de trois ou cinq ans à qui on a pris son jouet. Il peut tout détruire. Ainsi nous pouvons nous comporter. Si quelqu’un veut essayer de calmer une personne au moment où il est en colère, lui parler d’une manière intelligente, parler à son intelligence, lui expliquer que son comportement n’est pas conforme à la réalité, cela est beaucoup plus négatif que de parler à un mur. Car lorsque l’on parle à un mur, il ne se met pas en colère. Celui qui veut calmer un homme en colère, se met lui-même en danger car au lieu de le calmer, il va attiser sa colère. La seule force qui peut agir dans cette situation où nous sommes comme des enfants, sans intelligence, la seule manière qui peut toucher la personne et arranger ses défauts en vérité se trouve dans le savoir et uniquement dans le savoir. Uniquement cette force qui s’appelle Daat, peut calmer la personne qui est sortie de son être, de sa personnalité. La vérité s’associe avec la vie, comme il vit. Aucune parole de l’intellect ne pourra agir sur son comportement car à ce moment il est dans l’expression de sa réalité, il est dans l’action et seule la vie dispensée par le savoir peut influencer. Aucune parole venant de l’intellect ne peut agir car il est dans une autre dimension, dans la dimension de l’action. Il vit son acte, il vit sa colère, il vit ses pulsions. Les qualités sont de petits enfants, ils sont notre construction personnelle, notre ego. Nos qualités sont des jouets dans les mains d’un enfant. Il y a des jouets pour enfant et des jouets pour adulte. Mais les défauts restent là, cela touche la personnalité de l’être, sa vie réelle qu’il ressent. Les qualités ne changent pas par l’intellect. Elles changent par le savoir, par l’expérimentation, par le vécu. Un homme peut être très intelligent, avoir une connaissance encyclopédique de la Torah, approfondir tous les sujets, maîtriser toute la Torah mais ne rester que dans cette dimension de l’intellect, sagesse et compréhension. Mais s’il n’y a pas savoir, alors l’homme ne sort jamais de sa petitesse, de son étroitesse d’esprit. Pour cela pour être grand, pour sortir de son esprit étroit, il faut « Daat ». La grandeur c’est le savoir. L’examen pour savoir si l’on est toujours « petit » ou « grand », se fait tous les jours, dans notre vie de tous les jours. Chacun se connaît, quelles sont ses pensées, ces aspirations ses ambitions. Un homme peut par la pensée, arriver à vouloir tuer son prochain. A ce niveau se trouve le savoir. Au niveau de l’expérience, du passage à l’acte.
L’exil est l’exil du savoir. En Égypte, il y avait beaucoup de sagesse, de grandes sagesses qui ont traversées les âges et les époques. Mais la חיים, la vie de l’Égypte était » leur chair était de la viande d’âne, leur semence était la semence d’un cheval ». C’était cela la vie en Égypte. Nos sages expliquent à propos des mots » le cœur de Parrho était lourd » « kaved » pour lourd veut aussi dire « foie », ainsi: son cœur s’est transformé en foie. Le sang se trouve dans le foie. Le Talmud dit que le foie est une boule de sang, entièrement sang. Le sang est lourd. Le sang est le véhicule matériel de l’âme animale, qui se trouve donc dans le foie comme il est écrit dans le livre: » l’âme de la vie »: le foie est le véhicule de l’âme animale, l’endroit de sa matérialisation. Le cœur étant le véhicule, l’endroit de la matérialisation du souffle, et le cerveau, le véhicule, l’endroit où se matérialise l’âme divine, la Néchama. Celui qui vit une vie dirigée par son foie, alors sa vie est une vie de sang. Dans sa nature même, le sang à la propension de bouillir. Il se propage dans tout le corps sans mesure ni limite. Chacun a une tension artérielle différente et à chaque moment elle change suivant les états d’esprit de la personne. Le sang submerge le corps. Lorsque nous vivons parmi un peuple sanguin où son point de gravité, son centre d’intérêt est » leur chair était de la viande d’âne, leur semence était la semence d’un cheval » alors le savoir est en exil. C’est-à-dire qu’il ne peut agir. Le savoir n’a plus la force de relier l’homme à la vie au moment où cette vie est dominée par le sang car c’est une autre sorte de vie, le contraire d’une vie basée sur la vérité. Cette vie est fixée selon le sang, l’impétuosité de ce sang, les pulsions animales qui envahissent l’intellect afin d’empêcher le savoir d’agir d’une manière bénéfique. Cela est une vie de mensonge et non de vérité.
