Divré Torah sur Tétsavé – « Zakhor » – Pourim
Par le Rav David A. PITOUN
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בס »ד
3 Divré Torah
1) Le travail de la personnalité et la pratique des Mitsvot
Ils prendront pour toi une huile pure d’olives concassées, pour le luminaire, afin d’alimenter les lampes en permanence. (suite du verset)
Le Gaon Rabbi Aharon ZAKAÎ Shalita explique ainsi :
La Guémara Bava Métsi’a (85b) raconte que Rabbi ‘Hanina dit un jour à Rabbi ‘Hiya :
« Si la connaissance de la Torah venait un jour à disparaître, je la ramènerai par la force de mon Pilpoul (étude enrichie de thèses et d’antithèses). »
Rabbi ‘Hiya lui dit :
« Moi, j’ai fais en sorte que la connaissance de la Torah ne disparaisse jamais ! Et voici ce que j’ai fais : J’ai semé des graines de lin, avec lesquelles j’ai confectionné des filets et des pièges. Puis, grâce à ces filets et pièges, j’ai attrapé des cerfs dont j’ai offert la viande à des orphelins. J’ai tanné les peaux pour en faire du parchemin sur lequel j’ai rédigé les 5 livres de la Torah. Je me suis ensuite rendu dans toutes les villes qui ne possédaient pas d’enseignants pour les enfants. J’ai enseigné à 5 enfants, chacun un livre de la Torah, et j’ai enseigné à 6 autres enfants les 6 ordres de la Mishna. Je leur ai dis : Jusqu’à mon retour, que chacun enseigne à l’autre les versets de la Torah et les Mishnayot, et c’est ainsi que j’ai contribué à ce que la connaissance de la Torah ne disparaisse pas du peuple d’Israël. »
C’est pourquoi Rabbi (Rabbenou Ha-Kadosh) déclarera : « Les actes de ‘Hiya sont grands ! »
Les commentateurs demandent :
Pourquoi Rabbi ‘Hiya devait-il investir autant d’efforts depuis le début du travail ?! Ne pouvait-il pas acheter des peaux déjà travaillées pour écrire, ou bien acheter des filets et des pièges déjà fabriqués, sans avoir à semer des graines de lin pour en confectionner des filets ?!
En réalité, Rabbi ‘Hiya désirait que les enfants qui allaient apprendre la Torah, puissent le faire sur des livres dont l’origine ne contenait pas le moindre défaut ni la moindre crainte d’interdit. En effet, s’il achetait des peaux ou des filets déjà conçus, il aurait été probable qu’ils proviennent du vol ou qu’ils aient servis à une quelconque transgression. Il voulait donc que tout soit intégralement pur.
C’est pour cela qu’il donna également la viande des cerfs à des orphelins, afin d’associer la Mitsva du ‘Hessed (bonté) à l’étude de la Torah, pour que les enfants purs étudient la Torah dans des livres conçus dans la pureté.
Il faut donc expliquer le verset ainsi :
Ils prendront pour toi une huile pure d’olives concassées, pour le luminaire
L’huile destinée à allumer les lumières qui doivent diffuser la lumière de la Torah, doit être pure, propre et limpide. Cela signifie que pour parvenir à la Torah, il est nécessaire de passer par des étapes de « nettoyage » et de purification de la personnalité de toute crainte de défaut ou imperfection, car la Torah qui est sainte et pure, ne peut cohabiter qu’avec la sainteté et la pureté.
La pratique des Mitsvot de la Torah doit être précédée ou du moins accompagnée en permanence, d’un travail intensif de la personnalité, car la Torah accentue tous les aspects de l’individu, les positifs comme les négatifs ! Si une personne est à l’origine envieuse, jalouse, intrigante, manipulatrice, malhonnête, agressive… la Torah développera chez elle ses principaux défauts. Si au contraire, une personne est de nature généreuse, humble, calme, pacifiste, droite et honnête … la Torah accentuera toutes les qualités de cette personne.
2) Shabbat « Za’hor »
Un petit point d’Hala’ha
Le Shabbat qui précède Pourim (ce Shabbat 28 février) est surnommé « Shabbat Za’hor » en raison du 2ème Sefer Torah que nous sortons ce jour là, afin d’y lire le passage de « Za’hor Et Asher ‘Assa Le’ha ‘Amalek… » (qui se trouve à la fin de la Parasha de Ki Tetsé dans Dévarim).
