Mentionner la pluie dans la Amida (16)
Shoul’han Aroukh chapitre 114 §5 et §6 – Halakha Béroura
21 Octobre 2013 / 16 ‘Heshwan 5774
15 Novembre 2014 / 23 ‘Heshwan 5775
Sujet : mentionner la pluie.
Chapitre 114 – Saîf 5&6 / Alinéas 5&6 dans le Shoul’han Aroukh
בשם השם נעשה ונצליח
Nous sommes dans les cinquième et sixième Saîf / alinéa du Shoul’han Aroukh au Chapitre 114, et passons aux commentaires du Halakha Béroura du Rav David Yossef fils de Marane Haggadol Rabbénou Ovadia Yossef זצוק״ל.
Halakha Béroura du Rav David Yossef tome 6 pages 155 §יא
Conséquence si quelqu’un s’est trompé et n’a pas mentionné la pluie en hiver
Dans le Minhagh Séfarade et de celui de nombreuses communautés Ashkénazes qui mentionnent en été « Moridh Hattal » « Tu fais descendre la rosée », si quelqu’un s’est trompé en hiver et a dit « Tu fais descendre la rosée », au lieu de dire « Tu fais souffler le vent et tomber la pluie » il ne faudra pas recommencer et revenir en arrière dans la Âmida.
Malgré tout, si la personne s’en rend compte avant d’avoir dit בָּרוּךְ אַתָּה ה׳, elle dira « Tu fais souffler le vent et tomber la pluie » et reprendra juste avant en disant וְנֶאֱמָן אַתָּה לְהַחֲיוֹת מֵתִים et conclura la bénédiction normalement (בָּרוּךְ אַתָּה ה׳ מְחַיֵּה הַמֵּתִים). Si la personne s’en rend compte après avoir dit בָּרוּךְ אַתָּה ה׳, elle terminera la bénédiction normalement מְחַיֵּה הַמֵּתִים et poursuivra normalement (אַתָּה קָדוֹשׁ). Il ne faudra pas dire למדני חוקיך (pour pouvoir « réparer » son erreur) ni dire « Tu fais souffler le vent et tomber la pluie » après avoir fini la bénédiction (בָּרוּךְ אַתָּה ה׳ מְחַיֵּה הַמֵּתִים) et avant d’avoir commencé la suivante (אַתָּה קָדוֹשׁ).
Développement (basé sur halakha Béroura partie בירור הלכה page 155 §יג) :
Dans le Talmoud (Taânith 3b) il est enseigné que si quelqu’un s’est trompé pendant la période des pluies et n’a pas dit « Tu fais tomber la pluie » il devra recommencer. Nous avons un autre enseignement dans la Talmoud Jérusalémite (Taânith Ch. 1 §1) qu’il ne faut recommencer que si la personne n’a pas mentionné la rosée par contre si elle a mentionné la rosée il ne faut pas recommencer.
On a donc deux manières de considérer les choses : soit dire qu’il n’y a pas d’opposition entre les deux enseignements et que l’un complète l’autre soit dire qu’ils sont en opposition et dans ce cas-là nous avons un principe : nous allons selon l’enseignement du Talmoud (de Babylone) et non selon l’avis du Talmoud Jérusalémite.
Le RIF (Rabbénou Yç’haq Elfassi) ramène l’enseignement du Talmoud Jérusalémite à titre de halakha. Le Rane (Rabbénou Nissim Guérondi) s’étonne de la position du RIF en s’appuyant sur l’enseignement du Talmoud de Babylone et de même le Raavad. Cependant le Raavad indique que si le RIF a pris cette position il n’est pas possible de le repousser (le RIF avait été accepté comme Posseq par les communautés d’Afrique et d’Espagne à cette époque). Le Beth Yossef (Ribbi Yossef Caro) indique que même le Rane (même s’il s’est étonné) est d’accord avec le RIF dans la pratique Halakhique et de même par rapport à ce qu’écrit le Ramban Na’hmanide).
Par contre dans les commentaires Talmudique du RAA et du RITVA la halakha est tranchée contre le RIF et selon l’enseignement du Talmoud de Babylone, c’est à dire que si quelqu’un a omis de dire « Tu fais tomber la pluie » il devra recommencer même s’il a mentionné la rosée. De même le BATTIM ramène au nom des Tossafoth qui écrivent que même si la personne a mentionné la rosée sans mentionner la pluie elle devra recommencer ; le Battim n’est pas d’accord avec cette position.
