Pourquoi Moché a-t-il dû sortir de la ville pour décréter la Grêle ? Paracha Vaéra. Réouven Carceles
Moché décréter la grêle
PERLE SUR LA PARACHA VAERA
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Ces divré Torah sur Paracha Vaéra sont dédiés Léilouy Nichmat Hanna bat Rivka
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Pourquoi Moché a-t-il dû sortir de la ville pour décréter la Grêle ?
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La dernière des sept plaies décrite dans notre Paracha de Vaéra est celle de la grêle. La grêle a dévasté la terre d’Egypte, frappant les animaux et la végétation. Alors que Pharaon accepta une fois encore de libérer le Klal Israël de leur esclavage, la Torah nous dit : Moché s’adressa à lui : « Lorsque je sortirai de la ville, j’étendrai ma main vers D. puis le tonnerre cessera, et la grêle ne tombera plus, de sorte que vous reconnaîtrez que la terre est à D. » (Chémot 9,29).
Rachi sur place au nom du Mekhilta, commente le verset, que tant que Moché était encore dans la ville, il n’a pas prié, car elle était pleine d’idoles. Le Ramban de rajouter, que Moché priait généralement dans sa maison pour faire cesser les plaies. Mais uniquement cette fois, il lui était impossible de le faire dans la ville, et c’est pourquoi il a déclaré : « Quand je quitterai la ville ». De fait, il est encore indiqué plus loin (verset 33), que Moché sortit d’avec Pharaon, alors que pour les plaies précédentes, il a dit simplement : « Voici, moi, je sors d’avec toi ».
Ces remarques sont très difficiles à comprendre, car cela sous-entend que Moché ne pouvait entrer en communion avec D. dans la ville, en raison de l’atmosphère envahissante d’idolâtrie et d’impureté. Mais comment Est-ce possible ? Le Ram’hal (Derekh Hachem chap. 5) nous dit : « Je (D) parle avec lui bouche à bouche. » Il pouvait percevoir la gloire de D comme s’il voyait à travers une vitre d’une clarté transparente et chaque fois qu’il le désirait, il communiquait avec D faisant descendre la révélation chaque fois que cela s’avérait nécessaire. Il nous faut donc comprendre cette réalité qui de plus semble être contredite par le déroulement de deux autres plaies.
En effet le verset nous dit : « Moché et Aharon se retirèrent de chez Pharaon et implorèrent D. à propos des grenouilles qui avaient été placées sur Pharaon » (Chémot 8,8). Et plus loin : « Il se retira de chez Pharaon et implora D. Et D transforma le vent en un fort vent occidental, qui souleva les sauterelles… » (Chémot 10, 18-19).
Nous voyons ici, qu’afin d’éloigner les plaies des grenouilles et des sauterelles, Moché se sentait capable de prier à l’intérieur des limites de la ville, sans être dérangé par l’impureté des idoles locales et de Pharaon lui-même. Comment est-ce possible, puisqu’on voit que pour prier pour écarter la grêle, il fut gêné par les idoles au point d’être obligé de quitter la ville ?
Tout d’abord, le Meam Loez explique, que la plaie de la grêle était miraculeuse sous trois aspects : tout d’abord, il est normalement impossible que le feu et la grêle cohabitent, étant inconciliables. Or, au cours de cette plaie, le feu brûlait à l’intérieur même des grêlons. De plus, le Binah Leittim nous rapporte, que ces grêlons étaient très volumineux. Chaque grêlon avait la taille de six poignées de glace. La moitié inférieure de chaque grêlon était composée de glace et de feu tandis que la moitié supérieure n’était que de feu. En outre le Midrach (Chemot Rabbah), nous dit que la glace renfermait le feu sans fondre tandis que le feu n’était pas éteint par la grêle. Sur cela le Ramban explique que chacun de ces énormes grêlons ressemblait à une lanterne. C’était un phénomène encore jamais vu sur terre. Nous savons que la Torah considère la plaie de la grêle comme un miracle extrêmement particulier à une époque où les miracles sont fréquents. Au point que le Midrach nous dit que pour que cette plaie se réalise, D. souleva Moché dans l’espace au-dessus des cieux, et Moché a acquis depuis lors, un pouvoir dans le ciel, en ce qu’il a frappé Pharaon depuis cet endroit. Le Ikar Siftei Hakhamim nous précise une autre interrogation, à savoir qu’on ne saurait expliquer comment le feu est descendu vers la terre, alors que sa nature est de s’élever. Cette question est obscure, mais il explique qu’en vérité, afin d’accomplir la volonté de leur créateur, le feu et l’eau firent la paix entre eux et se sont mélangés sans se détruire l’un l’autre.