Ce passage contient l’ordre qui est donné à chaque juif de se souvenir à tout jamais de l’agression de ‘Amalek sur les Béné Israël, immédiatement après leur sortie d’Egypte, ainsi que le devoir qui incombe Israël d’effacer le souvenir de Amalek de la surface de la terre.
Nos maîtres ont décrété que la lecture de ce passage doit se faire le Shabbat avant Pourim, car Haman était un descendant direct de ‘Amalek.
Puisque le devoir de se souvenir de l’acte de Amalek, est ordonné par la Torah, (Mitsvat ‘Assé Deoraïta), il faut avoir la pensée explicite de s’acquitter de ce devoir lors de la lecture de Za’hor.
Les femmes doivent elles aussi s’efforcer de se rendre à la synagogue ce Shabbat matin, afin d’entendre Za’hor. Cependant, l’usage est d’organiser une 2ème lecture de Za’hor, en dehors des heures de la Tefila, afin de permettre aux femmes qui ne peuvent se rendre à la synagogue le matin, de pouvoir entendre et s’acquitter de leur devoir.
Mais attention !!!
Il faut veiller à s’assurer la présence d’un Minyan (10 hommes) lors de la lecture supplémentaire de « Za’hor » pour les femmes. (Rav David YOSSEF Shalita dans Torat Ha-Mo’adim sur Adar et Pourim page 53 chap.2 parag.12 et voir page 57 dans les notes)
Dvar Torah sur « Za’hor »
‘Amalek ou le refroidissement spirituel d’Israël
Souviens-toi de ce que t’a fait ‘Amalek, lors de votre voyage, au sortir de l’Egypte; comme il t’a surpris chemin faisant, et s’est jeté sur tous tes traînards par derrière. Tu étais alors fatigué, à bout de forces, et lui ne craignait pas D. Aussi, lorsque Hashem, ton D., t’aura débarrassé de tous tes ennemis d’alentour, dans le pays qu’il te donne en héritage pour le posséder, tu effaceras la mémoire d’ ‘Amalek de dessous le ciel, ne l’oublie point. (Parasha de Ki Tétsé Dévarim 25-17 et suivants)
Rashi :
Comme il t’a surpris (« Kar’ha ») dans le chemin : Par une rencontre fortuite (« Mikré »). Autre explication : Ce mot contient une connotation de pollution nocturne (« Kèri ») et d’impureté, car il les a souillés par l’homosexualité. Autre explication : Ce mot contient une connotation de froid (« Kor »), comme dans : « froideur et chaleur » (Béreshit 8-22). Il t’a refroidi et tiédi alors que tu étais bouillant (de crainte d’Hashem). Car toutes les nations craignaient de vous combattre, et celui-là est venu et a montré la voie aux autres. Cela ressemble à un bain brûlant dans lequel personne n’aurait pu se plonger. Arrive un voyou qui y saute et en ressort. Quand bien même il s’y sera brûlé, il l’aura refroidi pour le compte des autres.
Le Gaon Rabbi ‘Haïm SHMULEWITZ z.ts.l écrit dans son livre Si’hot Moussar (nouvelle édition – année 5763 page 103) que tout le mal et la bassesse contenus dans l’individu, sont enfouis et prennent leurs racines dans ‘Amalek. « Comme il t’a surpris (« Kar’ha ») dans le chemin », ces quelques mots résument le mal et la bassesse humaine, et c’est à cause de cela qu’il a été décrété l’effacement de ‘Amalek du monde. Tant qu’il existera, ni le Nom Divin, ni même le trône céleste ne seront intégraux, et la guerre contre ‘Amalek est déclarée pour chaque génération !
« Comme il t’a surpris (« Kar’ha ») dans le chemin » Ces mots signifient qu’il t’a refroidit et a refroidit la flamme qui brûlait en toi. Ce « froid » représente tout le mal et toute la bassesse que contient un individu.
La réflexion sur ces notions nous amène à mieux comprendre la grandeur de l’homme. Mais de quelle façon ?
Nous devons d’abord nous intéresser à la naissance de ‘Amalek, et définir la cause de sa venue au monde.
Il est enseigné dans la Guémara Sanhédrin (99b) que Timna’ était une princesse qui désirait se convertir au judaïsme. Elle se présenta devant Avraham, Its’hak et Ya’akov qui refusèrent de l’accepter. Elle devint la concubine d’Elifaz fils d’’Essav en disant : « Je préfère rester la servante de cette nation (Israël) que d’être la princesse d’une autre nation ! »
De cette union avec Elifaz, naquit ‘Amalek qui fut le calvaire d’Israël.
