Yossef a gravi la montagne spirituelle et a su y demeurer. Paracha Vayéchev – Réouven Carceles
Yossef a gravi la montagne spirituelle
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Ce cours est pour l’élévation de l’âme, léilouy Nichmat, de Hanna bat Rivka
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Yossef a gravi la montagne spirituelle et y est demeuré.
Dans la Paracha de la semaine, Vayéchev, la Torah nous dit : « Nous composions des gerbes dans le champ, soudain ma gerbe se dressa et elle resta debout… » (37,7).
Le Chem MiChemouel pose la question suivante : pourquoi la Torah ajoute-elle les mots : « elle resta debout » ? Qu’est-ce que cela nous enseigne sur Yossef et sa famille ? pour répondre, il amène le verset suivant : « Qui gravira la montagne de D. ? Et qui se tiendra dans son lieu saint ? » (Tehilim 24,3).
Le Maguid de Kosnitz explique que les deux parties de ce verset font référence à deux étapes différentes de développement spirituel. Tout d’abord, il faut gravir la montagne de D afin de jouir de sa proximité. Cette étape en soi est déjà suffisamment difficile à réaliser. Mais le fait de rester avec D., de réussir à se maintenir à un tel niveau sur le long terme est bien plus difficile, du fait que l’homme est en perpétuel mouvement. C’est vrai sur le plan physique, où nous avançons en âge, mais également sur le plan spirituel : notre humeur varie de jour en jour, ainsi que notre niveau de concentration, parmi une infinité d’autres paramètres. Le Maître explique que tout cela signifie qu’il est extrêmement difficile de conserver le même niveau spirituel sur une longue période puisque nous voyons par nature que l’homme est inconstant.
Tout cela est évidemment valable pour un individu ordinaire, qui est soumis aux contraintes de la vie. Mais le Tsadik, lui, ce pilier de l’humanité, dont chaque pensée, chaque parole et chaque acte sont soumis aux impératifs dictés par son âme, a quant à lui la faculté de surmonter ses tendances naturelles et de se maintenir « dans son lieu saint ». Le Zohar Hakadoch explique que lorsqu’une personne investit toutes ses forces dans chacun de ses actes, il s’agit d’une manifestation de son âme. C’est-à-dire, que si l’on parvient à l’instar du Tsadik, à investir tout notre enthousiasme et notre force dans l’accomplissement d’une Mitsva, notre âme s’éveille alors pour s’associer à cet acte.
Nous savons que l’âme est éternelle puisqu’elle émane des mondes supérieurs. A ce titre, elle est infinie. Ainsi, tout acte accompli en lien direct avec l’âme récupère automatiquement le même statut que celle-ci, c’est aussi peut-être ce que veut dire le Zohar, à un autre endroit, que le corps est un microcosme du monde. A chaque chapitre de la Torah est associé un membre du corps, auquel correspond un élément de la création. Par conséquent, à chaque fois que l’on accomplit un acte ou une Mitsva, de toutes ses forces, alors on contribue aussi à la réparation du corps humain et du monde entier. Ainsi un Tsadik, dont toute l’existence est fondée sur ce principe, peut donc non seulement donner une dimension infinie à chacun de ses actes mais aussi élever chaque élément de la création sans aucune contrainte.
Dans notre Paracha (Vayéchev), Yossef est le reflet même de ce principe. Nous savons qu’un Tsadik (à l’instar de Yossef) qui arrive à atteindre ce niveau est appelé « haï » (vivant). Comme nous l’avons vu, Yossef a vécu à de très hauts niveaux de spiritualité. Il était en mesure non seulement de « gravir la montagne de D. », mais de s’y maintenir. Le Rav Dessler explique que la part d’une personne est parachevée par sa descendance, et doit par conséquent hériter des mêmes Kélim (outils), au nombre desquels il faut compter aussi les traits de son visage. A ce titre les traits du visage de Yossef étaient semblables à ceux de son père « Ya’akov », le Maharal de Prague explique au nom des Sages, que cette beauté était du même ordre que celle d’Adam au Gan Eden. Sur cela, le Gour Arié nous explique qu’en réalité, Yossef avait hérité de qualités physiques, mais aussi spirituelles du niveau d’Adam avant la faute, c’est peut-être de là que nous pouvons enfin comprendre la signification du rêve fait par Yossef. Ce dernier s’est comparé à ses frères, sa « gerbe se dressait et elle restait debout » ! Yossef est bien l’image du Tsadik par excellence qui sait comment atteindre le lieu de D. et y rester. Cette qualité le suivit tout au long de sa vie. D’ailleurs le Midrash (Béréchit Raba) portant sur le rêve des gerbes nous dit :
- « Nous composions des gerbes : Vous apporterez des fruits et j’en apporterai également. Les vôtres flétriront, tandis que les miens subsisteront… ».
Cette idée de la constance de Yossef est clairement définie ici, Yossef sera l’unique source de réussite de sa famille. Ses fruits conserveront toute leur fraîcheur, tandis que ceux de ses frères s’abîmeront. En effet, il est le seul à pouvoir imprégner ses actions avec suffisamment de force et de charge spirituelle afin d’en assurer la continuité. Et ses frères quant à eux, pouvaient aussi prétendre à obtenir une part dans ce processus, tout simplement en demeurant dans son ombre et en acceptant leur position de Tafel (accessoire), c’est-à-dire en se subordonnant à la vie de Yossef. Ainsi tant que Yossef domine et que ses frères demeurent en retrait, alors le monde peut atteindre son but, mais en plus, même les frères auraient pu se voir sublimer par leur action et aussi atteindre la perfection en acceptant leur rôle. D’ailleurs, la suite du verset nous dit : « …et les autres se rangèrent autour et s’inclinèrent devant la mienne » (37,7). Cela vient nous confirmer qu’ils avaient bien besoin de son influence et qu’il veille à leur bien-être. Mais en vendant Yossef, ils contrarièrent ce besoin et ont changé les plans. C’est ainsi que le Midrach se réalise, car sans Yossef, ils se trouvèrent dans l’incapacité de pourvoir à leurs besoins en nourriture et durent se rendre en Egypte pour y acheter du blé.
Nous pouvons tous bénéficier de « l’effet Yossef », les maitres de Kabbala nous enseignent que Chabbat est le « jour de l’âme ». Si nous arrivons à apprécier pleinement la valeur de ce jour, nous pourrons donc insuffler à nos actes du Chabbat une force spirituelle, leur conférant le caractère éternel évoqué plus haut. Plus encore, nous pouvons même réitérer cette approche pour le reste de la semaine et ressentir le fait que tous les autres jours de la semaine sont subordonnés au Chabbat, qu’ils tirent leurs forces du Chabbat les ayants précédés. Et ce gain de spiritualité acquis lors du Chabbat doit nous servir dans toutes nos activités et nos actions, pour atteindre le même niveau le Chabbat suivant. Cela pourrait correspondre à la définition du rêve de Yossef, c’est-à-dire que tous les jours de la semaine (à l’instar des gerbes de ses frères s’inclinant devant la sienne) s’inclinent face au jour du Chabbat, ainsi nous donnerons un sens illimité à nos actes, nous pourrons aussi gravir la montagne de D. et s’y maintenir.
Chabbat Chalom
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Fin du cours : Yossef a gravi la montagne spirituelle et y est demeuré.