L’éloge d’un conjoint. Divré Torah Parachat Vayéra – Rédigés par Itsik Elbaz
L’éloge d’un conjoint
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Léilouy Nishmat son papa Méir Barou’h Morde’hai Ben Miryam
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Dvar Torah Parachat Vayéra
והוא יושב פתח האוהל (בראשית יח’, א’)
Et il siège à l’entrée de la tente (Genèse 18 ; 1)
Au troisième jour après sa circoncision, Avraham reçoit la visite du Saint Béni Soit-Il. Rachi sur ce passage rapporte une du Midrach Rabba (48 ; 7) qui semble, à priori, hors contexte : Avraham voulut se lever mais le Saint Béni Soit-Il lui dit « Assieds-toi et je resterai debout, car lorsque tes enfants siègeront pour juger je me tiendrais debout comme il est dit (Psaumes 82 ; 1) Et l’Eternel se tient dans l’assemblée divine (au sens commun : devant un tribunal rabbinique)». Quel rapport existe-il entre ce passage et la notion de jugement ? Puis, Avraham se lève accueillir comme il se doit ces trois voyageurs, qui se révèlent être des Anges, envoyés chacun pour une mission distincte : Raphaë-l, qui doit guérir Avraham de ses souffrances, Michaë-l, qui annonce à Avraham la future naissance d’un fils (et qui devra sauver Loth, le neveu d’Avraham), et Gabrië-l, qui doit détruire la ville de Sédome ainsi que ses habitants. Or, le Midrach (Rabba 50 ; 2) explique que chaque Ange ne vient que pour une mission à la fois ; alors comment explique-t-on le double rôle de Michaë-l et la venue de Gabrië-l chez Avraham ?
Afin de pouvoir apporter une réponse à ces deux questions, il faut savoir que les filles de Loth ont donné naissance à deux peuples, Ammon et Moab, pour lesquels il est formellement interdit d’accepter leurs conversions ou de se marier avec eux (Deutéronome 23 ; 4) en raison de l’absence flagrant d’hospitalité envers le peuple d’Israël dans le désert. Cette question est soulevée par Avner Ben Ner le général de l’armée du Roi Saül, qui explique que ce verset ne s’applique qu’aux mâles, étant donné qu’il est du devoir des hommes de recevoir des étrangers, et non aux femmes. Et cette question est primordiale pour l’époque d’Avner car elle permet de donner légitimité au Roi David, descendant de Ruth la Moabite. Mais la question est aussi primordiale pour nous car, en plus de Ruth, Na’ama, mère de Ré’hav’ame, est une Ammonite (ce qui remettrait en cause la légitimité du Roi Machia’h !). D’ailleurs l’Ange venu sauver Loth et sa famille y fait allusion lorsqu’il déclare (Genèse 19 ; 16) « Viens et prends ta femme, et tes deux filles ici présentes » car les deux filles en question sont Na’ama et Ruth. Mais qui donne le poids à Avner de pouvoir avancer un tel raisonnement ? C’est l’Ange Michaë-l qui demande à Avraham (18 ; 9) « Où est Sarah ta femme ? » Il répondit : « Elle est dans la tente ». Cette question montre que la femme n’a pas devoir d’hospitalité, et par conséquent femmes Ammonites et Moabites sont permises aux mariages et conversions.Ainsi, la légitimité du Roi Machia’h n’est pas mise en cause !
Aussi, l’Ange Gabrië-l vient pour entendre Avraham trancher une décision, qui scellera le destin de Sédome ! Comment ? Car Sédome a été détruite à cause de l’inhospitalité de ses habitants, et Gabrië-l voulait savoir si ce trait de caractère était naturel à l’homme, mais en voyant l’ardeur et le zèle déployé par Avraham pour de simples voyageurs, cela a scellé le destin de la ville de Sédome.
On voit donc que les Anges viennent se référer à Avraham, qui ici juge, à travers ses paroles et ses actes, les décisions importantes concernant Sédome ou les filles de Loth. Et si Avraham fait office de juge, alors on comprend bien pourquoi le Saint Béni Soit-Il se tient debout, car il s’agit là d’une assemblée divine !
