Rabbénou Yérou’ham: Rosh Hashana
Le principe du début de l’année est le renouvellement de la création.
Traduit et adapté par Rav Michael Smadja
Chaque jour de fête a une signification particulière, est un principe particulier au sein du peuple d’Israël. Shabbat est en souvenir de la création, c’est le principe même de la création, Pessah est le principe de la libération, libérer l’esprit du corps. Shavouot est le principe de la capacité à recevoir la Torah afin qu’elle transforme le corps et l’esprit.
Le principe de Rosh Hachana est le renouvellement de la création, car ce jour le monde a été créé (ou plus exactement l’homme qui est un microcosme, qui contient toutes les forces et les énergies de la création a été créé) comme nous le disons: « c’est le jour du commencement de toutes Tes œuvres » et il est évident qu’au moment de la création, cette même création était dans la plus extrême des nouveautés sans aucun relent de « déjà vu », de « pré-existence » et donc chaque Rosh Hachana est un renouvellement complet sans lien avec le monde passé.
Mais l’homme par ses mauvaises actions, a perverti cette création et l’a abîmée. Car l’homme en vérité a un travail dans ce monde et pour ce monde car il est le principe même de la création. Il a la faculté d’arriver aux plus profonds secrets de la création et il est évident combien sa perversion peut abîmer ce monde. Le Ramhal affirme que par ses actions, l’homme s’abîme et abîme le monde. Car la création est construite, imbriquée et unifiée d’une unité parfaite sans aspérité aucune. L’homme pouvant par un seul acte, une seule pensée, « détruire », « désimbriquer » »désunir » la création. Si l’homme par sa pensée, ressent qu’il est une pierre spécifique de l’édifice, la pierre angulaire, alors un ego va apparaître, son ego et ses actions ne seront plus dans le principe de la création mais dans un principe nourricier pervers tourné sur lui-même, en « circuit fermé », son ego nourrissant son ego, ses actions nourrissant cet ego qui expulse l’homme de son monde. Il n’y a pas plus grande bêtise, plus grande hérésie. Car l’homme n’a pas de place spécifique dans la création qui lui ferait ressentir une sensation d’appartenance et de singularité. Il est l’univers. L’acte de l’homme doit être ressenti comme un acte englobant, influençant tout l’univers et non comme une action particulière spécifique et anodine n’influençant que son petit monde.
Puisque l’homme a la faculté par le moyen de sa pensée de développer une conscience accrue du divin, et par cela s’élever et élever la création en renforçant l’unité divine dans ce monde ou bien au contraire en se rabaissant et donc en rabaissant ce monde, en brisant cette unité divine, repoussant la présence divine de ce monde par cet ego qu’il va développer en créant une dualité dans ce monde, car le bien et le mal, le bon et le mauvais, l’excellence et la médiocrité ne sont que des perceptions égocentriques de la réalité, par cela, nous comprenons le principe qui nous a été donné à Rosh Hashana, ce principe de purification de notre monde psychique afin de recréer notre perception du monde, le ramener au niveau du premier homme avant la faute. En fait, Rosh Hashana est le renouvellement de ma perception de ce monde sans aucun rapport avec cette perception de dualité que je développais auparavant. Une nouvelle création s’offre devant moi sans aucun lien avec la précédente. Je suis la création dans sa globalité et dans sa particularité, un avec elle. Le principe de de Téshouva étant le renouvellement de notre perception. Et par cela, devenir une nouvelle création. C’est le principe extraordinaire qui nous est insufflé ce jour sacré qu’est Rosh Hashana. Devenir un ustensile capable d’être le chariot céleste et par cela, révéler la royauté divine dans le monde.