Réouven a perdu la Royauté la prêtrise et l’aînesse – Paracha Vay’hi – Réouven Carceles
Réouven a perdu la Royauté
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Ces divré Torah sur Paracha Vay’hi sont dédiés Léilouy Nichmat Hanna bat Rivka
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PERLE SUR LA PARACHA
« Réouven, tu es mon premier-né, ma force et les prémices de ma vigueur, l’exemple même de la noblesse et la quintessence de la puissance, Impétueux comme l’onde, tu n’as plus l’avantage, car tu as attenté au lit paternel, tu l’as profané » (Bérechit 49,3-4).
Nous savons que dans la Torah, l’aîné a le droit de recevoir une double part et d’autres avantages parfois, droit qu’apparemment Réouven a perdu. On peut se demander dans un premier temps pourquoi est-il normal que le premier-né reçoive plus d’héritage ? A priori, l’ordre chronologique de naissance n’implique pas forcément une grandeur spirituelle supplémentaire ou un mérite plus grand qui justifie des avantages par rapport aux autres ? De plus comment comprendre que Réouven, parce qu’il a été une seule fois « impétueux comme l’eau » a perdu tous ses droits ? La Guemara dans Chabbat (55b) enseigne pourtant : tout celui qui dit que Réouven a fauté se trompe complétement. Rachi nous cite au nom des Sages (37,29) que Réouven a fait une grande Téchouva. Faut-il comprendre par la perte de ses droits d’aîné que sa Téchouva n’a pas réussi ? Pourtant nos Sages nous enseignent que Réouven est le symbole de la Téchouva, un exemple en la matière et méritera dans ses descendants Oché’a qui enseignera aussi la Téchouva au Klal Israel (à l’assemblée d’Israël). La punition de son père est donc assez sévère lorsque l’on sait que cette faille n’était même pas une ‘avéra (faute) ! Comment est-ce possible ?
Le Rav Friedlander Zatsal explique que le don des bérakhot (bénédictions) par Ya’akov, par Its’hak, par les Rabbanim qui en distribuent et même par n’importe quel juif qui a aussi une force de bérakha (bénédiction) importante (disent nos sages) correspond à une prière pour qu’Hachem nous donne les kelim (outils) dont nous avons besoin pour le servir. Chacune des douze tribus, en fonction de ses Midot et de ses forces a un rôle qui lui est propre et a besoin d’outils spécifiques pour l’accomplir. La distribution des Bérakhots, c’est donner à chacun ce qui lui revient précisément car c’est cela dont il a besoin pour servir Hachem. C’est ce que la Torah appelle « un homme selon sa bénédiction ». Rachi explique : selon son avenir et le Sforno ajoute : selon son rôle. Le but est que la personne bénie puisse mériter ce qui lui est nécessaire pour accomplir pleinement sa mission et révéler tous ses potentiels dans la ‘Avodat Hachem (service Divin).
Dans la Torah, nous remarquons que c’est souvent le père qui distribue les bérakhot à ses enfants ou petits-enfants, selon le principe souvent évoqué par nos Sages que « l’action des pères est un signe pour leurs descendants ». Les enfants continuent le service des parents, les parents laissent en héritage toutes sortes de biens matériels à leurs enfants même d’après la Torah, dans la mesure où ces derniers héritent aussi d’une responsabilité spirituelle et d’un rôle dans la continuité de la ‘Avodat Hachem (service divin) de leurs parents. Nous pouvons peut-être mieux comprendre que ce soit le père qui donne les Bérakhot (bénédictions) et spécialement à la fin de sa vie, à l’instar de Ya’akov car c’est à ce moment-là qu’il voit ce que lui-même a accompli sur terre, et ce qu’il voudrait que ses enfants fassent pour parfaire son œuvre. Et il est certain que l’aîné a une part double dans la Torah car il est encore plus que ses autres frères, le successeur de son père. En effet, étant le plus âgé, c’est lui qui est responsable de ses frères et c’est aussi à lui qu’incombe en premier lieu la mission de se préoccuper de ce que son père n’a pas achevé. C’est pourquoi la Torah lui accorde une double part matérielle, plus que cela, le Maharal écrit dans « Hidouché Hagadot » que le premier-né est en quelque sorte la cause de l’existence des autres enfants de la famille, car sans sa présence, il ne pourrait y avoir d’autres enfants. Le Rabbi de Sochaczev explique que cette idée signifie que le Bekhor (l’aîné) constitue une sorte d’intermédiaire entre le père et les autres enfants, permettant ainsi au père de transférer tous ses pouvoirs et capacités intellectuelles à ses autres enfants.
