Noa’h planta une vigne. Parachat Noa’h. Itsik Elbaz
Noa’h vigne
Dévar Torah Parachat Noa’h – Noa’h planta une vigne
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Et Noa’h, homme de Terre, planta une vigne (Génèse 9 ; 20)
ויחל נח איש האדמה ויטע כרם (בראשית ט’, כ’)
La Paracha de la semaine dernière se concluait avec la décision d’épurer le genre humain et animal mais d’épargner le Juste de la génération ainsi que sa famille, à savoir Noa’h, à qui Hachem ordonne la construction d’une arche afin d’y placer sa famille ainsi que des couples d’animaux pour perpétuer le règne humain et animal sur terre. Au sortir de l’arche, Hachem bénit Noa’h sur la première chose qu’il entreprendra (Méam Loez). Noa’h décide alors de planter une vigne, s’enivre et se fait humilier par son fils ‘Ham. Il maudit alors le 4ème fils de ‘Ham, Cana’an déclarant qu’il sera le serviteur de ses frères (9 ; 25). Sur ce passage, plusieurs questions :
(1) Pourquoi Noa’h décide-t-il de planter une vigne dès son pied à terre ?
(2) Pourquoi maudit-il Cana’an et non son fils ‘Ham puisque c’est ‘Ham qui l’a dégradé ?
(3) Aussi, quel rapport existe-il entre ce passage et Adam ?
Noa’h, après être resté un an dans l’arche, se confère une mission des plus importantes : Redonner la joie à une humanité dévastée. Il entreprend donc de planter une vigne, qui donnera du vin, qui est connu pour réjouir le cœur de l’homme (Psaumes 104 ; 15), en oubliant les effets néfastes qui peuvent survenir de la consommation de vin. Enivré, il décide de continuer à propager de la joie autour de lui ; et existe-il plus grande joie de d’annoncer une naissance ? Mais ce projet sera avorté par ‘Ham, qui voit en cette naissance un concurrent de plus au partage de la Terre. Noa’h voulait avoir un quatrième enfant qui serait l’esclave de ses frères, mais puisque ‘Ham l’en empêcha, Noa’h maudit son quatrième fils (Cana’an) d’être l’esclave de ses frères.
Mais derrière cet épisode se cache quelque chose de plus profond. Le Zéra Its’hak explique que Noa’h vient réparer la faute de Adam et qu’il en est lui-même la réincarnation [Guigoul]. Noa’h est appelé homme de Terre (9 ; 20)(ce qui peut paraître étrange comme appellation pour un homme qui est resté dans une arche pendant un an) et Adam a été créé à partir de la Terre (2 ; 7). Aussi, le Fruit de l’Arbre de la Connaissance est désigné, entres autres, comme la vigne, comme le rapportent Nos Sages. Noa’h, veut réparer la faute d’Adam en plantant une vigne qui a fait fauter Adam et qui a dégradé l’humain dès lors (il est très intéressant de noter que Rachi, dans son commentaire sur ce passage, précise que Noa’h a emporté avec lui des sarments de vigne et des rameaux de figuiers (Midrach Béréchit Rabba 36 ; 3 et Rachi 9 ; 20) car, si la vigne constitue le Fruit de la Connaissance, après en avoir consommé, Adam et Eve se couvrirent de pagnes faits à base de feuilles de figuiers pour couvrir leur nudité.)
Aussi, lorsque le Serpent s’adressa à Eve, Nos Sages expliquent que l’Ange Adversaire se tenait face à eux. Et il faut savoir que les vingt-deux lettres de la Langue Sainte se répartissent entre lettres positives et négatives (à l’instar de la polarité en physique). Prenons alors les mots pour désigner le Serpent et son compagnon, נחש (serpent en hébreu) et ס/מ/א/ל (nom à ne pas prononcer désignant l’Ange en question).
Le נ [Noun] (50 portes de sagesse) et le ש [Shine] (présent sur le boitier des phylactères) représentent les lettres positives. Le ח [Het] représente la négative. Le ס [Samekh] et le מ [Mem] sont négatives, alors que le א [Aleph] et le ל [Lamed] sont positives.
Pourquoi Hachem décide d’envoyer le Déluge ? Le texte nous explique que la Terre s’est emplit de violence (6 ;13). Or le mot hébreu employé est חמס (littéralement, le vol avec violence) qui constitue l’équivalent des lettres négatives présentes lors de la faute d’Adam.
Comment répare-t-on cela ? En construisant une arche aux dimensions suivantes (Génèse 6 ; 15-16) : 300 (=ש en valeur numérique) coudées de long, 50 (=נ ) coudées de large, 30 (= ל) coudées de haut et une coudée (=א) pour la lucarne du toit. Ces dimensions correspondent donc aux lettres positives présentes lors de cette même faute afin d’en apporter la réparation.