Le Rav Yossef Dov Soloveitchik (Le Beit HaLevy) était en voyage vers une ville, et dut s’arrêter du fait des intempéries en chemin. Il trouva une auberge tenue par un juif qui refusait d’accueillir ce voyageur simple et ordinaire. Après discussions, il accepta à contrecœur de les héberger, et lui donna un pan du couloir, par terre, près du poêle. Plus tard, le bruit d’une grande carriole se fit entendre ! L’aubergiste s’empressa d’accueillir l’Admour de Koydinov et ses disciples. En allant vers sa chambre, il aperçut un pauvre homme dans le couloir et le reconnu ! L’aubergiste, honteux demanda pardon au Rav qui déclara : « La différence entre l’hospitalité de Loth et celle d’Avraham, c’est qu’Avraham n’a pas eu besoin de savoir qu’ils étaient des Anges pour bien les recevoir ! »
לבקש רחמים על חברו בכל מה שהוא צריך
ברכות דף יב: « כל שאפשר לו לבקש רחמים על חבירו ואינו מבקש נקרא חוטא, שנאמר גם אנכי חלילה לי מחטא לה’ מחדל להתפלל בעדכם. אמר רבא אם תלמיד חכם הוא צריך שיחלה עצמו עליו ».
ובמאירי כתב « ממדות החכמים ומטכסיסיהן שלא יהא אחד פורק עול ומתיאש מענינים הצריכים לחברו, אמרו ז »ל כל מי שאפשר לו לבקש רחמים על חברו ואינו מבקש נקרא חוטא », ובספר « נפש החיים » בשם הגר »א, שאין האדם נברא אלא לזולתו.
Demander la miséricorde pour tous les besoins de son prochain
Il est écrit dans le traité Béra’hot (12b) : « Tout celui qui a l’occasion de prier et d’implorer la miséricorde de H.achem pour son prochain et ne le fait pas est appelé « fauteur ». Rabba rajoute : « Si la personne qui a besoin des prières d’autrui est un Talmid ‘Hakham, un érudit, il faut prier pour lui jusqu’à en devenir malade, c’est-à-dire consacrer son temps, son énergie et ses forces pour lui.
Le Meiri écrit : « il ne faut pas se détacher, perdre espoir et se décharger de la responsabilité que l’on a envers autrui à ce sujet. Il est important de garder constamment à l’esprit les besoins ou la détresse de nos prochain et de prier pour eux ». A ce propos, le Nefesh Ha’haim développe cette notion et explique que l’homme a été créé uniquement pour le bien de son prochain. (Par le Rav Yossi Guigui)
Etincelles de Lumière L’éloge d’un conjoint
Dans la Paracha, les Anges demandent à Avraham où se trouve Sarah tandis qu’il répond qu’elle se trouve dans sa tente. Rachi rapporte que les Anges savaient pertinemment où se trouvait Sarah, mais voulait souligner sa vertu de pudeur afin de la chérir aux yeux de son mari.
Le ‘Hafets ‘Haïm disait que c’est une bonne pratique de faire l’éloge d’un mari devant son épouse, et d’une épouse devant son mari. Car, sans le savoir, une petite parole élogieuse peut atténuer ou même faire disparaître plusieurs tensions au sein du couple.
Et si des Anges ont jugé utiles de prodiguer des éloges en ce but à nos Saints Ancêtres, Avraham et Sarah, à plus forte raison, il est indispensable pour nous de suivre cette voie !
L’action, plus importante que la parole
Les Psaumes disent (145 ; 17) « L’Eternel est juste dans toutes ses voies, et pieux dans tous ses actes ».
Le Talmud (Baba Métsi’a 87a) déclare que le juste dit peu et fait beaucoup, comme on le voit avec Avraham (Genèse 18 ; 15-16) « J’amènerais une tranche de pain […] et Avraham courut vers le troupeau », ce qui montre que son action était bien plus importante que sa parole.
Or le pieux possède un niveau supérieur au juste. Car le pieux s’astreint à donner plus que nécessaire quand il s’agit de sa personne. Ainsi, déduit le ‘Hafets ‘Haïm , c’est pourquoi H.achem est juste dans toutes ses voies, mais quand il s’agit d’agir, il se comporte avec piété, ce qui constitue un niveau infiniment supérieur !
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Mis en ligne le 5 novembre 2014 et mis à jour le 18 Novembre 2019