Pour quelle raison n’ont ils pas cru Moché ? Paracha Chémot. Réouven Carceles
pas cru Moché
*
Ces divré Torah sur Paracha Vay’hi sont dédiés Léilouy Nichmat Hanna bat Rivka
*
PERLE SUR LA PARACHA CHEMOT – Pour quelle raison n’ont ils pas cru Moché
Dans la Paracha de la semaine, Parachat Chémot, la Torah nous dit : Moché répondit en disant : « Mais ils ne vont pas me croire, ils ne vont pas non plus écouter ma voix. Ils vont prétendre que D. ne m’est pas apparu » (Chémot 4,1).
Hazal (nos maîtres de mémoire bénie) expliquent que D. accorda alors trois signes à Moché, des miracles qu’il pourrait accomplir autant que nécessaire devant le peuple pour le convaincre qu’il était vraiment l’homme de la situation. Le premier signe était un bâton que Moché devait jeter à terre, et qui se transformerait en serpent. Lorsque Moché attrapait le serpent par la queue, il retournait à l’état de bâton. Le second signe s’accomplissait lorsque Moché enfonçait sa main dans sa poitrine et qu’elle contractait la lèpre. Lorsqu’il la remettait sur la poitrine, elle revenait à son état normal. Enfin, le troisième signe, Moché devait prendre un peu d’eau du Nil et la verser sur la terre sèche, où elle se transformait en sang.
Il y a lieu de comprendre la raison pour laquelle ces signes étaient nécessaires au Klal Israel pour le convaincre de la véracité de Moché qu’il était le libérateur ? En effet, cela est difficile à comprendre car nous savons que le Klal Israel (l’assemblée d’Israël) ne doutait pas que D. possédait le pouvoir de les libérer et n’avait donc pas besoin de ces signes. Nous savons qu’ils possédaient déjà une tradition de leurs ancêtres selon laquelle D. est omniprésent et puissant et allait un jour les libérer. Tel était le plan divin, la sortie d’Egypte faisait partie de l’alliance conclue entre D. et les patriarches, donc d’après cela, la délivrance devait de toute façon suivre l’esclavage, sans dépendre de signes quelconques. Il est donc possible que leurs doutes envers Moché étaient motivés par une raison personnelle bien plus profonde. Ils ne se sentaient pas prêts pour la rédemption, ils savaient que l’exil servait un but spécifique qui, d’après eux, n’avait pas encore été atteint. Ainsi, il nous faut comprendre l’importance de ces signes ?
*
Les 3 générations à réparer
*
Pour cela, il nous faut remonter dans l’histoire, revenir à trois générations fondamentales. Il s’agit de la génération de Enoch, celle du déluge et celle de la Tour de Babel. Rabbi Chemouel Bornstein explique que chacune de ces générations avait une fonction spirituelle particulière à remplir, à la suite de la faute d’Adam Harishone lorsqu’il consomma l’arbre de la connaissance. En effet nos sages enseignent que cette faute a engendré trois fautes qui sont les plus graves de la Torah, à savoir : l’idolâtrie, la débauche et le meurtre. Et chacune de ces générations reçut un penchant particulier pour l’un de ces péchés cardinaux, que les hommes se devaient de surmonter, afin d’en faire le tikoun (la réparation) conduisant le monde à la perfection.
La Torah parle très peu d’Enoch, mais le Rambam explique que c’est du vivant d’Enoch que le monde glissa vers l’idolâtrie, ils employèrent leurs pouvoirs pour introduire l’idolâtrie au lieu de l’utiliser pour le bien.
La génération du déluge était immorale au niveau des mœurs ; la Torah nous dit : « Le monde était corrompu devant D… » (Bérechit 6,11). Rachi sur place explique, c’est un langage qui renvoie à l’immoralité sexuelle et à l’idolâtrie. Eux aussi auraient pu surmonter ce pêché et améliorer le monde mais ils ont échoué. Enfin, les constructeurs de la Tour de Babel se distinguèrent non pas comme des meurtriers, mais comme des individus qui ne respectaient pas la sainteté de la vie humaine. Le Pirké de Rabbi Eliézer nous dit que si une personne tombait et mourait, ils n’y prêtaient pas attention, mais si une brique tombait, ils s’asseyaient et pleuraient !