Ces explications de Hazal signifient que la fabrication de la grêle exigeait un miracle du niveau le plus élevé, provenant d’un domaine bien plus élevé que celui où le feu et l’eau sont opposés. Au point que lorsque la source même qui avait décrété, à l’origine, qu’ils devaient être opposés, leur ordonna de faire la paix, afin que leur incompatibilité disparaisse. C’est peut-être ce que veut nous dire le Midrach (Béréchit Rabba) : Rav Abba dit au nom de Rabbi : « D. a pris du feu et de l’eau et les a mélangés pour faire les cieux ». C’est donc en vertu de l’ordre de D. que les cieux furent fabriqués à partir d’une combinaison de feu et d’eau et que la puissance nécessaire à ce phénomène provenait d’un domaine bien plus élevé que l’origine de leur incompatibilité, comme nous l’avons dit. C’est pourquoi Moché eut donc à se rendre dans un monde au-dessus des cieux pour rapporter les grêlons miraculeux. Il est peut-être possible, ici, de comprendre notre contradiction, à savoir l’incapacité de Moché à prier pour sa cessation tant qu’il se trouvait dans la ville de Pharaon. Pour quelles raisons ?
Hazal nous font part de différents obstacles empêchant la prière, à savoir la présence de fumier ou d’autres substance sales, ainsi que l’impossibilité de prier face à une idole. Mais pourtant nous savons que si l’un de ces éléments est couvert ou hors de vue l’interdiction ne s’applique pas. Et de la même manière, les juifs ont toujours vécu avec des non-juifs païens et leurs idoles, et personne n’a jamais suggéré qu’il ne convenait pas de prier lorsqu’on se trouvait en leur présence. Il est donc parfaitement clair que les tefilot sont à la fois permises et acceptées dans un pays de culte païen. Alors pourquoi Moché a-t-il été obligé de quitter la ville pour adresser sa prière ?
Nous avons déjà expliqué que la plaie de la grêle était particulièrement inhabituelle, une force spirituelle extrêmement puissante fut nécessaire pour la créer. De même, nous pouvons suggérer qu’une force d’une puissance similaire était nécessaire pour faire cesser cette plaie. La prière de Moché !
En effet, sa prière adressée à D. n’entrait pas dans la catégorie des prières habituelles telles qu’elles sont décrites par Hazal. Il s’agissait d’une prière qui poussait l’homme au-delà de la limite des capacités humaines, à tel point qu’il est rapporté dans le zohar et d’autres endroits, qu’une fois sorti des limites de la ville, lorsque Moché étendit les mains, tonnerre et grêle cessèrent immédiatement. Même la grêle qui était en train de tomber resta suspendue en l’air dans l’orbite solaire et ce, jusqu’à l’arrivée de la guerre de Gog et Magog précédant l’ère messianique ! Mais cette force de la prière exigeait une concentration totale et un environnement parfait même pour Moché et à ce titre, la proximité d’une idole, dans la ville, était suffisante pour perturber sa Tefila, et empêcher d’atteindre sa destination. D’où le besoin pour Lui de quitter la ville.
Chabbat chalom
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Fin de l’article « Pourquoi Moché a-t-il dû sortir de la ville pour décréter la Grêle ? »
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