Le Maharal dans de nombreux écrits explique la racine du mot « adam » « homme » de 3 manières différentes: 1/ l’endroit d’où l’homme vient, de la terre « adama » « terre ».
2/ l’homme est appelé du fait de sa propension à réfléchir, raisonner, comparer « domé »
3/ « Adam » est l’association de deux mots: « aleph » et « dam ». Car il a en lui le « aleph » qui peut dominer, contrôler le débit du sang de ses veines et de ses artères. Dans le Talmud, il est enseigné que « aleph » représente la sagesse et la compréhension. La lettre « aleph » est appelée « lamed » et « avin », apprendre et comprendre. L’homme peut arriver a contrôler par le « aleph » le « dam » le « sang ». Comment? par le savoir Le savoir est le point de liaison entre le monde du l’intellect et le monde de la pulsion.
Comment le savoir peut-il sortir de l’exil? Lorsque nous parlons du savoir, nous parlons de la faculté principale de l’homme dans laquelle tout est contenu. Celui qui a Daat, il a tout. Tout d’abord il faut comprendre comment le savoir a pu aller en exil?
La dimension du temps reste le même pour tous les passants de ce monde. Qu’est-ce que le temps? Le temps pour tout le monde est une continuation, un prolongement. Une réalité qui perdure et par cela existe et devient réalité. Donner du temps veut dire donner la possibilité à la continuation, association de fragmentations qui ressemblent à une continuation.
« zeman », le temps, en langage saint vient du mot « azmana », préparation, réservation. Je prépare une chose, je la réserve pour une finalité. Je réserve une chose spécifique pour un but spécifique. Une préparation pour les sujets de sacré s’appelle d’après tous les avis une préparation, une réservation. Je décide que cet objet est saint. Il est automatiquement saint et donc il n’est plus ma propriété. Mais pour les sujets profanes, cela ne suffit pas de simplement réserver par des mots. Il faut un acte pour que l’objet devienne ce que je veux qu’il devienne. Préparation veut dire: réserver quelque chose pour un but spécifique. Le temps dans la définition que donne le monde, désigne une continuation. Le temps défini par la Torah n’est pas une continuation. C’est un point dans le temps qui est là pour arriver à un but. Notre temps est la réalité totale, le contraire de la continuation. Nous ne faisons rien perdurer mais au contraire nous ne faisons que démarrer, commencer à aller à la rencontre. Nous n’allons pas au-delà du point où nous étions mais nous allons à la rencontre de ce qui va être. Dans aucune langue du monde, nous relions la notion du temps avec ce que nous appelons la préparation dans le langage saint. Dans la Torah, la réalité du temps est différente. Nous ne nous trouvons jamais dans une suite de ce qui existait dans le passé. Celui qui fait perdurer ce qui a existé, ne vit pas. Cela ne s’appelle pas la vie. La vie qui ne tire sa réalité que d’une continuation n’est pas la vie car elle n’existe déjà plus. Cette vie est définie par nos sages comme étant un « soubresaut » (agoniser) et il y a une discussion si cela est vie ou non. C’est-à-dire si la personne qui a des soubresauts a encore le statut de vivant ou non. « Soubresaut » est la définition d’une continuation de la vie passée. Un soubresaut, une énergie qui s’éteint petit à petit, comme la lumière d’une étoile que l’on distingue alors qu’elle est déjà éteinte, morte, sans vie. La vie en réalité n’est pas une énergie qui tire sa vitalité du passé. La nouveauté dans la notion de temps est que la vie est en fait sa réalité propre. La constitution du temps n’est faite que de vie. Le temps est la vie et la vie est le temps, c’est-à-dire aller à la rencontre de quelque chose. C’est l’explication de la vie: nous allons vers une destinée. Le temps dans lequel nous vivons c’est-à-dire tout notre enchaînement, est un enchaînement précis vers un but précis. C’est une accumulation de milliards de points qui à la fin fera apparaître une ligne. C’est cela le temps. Le temps que nous vivons maintenant prépare le futur. Ce que nous faisons ici et maintenant, va diriger et conduire le futur vers sa finalité. » Ce mois (nouveauté) sera pour vous le premier des mois de l’année »
Le passé qui perdure ne peut être être dénommé nouveauté. Car il n’y a aucune nouveauté puisque c’est la continuation de ce qui était et qui n’existe déjà plus. C’est le contraire de la nouveauté. Une nouveauté est une chose qui n’est pas une continuité, qui est tournée à la rencontre de quelque chose qui n’existe pas encore et qui n’a encore jamais existé. Le futur est entièrement nouveauté.
