Chabbat Chouva – Yéhouda Moshé Charbit
Chabbat Chouva
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בס״ד
CHABBAT CHOUVA
Plutôt qu’un commentaire sur la Paracha, l’exposé de cette semaine sera plus axé sur la circonstance. Ce chabbat est appelé Chabbat Chouva car il est propice au repentir. C’est pourquoi, nous nous arrêterons sur ce moment extrêmement important.
Nos sages enseignent qu’Hakadoch Baroukh Hou, lorsqu’il a créé le monde, ne voulait lui associer que la rigueur. Dans le sens où la justice la plus pure s’y serait appliquée. Toutefois, conscient de la difficulté de la tâche que cela représenterait pour les hommes, il associa la miséricorde à la rigueur. Grâce à cela, l’homme, bien qu’il faute, dispose d’un moyen de revenir sur son erreur et de la réparer par le biais de la téchouva. L’endroit de sa création, témoigne de ce phénomène. En effet, nos sages expliquent que l’homme a été créé à l’endroit même du beth hamikdach, ce lieu où, grâce à une offrande, l’homme obtenait le pardon pour ses fautes. En clair, Hachem choisit d’ancrer la téchouva à la base de sa création.
Le pari est particulièrement risqué ! En effet, les anges se sont opposés à ce projet s’appuyant sur le fait qu’avec un mauvais penchant, l’homme fauterait inéluctablement. Il paraît, à priori, impossible de supposer la perfection alors même que le mal est implanté dans les racines de l’homme. En clair, les attentes de maître du monde ne pouvaient qu’être déçues ! Et l’histoire va nous le prouver !
Pour comprendre à quel point, un rappel s’impose. La torah narre la création de l’homme qui est apparu un Vendredi dans le monde. Sa mission est relativement simple, mais d’une importance capitale. Il lui suffit de tenir quelques heures sans consommer du fruit de l’arbre ! Nos sages précisent que si l’homme avait supporté l’épreuve jusqu’à l’entrée du chabbat, alors nous serions entrés directement dans les temps messianiques, objectif absolu du créateur du monde. Et pourtant, que fait Adam ? Il faute ! Il détruit le projet du maître du monde alors même que nous en sommes au début !
Nous pourrions supposer qu’une telle attitude serait suffisante et que plus jamais l’homme n’en vienne à désobéir à son créateur. Mais il ne faut pas attendre longtemps avant qu’un nouvel acte grave soit commis. Le propre fils d’Adam, Caïn, commet l’irréparable en tuant son frère ! Nous sommes à peine aux prémices du genre humain, que déjà, le mal régit ses actes !
L’histoire se poursuit avec le petit fil d’Adam, Énoch, et sa génération, qui introduisent la notion d’idolâtrie dans le monde. L’homme se tourne alors vers d’autres Dieux et trahit Hakadoch Baroukh. Plus tard, c’est la génération de Noa’h qui se pervertit au point de renier Hachem. La génération de la tour de Babel ne fait pas exception et va jusqu’à avoir pour ambition de faire disparaître Hakadoch Baroukh Hou.
Lorsqu’enfin, Hachem trouve de l’espoir avec l’arrivée d’Avraham, Yitshak et Yaakov, il se trouve déçu de la haine des fils de Yaakov envers leur jeune frère Yossef qui se voit vendu en esclave ! Les bné-Israël vont «également mettre Hachem à l’épreuve à plusieurs reprises, en fautant durant leur passage en Égypte, en réalisant le veau d’Or alors même qu’ils venaient de recevoir la torah, en refusant l’entrée en Israël et en se rebellant contre Moshé lors de la révolte de Kora’h.
La liste pourrait s’allonger en citant beaucoup d’autres exemples, notamment ceux présents dans les prophètes, mais cette simple liste met parfaitement en relief à quel point l’homme est rebelle. L’objectif ultime d’Hakadoch Baroukh Hou est de faire venir le Machia’h. En effet, la torah commence en disant que le souffle de Dieu planait à la surface des eaux, avant que le monde ne soit créé. Nos sages analysent ces mots et expliquent qu’ils font référence à l’esprit du Machia’h. Avant même la création de l’homme, Hachem avait fait précéder l’existence du Machia’h afin de mettre en place son objectif absolu. Comme nous l’avons mentionné, cet objectif ne visait pas le long terme. Au contraire, dès les premiers instants de la création, il aurait pu être atteint. Mais il ne l’est pas aujourd’hui encore.
Il convient d’imaginer la déception de se rendre compte que tout le projet divin est mis en échec quelques heures à peine, après son achèvement ! Pire encore, au fil des années les choses ne s’arrangent pas et les hommes ne sont toujours pas parvenus à atteindre cet objectif.
La question qui se pose est donc légitime ! Comment comprendre qu’Hachem ne soit pas déçu ? Comment comprendre qu’il espère encore, quand ses propres enfants désespèrent de voir un jour Machia’h ?! Pourquoi n’annule t-il pas la création, pourquoi accorde t-il encore sa confiance ?
