Parachat Lekh Lékha – Divré Torah rédigés par Itsik Elbaz. Léilouy Nishmat son papa Méir Barou’h Morde’hai Ben Miryam
Parachat Lekh Lékha
Dvar Torah sur Parachat Lekh Lékha
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Va pour toi, de ta terre, de ta patrie et de la maison paternelle (Génèse 12 ; 1)
לך לך מארצך ממולדתך ומבית אביך
Après la présentation des descendances de Noa’h, on arrive à l’histoire de Avraham, qui reçoit l’ordre de tout quitter, de ses proches jusqu’à sa terre natale, pour partir en Cana’an accomplir la volonté divine. Il s’agit là de la seconde épreuve parmi les dix que reçoit Avraham au cours de sa vie. Ce qui nous à amène à soulever les questions suivantes : (1) Pourquoi le passage explicite par trois fois le fait que Avraham doive tout quitter (Il aurait en effet été plus simple de dire Pars de ta terre, car celle-ci englobe sa patrie et sa maison !) ? (2) Pourquoi H.achem envoie-t-il des épreuves et comment les surpasse-t-on ?
Avraham est appelé l’Hébreu, HaIvri (en hébreu) dont la racine étymologique est identique à celle du verbe traverser, comme les Sages nous l’enseignent (Béréchit Midrach Rabba 42 ; 8) « Il était d’un côté [du fleuve] alors que le monde entier était de l’autre côté » et qui montre la faculté de Avraham de pouvoir aller, envers et contre tous, pour suivre la volonté divine.
Le Rav Méïr Shapira de Lublin (le Roch Yéchiva de ‘Hakhmé Lublin) explique la redondance de formules en disant que pour tout homme, seul l’endroit où vagabondent ses pensées constitue son emplacement exact (Par exemple, une personne qui pense à ses affaires à la Synagogue ne sera pas à la synagogue et quelqu’un qui se rend d’un endroit à l’autre en pensant à des paroles de Torah sera considérée comme se trouvant dans un endroit saint). Et par conséquent, H.achem demande à Avraham de s’éloigner graduellement de ces courants de pensées. En premier, de la pensée des personnes partageant le même emplacement géographique, puis les personnes qui partagent le même sentiment d’appartenance (sa patrie) puis enfin, de quitter les personnes de sa maisonnée, car chacun de ces groupes sociaux constituaient des assemblées entières d’idolâtres ! Le Or Ha’Haim rajoute que si H.achem fait sa demande en trois fois, c’est pour que chaque séparation (qui est en soi une épreuve dont l’intensité monte graduellement) soit récompensée, ce qui montre comme H.achem aime les personnes qui surmontent leurs épreuves.
Car s’il existe un terrain sur lequel tous les humains sont égaux, c’est bien celui de l’épreuve ! Qui n’a jamais été confronté à la moindre épreuve, au moindre inconfort que la vie réserve à chacun ? Mais H.achem n’envoie d’épreuves qu’à ceux qui peuvent les surmonter (Darké Avot), et bien qu’il sache quelles décisions prendra l’homme, il ne lui enlève pas son libre arbitre (Voir l’explication détaillée du Rambam, à la fin de son commentaire des Huit Prakim sur le libre arbitre malgré l’omniscience divine). Aussi, il y a lieu de différencier trois types de comportements face à l’épreuve. Le premier, le frêle, qui se plaint de chaque problème sur sa route et qui voit ses problèmes comme des crises. Le second, le courageux, qui va au-devant des problèmes et les surmonte sans se démonter, et pour lui chacun de ses problèmes sera une barrière, un défi à relever. Et le troisième est le croyant, qui voit que tout comportement extérieur allant contre sa volonté est en fait l’incarnation de la volonté divine ! Chaque problème est une épreuve envoyée du ciel. Mais l’épreuve est identique, seule la personnalité de l’éprouvé change, car la crise de l’un est le défi de l’autre qui est l’épreuve d’un troisième, seule la façon de voir les choses change ! Et de plus nous sommes des croyants, fils de croyants !
Le Rav Ezra Attia de Porat Yossef avait un élève très doué qui se mit à ne plus venir en cours au bout de quelques temps. Etonné, il partit se renseigner et trouva son ancien élève derrière le comptoir d’une épicerie ! Celui-ci lui expliqua que sa famille était en manque de moyens et qu’il ne pouvait se permettre d’étudier et de laisser ses parents faire faillite. Le Rav, touché, proposa à son élève de combler ce manque et qu’en échange, il reviendrait étudier à la Yéchiva. Sa famille accepta, et l’effort du Rav ne fut pas vain.