Malgré tout de nombreux décisionnaires médiévaux (Rishonim) sont du même avis que le RIF en particulier le RAMBAM et les Tossafoth (qui étaient nombreux et donc cela n’est pas contradictoire avec ce qui est mentionné plus haut) [on trouvera d’autres références dans à la fin du livre Halakha Béroura dans la partie Responsa page 17].
La loi est tranchée comme le RIF dans le Tour et dans le Shoul’han Âroukh dont le texte est (Chapitre 114 Saîf, que nous avons déjà vu plus haut ה) :
בימות הגשמים אם לא אמר מוריד הגשם מחזירין אותו והני מילי שלא הזכיר טל אבל אם הזכיר טל אין מחזירין אותו:
Pendant la période des pluies, si quelqu’un n’a pas dit « tu fais tomber la pluie » alors il doit recommencer, CEPENDANT s’il a mentionné la rosée il ne devra pas recommencer.
Halakha Béroura du Rav David Yossef tome 6 pages 157 §יב
Conséquence si quelqu’un s’est trompé et n’a pas mentionné la pluie en hiver (ni la rosée)
Si quelqu’un, en hiver, n’a pas dit מַשִּׁיב הָרוּחַ וּמוֹרִיד הַגֶּשֶׁם « Tu fais souffler le vent et tomber la pluie » et n’a pas non plus dit מוֹרִיד הַטָּל « Tu fais descendre la rosée », si cette personne s’en souvient avant d’avoir conclu la bénédiction (plus de détails ci-après), elle devra dire « Tu fais souffler le vent et tomber la pluie » et reprendre à l’endroit (de la prière) où elle s’est interrompue. Si elle s’en rend compte après avoir dit וְנֶאֱמָן אַתָּה לְהַחֲיוֹת מֵתִים “et Tu es fidèle à Ta promesse de ressusciter les morts » elle dira alors « Tu fais souffler le vent et tomber la pluie » et ensuite redira וְנֶאֱמָן אַתָּה לְהַחֲיוֹת מֵתִים “et Tu es fidèle à Ta promesse de ressusciter les morts » puis finira la bénédiction (בָּרוּךְ אַתָּה ה׳, מְחַיֵּה הַמֵּתִים).
Si elle se rend compte qu’elle n’a pas dit « Tu fais souffler le vent et tomber la pluie » ni « Tu fais descendre la rosée » alors qu’elle est dans la bénédiction et a déjà dit בָּרוּךְ אַתָּה ה׳, mais pas la suite, elle dira למדני חוקיך (elle aura alors dit un verset des Psaumes Ch. 119) et ensuite reprendra en disant « Tu fais souffler le vent et tomber la pluie », continuera avec וְנֶאֱמָן אַתָּה לְהַחֲיוֹת מֵתִים « et Tu es fidèle à Ta promesse de ressusciter les morts » puis terminera la bénédiction (בָּרוּךְ אַתָּה ה׳, מְחַיֵּה הַמֵּתִים).
Si elle se rend compte qu’elle n’a pas dit « Tu fais souffler le vent et tomber la pluie » ni « Tu fais descendre la rosée » alors qu’elle a fini la bénédiction (בָּרוּךְ אַתָּה ה׳, מְחַיֵּה הַמֵּתִים) ; si elle n’a pas encore commencé la suite אַתָּה קָדוֹשׁ (Tu es Saint), elle dira alors « Tu fais souffler le vent et tomber la pluie » (entre les deux bénédictions) et poursuivra avec אַתָּה קָדוֹשׁ.
Si elle se rend compte qu’elle n’a pas dit « Tu fais souffler le vent et tomber la pluie » ni « Tu fais descendre la rosée » alors qu’elle a fini la bénédiction (בָּרוּךְ אַתָּה ה׳, מְחַיֵּה הַמֵּתִים) et si elle a pas déjà commencé la suite אַתָּה קָדוֹשׁ, elle devra recommencer la Âmida depuis le début [y compris si cette personne n’a dit qu’un seul mot אַתָּה]; le fait de dire « Tu fais souffler le vent et tomber la pluie » au milieu de la bénédiction שְׁמַע קוֹלֵנוּ n’apporte rien de plus (et il faut quoi qu’il en soit dans ce cas recommencer la Âmida depuis le début); il en est de même si on a mentionné la pluie dans la bénédiction מְבָרֵךְ הַשָּׁנִים .