Réouven a perdu la Royauté la prêtrise et l’aînesse – Paracha Vay’hi
Sur cela, le Kéli Yakar explique que Réouven avait trois prérogatives importantes dans son rôle et sa mission sur terre : la Békhora (l’aînesse), la Kéhouna (la prêtrise) et la Malkhout (royauté), mais il a tout perdu. Telle est l’allusion dans le message que Yaacov adresse à son fils aîné. Pourquoi ?
Réouven a montré qu’il n’avait pas les Midot (qualités) nécessaires pour réussir son rôle. A son immense niveau Réouven avait une faille dans ses Midot, il avait une tendance à réagir impulsivement. De plus il a embrouillé la résidence de son père en changeant la place de son lit d’un endroit à l’autre, et a donc montré une faille dans le domaine du seder (ordre). Evidemment, au niveau de Réouven lui-même, ces failles n’étaient presque pas visibles, mais Ya’akov savait qu’elles seraient transmises à ses enfants et à toute sa tribu, et avec le temps elles seraient beaucoup plus gênantes. Ces tendances (impétueux comme l’eau) vont à l’encontre au rôle de la Malkhout (Royauté) qui exige de gérer le royaume de façon ordonnée, sereine, et arriver à supporter patiemment chaque citoyen selon ses Midot. C’est pour cela que ce rôle a été réattribué à David qui incarnait l’effacement de soi et qui se décrivait lui-même comme étant un vermisseau, celui-là ne se mettra jamais en colère. En ce qui concerne la Kéhouna (prêtrise), nos Sages nous enseignent que ce rôle nécessite un « équilibre » et un ordre parfait, c’est pour cela que ce rôle a été réattribué à Aharon qui était l’homme de la paix par excellence. Le Ramban indique en effet qu’il ne s’est pas mis en colère une seule fois dans toute son existence. Aharon se tint à l’écart du peuple, qui était impétueux comme l’onde (Makhzor, tefilat guéchem), et il était donc apte à la Kéhouna. La Békhora (privilège du premier-né) a été réattribuée à Yossef qui fut l’exemple même du Tsadik, c’est lui qui devint Békhor en ce sens qu’il reçut la portion double du premier-né, puisque Ménaché et Ephraïm devinrent tous deux des tribus distinctes.
Nous pouvons réaliser à présent ce qu’aurait pu être Réouven. Il avait le potentiel d’être Aharon Hacohen, Yossef, et David en une seule et même personne. Mais une seule erreur, bien que légère, mit un terme à cette possibilité pour toujours, à cause de ce petit défaut de caractère dont il avait fait preuve. Et bien qu’il ait fait une Téchouva entière, il n’en reste pas moins qu’a été identifiée chez lui une faille qui allait être développée et transmise, et empêche donc sa tribu de recevoir toutes les Bérakhot qui reviennent à l’aîné. Comme nous l’avons dit, les Bérakhot ne sont rien que des outils pour accomplir un rôle et en l’absence de ce rôle, la Bérakha disparaît.
Chacun doit faire attention à cela, nous avons tous une mission, un rôle et la responsabilité des générations à venir. Nous aussi nous demandons a Hachem des Bérakhot, mais nous devons accepter le rôle qui les accompagne c’est-à-dire savoir se remettre en question et se parfaire dans nos traits de caractère afin de mener à bien notre mission, alors Hachem nous donnera les outils pour y arriver.
Chabbat Chalom
Fin de l’article « Réouven a perdu la Royauté la prêtrise et l’aînesse »
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