La réponse est si simple que nous l’avons presque oubliée : Hachem nous aime ! Il aime ses enfants, il aime ses créatures, d’un amour qui transcende toutes nos perceptions. Si nous résumons les choses, déjà à l’époque d’Adam, il aurait dû détruire le monde, mais il a préféré pardonner ! Idem pour Caïn et Énoch, Hachem fait preuve de patience et accorde la grâce ! Il aurait pu rayer l’homme de la carte lors du déluge, mais un seul homme faisant preuve de piété a suffi pour trouver grâce aux yeux de son maître. Il aurait pu nous abandonner dans le désert avec toutes les rébellions que nous avons menés, mais pas un instant il n’a cessé de veiller sur nous. Cela fait presque 5776 ans qu’il patiente et nous accorde sa confiance, et ce, juste par amour envers nous. Ce peuple qui s’est tant éloigné, tant égaré, qui a oublié d’où il vient, a malgré tout la chance de trouver la bienveillance d’Hakadoch Baroukh Hou.
Tous les jours, nous disons dans la Amida « למען שמו באהבה en faveur de son nom, par amour ! ». c’est sans doute le mot le plus important de tous, cet amour qu’Hachem nous porte et qui n’a pas failli depuis des millénaires. Cet amour devance même notre existence. Avant même de créer l’homme, Hachem place la miséricorde dans le monde. Tout cela dans le but de laisser un moyen aux humains de se racheter de leurs fautes. Nos sages enseignent dans le traité Bérakhot, qu’Hakadoch Baroukh Hou lui-même formule une prière. Il prie à lui même de ne pas se comporter avec rigueur envers son peuple, mais avec miséricorde. Trop amoureux de son peuple pour pouvoir le juger avec difficulté, il va même jusqu’à nous demander qu’au jour ultime du jugement, celui de Roch Hachana, nous devons sonner du Chofar. Ce son primaire, exempt de l’expression des mots et qui nous renvoie à notre source. Ce son qui rappelle le sacrifice d’Ytshak et qui permet d’éveiller la miséricorde. L’amour qu’Hachem a ressenti pour les patriarches, qui étaient prêts au sacrifice ultime par amour envers lui, est celui-là même qui nous assure une clémence sans faille. À Roch Hachana nous sonnons du chofar, afin de rappeler à Hachem ce sacrifice par le mérite duquel, il opte toujours pour le pardon plutôt que la sanction.
Il est d’ailleurs intéressant de comprendre pourquoi c’est la akedat Yitshak (Ligature d’Its’hak) qui est choisie comme moyen d’éveiller la miséricorde le jour de roch hachana. La raison est finalement très évidente: la démarche de la Akéda résume l’attitude de l’homme dans son histoire. Comme nous l’avons dit, l’homme n’a eu de cesse de décevoir son Créateur et de contrarier ses projets et c’est justement ce qu’Hachem demande à Avraham de faire. Toute sa vie Avraham a rêvé de ce fils qui marcherait un jour sur ses pas. De même, toute sa vie, Avraham a lutté contre les sacrifices humains. Évidemment qu’il avait beaucoup de projets concernant son fils et son avenir et c’est là qu’Hachem impose l’épreuve: prendre tous ces projets et les abandonner, ressentir la souffrance de perdre ce en quoi nous avons placé tant d’espoir. En ce sens, la Akédat constitue une réparation titanesque dans la mesure où elle fait subir à Avraham ce que l’homme a fait subir à Hachem en refusant d’accomplir son objectif ! D’où l’immense source de miséricorde que provoque le Chofar et la mention de cet événement durant roch hachana.
Et quand bien même cela ne suffit pas, Hakadoch Baroukh Hou octroie une chance supplémentaire, celle des dix jours de Téchouva qui culminent à Yom Kippour !
En résumé, cela fait 5776 ans que son amour est infaillible. 5776 ans qu’il nous pardonne. 5776 ans qu’il nous protège et veille sur nous, qu’il nous tient par la main.
La question que chacun doit se poser à titre individuel, est triste. Depuis combien de temps avons-nous lâché cette main tendue ?! Depuis combien de temps ne lui rendons-nous pas notre amour ? Depuis combien de temps avons-nous cessé de penser à lui ?
En ce Chabbat particulier (Chabbat Chouva) où Hachem accroît les forces de miséricorde, n’est-il pas temps de lui demander pardon ? De faire un effort pour lui qui en a tant fait pour nous ?! Une seule mitsvah suffit !! un petit progrès ! C’est tout ce qu’il nous demande !
Yéhi ratsone que chacun mérite de voir sa téchouva acceptée, ses téfilot exaucées, et que cette année soit celle de la fin de notre exil ! Amen véamen.
Chabbat chalom, chana tova, gma’h ‘hatima tova. Bon Chabbat Chouva.
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