Rav Moché Shapira – Mois de Eloul
Shapira mois Eloul
Traduit et adapté par Rav Michaël Smadja
Rav Moché Shapira – Mois de Eloul
L’essence de Yom Kippour est contenue dans la sainteté du jubilé (Yovel) !
‘‘Vous reviendrez, chacun dans sa possession et chacun dans sa famille, vous retournerez ».
Nos sages enseignent ce verset ainsi: »tous, vous allez retourner dans vos terres, tous vous retournerez dans vos maisons, tous reviendront en eux, tous enlèveront de sur eux les jougs et les charges qui s’accumulent sur eux de tous les travaux étrangers qui se dressent (illusoirement) devant eux durant toute leur vie ».
L’idolâtrie est appelée »service étranger »! Pourquoi l’avoir défini ainsi? »étranger » !
Un étranger est quelqu’un qui n’est pas proche de la famille, pas plus ! Alors que l’idolâtrie est une abomination qui mène l’homme à sa perte ! Est-il juste de la définir comme étant étrangère ?
Nadav et Avihou (les deux fils de Aaron) saints parmi les saints ont approché un feu »étranger », non-ordonné (ne serait-ce pas le début de l’idolâtrie ? Développer une volonté propre et indépendante) et ont été punis pour cela. Comment comparer l’idolâtrie à ce feu étranger venu d’esprits aussi saints ?
Le point essentiel est que nous avons été créés afin de trouver et de sortir en acte notre être essentiel, nous avons été créés afin de devenir ce que nous sommes réellement. L’idolâtrie nous déracine de notre être essentiel, de notre réalité la plus profonde! Nous devenons étrangers à nous-mêmes. Nous ne sommes plus »nous », nous devenons »un » avec cette envie extérieur qui naît en nous ! L’homme se transformant en une entité à deux têtes, son être profond et cette conscience étrangère (volonté pulsionnelle) qui se greffe au fil du temps et des épreuves que le mauvais penchant fait apparaître en lui, un ego qui surgit aussi vite qu’il disparaît. Pour cela, il s’appelle »étranger » car illusoire et impermanent né d’une pulsion mal gérée qui s’insinue dans l’esprit de l’homme pour cacher de plus en plus son être le plus profond, ce point de contact d’avec le divin.
La délivrance est toujours un retour vers soi. Nous retournons à notre propre maison, à notre véritable réalité. Ce n’est pas une délivrance physique car le corps n’est pas notre réalité propre mais il n’est que l’habit de notre essence. Croire que le corps est notre véritable être, est le véritable exil. La délivrance est un travail intérieur: révéler notre essence en la faisant se diffuser dans tout le corps où elle prendra sa véritable place.
L’esclave réalise la volonté de son maître.
Pour notre plus grand malheur, nous ne vivons qu’une vie que notre entourage veut que nous vivions. Nous faisons ce que l’on nous a appris à faire. Notre service est étranger. Ce n’est pas le service que notre être le plus profond désire. C’est un travail qui en fait est déclenché de l’extérieur et non de l’intérieur. Les pulsions de notre corps au niveau des contacts sensoriels, ce sont eux qui guident et qui dirigent notre vie. Ces pulsions créent en nous une volonté étrangère de vie, volonté éphémère naissant au gré des pulsions organiques provoquées par un contact sensoriel avec le monde extérieur. L’homme se créant un »moi » illusoire né d’un contact étranger. C’est cela l’idolâtrie, un service »étranger » qui n’est pas notre volonté propre, notre construction essentielle. Nous sommes l’ouvrier d’une puissance étrangère.
Yom Kippour étant le déclencheur de ce retour à notre réelle conscience. Nos fautes ne sont pas notre réalité, elles ne viennent pas de notre volonté existentielle et essentielle. Elles sont étrangères à nous. Si nous vivons une vie où ces fautes sont étrangères à nous, elles ne se colleront pas à nous et nous ne nous identifierons pas à elles. Il sera alors possible de les éloigner de nous car elles ne nous feront pas ressentir un ego inextricablement tissé dans cet imbroglio de pulsions étrangères à nous. La faute crée un lien inextricable qui se matérialise par un ego qui nous fait ressentir que c’est notre réalité qui faute. (Lorsque vient l’envie et le désir de fauter, nous avons l’étrange impression que nous cédons contraint et forcé car venant du plus profond de notre âme. C’est cela la puissance du mauvais penchant, des pulsions organiques: donner l’impression que ce désir vient du plus profond de notre être. Comment ? Par l’apparition d’un ego surpuissant mais complètement illusoire car dès qu’il apparaît, en vérité, il a déjà disparu ». Et si nous nous laissons prendre par l’illusion de l’ego, alors cette tâche qu’est la faute va s’incruster dans notre réalité superficielle comme une tache de vin sur un tissu blanc).
Yom Kippour est une machine à laver surpuissante qui va réussir à enlever la tâche du tissu. Ce jour saint fait que ces fautes apparaissent à nos yeux comme extérieurs à nous. C’est le jour de la libération. Et le mois de Eloul est le mois qui amène à cette libération. Rav Moché Shapira (mois de Eloul)
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