Mentionner la pluie dans la Amida (4) Choul’han Aroukh chapitre 114 §1 – Origine de Machiv Haroua’h – Halakha Béroura
Origine de Machiv Haroua’h
1er Octobre 2013/ 27 Tishré 5774
8 Octobre 2014 / 14 Tishré 5775
4) Shoul’han Aroukh Chapitre 114 Saîf/Alinéa 1
Sujet : mentionner la pluie. Origine de Machiv Haroua’h
בשם השם נעשה ונצליח
Les nombres indiqués entre crochets [] sont les références de la précédente publication sur le sujet.
Vous trouverez une description du livre Halakha Béroura sur Wikipédia.
[1] Développement provenant du Yalkout Yossef [YY] de Rav Yts’haq Yossef [partie sur la prière Tome 2 pages 44-45] et de Halakha Béroura [HB] du Rav David Yossef partie Birour Halakha (א) pages 137-138
[HB] L’origine de cette Halakha de mentionner Machiv Haroua’h Oumorid Haguéshem » « Tu fais souffler le vent et tomber la pluie » vient du Talmoud (Bérakhoth 33a, Taânith 2b) ; la Guémara tranche selon l’avis de Ribbi Yéhouda (Taânith 4b) qui indique :
ר’ יהודה אומר העובר לפני התיבה ביו »ט האחרון של חג האחרון מזכיר
Ribbi Yéhouda dit « celui qui officie, le dernier jour de la dernière fête [Shémini Âtséreth] mentionne [la pluie] ».
Le Rambam tranche également en ce sens (Chapitre 2 des lois sur la prière §15), et le Tour et le Shoul’han Aroukh dans le présent chapitre.
[YY] La Guémara (Yéroushalmi – Taânith Ch. 1, §1) demande: mentionnons la pluie dès le soir (à la prière de Ârvith à l’entrée de la fête) !
Réponse (selon l’explication du Raavia et le Rosh): la veille de la fête les gens sont occupés à la préparer et donc il n’y a pas beaucoup de monde à la synagogue et de ce fait certains mentionneront la pluie et d’autres non ; ce qui fait qu’il y aura des « groupes » avec des comportements différents [ce qui n’est pas permis].
Se pose alors la question: pourquoi ne pas commencer à mentionner la pluie à la première prière du matin (Sha’harith) ?
Réponse: C’est vrai que le matin tout le monde est libre et vient à la synagogue mais certains vont en venir à penser que nous avons commencé la veille (au soir) et l’année suivante ils débuteront (chez eux) au soir ! En conséquence les Sages ont instauré de ne pas mentionner la pluie à la prière du matin mais uniquement à partir de Moussaf.
De plus Ribbi Hagay dit : « il est interdit à un particulier de mentionner la pluie avant de l’entendre par l’officiant [que l’officiant mentionne la pluie]». Le Rosh explique : c’est à dire qu’il ne faut pas mentionner la pluie à la prière du matin car (comme on ne peut pas s’interrompre) l’officiant ne pourra pas y annoncer qu’il faut mentionner la pluie puisqu’il faut « faire suivre immédiatement la délivrance par la Âmida » [la délivrance est « Baroukh Atta Hashem Gaal Israël » – Source de toutes les Bénédictions, Tu es, Eternel, qui a délivré Israël (d’Egypte)]. Tel est l’explication également du Or Zaroua et d’autres Rishonim [décisionnaires médiévaux] (voir הלכה ברורה ־ ש ער הציון (א)).
Le Raavia rajoute que Ribbi Hagay pense également que certains vont en venir à penser que nous avons commencé la veille à mentionner la pluie (il va plus loin dans l’explication mais ne contredit pas la première explication, il la complète).
[HB] Il est à noter que le SaMag explique différemment le Yéroushalmi en disant que si on mentionne la pluie le matin certaines personnes vont en arriver à penser que la communauté a commencé à mentionner la pluie depuis la veille et en conséquence certains en viendraient à refaire la prière du soir (en pensant ne pas en avoir été quitte).
Ces deux explications ne sont valables que le premier soir de Pessa’h, car pour la raison donnée par le SaMag c’est à dire que certains en viendraient à croire qu’on a arrêté de mentionner la pluie la veille et qu’il faut donc recommencer la prière du premier soir de Pessa’h [le lendemain en compensation, puisque si on mentionne la pluie en période « d’été » il faut recommencer la Amida alors que si on mentionne la rosée en période « d’hiver » on est quitte. Comme les gens seront affairés la veille de Pessa’h ils ne seront pas forcément présents à la synagogue]. Selon l’autre avis ramené par les Rishonim, il y a lieu de craindre que l’année prochaine ils se trompent et arrêtent de mentionner la pluie le premier soir de Pessa’h (ce qui serait une erreur) [on craint cette erreur le soir de Pessa’h car les gens travaillent la veille et nombreux sont ceux qui vont rater la prière, tandis que Shémini Atséreth suit Hol Hamoed pendant lesquelles les gens ne travaillent pas et donc ils seront présents à la synagogue et ne se tromperont pas].
[YY] Le Yéroushalmi donne une autre raison, ramenée par le Rosh, qui est qu’il faut que toutes les fêtes finissent avec la mention de la rosée qui est un signe de bénédiction pour le monde. (Le Rosh précise que la première raison qui est qu’on veut éviter qu’il y ait des « groupes » avec des comportements différents n’est valable que le premier soir de Pessa’h [où tout le monde prépare la fête] mais n’est pas valable pour le soir de Shémini Atséreth puisque les gens ne travaillent pas à Hol Hamoêd et tout le monde vient à la synagogue, et c’est pour cela que la seconde raison, à savoir qu’il faut que les fêtes finissent avec la mention de la rosée).
Les Tossafoth ne rapportent que la première raison, et de même pour le Raavia, le Mordékhay, le Raza [Ribbi Zéra’hia Hallévy] et le Samag. [Cela signifie donc qu’ils ne voient pas de complémentarité dans les deux raisons mais ont choisi la raison qui leur semble la principale, cela aura des conséquences dans le développement [2]]
Le Raavad dans ses oppositions aux Baal Hamaor [le Raza] note que le Rif lorsqu’il rapporte la seconde raison, que les fêtes doivent terminer avec la Rosée, c’est parce que le Rif parle du dernier jour de Soukkoth, car alors tout le monde se trouve à la Synagogue pour la prière du soir puisqu’on sort de Hol Hamoêd pendant lequel il est interdit de travailler ; par contre l’autre raison, à savoir que tout le monde ne se trouve pas à la Synagogue, se rapporte au premier jour de Pessa’h alors que tout le monde est affairé à son travail, à préparer les Matsoth et le Maror et c’est pour cette raison qu’on ne s’arrête de mentionner la pluie qu’à partir du Moussaf du premier jour de Pessa’h. Le Baal Haéshkol, le Rane, le Ritva ont écrit de même [cela signifie donc que pour ces décisionnaires, les deux raisons se complètent, ce qui a une conséquence pratique comme on le verra dans le développement [2]).
Cet article « Mentionner la pluie dans la Amida (4) Choul’han Aroukh chapitre 114 §1 – Origine de Machiv Haroua’h – Halakha Béroura » a été mis en ligne le 12 Octobre 2014 – Mis à jour le 24 octobre 2019 puis le 18 octobre 2020
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