Retrouvez le texte de la paracha de Noa’h sur Sefarim.fr
Rajouter une demande personnelle après la prière
יוסיף תפילה אישית לאחר התפילה
ברכות דף טז: « רבי אלעזר בתר דמסיים צלותיה אמר הכי יהי רצון מלפניך ה’ אלהינו שתשכן בפורינו אהבה ואחוה ושלום וריעות, ותרבה גבולנו בתלמידים וכו’, רבי יוחנן בתר דמסיים צלותיה אמר הכי יהי רצון מלפניך ה’ אלהינו שתציץ בבשתנו וכו’, רבי זירא בתר דמסיים צלותיה אמר הכי יהי רצון מלפניך ה’ אלהינו שלא נחטא וכו’, רבי חייא בתר דמצלי אמר הכי יהי רצון מלפניך ה’ אלהינו שתהא תורתך אומנותנו וכו’, רב בתר צלותיה אמר הכי יהי רצון מלפניך ה’ אלהינו שתתן לנו חיים ארוכים וכו' » [עיין שם כל התפילות של התנאים והאמוראים דף טז: יז.].
Rajouter une demande personnelle après la prière
Le traité Béra’hot (16b) nous rapporte de quelle manière les Sages du Talmud finissaient leur Téfila (prière – ici il s’agit de la Amida, prière que l’on dit 3 fois par jour debout en silence) quotidienne. Ils rajoutaient une petite prière personnelle, chacun dans ses propres termes. Ainsi, Rabbi El’azar demandait à Hachem : « Fais régner parmi nous l’amour, la fraternité, la paix et l’amitié ! Fais que notre cercle d’élèves grandisse chaque jour ! ». Rabbi Yo’hanan déclarait à Hachem : « que Tu puisses voir notre honte envers Toi ». Rabbi Zeïra priait : « Hachem, aide nous à ne plus fauter ! ». Rabbi ‘Hiya disait : « que Ta Torah sois notre seule profession ! ». Quant à Rav, il priait Hachem : « שתתן לנו חיים ארוכים » Donne nous une longue vie !
Nous pouvons apprendre de ce passage, qu’il est important de finir sa Téfila par une petite requête personnelle, récitée dans nos propres mots. En effet, c’est une manière de personnaliser et de créer notre prière afin de ne pas partir et couper net notre ferveur à la fin de notre Téfila en fermant notre Sidour … (Par le Rav Yossi Guigui)
Etincelles de Lumière
L’oraison funèbre du ‘Hafets ‘Haïm
Lors de l’enterrement du ‘Hafets ‘Haïm, le Roch Yéchiva (maître spirituel d’un institut talmudique) de la ville de Radine, le Rav Moché Londinski, fit son hespèd (oraison funèbre) en ces termes :
- « Il nous est difficile de comprendre les voies de Hachem, mais nous sommes croyants, fils de croyants et nous savons fermement que Hachem est bon pour nous. Sa Miséricorde s’étend sur toutes les créatures et Son comportement n’est que Bonté, bien qu’il soit parfois difficile pour nous de percevoir cette bonté, dissimulée aux yeux des mortels.
Ainsi, en est-il aujourd’hui, où notre Maitre nous a été pris. Hachem a laissé un troupeau sans berger, et il ne nous a pas encore envoyé le Machia’h (le Messie, littéralement l’oint). Il est certain que notre Maitre avait le pouvoir de le faire venir de son vivant, mais nous n’en avons pas eu le mérite, bien que nous l’ayons tellement espéré.
La réponse se trouve dans les Psaumes (48 ; 10) «Hachem, nous imaginons Ta Bonté au sein de Ton Palais ». Hachem, parfois, nous imaginons voir Ta Bonté, mais parfois, nous ne le méritons pas, et elle nous est cachée et c’est seulement au sein de Ton Palais, dans le monde céleste où tout est clair, que tout nous sera compréhensible.
Comment peut-on comprendre où est cette bonté ? Hachem ! Sous quelle surveillance nous as-tu laissé ? A l’ombre de qui vivrons-nous parmi les Nations ? Trois millions de juifs sont en danger en Russie et les malheurs commencent déjà en Allemagne ! (Note : Le ‘Hafets ‘Haim est décédé le 15 Septembre 1933, quelques mois après l’ascension de Hitler ימ »ש au pouvoir). Comment peut-on ressentir ce que l’on dit dans la Amida : « Lui qui est Miséricordieux car ne se tarissent pas ses bontés »
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Cet article « Noa’h planta une vigne. Parachat Noa’h. Itsik Elbaz » a été mis en ligne le 22 octobre 2014, mis à jour le 31 octobre 2019 puis le 23 octobre 2020