Car cet élève deviendrait plus tard le Rav Ovadia Yossef zatsa’l.
אין לצדיק להקפיד אף על המצערים אותו
ברכות דף י. « הנהו בריוני דהוו בשבבותיה דרבי מאיר והוו קא מצערו ליה טובא, הוה קא בעי רבי מאיר רחמי עלויהו כי היכי דלימותו, אמרה ליה ברוריא דביתהו וכו’, כיון דיתמו חטאים רשעים עוד אינם, אלא בעי רחמי עלויהו דלהדרו בתשובה, בעא רחמי עלויהו והדרו בתשובה » [היו בריונים שגרו בשכונתו של רבי מאיר והיו מצערים אותו הרבה, התפלל רבי מאיר שימותו, אשתו אמרה לו תתפלל שיחזרו בתשובה, ויותר לא יצערו אותך, וכך היה התפלל עליהם וחזרו בתשובה]. ובתוספות הרא »ש הקשה מה ס »ד דר »מ הרי אמרינן גם ענוש לצדיק לא טוב ואפילו בצדוקין, « שמא היו מצערין אותו יותר מדאי, או שמא היו רשעים יותר מדאי », קמ »ל דמ »מ אין ראוי.
ובמאירי שם כתב « תלמיד חכם שהיו איזו מבני אדם מצערים לו, אין ראוי לו לקללם אלא יתפלל עליהם שיחזרו בתשובה, ומ »מ יש דברים שהוא רשאי עליהם לקלל ולהחרים ולנדות כמו שיתבאר במקומו ».
Il est raconté dans la Guemara Bera’hot (10a) que des personnes de mauvaises mœurs habitaient à proximité de Rabbi Meir et lui causaient beaucoup de tort et de de peine. A tel point, qu’il lui arrivait de prier pour qu’il leur arrive malheur. Sa femme Brouria lui dit un jour : « Pourquoi ne pries tu pas pour qu’ils cessent de fauter ? Ainsi ils ne seront plus si mauvais, comme il est écrit dans le verset : ״יתמו חטאים רשעים עוד אינם״ «dès l’instant ou les fautes cessent, les mécréants n’existent plus…. ». En effet, Rabbi Meir suivit ce conseil, il pria pour qu’ils se repentent et leur comportement changea.
Le Tossefot HaRosh s’étonne sur cet épisode, comment se fait-il que Rabbi Meir ait pu prier pour leur fin, pourtant il est écrit ״גם ענוש לצדיק לא טוב » « Il n’est pas bon qu’un Tsadik (Juste) fasse justice lui-même en punissant autrui » et ce, même si s’est justifié. La Guemara explique que ce cas était vraiment particulier, ces individus avaient, semblerait il, dépassé les limites dans le tort qu’ils causaient à Rabbi Meir ou bien dans leur attitude si éloignée de H.achem. Quoi qu’il en soit, nous comprenons que le Rav ne devrait pas arriver à maudire qui que ce soit puisque Rabbi Meir changea d’avis et pria positivement pour eux. Et c’est en effet ce qu’explique le Meiri par la suite.
Etincelles de Lumière
Les récompenses de ceux qui observent le Chabat
Il existe un chant du chabat appelé Kol Mékadesh Shévi’i dont le refrain est : « Quiconque santifie le septième jour comme il convient, quiconque observe le Chabat selon la loi et ne le profane pas, selon ce qu’il a œuvré, un homme à son champ et un homme à son drapeau ».
Ici, le ‘Hafets ‘Haïm explique que ce passage s’adresse à deux catégories de personnes respectant le Chabat : La première est celle qui sanctifie le Chabat, qui en font l’élément incontournable de la semaine et qu’ils l’élèvent spirituellement comme il convient (comme le Chabat le mérite).
Et il y a une seconde catégorie : Celle qui observe le Chabat selon la loi, sans le profaner, mais sans pour autant jouir de la spécificité de ce jour.
Ces deux types de personnes recevront un salaire pour leurs accomplissements respectifs, mais il faut savoir que la récompense de celui qui sanctifie Chabat n’est pas la même que celui s’est contenté de l’observer. Car ainsi conclut le couplet : « un homme à son champ et un homme à son drapeau ».
Renforcer la foi
Le ‘Hafets ‘Haïm conseillait souvent d’étudier la Paracha de la semaine (avec l’exégète de Rachi) car il s’agit du meilleur remède pour renforcer sa foi.
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