La Guémara conclut en disant : « Pour quelle raison ? Parce qu’ils ne devaient pas l’éloigner (en la rejetant) ».
Il n’y a pas le moindre doute que l’analyse faite par les patriarches provient seulement de leur perception par esprit prophétique, selon laquelle Timna’ n’avait pas le droit d’entrer dans la sainte assemblée d’Hashem.
Malgré cela, nos maitres nous dévoilent ici que les patriarches ne devaient pas l’éloigner, et en conséquence à cela, elle engendra ‘Amalek qui est la représentation du refroidissement et de l’éloignement, comme nous allons l’expliquer.
Pour mieux comprendre la faculté de refroidissement de ‘Amalek, il suffit d’observer les évènements qui ont suivis la sortie d’Egypte.
Toutes les nations étaient terrorisées face aux grands miracles dont Israël bénéficia, comme le texte de la Shira (« Az Yashir Moshé ») en atteste : « A cette nouvelle, les peuples s’inquiétèrent, un frisson s’empara des habitants de la Philistée. A leur tour ils tremblèrent, les chefs d’Édom; les vaillants de Moav furent saisis de terreur, consternés, tous les habitants de Canaan. Sur eux pesa l’anxiété, l’épouvante; la majesté de ton bras les rendit immobiles comme la pierre… » (Shémot 15-14 et suivants)
Personne ne resta indifférent à de tels changements surnaturels, excepté ‘Amalek.
Certes, il constata les miracles comme tout le monde, mais il n’y apporta aucune attention.
Le manque d’attention et l’indifférence font barrage à l’émerveillement et à la possibilité de tirer les bonnes conclusions sur des choses capitales !!
‘Amalek ne se contente pas d’un « refroidissement passif », il sort ouvertement en guerre contre le peuple choisit par Hashem parmi toutes les nations.
Ainsi, il rafraichit et refroidit le « bain brûlant » et attenu la peur et l’émerveillement des autres nations.
La racine de cette impureté qu’est l’indifférence et le manque d’attention se trouve en chaque individu. Il s’agit de la bassesse et de l’instinct vers le mal contenus en nous.
A partir de là, nous comprenons mieux la grandeur de l’homme !
La véritable grandeur de l’homme et ce qui fait de lui « l’élite de la création » résident dans sa capacité à changer sa situation d’origine !
Même les anges ne possèdent pas cette capacité ! Elle n’existe que chez l’homme car il a été crée avec UN CŒUR !!!
Grâce à l’attention, l’individu peut progresser et s’élever constamment.
Sur cette performance, Rabbenou Ha-Kadosh dira : « Un individu peut acquérir son monde futur en un instant ! »
3) Divré Torah pour Pourim
La force de la vérité
Il est écrit dans la Méguila (7-6) :
Esther dit : « Un homme tyran et hostile, ce maudit Haman !! »
Le roi A’hashvérosh demande à Esther de lui dire qui est celui qui a décrété l’anéantissement de son peuple.
Nos maîtres expliquent dans la Guémara Méguila (16a) qu’Esther indiquait du doigt le roi lui-même en répondant à sa question. Mais un ange arriva et détourna le doigt d’Esther vers Haman.
Le comportement d’Esther est très étrange.
En effet, elle risque sa vie en se présentant devant le roi de façon contraire aux règles royales puisqu’elle n’a pas été conviée. Elle jeune depuis 3 jours, son apparence physique est flétrie en conséquence du jeûne. Et pourtant, à l’instant crucial où le roi lui demande : « Qui est cet homme et qu’est ce qu’il est pour oser avoir de telles intentions ?! », c’est le roi lui-même que la reine Esther montre du doigt, pour signifier qu’il est lui-même cet homme tyran et hostile, cet homme maudit.
En agissant ainsi, Esther mettait en péril sa propre existence et celle de tout le peuple d’Israël !!
Voici l’explication du Gaon et Tsaddik Rabbi Eliyahou LOPIANN z.ts.l au nom du Sabba de Kelm :
Nous voyons à partir de là combien il est important de ne pas avoir peur de ses convictions, et de toujours marcher dans la vérité !
Parce qu’elle n’a pas dérogé à la vérité, aucun mal ne lui est arrivé. L’ange lui détourna la main vers Haman !!
Shabbat Shalom et Pourim Saméya’h
Rédigé et adapté par Rav David A. PITOUN France 5775