L’unité, socle fondateur du peuple d’Israël. Paracha Vayétsé. Réouven Carcéles
Unité d’Israël
Ce cours est pour l’élévation de l’âme, léilouy Nichmat, de Hanna bat Rivka
*
Dans notre section de la semaine, Vayétsé, qui s’ouvre avec le départ de Ya’akov de Beer Chéva et son rêve de l’échelle, avant même que notre patriarche ne s’endorme, la Torah nous dit :
« Il prit quelques-unes des pierres de l’endroit et en fit son chevet… » (28,11). Pourtant, plus loin (verset 18), après son réveil, le texte nous dit : « Il prit la pierre qu’il avait placée sous sa tête et il l’érigea en monument… ».
Le Midrach se penche sur ce décalage qui existe entre les deux versets, à savoir s’agissait-il d’une ou de plusieurs pierres ? Le Midrach conclut en disant que quelques pierres finalement s’unirent pour n’en former plus qu’une. Rabbi Yéhouda dit : Il prit douze pierres, car D. avait décrété qu’il engendrerait douze tribus. Ya’akov avait dit : « Avraham n’a pas fondé les douze tribus. Its’hak ne les a pas fondées non plus. Quant à moi, si les douze pierres deviennent une seule, je saurai que c’est moi qui les engendrerai. »
Afin de comprendre cette contradiction, L’Admour de Sokhotchov explique au nom de son père, qu’il existe une caractéristique fondamentale de l’unité. Il explique que si l’on ajoute quelque chose de plus à un ensemble donné, non seulement l’ensemble se voit encombré, mais on peut dire même qu’il est entièrement compromis. Pour exemple, Hazal parlent d’une personne qui souhaite attacher ensemble les quatre espèces de Souccot, les Arba Minim ne forment alors qu’une entité propre. En revanche, l’ajout d’un autre élément, comme par exemple une pomme, gâcherait complétement l’ensemble. La Guemara dans Sanhédrin (88b), nous dit qu’il ne s’agirait non pas des Arba Minim plus une pomme, mais d’une composition sans aucune valeur.
*
L’unité d’Israël
*
Le Maitre nous enseigne donc, que le même principe peut être appliqué aux douze tribus d’Israël. En effet, nos sages décrivent le peuple d’Israël comme étant un ensemble soudé, et y ajouter ou y retrancher un élément, réduirait à néant toute sa particularité. Nous savons, que, ensemble, le Klal Israel (la communauté d’Israël) est un monde en soi, qui vibre au son d’une même unité, et si un quelconque changement venait à s’y introduire, toute sa vocation serait perdue. Pourtant, le peuple d’Israël est composé de nombreuses personnes toutes différentes les unes des autres, chacune possédant une nature qui lui est propre. Alors comment donc atteindre puis préserver une telle unité ? La réponse est tout simplement en faisant abstraction de ses propres besoins et intérêts au profit de ceux de Hachem. Le Pelé Yoets nous dit que l’union est un grand pilier pour le maintien du monde. Nos Sages enseignent que la présence divine ne réside auprès du peuple d’Israël, que lorsque celui-ci est uni, au point que le Midrach (Tan’houma), explique, que même l’attribut de rigueur ne peut les toucher du fait de leur union, et cela même s’ils commettent l’idolâtrie. C’est pour dire combien cette vertu d’union est grande et chacun d’entre nous se doit de réfléchir et l’intégrer dans son cœur.
Le livre « Maassé Nissim », rapporte une histoire datant de la période précédant la construction du temple, où deux frères, Chimon et Lévi travaillant la terre reçue en héritage de leurs parents, décidèrent durant la période de la moisson de partager équitablement les gerbes de blé qu’ils récoltèrent. Or durant une année, Chimon se dit : « ce n’est pas juste que mon frère et moi partagions la moisson en deux parties égales. Il a une famille à charge tandis que moi je suis seul, pourquoi devrais-je en prendre autant. »
C’est alors que ce soir-là, à minuit, il déposa autant de gerbes qu’il pouvait en porter, dans le tas de son frère et retourna discrètement de l’autre côté du champ. Cependant, après minuit, Lévi se réveilla, et en fit autant prétextant que son frère Chimon commençait à prendre de l’âge et qu’il était seul, sans femme, ni enfants etc… Ainsi agirent les deux frères durant de nombreuses nuits, surpris de constater chaque jour qu’ils avaient exactement la même quantité de gerbe de blé qu’auparavant. Une nuit, chacun décida d’attendre jusqu’à minuit, transportant autant de gerbes qu’il put en porter, et se dirigea vers la maison de son frère.