La sortie d’Égypte fût une naissance. Le peuple d’Israël est né au moment de la sortie d’Egypte. La naissance est une vie nouvelle. Nous sommes des êtres humains déjà vivants et nous sommes nés une nouvelle fois. L’explication de la naissance à la sortie d’Égypte est une naissance pour une vie que nous n’avons jamais vécue. Une nouvelle vie, une nouvelle réalité. C’est cela « la naissance ». Cette réalité de la sortie d’Égypte est appelée dans le langage de nos sages: » et il nous a donné la Torah et a implanté en nous la vie éternelle ». Nous sommes sortis de l’Égypte pour recevoir la Torah c’est-à-dire recevoir cette vie éternelle que le maître du monde a implantée en nous. C’est cette vie que nous avons reçue. La vie qui est le contraire de toute forme de vie que l’on puisse ressentir dans l’univers. La vie dont son centre de gravité, le point de traction se trouve dans le futur. Le temps dans le monde n’est pas construit ainsi. Le futur n’existe pas. Le temps est fondé sur le passé. Le présent se construisant sur le passé. Continuation du passé. Une vie de cette qualité ne peut s’associer à la vérité. Aucune possibilité que la vérité puisse sortir, se réaliser, se concrétiser et se dévoiler par cette manière, de percevoir le temps et donc la vie. Car à ce moment, il n’y a pas place au savoir Celui-ci est né au moment de la sortie d’Égypte. Avec le chapitre du renouvellement de la lune. Le temps est la vie, la réalité même de la vie. La vie ne se matérialise que par le temps. Lorsque la vie est une continuation, cela s’appelle « vivre le présent » qui n’existe déjà plus. Lorsque la vie est une préparation, alors nous vivons le futur. Nous savons que dans le futur, le maître du monde va inventer un nouveau monde. Le futur. Nous devons vivre maintenant, nous préparer maintenant à recevoir cette nouveauté que le créateur va inventer, un nouveau monde. Cela s’appelle vivre dans le temps qui n’est pas une continuation du temps que je connais. Ici se trouve l’exil et ici se trouve la délivrance du savoir Par la sortie d’Égypte le savoir s’est inventé en nous. Pour cela, le premier commandement est d’être un homme de savoir. De vivre avec le savoir. » ce mois-ci sera pour vous le début des mois de l’année » vient nous dire: vivez le temps! Comme il est écrit: » Israël sanctifie le temps ». Puisque toute préparation est une sanctification du temps vers le futur. Ce que nos sages nous demandent de vivre l’exil et la délivrance d’Egypte. L’exil, nous le vivons à la perfection, vivre une vie d’acquis, de principes immuables. Mais le plus grand commandement est de vivre la délivrance. Ressentir ce monde inventé qui n’existe pas encore mais qui est en train de se construire. C’est cela qui est notre temps, notre vie et notre savoir. Le savoir en fin de compte est la perception du temps tel qu’il est, la vie telle qu’elle est. L’exil est de croire que ce que nous percevons est la réalité. Association de notions déjà vécues et ressassées qui nous apparaît comme réalité. Mais au moment ou nous croyons la saisir elle disparaît déjà. Le savoir est une perception instinctive puisqu’elle est basée sur le futur.
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