Donc ces trois générations ont échoué dans la tâche de purifier le monde de ces trois fautes, au contraire, elles les ont introduits et consolidés. La conséquence de la Tour de Babel fut donc la division du monde en différentes nations, et de cette division furent issues les 70 nations, ainsi qu’Avraham, le précurseur du peuple juif. Le Ari Hakadoch nous dévoile, ici, que le Klal Israel en Egypte était en réalité des Guilgoulim (réincarnations) de ces trois générations, et ils savaient eux-mêmes qu’ils étaient les héritiers spirituels de ces trois péchés cardinaux. De ce fait, nous comprenons que les soixante-dix enfants de Yaacov et leurs descendants devaient se rendre en exil en Egypte pour rectifier ces trois péchés avant de pouvoir devenir la nation de D. Ils devaient subir une série de décrets d’oppression pour effacer même la plus petite trace de ces péchés, et qu’il ne fallait pas moins de quatre cents ans d’esclavage pour atteindre une rectification totale d’où la crainte de Moché qui s’imagina qu’ils n’allaient pas le croire, car à peine 210 ans s’étaient écoulé et en effet, la rectification n’était pas complète. De plus, le Klal Israël avait atteint le quarante-neuvième degré de Touma (impureté), leur statut spirituel était si ba, qu’il fallait les libérer tout de suite de cette étape de l’exil en dépit du fait qu’il restait encore 190 ans
Pour quelle raison n’ont ils pas cru Moché
Nous pouvons à présent comprendre la crainte de Moché d’être rejeté par le Klal Israel, c’est pourquoi D. lui accorda trois signes qu’il devait accomplir devant eux, afin de les convaincre qu’il avait décidé de mettre un terme à l’exil à ce stade prématuré. Le bâton se transformant en serpent indique l’idolâtrie. Ce fut le serpent dans le Gan Eden qui introduisit le premier la rébellion contre D., la main lépreuse correspond à l’immoralité sexuelle. Enfin, le sang correspond au péché de meurtre. Nous voyons que la Torah précise qu’après que le bâton fut transformé en serpent, Moché le changea à nouveau en bâton. De même, la lèpre après que sa main devint infectée, il la replaça sur sa poitrine, elle retrouvât alors totalement sa forme. Mais il n’en fut pas ainsi avec le sang. Moché versa de l’eau sur le sol, et celui-ci devint et demeura du sang. Le Chem Michemouel nous dévoile ici, que le retour d’un miracle à son état original est porteur d’une grande signification dans notre contexte, c’est-à-dire que les miracles du serpent et de la lèpre, qui symbolisaient les péchés de l’idolâtrie et de l’immoralité sexuelle, indiquaient au Klal Israel que le Tikoune (réparation) avait été atteint dans ces domaines. Seul le sang devint et resta sang. Comment est-ce possible ? Le Rav Abraham David Buczacz explique dans le Echel Avraham que ce signe était différent des deux premiers. C’était un signe que les plaies qui frapperaient l’Egypte ruineraient le pays pour toujours, et que c’était irrémédiable. En effet nous savons aussi que le sang est le lien entre la vie et la mort, en répandant le sang, la liaison entre l’âme et le corps est coupée, et la mort s’ensuit. Une fois que le sang est versé, on ne peut pas y remédier, puisqu’on ne peut pas ramener les morts à la vie. De là nous comprenons que c’est à ce moment précis que le Klal Israel prit conscience que Moché comprenait leur préoccupation, en ce sens que la rectification des trois péchés cardinaux était incomplète mais que D. était contraint de les libérer malgré tout, selon l’alliance prévue entre lui et les patriarches.
Chabbat Chalom
Fin de l’article « Pour quelle raison n’ont ils pas cru Moché ? »
*
Pour retrouver tous les cours de Réouven Carceles sur notre site
Retrouvez le texte de la Paracha sur Sefarim.fr
*
Cet article vous à plu ? Notre site vous apporte les connaissances qui vous sont utiles ? Peut être souhaiteriez vous contribuer un peu à la vie de notre site. Quelques euros pour le Jardin de la Torah, nous serons partenaires dans le Zikouy Harabim (faire bénéficier un grand nombre de la lumière de la Torah)
Merci d’avance !!