Soudain, à mi-chemin entre leurs deux maisons, les 2 frères s’aperçurent et comprirent alors tout le scénario, chacun s’étant préoccupé plus de son frère que lui-même. C’est alors que le cœur rempli d’amour, ils se serrèrent étroitement dans les bras. Et ce fut donc cet endroit, sanctifié par cet amour fraternel gratuit, au sommet du mont Moria, qu’Hachem choisit comme emplacement futur du Beit Hamikdach.
Dans notre Paracha, il est possible d’expliquer pourquoi Avraham et Its’hak ne purent engendrer eux-mêmes directement les douze tribus d’Israël. Avraham eut Yichmael et Its’hak eut Essav. Ces deux fils ne suivirent pas les traces de leurs pères. De l’autre côté, Avraham et Its’hak engendrèrent également un fils qui prit le relais, respectivement Its’hak et Ya’akov. Nous voyons donc qu’aussi bien Avraham que Its’hak eurent deux fils, un bon et un mauvais. Il ne pouvait y avoir aucune unité entre ces fils, puisque, comme nous l’avons vu, la présence d’un élément étranger à l’idée de base du groupe gâche tout, il n’y avait donc aucun intérêt à ce qu’Avraham et Its’hak engendrent d’autres fils Tsadikim. Du fait que, de toutes façons, aucune unité n’aurait pu être créée entre eux et que l’entité du Klal Israel n’aurait pas pu éclore. L’unité, nous l’avons vu, est une condition sine qua non à toute existence juive. Le Pelé Yoets nous dit, que tant que le groupe est uni, tous les vents du monde pourront alors se déchaîner contre lui, ils ne parviendront pas à l’ébranler. En revanche, si l’un dit une chose et l’autre le contraire et que chacun veut prévaloir, plusieurs clans se formeront et ce sera l’échec. Ainsi donc, ni Avraham ni Its’hak ne furent en mesure d’engendrer les douze tribus, il fallait une autre personnalité : Ya’akov Avinou.
Ya’akov quitta donc le foyer parental afin de prendre femme et de remplir sa mission sur terre. Lorsqu’il posa la tête pour dormir, il fit l’expérience décrite dans le Midrach cité plus haut. La réunion des pierres serait pour lui le signe, qu’à la différence de son père et de son grand-père, il était en mesure de donner naissance au Klal Israel. L’unité, comme nous l’avons expliqué, consiste en l’annulation de sa volonté propre au profit des intérêts collectifs. Ya’akov savait, que si les pierres se réunissaient en une seule, il était désigné d’en haut afin d’être le fondateur des douze tribus d’Israël, des Tsadikim capables de ne former qu’un, sans aucune rivalité ni membre superflu parmi eux, voués à former la base du futur peuple d’Israel, c’est d’ailleurs sur ce point, là que le Keli Yakar enseigne au nom des Sages (Houlin 91b) que cet endroit était justement le mont Moria. La Guemara (Yoma 54b) de rajouter, qu’il s’agit de « l’endroit » du monde, la pierre d’assise à partir de laquelle a été fondé le monde. Ya’akov a senti alors que ce serait le lieu du temple, celui de la maison de D.
Chabbat Chalom
Pour retrouver tous les cours de Réouven Carceles sur notre site
Retrouvez le texte de la Paracha Vayétsé sur Sefarim.fr
*
Cet article vous à plu ? Notre site vous apporte les connaissances qui vous sont utiles ? Peut être souhaiteriez vous contribuer un peu à la vie de notre site. Quelques euros pour le Jardin de la Torah, nous serons partenaires dans le Zikouy Harabim (faire bénéficier un grand nombre de la lumière de la Torah)
Merci d’avance !!
*
Cet article « L’unité, socle fondateur du peuple d’Israël. Paracha Vayétsé. Réouven Carcéles » a été mis en ligne le 3 décembre 2019 et mis à jour le 22 Novembre 2020
2 Comments
Salomon
Merci Rabbi
J’ ai une question qui me taraude: comment comprendre le schisme avec les samaritains? Ils sont certes peu nombreux, pauvres et peu cultivés mais ils sont censés faire partie de la tribus de Joseph. J’ espère que vous prendrez le temps de repondre.
Shalom,
Salomon Solal
Dan Halakha
Bonjour
Non. Les Samaritains sont des « convertis ». Ils se sont installés en Erets Israël après la destruction du 1er temple alors qu’il n’y avait pratiquement plus de juifs. Suite à des attaques par des lions ils ont pris sur eux la Torah Ecrite. Ils ne sont d’aucune tribu.